Ils sont environ 20.000 à avoir fui l’éruption du Nyiragongo, en RDC près de la frontière rwandaise, et à vivre depuis lors sous la menace d’un réveil du volcan. Habitants de la banlieue de Goma, mais aussi des villages avoisinants, ils survivent dans les conditions les plus précaires sans pouvoir rentrer chez eux. La branche locale de l’Église du Christ au Congo a mis en place l’accueil de ces déplacés, et le Défap va lui apporter son soutien, avec l’aide de la plateforme Solidarité Protestante.

Vue aérienne du Nyiragongo © MONUSCO / Neil Wetmore

Un mois et une semaine après l’éruption du Nyiragongo, la catastrophe menace de suivre le chemin de toutes celles qui frappent depuis des années la République Démocratique du Congo : l’attention internationale, un temps réveillée par les images spectaculaires de coulées de lave, s’est une nouvelle fois détournée de la région du lac Kivu et de Goma. Le volcan semble s’être calmé. Semble seulement : car une nouvelle éruption reste toujours possible. Des poches de magma ont été détectée non loin de la surface du sol, à la fois sous la ville elle-même, et sous le lac Kivu. Avec la possibilité de reprises potentiellement meurtrières : si la dernière coulée de lave, survenue à la suite de l’éruption du 22 mai, a parcouru 7 km avant de s’arrêter dans les faubourgs de la ville, épargnant de peu l’aéroport international, l’ensemble de la ville reste aujourd’hui menacé. Quant à ce qui se passe sous les profondeurs du lac Kivu, le danger est encore plus grand : ce lac contenant de grandes quantités de gaz piégé dans ses profondeurs, notamment de dioxyde de carbone, une éruption sous le Kivu pourrait se traduire par le dégagement de grandes quantités de gaz, susceptibles d’asphyxier toute vie au voisinage.

Conséquence : sur les milliers d’habitants de Goma et de sa région qui ont fui après l’éruption, peu sont revenus. On estime à environ 20.000 le nombre des déplacés qui survivent dans les conditions les plus précaires, sans toit, sans approvisionnement et sans accès à l’eau potable. À ceux qui ont fui Goma, il faut en effet ajouter tous les habitants de 17 localités avoisinantes qui ne peuvent regagner leurs habitations. Tous ces sans-abri viennent désormais s’ajouter aux déplacés victimes des nombreux conflits qui minent toute cette région de la RDC, aux alentours du Kivu et de la frontière rwandaise : les déplacés des guerres des Hauts-plateaux (Minembwe et ses environs) et de Kalehe, qui se retrouvent aux alentours de la ville de Bukavu. Car au-delà des images de colonnes de réfugiés fuyant Goma, ce sont chaque jour plus de 6000 personnes qui sont obligées d’abandonner leurs foyers, victimes des exactions des multiples groupes armés qui contrôlent de fait tout l’Est de la RDC. Actuellement, selon les estimations du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), ce sont près de 20 millions de Congolais qui ont besoin d’aide et de protection. «Des millions de familles au bord de l’abîme semblent être oubliées par le monde extérieur et sont laissées à l’écart de toute bouée de sauvetage», a récemment déploré Jan Egeland, secrétaire général de cette ONG.

Aider au mieux en s’appuyant sur les structures des Églises

Que faire pour aider ces déplacés ? Dans la région de Bukavu, la branche locale de l’ECC, l’Église du Christ au Congo, a mis en place, avec les moyens du bord, l’accueil des plus fragiles. Elle avait déjà lancé des collectes de vivres et de matériel pour venir en aide aux déplacés fuyant les exactions des groupes armés. L’ECC est la principale Église protestante du pays : cumulant les caractéristiques d’une Église et d’une fédération, elle rassemble 95 communautés ecclésiales différentes (on préférera parler de «communautés» plutôt que «d’Églises» au sein de l’ECC), et toutes les dénominations qui la composent se retrouvent lors d’un même synode. Elle a ses écoles, ses universités, s’occupe d’action sociale… et elle est en lien direct avec le Défap. Son dirigeant local pour le Sud-Kivu est d’ailleurs un ancien boursier du Défap, Lévi Ngangura Manyanya.

Voilà pourquoi le Défap a décidé de soutenir la branche locale de l’ECC pour venir en aide aux 20.000 déplacés du Nyiragongo. L’Église du Christ au Congo a déjà ses propres structures, ses propres moyens d’acheminer et de distribuer l’aide ; mais elle-même a besoin de soutien. Ce projet d’assistance aux déplacés a ainsi été mis en place selon la même logique que celle qui prévaut lors de la définition de tous les projets du Défap : ils sont élaborés à la demande des partenaires du Défap et en concertation avec eux, de manière à répondre au mieux aux besoins sur place, et en utilisant les structures déjà en place pour éviter tous les surcoûts liés à la mise sur pied d’une opération humanitaire telle qu’elle pourrait être définie et gérée depuis la France. Pour ce projet, le Défap a également obtenu le soutien financier de la plateforme Solidarité Protestante.

Le Défap en République Démocratique du Congo :
  Le Défap travaille en lien avec les universités protestantes suivantes:
L’Université Protestante au Congo – UPC (à Kinshasa);
L’Université Libre des Pays des Grands Lacs – ULPGL (à Goma et à Bukavu);
L’Université Évangélique en Afrique – UEA (à Bukavu);
L’Université Presbytérienne du Congo – UPRECO (à Kananga).
Toutes ces universités comportent une faculté de théologie.
Le Défap échange avec les facultés de théologie partenaires en RDC notamment par l’envoi de professeurs et l’accueil de boursiers.
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