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« Il y a diverses sortes de dons spirituels, mais c’est le même Esprit qui les accorde. Il y a diverses façons de servir, mais c’est le même Seigneur que l’on sert (…). C’est le seul et même Esprit qui produit tout cela ; il accorde à chacun un don différent, comme il le veut. »
1 Corinthiens 12,4-5 ; 11
Prenez un temps personnel pour méditer sur cette photo et ce verset.
Puis, en quelques mots, exprimez ce que vous inspire cette photo en lien avec le verbe partager. Quelle résonance ce verset trouve-t-il en vous ?
Dans les langues du monde ?
En latin « partes agere » signifie faire des parts, et viendrait du sanskrit « purta » qui porte l’idée de récompense, de dû, puis du grec « peprotai », issu lui-même de « porein » qui signifie fournir.
En italien « dividere » : couper, diviser, s’accompagne d’un préfixe au sens figuré « condividere » : partager des idées des sentiments, et l’on trouve, comme synonyme de répartir « suddividere » : partager un héritage, une fortune.
En espagnol « compartir » contient à la fois la présence de l’autre (com = avec) et l’idée de séparation vis-à-vis de ce qu’on lui octroie par le partage, même si le partir français ne se traduit pas par le même verbe en espagnol.
En anglais, « to share » signifie « partager » et, comme en français, les sens sont multiples, de partager une information à diviser des possessions (dans ce dernier cas on pourra préciser « to share out ») ; on peut aussi partager la vie de quelqu’un, ou partager le goût du cinéma. « Share » est aussi un nom qui signifie « partage » au sens de faire sa part ou de recevoir sa part. Ce nom est intéressant parce qu’il désigne aussi les parts qu’on peut posséder dans une entreprise, ce qu’en français on appellerait les actions : un actionnaire est un « shareholder », celui qui possède des parts. Dans le monde d’aujourd’hui, où on peut posséder un portefeuille d’actions sans jamais rencontrer les gens qui font vivre les entreprises ainsi possédées, avoir une part signifie simplement posséder un morceau – et non plus prendre part à une vie commune.
Partager, une exigence fondamentale ?
Voici quelques exemples de verbes qui résonnent avec le verbe partager, dans le même sens ou à l’opposé. En voyez-vous d’autres ? Que vous inspirent ces exemples ?
Et dans la Bible ?
Le Dieu de la Bible a créé le monde en séparant les jours, les éléments, les espèces, et en distinguant l’humain, créé homme et femme à son image et à sa ressemblance. Mais si au commencement était l’abondance de nourriture, tout de suite surgissent le besoin et la dureté du travail de la terre, et plus tard l’existence de riches et de pauvres. C’est là que s’enracine la nécessité du partage, les forts devenant responsables de prendre soin des plus faibles, et donc de partager avec eux. Et ceci relève de la loi autant que de la morale ; ce n’est que justice.
A travers toute la Bible, Dieu porte un œil attentif et aimant sur « le pauvre », pour le sauver de sa misère, en même temps qu’il veut sauver le « riche » de l’enfermement de sa richesse par le partage. En ce sens, l’inverse du partage entre tous est l’esclavage des uns et des autres. La liberté que Dieu nous propose réside dans l’acceptation de sa propre part – en renonçant au fantasme de tout posséder -, pour se dessaisir ensuite d’une part de ce que l’on a ou de ce que l’on est en faveur de l’autre. C’est exactement ce que fait Jésus : du Père il reçoit sa part, c’est-à-dire son identité de Fils, mais « il ne s’est pas prévalu d’un rang d’égalité avec Dieu » (Philippiens 2,6). Puis il donne sa vie en partage à tous les humains, ce qui génère une multiplication à l’infini, comme on peut le voir au début du Livre des Actes des apôtres.
Jésus a été appelé d’urgence par un chef de synagogue car sa petite fille est mourante et il va croiser le chemin d’une femme souffrante.
« Tous s’appliquaient fidèlement à écouter l’enseignement que donnaient les apôtres, à vivre dans la communion fraternelle, à prendre part aux repas communs et à participer aux prières. Chacun ressentait de la crainte, car Dieu accomplissait beaucoup de prodiges et de miracles par l’intermédiaire des apôtres. Tous les croyants étaient unis et partageaient entre eux tout ce qu’ils possédaient. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et répartissaient l’argent ainsi obtenu entre tous, en tenant compte des besoins de chacun. Chaque jour, régulièrement, ils se réunissaient dans le temple, ils prenaient leurs repas ensemble dans leurs maisons et mangeaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur. Ils louaient Dieu et ils étaient estimés par tout le monde. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à leur groupe ceux qu’il amenait au salut. » Actes 2,42-47
Questions
Comment comprenez-vous le « partage » de la Parole de Dieu ? Qu’est-ce que cela met en jeu en vous-mêmes et entre vous ?
Avez-vous conscience d’avoir reçu « votre part » de la part de Dieu, de vos parents, de la vie ?
Pouvez-vous évoquer le processus de transformation qui conduit les croyants de la première Église à un partage total de leurs biens ? Est-ce possible aujourd’hui ? Souhaitable ? Adaptable?
Que vous inspire l’accent mis sur les repas en commun ? Sont-ils fréquents dans votre Église? Quel impact ont-ils sur l’esprit et la vie de la communauté ?
Comment vivre le partage et la communion fraternelle au-delà des frontières, dans l’Église universelle ?
Vous pouvez poursuivre ou conclure la réflexion avec 2 Corinthiens 8, 1-15 :
« Car il ne s’agit pas de vous exposer à la détresse pour le soulagement des autres, mais de suivre une règle d’égalité : dans la circonstance présente, votre abondance suppléera à ce qui leur manque, pour que leur abondance aussi supplée à ce qui vous manque ; de sorte qu’il y aura égalité, ainsi qu’il est écrit : Celui qui avait beaucoup n’avait rien de trop, et celui qui avait peu ne manquait de rien. »
Quelqu’un a dit : «Je ne me plains pas d’un sort que je partage avec les fleurs, avec les insectes, avec les astres. Dans un univers où tout passe comme un songe, on s’en voudrait de durer toujours.»
Marguerite Yourcenar, « Nouvelles orientales »
Version téléchargeable :
« Partager – Réflexion » : le texte complet en pdf
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