Tananarive : les bâtiments de la communauté des sœurs de Mamré © Enno Strobel, UEPAL

À Madagascar, maîtriser correctement le français, être capable de le parler dans la vie de tous les jours, c’est un défi. Conséquence des aléas et revirements de la politique linguistique, d’une vingtaine d’années de «malgachisation» de l’enseignement à marche forcée, de la préférence pour l’anglais du temps de l’ancien président Marc Ravalomanana, le français est trop souvent enseigné dans les écoles comme une langue morte et les élèves n’en ont, au mieux, qu’une connaissance livresque. On estime que 5% seulement de la population est réellement francophone, c’est-à-dire capable de parler aussi bien français que malgache, alors même que le français est la langue officielle de l’écrit, des procédures… et le sésame indispensable pour obtenir un emploi. Il y a dès lors un rapport direct entre la maîtrise de la langue et le niveau social. Voilà pourquoi les missions des envoyés du Défap à Madagascar (cliquez ici pour trouver la liste des envoyés dans l’Océan Indien) tournent en grande partie autour de l’enseignement, et notamment du français. C’est le cas de Mathieu Ramanitra, envoyé en tant que VSI (Volontaire de Solidarité Internationale) au sein du département éducation de la direction nationale des écoles de la FJKM (la plus grande fédération protestante de l’île, avec environ 5 millions de membres) pour coordonner la formation des enseignants.

Nouvelles en images des envoyés au centre d’accueil des sœurs de Mamré

Mirjam Strobel et Yoann Deguilhaume, pour leur part, travaillent au centre d’accueil pour enfants de la communauté des sœurs de Mamré, qu’ils encadrent et dont ils assurent l’accompagnement scolaire… avec là encore quelques défis liés à la maîtrise du français. «Me voilà Zoki-Yoann pour les enfants, zoki veut dire éducateur ou aîné, écrivait Yoann dans sa dernière lettre de nouvelles. Je travaille avec Zoki-Michel qui est l’éducateur employé par les sœurs pour l’accueil des enfants et Zoki-Mirjam, service civique qui travaille aussi à la cantine. J’ai très vite compris que la présence de Zoki-Michel nous sera très précieuse. En effet, le niveau de français des enfants est très bas. Ils ne parlent pas du tout et comprennent les consignes simples mais la communication avec eux reste difficile. Zoki-Michel est donc très présent pour traduire ce que nous souhaitons dire aux enfants.»

Mirjam Strobel et Yoann Deguilhaume ont été tous deux rencontrés récemment par Enno Strobel, responsable du service mission de l’UEPAL, qui se trouve à Madagascar jusqu’au 11 avril. Sur la page Facebook «UEPAL Service Mission», il poste au fil de ses rencontres photos, commentaires et vidéos ; l’occasion d’avoir quelques nouvelles des envoyés en images :

Les enfants, premières victimes de la misère

La communauté des sœurs de Mamré, où travaillent Mirjam Strobel et Yoann Deguilhaume, s’occupe chaque jour d’une cantine qui accueille plusieurs dizaines d’enfants de familles particulièrement défavorisées de ce quartier de Tananarive. Pour beaucoup, c’est leur seul vrai repas de la journée. D’après l’Unicef, dans certains quartiers de la capitale malgache, neuf mineurs sur dix vivent sous le seuil de pauvreté. Avec leur cantine, les sœurs de Mamré combattent la pauvreté… mais également avec leur ferme, qui se situe près d’Andasibe, et qui est un lieu de vie et d’espoir pour les paysans voisins qui y travaillent. Présentation ci-dessous avec ce post d’Enno Strobel :

Action sociale et éducative se conjuguent ainsi souvent dans les projets où les Églises de France sont impliquées à Madagascar. À Antsirabé, l’orphelinat d’Akanisoa fait office d’école, non seulement pour les pensionnaires, mais également pour les enfants du quartier, qui se sont inscrits en plus grand nombre cette année. Il accueille deux envoyés du Défap, Samy Chenuelle (déjà en poste l’an passé) et Fenitra Roetman ; Samy y travaille comme instituteur en remplacement d’une enseignante en congé de maternité, et Fenitra comme animatrice auprès des petits.

Ceux qui relèvent les défis de la société malgache

À travers ces missions d’accompagnement scolaire ou d’enseignement, les Églises de France sont ainsi en lien avec des institutions qui combattent la pauvreté. Mais elles entretiennent aussi des relations avec des acteurs engagés contre d’autres défis de la société malgache. La lutte contre la misère est aussi directement liée à celle contre la corruption. C’est l’objectif de la campagne «La chaîne de l’honnêteté». En mai 2017 le pasteur Solofo Ramaholimihaso était venu au Défap présenter cette action, et expliquer comment la corruption gangrénait toutes les relations sociales et économiques à Madagascar, y compris dans l’Église. Il a également été rencontré au cours de son voyage par Enno Strobel :

Citons aussi parmi les courageux le pasteur Vololona Randriamanantena, responsable de l’association Save, qui lutte contre le Sida. Engagée dans l’accueil et l’écoute de malades et de personnes séropositives, mais aussi dans la prévention et l’éducation à une sexualité responsable, Vololona déplore que la sexualité reste un sujet tabou, ce qui empêche souvent la diffusion et la communication des informations.

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