Méditation du jeudi 17 décembre 2020. Nous partons à la rencontre d’une jeune fille ordinaire, mais que son appel place au début d’un véritable «voyage en terre inconnue» : Marie, juste après sa rencontre avec l’ange Gabriel…

La Vierge de l’Annonciation – Antonello de Messine, vers 1475 – Galleria Regionale della Sicilia (Palermo) © Wikimedia Commons


Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, chez une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; le nom de la vierge était Marie. Il entra chez elle et dit : Réjouis-toi, toi qui es comblée par la grâce ; le Seigneur est avec toi. Très troublée par cette parole, elle se demandait ce que pouvait bien signifier une telle salutation. L’ange lui dit : N’aie pas peur, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Tu vas être enceinte ; tu mettras au monde un fils et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob ; son règne n’aura pas de fin.

Marie dit à l’ange : Comment cela se produira-t-il, puisque je n’ai pas de relations avec un homme ? L’ange lui répondit : L’Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’enfant qui naîtra sera saint ; il sera appelé Fils de Dieu. Élisabeth, ta parente, a elle aussi conçu un fils, dans sa vieillesse : celle qu’on appelait femme stérile est dans son sixième mois. Car rien n’est impossible de la part de Dieu. Marie dit : Je suis l’esclave du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole. Et l’ange s’éloigna d’elle.

Marie rend visite à Élisabeth
En ces jours-là, Marie partit en hâte vers la région montagneuse et se rendit dans une ville de Juda. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Dès qu’Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son ventre. Élisabeth fut remplie d’Esprit saint et cria : Bénie sois-tu entre les femmes, et béni soit le fruit de ton ventre ! Comment m’est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne me voir ? Car dès que ta salutation a retenti à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon ventre. Heureuse celle qui a cru, car ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira !

L’hymne de Marie
Et Marie dit : Je magnifie le Seigneur, je suis transportée d’allégresse en Dieu, mon Sauveur, parce qu’il a porté les regards sur l’abaissement de son esclave. Désormais, en effet, chaque génération me dira heureuse, parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses. Son nom est sacré, et sa compassion s’étend de génération en génération sur ceux qui le craignent. Il a déployé le pouvoir de son bras ; il a dispersé ceux qui avaient des pensées orgueilleuses, il a fait descendre les puissants de leurs trônes, élevé les humbles, rassasié de biens les affamés, renvoyé les riches les mains vides. Il a secouru Israël, son serviteur, et il s’est souvenu de sa compassion – comme il l’avait dit à nos pères – envers Abraham et sa descendance, pour toujours.

Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois. Puis elle retourna chez elle.  Luc 1 : 26-56

 

 

Marie qui es-tu ? Tantôt «victime» d’une société patriarcale oppressive, tantôt modèle de vertus, figure aussi irréelle qu’écrasante. Ou bien encore passionaria aux accents révolutionnaires – ton audace a suscité l’inquiétude des puissants. Ou peut-être «juste» encore cette femme, pétrie des soucis et des peines du quotidien, que seul l’appel reçu distingue… Marie au gré de nos idéologies, ou à l’image de nos attentes ?

Marie insaisissable, à ne pas mettre dans une case…

Marie troublée… Et qui nous trouble. Assez folle pour dire oui, oui sans tergiversation (ou presque) à un diktat tombé du Ciel ! Abdiquant son droit à faire valoir ses propres choix, la vie qu’ELLE se serait choisie.

Marie sort de sa zone de confort. Mais avec elle, pas de formule miracle du genre «je gère, je gère» qui, répétée à l’envi, cache une vague inquiétude quant à notre (réelle) capacité à (tout) maîtriser… Car, en vérité, que maîtrisons-nous dans nos vies, des circonstances qui nous «tombent dessus» ? Pas grand-chose… rien ? Tout et rien à la fois ?
La crise actuelle en est preuve si besoin… Confrontés à l’incertitude qui grignote nos énergies, épuise nos ressources (au propre comme au figuré), met à l’épreuve nos émotions et nos imaginations… comment résister, garder le cap ? Comment continuer à vivre tout simplement ?

Incertitude aussi pour cette jeune femme à la vie «ordinaire». Face à un événement aussi imprévu que déstabilisant, on s’attendrait à la voir se recroqueviller sur son sort déjà «pas évident» : de quoi sera fait son demain ? Tout au contraire ! Son chant est un feu d’artifice. Par sa voix, l’horizon s’élargit, l’espace-temps se dilate. Pas seulement le sien, le nôtre aussi. Comme si, dans ce «voyage en terre inconnue», elle découvrait un au-delà d’elle-même, une appartenance qui la dépasse. Son centre de gravité se déplace. Un monde plus vaste l’accueille, prend possession d’elle. Marie qui d’un non-choix a décidé de faire un choix, SON choix.

 

 

Nous prions :

Quand la vie me fait peur, avec son cortège de changements,
de bouleversements, d’inconnu,
tu me dis : confiance.

Quand j’ai mal dans mon corps touché par la maladie,
quand la souffrance et la peine me rendent prisonnier et découragé,
tu me dis : confiance.

Quand l’envie me prend de baisser les bras,
lassé par les combats, usé par les échecs,
tu me dis : confiance.

Quand le sourire apparaît, la main se tend,
le cœur s’ouvre, ton royaume est partagé,
tu me dis : confiance.

Livre de prières (Olivétan / Société luthérienne des missions, 2012)

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