Michèle Reiss à son bureau, DR

Quelles sont les spécificités de l’école Kallaline dans le milieu de l’enseignement tunisien ?

Michèle Reiss : L’école Kallaline a une place particulière, unique, dans le milieu de l’éducation en Tunisie. C’est le fruit d’une longue histoire : plus de 150 ans. Le français est vraiment la langue de communication au sein de notre école, qui compte une équipe de 45 intervenants pour environ 310 élèves. Pour les enfants, ce bain de langage commence dès la grande section de maternelle. Entre les adultes de l’équipe, tous les rapports de communication ont lieu en français ; et nous insistons pour que tout puisse se dire dans la même langue aux élèves dès leur plus jeune âge. C’est une des raisons pour lesquelles les parents nous confient leurs enfants.

Qu’apporte à l’école la présence d’envoyés du Défap ?

Pour aller plus loin :
Le point sur la Tunisie et sur les actions du Défap

L’apport de volontaires du service civique ou de volontaires de solidarité internationale, qu’ils soient envoyés par le Défap ou une autre organisation, est très important pour nous. Il s’agit de personnes venues de France, dont la langue maternelle est le français, qui vont nous aider à garder cette spécificité de l’école Kallaline. Ces envoyés viennent avec leurs références culturelles françaises, qui n’existent pas en Tunisie, mais qui vont se retrouver dans le quotidien de l’école : par exemple à travers le partage en classe d’une galette des rois…

Que signifie en Tunisie cette insistance sur le français et la culture française ?

Tout d’abord, il existe déjà en Tunisie une tradition de la langue française, visible notamment à travers les plaques des rues : elles sont en arabe et en français. Ensuite, beaucoup de familles tunisiennes attachent beaucoup d’importance à la qualité de l’éducation de leurs enfants. Celles qui les confient à l’école Kallaline considèrent souvent que, dans un contexte de mondialisation des échanges, un bon niveau de français sera un avantage. Les parents de nos élèves attendent donc vraiment que leurs enfants acquièrent chez nous une facilité à s’exprimer en français. Beaucoup sont d’ailleurs eux-mêmes d’anciens élèves de l’école Kallaline. D’où l’importance de ce bain culturel au sein de l’école – et c’est là que des volontaires de langue française ont un vrai rôle à jouer. Chacun arrive ici avec sa manière d’être, son vécu, sa propre perspective sur la culture française ; et cette diversité aussi est importante, et recherchée par les parents d’élèves.

Comment se passe l’accueil des envoyés ?

Photo de groupe à l’école Kallaline au cours de l’année scolaire 2016-2017, DR

Nous accueillons plusieurs profils de volontaires. Certains sont enseignants : ils viennent pour assurer un cours. D’autres peuvent venir juste après leur bac, pour vivre une année «à part» avant de poursuivre leurs études. Je les reçois pour les sensibiliser à la culture et à la société tunisiennes, et pour adapter leur intervention dans l’école en fonction de leurs centres d’intérêt. Souvent, ils sont amenés à faire du soutien scolaire en français, pour améliorer l’expression orale des élèves. Ils peuvent aussi animer des clubs : de théâtre, de percussions musicales, ou encore axés sur les reportages ou l’environnement… Chacun peut ainsi apporter sa pierre. Il y a même des clubs de cuisine française : et c’est assez extraordinaire, de transmettre ainsi une culture à travers des crêpes, des quiches…

Si vous deviez choisir un mot pour résumer les valeurs de l’école…

J’insisterais sur l’éducation au respect. De par la présence d’intervenants très divers au sein de l’école, chaque enfant est rapidement sensibilisé au respect des différences. Il y a des personnes venues de France ou d’Afrique subsaharienne, il y a des Anglais et des Suisses, des Américains – certains venant chez nous de manière ponctuelle pour une intervention ou pour animer un club : c’est une richesse, et nous sommes amenés à en parler avec les élèves. C’est aussi un sujet que l’on évoque au sein de l’équipe, et qui rejaillit naturellement sur les élèves. Enfin, chaque enfant est aussi respecté de manière à faire ressortir ses qualités, même si ce ne sont pas nécessairement des qualités scolaires.

 

Après plus d’une quinzaine d’années passées à diriger l’école Kallaline, Michèle Reiss va bientôt mettre terme à son engagement à la tête de l’établissement. L’école Kallaline est actuellement à la recherche d’une nouvelle équipe de direction. Elle recherche aussi de nouveaux enseignants. Pour tout renseignement et prise de contact, voir le site internet www.kallaline.com.

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