Plus de 1400 morts et plus de 6900 blessés : après le tremblement de terre qui a frappé le sud d’Haïti le samedi 14 août, le nombre des victimes augmente d’heure en heure. On manque d’eau, de nourriture, d’abris : plus de 75.000 familles sinistrées ont besoin d’une aide d’urgence, alors que de nombreuses infrastructures sont détruites ou fragilisées, et que la tempête Grace menace d’aggraver les dégâts. Les membres de la Plateforme Haïti se mobilisent, avec leurs partenaires haïtiens. Un appel aux dons a été lancé par Solidarité Protestante.
Membres d’ADRA Haïti dans la zone frappée par le séisme – ADRA Haïti
Haïti a besoin de vous : apportez votre aide par un don à Solidarité Protestante
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Depuis le samedi 14 août, la terre tremble dans le sud d’Haïti. Rien de comparable avec le séisme qui a frappé l’île ce jour-là – 7,2 sur l’échelle de Richter, soit une magnitude équivalente à celle du tremblement de terre dévastateur de 2010 ; mais ces répliques qui se succèdent accroissent les dégâts, fragilisent les immeubles lézardés et réduisent l’espoir de trouver des survivants dans les décombres. Le nombre des victimes recensées augmente d’heure en heure : la protection civile haïtienne fait état ce mardi 17 août de 1419 morts et de plus de 6900 blessés. Seuls 18 rescapés ont été extraits des gravats au cours des dernières 48 heures. Les dégâts matériels, eux, sont colossaux : plus de 37.000 maisons détruites, près de 47.000 autres endommagées, à quoi il faut ajouter les dommages subis par de nombreux bâtiments publics. La situation des hôpitaux est tout particulièrement préoccupante : en tout, vingt-cinq structures sanitaires ont été affectées. Et les équipes médicales doivent faire face à l’arrivée des blessés alors même qu’elles peinaient à accueillir les malades du Covid-19.
Des bâtiments entiers ont été transformés en gravats – ADRA Haïti
Contrairement au séisme de 2010, celui de ce mois d’août 2021 n’a pas frappé directement la capitale Port-au-Prince ; mais la secousse qui a été enregistrée à 13 km au sud-sud-est de Petit-Trou-de-Nippes, dans le département des Nippes, à 10 kilomètres de profondeur, a fortement impacté une zone répartie sur trois départements (Sud, Grand’Anse et Nippes), où vivent deux millions de personnes. Et les besoins sont immenses : il faut de l’eau, de la nourriture, et des abris pour plus de 75.000 familles sinistrées. Quant aux habitants qui ont encore un toit, ils redoutent de dormir dans des bâtiments endommagés. La tempête Grace qui menace, et dont l’approche se traduit déjà par des pluies diluviennes, rend leur choix d’autant plus difficile.
L’appel aux dons de Solidarité Protestante
Diverses agences humanitaires chrétiennes coordonnées par ACT Alliance et qui ont déjà une présence sur l’île (comme Global ministres, Church World Service, la fédération luthérienne mondiale-Amérique centrale ou l’Église méthodiste unie) ont d’ores et déjà lancé une récolte de fonds et prévoient d’envoyer du matériel via la République dominicaine. Le protestantisme français n’est pas en reste : la Plateforme Haïti, qui fait le lien entre les organisations protestantes de France et d’Haïti sous l’égide de la Fédération Protestante de France, s’est réunie ce mardi 17 août pour coordonner les efforts des organisations protestantes françaises et haïtiennes ; un appel aux dons a été lancé par Solidarité Protestante.
Les zones touchées par le séisme – Carte établie par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU
Facteur aggravant, de nombreuses ONG ont dû déserter Haïti du fait de la violence des gangs. Une insécurité qui risque aujourd’hui de mettre en péril l’acheminement de l’aide d’urgence : si le gouvernement a envoyé des vivres et des médicaments vers la zone touchée par le séisme, la route menant vers le sud depuis Port-au-Prince passe par le quartier Martissant, qui est précisément contrôlé par un groupe armé. En attendant les fournitures d’urgence, ainsi que l’aide humanitaire et les personnels promis par de nombreux pays – dont les États-Unis, la Républicaine dominicaine, le Mexique ou l’Équateur – ce sont les organisations présentes sur place qui font face aux besoins les plus pressants.
Réunion de crise des membres d’ADRA – ADRA Haïti
Divers partenaires de la Plateforme Haïti sont précisément dans ce cas. Comme ADRA-Haïti, active dès à présent dans la zone du sinistre, où elle s’occupe de rechercher les victimes et de distribuer des vivres. Elle travaille aussi en lien avec l’hôpital adventiste de Diquini pour la prise en charge des blessés – les cas les plus graves étant évacués vers Port-au-Prince. Le siège national de cette organisation étant installé au-delà de Martissant permet à ADRA Haïti de mieux acheminer les aides dans la région touchée par le séisme. Autre membre de la Plateforme Haïti, la Mission Biblique est en lien étroit avec l’UEBH (l’Union Évangélique Baptiste d’Haïti) qui représente un réseau de plus de 200 Églises locales et permet d’avoir une vue globale des besoins sur place. Le SEL est pour sa part en lien avec Compassion Haïti, ainsi qu’avec le RIHPED (Réseau Intégral Haïtien pour le Plaidoyer et l’Environnement Durable) qui rassemble des acteurs comme la FEPH (la Fédération des Écoles Protestantes d’Haïti, qui regroupe quelque 3000 établissements), l’UEBH et le CEEH (Concile des Églises Évangéliques d’Haïti).
Ces divers intervenants agissent pour l’heure dans l’urgence, en évaluant les besoins et en parant au plus pressé. Tous évoquent la nécessité de faire parvenir au plus vite de l’eau, de la nourriture, des tentes dans les zones sinistrées. Mais aussi de tirer les leçons de la réponse humanitaire face au séisme de 2010, dans un contexte rendu plus difficile aujourd’hui du fait de l’instabilité politique, de la menace des groupes armés et de la situation de crise sanitaire due au Covid-19.
Ci-dessous, retrouvez les dernières images fournies par des organisations chrétiennes en Haïti :
Le Défap et la Plateforme HaïtiDes liens privilégiés existent de longue date entre la Fédération protestante de France (FPF) et la Fédération protestante d’Haïti (FPH). Le passage de quatre tempêtes dévastatrices sur le territoire haïtien en 2008 (Fay, Gustav, Hanna et Ike) s’était traduit par la création de la Plateforme Haïti, regroupant divers acteurs du monde protestant sous l’égide de la FPF. En 2010, au moment du tremblement de terre qui devait faire plus de 230.000 morts, les réseaux protestants étaient donc bien en place, et la solidarité avait trouvé rapidement des canaux pour s’exprimer. Le président actuel de la Plateforme Haïti est le pasteur Rodrigue Valentin, de l’Église du Nazaréen, et sa coordination administrative est assurée par le Défap. La Plateforme rassemble les acteurs suivants : |