Les membres de la Plateforme Haïti, qui rassemble autour de la Fédération Protestante de France les acteurs du protestantisme français entretenant des liens avec le protestantisme haïtien, multiplient contacts et réunions alors que la situation à Port-au-Prince ne cesse de se dégrader. À l’occasion de la prochaine Assemblée Générale de la Fédération Protestante d’Haïti, qui se tiendra vers la mi-juin, les paroisses de France seront invitées à prier pour Haïti lors d’un culte dominical.

Visiteurs étrangers, fonctionnaires, pasteurs, diplomates : la liste des victimes de kidnapping au cours des derniers mois en Haïti montre que personne n’est à l’abri de la violence. Celle-ci n’a fait que se renforcer avec l’incertitude politique qui a suivi l’assassinat du président Jovenel Moïse. Le pouvoir est désormais dans la rue, aux mains des gangs dont les combats pour conquérir de nouveaux territoires transforment des quartiers entiers de la capitale Port-au-Prince en scènes de guerre civile. Plus nombreux, mieux armés que la police, ils enlèvent, rançonnent, pillent, brûlent (des maisons ou des otages), pendant que la population prise au milieu de ces affrontements n’a d’autres ressources que de fuir. Selon les Nations unies, la véritable guerre que deux de ces gangs se sont livrée ces dernières semaines dans la plaine du Cul-de-Sac et à Cité Soleil a fait au moins 75 morts, dont des femmes et des enfants, 68 blessés et contraint à la fuite 9000 personnes. « Des dizaines d’écoles et de centres médicaux ont été contraints de fermer leurs portes et de nombreux citoyens ont du mal à trouver des produits de base, notamment de l’eau et de la nourriture », ajoutait le communiqué diffusé le 6 mai dernier. Fait ironique, le chef d’un de ces groupes, Germine Joly, qui était à la tête du redoutable gang des 400 Mawozo, a été récemment transporté à Washington par le FBI. Emprisonné depuis 2015, il continuait en fait à donner ses ordres depuis sa cellule…

Cette emprise de la criminalité contribue à empirer la désorganisation dont souffre le pays tout entier, en coupant des voies de communication (les accès de Port-au-Prince vers le Sud sont ainsi contrôlés par des gangs), en provoquant des pénuries – d’essence, d’eau, d’électricité, de biens de première nécessité – et en empêchant l’action des organisations humanitaires. Celles-ci ont ainsi eu le plus grand mal à accéder aux territoires frappés par le tremblement de terre d’août dernier. Avec des effets qui se cumulent, dans un pays qui reste le plus pauvre de la région Amérique latine et Caraïbes et parmi les pays les plus pauvres du monde : en 2020, Haïti avait un PIB par habitant de 2925 dollars, le plus bas de la région Amérique Latine et Caraïbes et moins d’un cinquième de la moyenne des pays de la région. Selon les dernières estimations du Programme Alimentaire Mondial, environ 4,5 millions d’Haïtiens, soit plus de 40% des 11 millions d’habitants du pays, souffrent de la faim.

Appel à la solidarité et à la prière

Depuis longtemps, ce sont les Églises qui tentent de pallier les carences de l’État en matière d’action sociale, d’éducation, de protection de l’environnement : autant d’actions cruciales pour Haïti où la profonde crise que traverse le pays frappe d’autant plus durement les plus fragiles. Et si Haïti est considérée comme « zone rouge » par le ministère français des Affaires étrangères, ce qui y limite les voyages aux seuls cas de nécessité absolue, c’est en soutenant ces institutions liées aux Églises qu’il est possible d’aider malgré tout. Elles-mêmes ne sont pas à l’abri des pénuries et de la violence, mais elles se consacrent avec dévouement à semer des graines d’espérance. Le soutien de partenaires étrangers est pour elles nécessaire. Et il existe des relations de longue date entre les protestantismes français et haïtiens. Ils se concrétisent notamment à travers la Plateforme Haïti, créée par la Fédération protestante de France (FPF) et dont la coordination administrative est assurée par le Défap. Issue d’un mouvement de concertation associant milieux d’Églises et ONG qui a commencé à s’organiser au cours des années 80, la Plateforme Haïti proprement dite, qui rassemble autour de la FPF les acteurs du protestantisme français qui sont en lien avec le protestantisme haïtien, a été créée pour venir en aide à la population haïtienne suite au passage de quatre tempêtes dévastatrices sur le pays en 2008 (Fay, Gustav, Hanna et Ike). Elle a été particulièrement active en 2010, au moment du tremblement de terre qui devait faire plus de 230.000 morts. Aujourd’hui encore, les partenaires de la Plateforme présents en Haïti s’efforcent d’agir et d’aider. En France même, la Plateforme fait un travail de sensibilisation à la situation haïtienne au sein du milieu protestant.

C’est ainsi que la Fédération protestante de France prépare un appel à la prière destiné à ses membres : à l’occasion de la prochaine Assemblée Générale de la Fédération Protestante d’Haïti (FPH) qui se tiendra vers la mi-juin, les paroisses de France seront invitées à prier pour Haïti lors d’un culte dominical. La Fédération protestante d’Haïti rassemble environs 120 Églises, œuvres et missions présentes sur l’ensemble du territoire national, ainsi que la Fédération des écoles protestantes d’Haïti (FEPH). Elle bénéficie d’un soutien institutionnel de la part du protestantisme français.

Le Défap et la Plateforme Haïti
La Plateforme Haïti de la Fédération Protestante de France est actuellement présidée par le pasteur Rodrigue Valentin, de l’Église du Nazaréen, et sa coordination administrative est assurée par le Défap. La Plateforme rassemble les acteurs suivants :

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