La mission des envoyés du Défap ne s’arrête pas forcément avec le retour en France : apprendre à capitaliser sur leur expérience, à la partager, à jouer le rôle de «fenêtres sur le monde», tel est aussi le rôle de la «session retour».

Travaux de groupes dans le jardin lors de la session retour 2018 des envoyés du Défap © Défap

Ils se sont répartis en petits groupes de cinq-six personnes, dans trois lieux différents de la grande maison du Défap : l’un dans la «salle de cours», un autre dans le «salon rouge», un autre enfin dans le jardin. L’après-midi de ce samedi 6 octobre, premier jour de la «session retour des envoyés», a été ouverte par la pasteure Florence Taubmann, du service Animation-France du Défap, avec un questionnaire fouillé. Une demi-journée qui, après la matinée destinée à mettre en mots les expériences vécues par les volontaires, est consacrée à l’après-mission. Pour la quinzaine de volontaires revenus en France après la fin de leur mission, et réunis pendant trois jours au 102 boulevard Arago, il s’agit de préparer une nouvelle étape : pour eux-mêmes, pour le Défap et pour ses partenaires au Bénin, au Congo, en Tunisie, à Madagascar…

Florence Taubmann a choisi de placer ces ateliers sous le signe d’un personnage biblique, et plus précisément de la «double mission de Joseph», pour stimuler les réflexions des groupes. Et d’expliquer, avant de faire circuler les questionnaires : «Joseph, avant-dernier fils de Jacob, a eu de nombreuses difficultés au sein de sa fratrie – notamment parce qu’il avait un talent, celui d’interpréter les rêves. À tel point que ses frères ont fini par vouloir se débarrasser de lui, et l’ont vendu à des marchands ismaélites en route pour l’Égypte. Et dans ce pays, c’est justement parce qu’il savait interpréter les rêves qu’il a pu, au final, assumer une double mission de sauvetage : il a sauvé à la fois le pays d’Égypte, et sa famille, de la disette… Pour vous, y a-t-il eu aussi une forme de double mission, entre là-bas et ici ?»

«J’ai encore la tête là-bas»

Pour aller plus loin :

Le cadre a été posé : «Vous avez 40 minutes», a annoncé Florence Taubmann. Et dans chacun des groupes, les échanges se sont engagés autour des lignes directrices définies par le questionnaire. «Comment percevez-vous vos motivations de départ à la lumière du temps passé en mission ?» Pour certains, elles ont été renforcées : «Je voulais découvrir quelque chose que je ne connaissais pas, c’est bien ce qui s’est produit», lance une participante. Pour d’autres, elles ont été affinées, ou contredites, parfois le regard a significativement changé… Autre question : «Vous sentez-vous appelés au retour, avec l’idée de ce que vous avez à faire ici ? Auriez-vous espéré rester en mission là-bas ?» Selon les groupes, certains hésitent : «Nous restons ouverts à ce qui peut nous appeler ici en France, annonce un couple de volontaires ; mais nous sommes aussi prêts à repartir». Une envoyée reconnaît qu’elle a «encore la tête là-bas». Pour d’autres, le retour est tout simplement une étape logique après la mission…

Et les questions s’enchaînent : «Avez-vous découvert ou approfondi vos talents ?». Certains évoquent les défis à relever dans des situations inconnues, qui se révèlent autant d’opportunités d’apprendre et de s’adapter… «Pouvez-vous vous projeter dans cette idée de double mission ? Quelle relation entre ici et là-bas ? Quelles solidarités ?»… Si les envoyés se voient commes des fenêtres sur le monde, être entre deux univers, deux cultures est une position inconfortable ; elle peut aussi donner envie d’un autre engagement de plus longue durée. «Vous avez été envoyés par le Défap, qui est soutenu par trois Églises ; comment percevez-vous aujourd’hui la mission du Défap ?». Un envoyé souligne : «C’est un privilège d’être envoyé par le Défap, d’avoir un soutien, une aide sur le plan administratif ; ça peut permettre de faire partie d’un plus grand groupe…» ; Un autre pointe «le rôle précieux de la formation, les relations humaines qui s’y tissent, même si ce n’est pas l’objectif premier»… «Avez-vous des idées sur la manière dont vous pourriez aider le Défap à poursuivre sa mission – à travers vos échanges avec d’autres envoyés, ce que vous avez vécu dans les Églises qui vous ont accueillies… ?» Sur ce dernier point, certains se disent prêts à témoigner de leur expérience en France, ou à échanger avec les futurs envoyés.

Laura Casorio, responsable des envoyés, rebondit sur ces dernières remarques en parlant du rôle des ERM, les Équipes Régionales Mission : ces groupes régionaux constitués de pasteurs et de laïcs ont précisément pour rôle de stimuler les activités autour de la mission, ici en France, au niveau local. Des anciens envoyés du Défap, jouant le rôle de témoins, voilà pour eux des ressources précieuses. Les ERM ont justement un représentant qui assiste à cette formation, Simon Assogba, membre de l’équipe de région parisienne…

Franck Lefebvre-Billiez

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