L’appel à une «dynamique refondatrice» lancé en mars 2018 par le président du Défap a déjà eu des traductions importantes dans le travail du Service protestant de mission : c’est ce qui est apparu au matin du 30 mars, jour de l’AG 2019.
Samedi 30 mars, 9h30 : dans la chapelle du Défap, le culte d’ouverture de l’Assemblée Générale s’achève. Les délégués sont rassemblés dans un contexte particulier : un an auparavant, dans ce même lieu, le président du Service protestant de mission, Joël Dautheville, lançait un appel à une «dynamique refondatrice». Une thématique, et des réflexions plus larges sur l’activité missionnaire aujourd’hui, qui ont irrigué tous les travaux des permanents et des instances du Défap tout au long de l’année écoulée, et qui parcourent en filigrane le culte mené par David Mitrani : «La mission, n’est-ce pas de rendre visible au-dehors ce qui nous a fait passer nous-mêmes de la mort à la résurrection ?»
Le culte s’ouvre aussi, au-delà de l’AG elle-même, sur les projets et les relations du Défap aujourd’hui : l’offrande est ainsi destinée aux étudiantes de l’UPRECO, dont le Défap finance les frais d’inscription. Cette université protestante est située à Kananga, une région enclavée et délaissée de République Démocratique du Congo, loin de la capitale Kinshasa. Le culte d’ouverture de l’AG du Défap est aussi un moment d’hommage à Albertine Nzambé, décédée brutalement il y a quelques jours. La famille Nzambé, engagée dans un travail de longue haleine de réhabilitation d’hôpitaux au Cameroun, est en lien depuis des années avec le Défap et avec des paroisses françaises comme celle de La Rochelle, et elle a accueilli de nombreux envoyés du Défap…
2018 au Défap, une année de paradoxes
Dans son message d’ouverture, Joël Dautheville reprend et prolonge l’appel qu’il avait lancé en mars 2018, en soulignant au passage l’engagement de l’équipe des permanents, et la manière dont toutes les questions sur la mission aujourd’hui sont déjà prises en compte dans leur travail au quotidien. «L’un des moments forts de ce type de questionnement qui se pose au Défap, souligne-t-il, se vit notamment lors de la mise en place de la formation des envoyés. De nombreux sujets sont abordés : vie des Églises, interculturel, sécurité, place des envoyés dans le dispositif, etc. Cette formation est un formidable moment où des jeunes et des moins jeunes, évangéliques issus des associations portées par le Défap, protestants issus des Églises du Défap, catholiques et agnostiques se côtoient pendant une douzaine de jours. Formidable moment où les confrontations, le dialogue et l’écoute mutuelle font bouger les positions des uns et des autres…» Il évoque au passage le prochain forum que prépare le Défap d’ici quelques mois ; pour conclure, et avant de céder la parole au secrétaire général Jean-Luc Blanc, Joël Dautheville souligne les enjeux des réflexions sur la mission aujourd’hui : «Il s’agit de sortir de l’entre-soi culturel, ecclésial et national. Les Églises se voient et vivent entre elles dans un lien d’interdépendance plus marqué, l’interculturel et l’interreligieux posent des questions nouvelles. Avec ses compétences, le Défap a une carte importante à jouer dans ce contexte au service des Églises membres.»
Avec le rapport du secrétaire général apparaissent plus nettement encore toutes les manières dont ce travail de réflexion s’incorpore aux activités du Défap et au quotidien des permanents. Un rapport dont la présentation a été revue et réorganisée, reflet des transformations à l’oeuvre parmi les permanents : mise en avant des thématiques transversales, refonte de l’équipe au sein de laquelle les responsabilités ont été redistribuées, les relations entre services repensées… Un travail mené tout en poursuivant les activités traditionnelles du Défap, les accueils de boursiers, les échanges de professeurs de théologie, les envois de volontaires, les projets en lien avec les Églises partenaires, les relations au sein du monde associatif et dans le milieu du développement… Jean-Luc Blanc décrit ainsi «une année 2018 de paradoxes, de réorganisation de l’équipe ; mais aussi une année au cours de laquelle l’équipe a poursuivi ses activités habituelles et continué à mettre en oeuvre le programme d’action». Dans ce chantier de longue haleine, quelques éléments font figure de symboles : comme la chapelle dans laquelle se tient l’AG, rénovée tout récemment ; ou le site internet, tout neuf, et dont l’arborescence reflète cette volonté de transversalité… Il s’agit de voir que la mission a donné du fruit, et qu’elle en donne encore ; qu’à travers ce processus de mue que traverse le Défap, c’est un indispensable travail d’adaptation de la conception même de la mission aux défis d’aujourd’hui qui est lancé. Ce sera d’ailleurs l’enjeu d’une bonne partie des échanges de l’après-midi.