Une année avec les Actes des apôtres : méditation du jeudi 12 novembre 2020. Nous prions pour notre envoyée au Liban.

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Dans ce chapitre 10 deux hommes, deux mondes, vont se rencontrer. Mais sont-ils si éloignés l’un de l’autre ? L’un, soldat romain en poste à Césarée, se nomme Corneille et est présenté comme un craignant-Dieu, pieux et généreux, ami du peuple juif. L’autre est Simon-Pierre, juif, disciple et apôtre de Jésus de Nazareth, qui fait connaître l’évangile à tous ceux qu’il rencontre, et accomplit des guérisons au nom de son maître. Alors qu’il est de passage à Jaffa, il va vivre une expérience cruciale, qui touche à son identité profonde : une triple vision nocturne lui présente des aliments interdits par la cacherout qu’une voix céleste lui déclare consommables ; puis trois messagers viennent l’inviter à venir rencontrer Corneille à Césarée.

Lorsque Pierre entra, Corneille, qui était allé au-devant de lui, tomba à ses pieds et se prosterna. Mais Pierre le releva, en disant : Lève-toi ; moi aussi, je suis un homme. Et conversant avec lui, il entra, et trouva beaucoup de personnes réunies. Vous savez, leur dit-il, qu’il est défendu à un Juif de se lier avec un étranger ou d’entrer chez lui ; mais Dieu m’a appris à ne regarder aucun homme comme souillé et impur. C’est pourquoi je n’ai pas eu d’objection à venir, puisque vous m’avez appelé ; je vous demande donc pour quel motif vous m’avez envoyé chercher. Corneille dit : Il y a quatre jours, à cette heure-ci, je priais dans ma maison à la neuvième heure ; et voici, un homme vêtu d’un habit éclatant se présenta devant moi, et dit : Corneille, ta prière a été exaucée, et Dieu s’est souvenu de tes aumônes. Envoie donc à Jaffa, et fais venir Simon, surnommé Pierre ; il est logé dans la maison de Simon, corroyeur, près de la mer. Aussitôt j’ai envoyé vers toi, et tu as bien fait de venir. Maintenant donc nous sommes tous devant Dieu, pour entendre tout ce que le Seigneur t’a ordonné de nous dire. Alors Pierre, ouvrant la bouche, dit : En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable. Il a envoyé la parole aux fils d’Israël, en leur annonçant la paix par Jésus Christ, qui est le Seigneur de tous (…) Actes 10, 25-36

Comme Pierre prononçait encore ces mots, le Saint Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole. Tous les fidèles circoncis qui étaient venus avec Pierre furent étonnés de ce que le don du Saint Esprit était aussi répandu sur les païens. Car ils les entendaient parler en langues et glorifier Dieu. Alors Pierre dit : Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint Esprit aussi bien que nous ? Et il ordonna qu’ils fussent baptisés au nom du Seigneur. Sur quoi ils le prièrent de rester quelques jours auprès d’eux. Actes 10, 44-48

 

 

Deux grands enjeux apparaissent dans ce récit : l’ouverture de l’esprit de Pierre dans son rapport à la loi juive, et l’intégration de Corneille dans la communauté des croyants baptisés.

Concernant les lois alimentaires et le rapport aux non-juifs, Simon-Pierre semble prisonnier d’une vision très rigide, car si l’on suit la logique du texte, il lui faut la « purification » d’animaux impurs » pour découvrir qu’« aucun homme n’est souillé ou impur. » Il est vrai que les règles de la cacherout complexifient les rapports de convivialité entre juifs et non-juifs, mais Simon-Pierre le Galiléen n’a-t- il pas déjà côtoyé des étrangers, notamment lors de son compagnonnage avec Jésus ? Lui qui a renié son maître, ne sait – il pas déjà qu’il n’est qu’un homme comme les autres hommes ? Rappelons que le judaïsme ne considère pas les non-juifs comme impurs, mais comme enfants de Noé, à qui sont prescrites les 7 lois dites noachides. Alors de quoi Pierre a-t-il peur pour avoir de pareilles visions ? De quoi doit-il être libéré ?

Il l’apprendra en vivant une véritable rencontre avec Corneille et sa famille. Ceux-ci l’écoutent, reçoivent son enseignement, accueillent l’Esprit-Saint et sont baptisés au nom de Jésus. De ce fait ils ne sont plus seulement des craignant-Dieu ou des enfants de Noé, mais ils entrent pleinement dans l’Alliance, par la grande porte que représente Jésus de Nazareth, fils de David et fils de Dieu. En cela Corneille rejoint, avec toute sa maisonnée, l’eunuque éthiopien rencontré dans un chapitre précédent, et tous les nouveaux croyants de Jérusalem et d’ailleurs. Et Pierre se voit confirmé dans sa vocation et entraîné dans une mission nouvelle, frontalière.

 

 

Nous prions avec cette prière d’un auteur inconnu :

Attention chien méchant.
Attention travaux.
Attention chute de pierres.
Attention route glissante.
Partout, des appels à l’attention.

Mais où sont les appels à l’attention que nous devons aux autres :
les appels à la délicatesse, les appels au respect, les appels au partage ?

Je suis distrait, Seigneur.
Comment pourrais-je les entendre, ces appels,
quand je suis préoccupé par ma santé, enfermé dans mes rêves, épuisé par mon travail,
fasciné par la télévision…
Pardon, Seigneur.

Et tes appels, Seigneur, les tiens,
les petits signes que Tu m’adresses à travers les gens proches ou lointains,
les grands signes que Tu m’adresses, à travers les messages de ton Evangile,
à travers les invitations à la prière, tous ces appels ne rencontrent souvent que mon indifférence…
Pardon, Seigneur.

Apprends-moi, je t’en prie, à être attentif à toutes les attentes,
à toutes les souffrances, à toutes les espérances.

Apprends-moi aussi
à déceler tout ce qui est bien derrière ce qui est mal,
tout ce qui se cherche derrière tout ce qui semble acquis,
tout ce qui est neuf derrière tout ce qui est vieux,
tout ce qui bourgeonne derrière tout ce qui se fane,
tout ce qui vit derrière tout ce qui meurt.

Montre-moi, Seigneur,
l’enfant sous le vieillard, la plage sous les pavés, le soleil sous les nuages,
et toutes les soifs cachées :
la soif de pureté, la soif de vérité, la soif d’amour, la soif de Toi, Seigneur.

Affine mon regard, réveille ma capacité d’amour,
ouvre grand mon cœur, aiguise mon attention,
développe mes attentions, tourne-moi vers les autres,
tourne-moi vers Toi, Seigneur.

Amen.

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