Membre de la Ceeefe, la Communauté des Églises protestantes francophones, l’Église protestante de Guyane est aussi devenue en 2021 « Église associée » de l’Église protestante unie de France. C’est une petite communauté d’une trentaine de familles, soucieuse à la fois de porter une voix protestante traditionnelle dans le paysage religieux guyanais, et d’entretenir des relations œcuméniques. Depuis plusieurs années, elle bénéficie d’un accompagnement du Défap à travers l’envoi de pasteurs en missions courtes – le plus récent étant Gérard Krebs, qui vient d’effectuer trois missions de 8 à 12 semaines.

Un culte de l’Église protestante de Guyane – archives Ceeefe

La Guyane, département le plus vaste et parmi les moins peuplés de France (juste après Mayotte), a connu successivement le massacre des populations indiennes, la colonisation et l’esclavage, ainsi que la ruée vers l’or ; elle a été terre de déportation pour les bagnards (le capitaine Dreyfus y fut envoyé en 1894), et Albert Londres y écrivit, dans les années 20, une série d’articles hallucinants sur la condition des prisonniers. Ce n’est pourtant qu’au début des années 50 que furent rapatriés en métropole les derniers bagnards survivants, dont la France avait tenté en vain de faire des colons. De cette histoire tourmentée, la Guyane garde des traces, malgré l’assimilation de l’ancienne colonie aux collectivités territoriales françaises. La population y est cosmopolite (avec une quarantaine de nationalités présentes), regroupée pour l’essentiel sur la côte et au bord des fleuves ; mais à l’intérieur des terres, le vieux rêve de l’or attire toujours des prospecteurs, et la présence de milliers de clandestins rend illusoire tout recensement précis. Difficile d’administrer un territoire aussi vaste et aussi peu habité : 3 habitants au km² en moyenne… La loi de 1905 séparant l’Église et l’État ne s’y appliquant pas, le catholicisme y est le seul culte reconnu et les prêtres catholiques sont salariés du Conseil général.

Face à cette histoire, les missions protestantes ont eu du mal à s’implanter. Après des décennies sans pasteur officiel, la mission est retournée en Guyane avec l’Armée du Salut, venue s’occuper des bagnards, puis par une mission évangélique de Suisse romande qui a installé en 1932 la toute première Église protestante reconnue officiellement. Aujourd’hui, entre les populations issues de l’immigration du Surinam voisin ou d’Haïti, les six ethnies amérindiennes et la forte représentation des hmongs, la Guyane vit un protestantisme fortement évangélique et ethnique qui évolue et se reforme sous l’impulsion des nouvelles générations, plus ouvertes à la mixité religieuse et au dialogue intraprotestant. Depuis octobre 2012, il existe aussi un Pôle Protestant de Guyane, qui rassemble les Églises proches de la Fédération protestante de France désireuses de se démarquer de la multitude des Églises évangéliques et néopentecôtistes présentes dans ce département.

Le rôle du Défap auprès de l’Église protestante de Guyane

Parmi ses activités, le Défap accompagne les Églises protestantes de sensibilité luthéro-réformées présentes aux Antilles, en Guyane, à la Réunion et à Mayotte, en contribuant à financer des postes pastoraux. C’est le cas, à Cayenne, de l’Église protestante de Guyane (EPG). Issue de l’aumônerie militaire protestante, elle est implantée depuis 1997. C’est une petite communauté d’une trentaine de familles, multiculturelle et soucieuse d’œcuménisme, qui entretient des liens réguliers avec l’Église catholique et les Églises membres du Pôle Protestant de Guyane. Ses cultes sont d’ailleurs hébergés par l’église catholique Sainte-Anne et Saint-Joachim dans le quartier des « Âmes claires » à Remire-Montjoly, une commune jouxtant Cayenne. Déjà membre de la Ceeefe, la Communauté des Églises protestantes francophones, l’EPG est aussi devenue en 2021 « Église associée » de l’Église protestante unie de France.

Pendant plusieurs années, le soutien du Défap s’est manifesté par le financement d’un poste pastoral. Mais depuis cinq ans, l’EPG se trouve sans pasteur résident. L’Église est donc accompagnée ponctuellement par des pasteurs à l’occasion de missions courtes. Au cours des derniers mois, ce rôle a été assuré par Gérard Krebs, pasteur retraité et membre du bureau du Défap, à l’occasion de trois missions de 8 à 12 semaines, avec un suivi à distance entre les missions. Ce qui a permis la mise en place d’ateliers bibliques ainsi que de collaborations avec Théovie, le service de formation biblique et théologique à distance de l’EPUdF, et avec la Coordination pour la formation continue de l’UEPAL. Outre l’animation des cultes dominicaux, Gérard Krebs a mis en place l’enregistrement de cultes diffusés sur la radio RCF-Saint-Gabriel. L’EPG a aussi participé à l’émission télévisée « Tous frères », produite par le CFRT (Comité Français de Radio-Télévision) également à l’origine du « Jour du Seigneur ». Et, signe de son engagement œcuménique, elle a été invitée récemment à participer à la 3ème rencontre des musulmans de Guyane autour du thème « faire ensemble ».

« Sans prétention, témoigne aujourd’hui le pasteur Gérard Krebs, je peux dire que ces trois missions successives nous ont permis de nous rapprocher à chaque fois davantage. » Si les missions courtes au cours des cinq années écoulées ont permis à la communauté de se sentir soutenue, elle aspire toujours à avoir un pasteur attitré ; et elle s’est lancée dans un projet d’acquisition d’un terrain pour y construire un ensemble paroissial.

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