Cette semaine, plusieurs représentants des Églises de Nouvelle-Calédonie étaient en visite en France. À cette occasion, le professeur Frédéric Rognon a animé le jeudi 31 janvier, à la Maison du protestantisme, à Paris, une conférence-débat sur le thème : «La Nouvelle-Calédonie après le référendum : quels défis pour les Églises ?»

Les délégués des Églises calédoniennes, en visite en France, faisant la coutume à l’AG de la Fédération Protestante de France, 26 janvier 2019 © Défap

 

Les invités sont arrivés au Défap, où ils étaient hébergés, quelques jours avant les premières rencontres à la Maison du protestantisme, au 47 rue de Clichy, dans le neuvième arrondissement : une délégation des Églises de Nouvelle-Calédonie, présente à Paris à l’invitation de la Fédération Protestante de France (FPF), qui tenait son Assemblée Générale. Cette délégation comprenait le pasteur Var Kaemo, président de l’Église protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie (EPKNC) et son épouse la pasteure Marie-Claire Kaemo, directrice du Centre de Formation Pastorale et Théologique de Béthanie ; le pasteur Yvon Dea, président des Assemblées de Dieu de Nouvelle-Calédonie ; le pasteur et aumônier Marc Perrin, Assemblées de Dieu de Nouvelle-Calédonie ; le pasteur André Beinon, président de l’Église évangélique libre de Nouvelle-Calédonie.

Les membres de cette délégation étaient également invités à la conférence-débat animée le jeudi 31 janvier par le professeur Frédéric Rognon, sur le thème : «La Nouvelle-Calédonie après le référendum : quels défis pour les Églises ?». Car dans cette terre loin de la métropole et de sa conception de la laïcité, la religion a un rôle crucial à jouer. Selon ce mot de l’ancien Haut-Commissaire Vincent Bouvier : «Ce sont des hommes d’Église qui ont permis, souvent en désaccord avec les autorités de l’époque, de poser un regard différent sur l’identité Kanak. La religion a un rôle majeur à jouer dans la gestion des tensions et le maintien du dialogue.» Et de Maurice Leenhardt jusqu’à Jacques Stewart, les protestants de métropole et ceux de Nouvelle-Calédonie entretiennent depuis longtemps des relations singulières. Ce qu’avait rappelé François Clavairoly, le président de la FPF, en évoquant «l’histoire partagée du protestantisme kanak et du protestantisme anglais puis français» à la suite de sa visite dans l’île en mai 2018 en compagnie d’Emmanuel Macron, à quelques mois du référendum d’autodétermination qui s’est déroulé en novembre, et a vu la victoire, attendue mais moins nette que ne le prédisaient les sondages, du maintien dans la France.

Coutume et multiculturalisme

Pour aller plus loin :

Si ce rendez-vous électoral s’est passé sans explosion, les principaux problèmes de la société calédonienne demeurent. Une société qui reste très inégalitaire, avec une grande différence entre les îles et la grande ville, Nouméa : d’un côté, un mode de vie qui reste traditionnel, avec une forte intégration sociale et familiale, et de l’autre, une société devenue multiculturelle, ouverte sur des influences très diverses, avec des modes de vie très différents, une croissance forte d’Églises évangéliques d’implantation récente…

Depuis l’accord de Nouméa, les Kanak disposent d’un statut civil particulier, formalisé par l’article 75 de la Constitution, appelé «statut coutumier», et ne sont pas soumis au code civil. La coutume régit tous les aspects de la vie des Kanak, avec ses offrandes et ses rites qui rythment toutes les étapes de l’existence, naissance, mariage, deuil, alliance et pardon entre clans : ces règles «définissent les devoirs et les obligations vis-à-vis de la communauté, mais aussi le lien à la terre et au sacré», comme le souligne Emmanuel Tjibaou, fils de Jean-Marie Tjibaou et directeur du centre culturel Tjibaou à Nouméa. Mais les Kanak sont aujourd’hui minoritaires, ce que montrent bien les chiffres du dernier recensement : en 2014, 39,05% des habitants se sont déclarés Kanak, 27,2% européens, 33,75% (soit plus du tiers) se réclamant d’autres communautés, notamment vietnamienne ou indonésienne. Un cosmopolitisme que reflète la ville de Nouméa. Entre ces deux images très contrastées de la Nouvelle-Calédonie, les jeunes – et en particulier les jeunes Kanak – peinent à trouver une place. Certains rejettent le modèle traditionnel et le poids de la coutume pour rejoindre Nouméa. Mais la ville est aussi le lieu où les inégalités s’affichent de la manière la plus flagrante : «il y a là-bas environ 10.000 personnes qui vivent dans des squats», souligne Tünde Lamboley, responsable du suivi des relations avec la Nouvelle-Calédonie au sein du Défap.

Place des Églises et de la coutume, suites du référendum d’autodétermination et invention d’un «destin commun» en Nouvelle-Calédonie, relations avec la métropole : une table ronde animée par Didier Crouzet, secrétaire général de l’EPUdF, a réuni le 26 janvier au 47 rue de Clichy, à la Maison du protestantisme, les pasteurs Var et Marie-Claire Kaemo, le pasteur André Beinon et les pasteurs Yvon Dea et Marc Perrin, hôtes d’honneur de l’assemblée générale de la FPF.

 

Toujours à l’occasion de cette visite de la délégation des Églises de Nouvelle-Calédonie, Place des protestants, le programme de Présence protestante diffusé le dimanche 10 février, sera consacré au protestantisme dans l’île.

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