En dépit des contraintes liées à la situation sanitaire, il y a des projets qui avancent. À Mahanoro, ville de la côte orientale de Madagascar, le collège-lycée géré par la FJKM, l’Église réformée malgache, compte désormais une nouvelle salle de classe, construite avec le soutien financier du Défap.
Élèves de Mahanoro © Florence Taubmann, DéfapMême si Madagascar ne figure pas parmi les pays les plus touchés par la pandémie de Covid-19, les effets en sont dramatiques pour les plus fragiles. Au-delà de l’aspect purement sanitaire, cette crise s’est traduite, comme dans de nombreuses autres régions du monde, par un blocage de l’économie et des échanges, par des limitations des libertés, et par un accroissement des inégalités. Selon la Banque Mondiale, avec la pandémie, près de 1,9 millions de Malgaches supplémentaires devraient tomber sous le seuil international de pauvreté de 1,90 dollar par jour, portant le taux de pauvreté à près de 78% de la population. Pour de très nombreuses familles contraintes de survivre au jour le jour, les frais liés à la scolarisation des enfants ne peuvent plus être payés. Madagascar est actuellement le cinquième pays au monde avec le plus grand nombre d’enfants non scolarisés. Facteur aggravant : les échanges étant réduits du fait des contraintes sanitaires, de nombreux projets soutenus par des ONG internationales ont dû être reportés.
Il y a pourtant des chantiers qui avancent : c’est le cas de la nouvelle salle de classe du collège-lycée de Mahanoro dont s’occupe l’Église réformée malgache, la FJKM. Il a pu être mené à son terme avec le soutien financier du Défap. Comme en de nombreux lieux à Madagascar, tout particulièrement dans les régions éloignées de la capitale Tananarive, tout ce qui est nécessaire à l’enseignement est rationné : on manque d’enseignants, de livres… et même de classes. Une nouvelle salle construite, c’est l’assurance de pouvoir accueillir plus d’élèves, dans de meilleures conditions : celle qui a été édifiée au collège-lycée de Mahanoro est destinée aux classes de seconde.
Mieux accueillir les élèves et mieux former les enseignants
S’il arrive que des projets soient retardés, la construction de cette salle a connu un destin tout à fait différent. Notamment à cause des fréquents cyclones, qui de la mi-décembre à la mi-avril arrivent de l’océan Indien pour frapper l’Est de Madagascar, avant de traverser l’île. Accompagnés de pluies diluviennes, ils emportent les routes et submergent les cultures, ravagent infrastructures et bâtiments. C’est précisément sur cette côte orientale particulièrement exposée, au climat tropical humide, que se situe le district de Mahanoro. L’une de ces tempêtes chroniques a provoqué l’effondrement d’une salle de l’école FJKM de Mahanoro, construite en bois. Les travaux rendus nécessaires se sont donc aussi traduits par une anticipation sur le chantier de la nouvelle classe, construite, elle, en dur.
Au total, le collège-lycée de Mahanoro compte dans les 600 élèves. Il est géré par un couple d’enseignants qui ont à cœur de donner un nouvel élan à l’enseignement protestant dans cette partie de l’île – une volonté qui s’inscrit dans la dynamique de la FJKM en plein essor, et dont l’un des projets est de créer des écoles de formation de professeurs dans toutes les régions. Accueillir plus d’élèves et mieux former les enseignants étant deux des enjeux cruciaux de l’éducation à Madagascar… Car au-delà de l’alphabétisation, l’autre critère majeur pour accéder aux études supérieures et aux emplois publics est la bonne connaissance du français, qui est à Madagascar la langue des lettrés, des juristes, des universitaires. Un véritable plafond de verre pour la grande majorité de la population. Voilà pourquoi les actions du Défap dans ce pays tournent essentiellement autour de l’enseignement ; et notamment celui du français. Avec des envoyés dont certains sont présents auprès des plus jeunes (par exemple auprès de la communauté des sœurs de Mamré, à Tananarive, qui fait de l’accueil périscolaire) et jusqu’au niveau des études supérieures. À Mahanoro, Louise est la plus récente envoyée du Défap : elle a témoigné de son expérience de VSI (Volontaire de Solidarité Internationale) à l’occasion de nos « 50 témoignages de Pâques à Pentecôte ».