Méditation du jeudi 15 novembre 2018 : nous poursuivons notre série pour une lecture interculturelle du cycle de Joseph. Et nous prions pour nos envoyés en Égypte.

Enfin Pharaon donna à Joseph le nom égyptien de Safnath-Panéa, et lui accorda comme femme Asnath, fille du prêtre Potiféra, de la ville d’On. Dès lors Joseph put se déplacer dans toute l’Égypte. Il avait trente ans lorsqu’il avait été amené devant le Pharaon, roi d’Égypte.

Joseph quitta le Pharaon et se mit à parcourir l’Égypte. Pendant les sept années d’abondance, la terre produisit des récoltes exceptionnelles. Joseph accumula des réserves de vivres en Égypte durant ces années-là. Il entreposait dans les villes les provisions récoltées dans les campagnes environnantes. Il emmagasina de très grandes quantités de blé. Il y en avait autant que de sable au bord de la mer, si bien qu’il devint impossible d’en tenir le compte.

Avant le début de la famine, Asnath, la femme de Joseph, mit au monde deux fils. Joseph appela l’aîné Manassé, et il déclara : «Dieu m’a permis d’oublier toutes mes souffrances et ma séparation d’avec les miens.» Il appela le cadet Éfraïm, et il expliqua : «Dieu m’a accordé des enfants dans ce pays où j’ai été si malheureux.»

En Égypte les sept années d’abondance prirent fin. Alors commencèrent les sept années de famine, comme Joseph l’avait annoncé. La famine s’étendit à tous les pays, mais en Égypte il y avait des réserves de vivres. Quand les Égyptiens commencèrent à souffrir de la faim, ils réclamèrent au Pharaon de quoi manger. Celui-ci répondit à l’ensemble de la population : « Adressez-vous à Joseph et faites ce qu’il vous dira. » La famine devint générale dans le pays. Joseph fit alors ouvrir les entrepôts et vendre du blé aux Égyptiens. Puis la famine s’aggrava encore en Égypte. On y venait aussi de tous les pays pour acheter du blé à Joseph, car la famine sévissait durement partout. Genèse 41,45-57

 


La stèle de la famine, découverte en 1889, est une inscription située sur l’île de Sehel sur le Nil près d’Assouan, qui parle d’une période de sept ans de famine durant le règne de Djéser (IIIe dynastie).

 

Aux yeux de Pharaon il semble que Joseph ne puisse administrer l’Egypte sans devenir égyptien. Et ceci se traduit par une intégration familiale et culturelle qui va jusqu’au changement de nom et au mariage avec une femme égyptienne.

Joseph devient Safnath-Panéa qui pourrait signifier en égyptien « soutien de la vie » ; il épouse Asnath, que l’on peut traduire « suivante de la déesse Neith » dont le père est le prêtre Potiféra, de la ville d’On – Héliopolis.

Est-ce à dire que Joseph, en se pliant à la volonté de Pharaon, est en voie d’assimilation et de renoncement à son identité profonde ? Ou simplement qu’il comprend son égyptianisation comme un moyen nécessaire à sa mission d’administrateur du pays d’Egypte. Il aura à faire au peuple, ne doit-il pas s’identifier à lui ostensiblement ? Cette question se pose de manière récurrente dans l’histoire des sociétés, et de manière spécifique quand il s’agit pour des personnes immigrées d’exercer de hautes fonctions. 

Pourtant Joseph reste lui-même. Il ne perd pas son nom et il donne à ses deux fils des noms hébraïques : Manassé, dont la racine hébraïque signifie oublier, et Ephraïm, fructifier. Comme s’il avait besoin d’un effacement de son passé et du passage à une nouvelle identité pour accomplir sa mission salvatrice. Mais c’est bien à son Dieu et dans sa propre langue qu’il rend grâce pour cet oubli nécessaire et cette fécondité nouvelle.

Cela va lui donner une grande force. Il engrangera, pendant les 7 années d’abondance, non seulement un cinquième des récoltes, mais autant de blé que les grains du sable de la mer. Alors il pourra, lors des 7 années de sécheresse, gérer la pénurie et sauver les égyptiens, ainsi que les peuples alentours, en leur vendant le nécessaire.

 

 


Source : Pixabay

 

Prions pour nos envoyés en Égypte

Seigneur, donne-moi de prendre ma part
D’habiter l’identité que tu me donnes
D’exploiter les charismes de ton regard
Déploie en moi d’être présent là où tu me places
Seigneur donne-moi d’être ce que tu espères de moi.

Seigneur donne-moi de prendre toute ma part
De ne pas me réfugier derrière mon sentiment d’insuffisance
De ne pas brandir ma petitesse pour me dérober à mes devoirs
Seigneur donne-moi d’oser ce que tu attends de moi.

Seigneur donne-moi de prendre seulement ma part
De ne pas présumer de mes forces
De ne pas ombrager l’espace dont les autres ont besoin pour grandir
De m’ouvrir à l’altérité dans le respect de mes limites
Seigneur donne-moi de naître à ce que je suis par toi.

Marion Müller-Collard

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