Le Sud d’Haïti s’installe dans la crise post-séisme : de nombreuses familles sinistrées restent divisées entre des camps de fortune, privées d’un hébergement stable en pleine saison cyclonique, et l’acheminement de l’aide reste difficile. Les partenaires présents sur place de la Plateforme Haïti nous donnent des nouvelles. La plateforme Solidarité Protestante, qui a déjà fourni une aide exceptionnelle, lance un nouvel appel à la solidarité.
Distribution d’aide par ADRA Haïti dans la zone frappée par le séisme © ADRA Haïti
Plus d’un mois après le tremblement de terre de magnitude 7,2 qui a ravagé le sud d’Haïti, des sinistrés encore privés de toit réclament de l’aide des autorités pour rebâtir leurs maisons. Alors que la phase de reconstruction doit s’amorcer, le manque d’eau et de nourriture place toujours le pays dans une situation d’urgence. La direction générale de la Protection civile en appelle aux membres du Système national de gestion des risques de désastre et aux partenaires nationaux et internationaux, en évoquant « les besoins vitaux et urgents » qui restent non pourvus. Et elle souligne : « Il devient de plus en plus prioritaire, surtout dans le contexte de la saison cyclonique, de distribuer des produits non alimentaires susceptibles de permettre aux familles sans-abris de s’installer, même temporairement, dans des conditions d’hygiène respectables et à l’abri des intempéries. » Comme le souligne son directeur général, le Dr Jerry Chandler, « notre pays est train de gérer bien plus qu’un tremblement de terre. Il est en même temps confronté à une crise politique aiguë, une précarité sociale persistante, une situation d’insécurité complexe, une pandémie sournoise et une saison cyclonique au-dessus de la moyenne. Nous sommes donc tenus d’utiliser aux mieux les ressources dont nous disposons pour répondre aux vrais besoins prioritaires de la population, éviter les duplications, le gaspillage et les abus, et veiller à ce que les plus nécessiteux ne sombrent dans une détresse extrême ».
Le tremblement de terre du 14 août a causé la mort de plus de 2200 personne dans le Sud-Ouest du pays et fait plus de 12.000 blessés. Mais il a fait aussi des dégâts matériels immenses qui désorganisent l’aide aux victimes. Selon les chiffres de la Mission Biblique, partenaire du Défap dans le cadre de la Plateforme Haïti, 350 églises et 200 écoles ont été détruites. Outre les milliers de maisons détruites ou endommagées et rendues dangereuses… Dans les zones les plus touchées, les sinistrés restent hébergés de manière précaire dans des camps de fortune, et des familles restent encore divisées, leurs divers membres cherchant des nouvelles les uns des autres.
« La situation est alarmante »
Les partenaires sur place en lien avec les membres de la Plateforme Haïti s’efforcent d’apporter leur aide, en dépit de la désorganisation et des risques causés par une criminalité toujours omniprésente. ADRA-Haïti annonce ainsi que 300 familles réparties entre trois camps situées sur la commune de La Sucrière Henry de St-Louis du Sud, ont commencé à recevoir des tentes, eau, kits hygiéniques et alimentaires. La Mission Biblique, en lien avec l’UEBH (Union Évangélique Baptiste d’Haïti), a fait savoir que pour contourner les difficultés d’acheminement de l’aide, des fonds avaient pu être avancés directement à des familles de sinistrés via la Mission Évangélique Baptiste du Sud d’Haïti.
Distribution de fonds aux victimes à l’Église MEBSH à Maniche © Mission Biblique
Cette aide sur place est rendue possible par les fonds qui ont d’ores et déjà été débloqués dans l’urgence, ainsi que par les dons qui continuent à arriver : ainsi, la Fondation du Protestantisme a apporté un soutien exceptionnel. Solidarité Protestante continue à faire appel à la générosité du protestantisme français et a diffusé récemment un nouveau communiqué :
« Le nom même d’Haïti résonne à nos oreilles comme le nom d’un malheur. Et pire que cela, un malheur déjà oublié, une cause oubliée. Le protestantisme français n’oublie pas, malgré le temps qui passe et les drames qui se succèdent, nous voulons demeurer solidaires de nos frères et sœurs haïtiens.
La situation est alarmante, il s’agit d’un état d’urgence.
Nos partenaires, nous font part de leurs attentes et de leurs besoins notamment de deux ordres :
Acheminement et distribution des produits de première nécessité : eau, assainissement, nourriture, kits sanitaire, bâches, couvertures.
Mise à l’abri des plus vulnérables : sécurisation des lieux d’habitation, de scolarisation.
Les dons collectés par la Fondation du protestantisme seront confiés à nos partenaires déjà à l’œuvre sur place, tels que le DEFAP service protestant de mission, la Fédération protestante d’Haïti, ADRA Haïti, l’Union évangélique baptiste d’Haïti.
Cette aide peut prendre des formes multiples : recherche de logement, fourniture de couvertures et de combustibles, d’aliments, de produits d’hygiène, de soins et de médicaments, sécurisation des lieux et mise à l’abri des personnes.
La Fédération protestante de France appelle de son côté à soutenir également les Haïtiens et les acteurs de la solidarité dans la prière et dans l’intercession tant personnelles qu’ecclésiales ou communautaires. »
Pour donner, plusieurs solutions :
© ADRA Haïti
Le Défap et la Plateforme HaïtiDes liens privilégiés existent de longue date entre la Fédération protestante de France (FPF) et la Fédération protestante d’Haïti (FPH). Le passage de quatre tempêtes dévastatrices sur le territoire haïtien en 2008 (Fay, Gustav, Hanna et Ike) s’était traduit par la création de la Plateforme Haïti, regroupant divers acteurs du monde protestant sous l’égide de la FPF. En 2010, au moment du tremblement de terre qui devait faire plus de 230.000 morts, les réseaux protestants étaient donc bien en place, et la solidarité avait trouvé rapidement des canaux pour s’exprimer. Le président actuel de la Plateforme Haïti est le pasteur Rodrigue Valentin, de l’Église du Nazaréen, et sa coordination administrative est assurée par le Défap. La Plateforme rassemble les acteurs suivants : |