Visite de la bibliothèque du Défap, 3 octobre 2017, DR

Une bibliothèque sur la Mission, voilà qui se conçoit aisément : la thématique est riche, et que l’on parle des missions protestantes ou, plus encore, des missions catholiques, elle est abondamment pourvoyeuse de documents de grande valeur historique. Mais une bibliothèque missionnaire ? Le thème était au coeur du XXVe Congrès national de l’ABCF (Association des bibliothèques chrétiennes de France), qui s’est tenu à Paris du 2 au 5 octobre et avait pour titre : « Bibliothèques chrétiennes, médiatrices d’évangélisation ». L’ABCF, qui existe depuis 1963, regroupe plus de deux cents bibliothèques chrétiennes, principalement consacrées à la théologie et aux sciences religieuses.

Bien que ses membres (universités et instituts spécialisés, séminaires, bibliothèques diocésaines, monastères, couvents…) soient dans leur grande majorité catholiques, l’association ambitionne une ouverture plus large vers le monde protestant. Elle est d’ailleurs présidée par une protestante, Michèle Behr, responsable de la bibliothèque de l’Université Catholique de Lyon, et parmi les trois spécialistes invités à prendre la parole à sa table ronde inaugurale figuraient deux catholiques et un protestant : Gilles Vidal, docteur en théologie et en histoire contemporaine à l’Institut Protestant de Théologie, intervenait aux côtés d’Arnaud Join-Lambert (professeur en théologie pratique et en liturgie à l’Université catholique de Louvain) et de Joël Molinario (directeur de l’Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique à l’Institut Catholique de Paris). Gilles Vidal a notamment évoqué lors de son intervention son expérience en Nouvelle-Calédonie, où il avait été amené à mettre en place une bibliothèque dans un contexte culturel marqué par l’oralité.

Etre à l’écoute même des questions déstabilisantes

Pour aller plus loin :
Le site de la bibliothèque du Défap
Le site de l’ABCF
La page Facebook de l’ABCF
Le site des Missions étrangères de Paris
Le site du réseau Valdo

Pour Claire-Lise Lombard, responsable de la bibliothèque du Défap et qui assistait à cette table ronde, la thématique est ardue. « Le public de notre bibliothèque est plutôt constitué de chercheurs… » C’est-à-dire, soit de scientifiques pour lesquels la mission est simplement un objet d’étude… soit de boursiers issus d’Églises en lien avec le Défap, souvent pasteurs eux-mêmes et forcément déjà impliqués dans la problématique de la mission. Dans un cas comme dans l’autre, difficile d’envisager une action d’évangélisation. « Mais pour nombre de membre de l’ABCF qui sont des bibliothèques diocésaines, et dont le public est plus large, cette question de l’évangélisation peut se poser davantage. » Claire-Lise Lombard a été particulièrement marquée par l’intervention d’Arnaud Join-Lambert, qui s’est efforcé d’établir une typologie des actions possibles en fonction des contextes des Églises. « Aujourd’hui, souligne-t-elle, le travail des bibliothèques évolue beaucoup. Même les bibliothèques municipales connaissent des évolutions drastiques
dans leur offre. Elles vont de plus en plus vers des offres de convivialité, de partage, d’animation dans les communes ; elles cherchent à se rapprocher de gens qui sont dans un rapport très éloigné à la lecture. » D’où l’utilité d’une intervention qui pousse les bibliothèques chrétiennes « à réfléchir à leur rapport avec leurs utilisateurs, leur rapport au monde. Qui les pousse à être à l’écoute même des questions déstabilisantes… »

C’était la deuxième fois que la responsable de la bibliothèque du Défap était sollicitée à l’occasion de l’un de ces congrès (bien que le Défap n’ait pas de lien direct avec l’ABCF). Pour suggérer, tout d’abord, des spécialistes sur les missions protestantes (c’est ainsi que Gilles Vidal est également intervenu au deuxième jour sur le thème « Histoire des missions chrétiennes protestantes ») ; et pour servir de guide au sein de la bibliothèque du Défap. Celle-ci était en effet proposée comme but de visite aux congressistes, au même titre que la bibliothèque des Missions étrangères de Paris, qui regroupe pour sa part des archives représentant 350 ans d’histoire des missions catholiques.

Quelles suites envisager ?

Visite de la bibliothèque du Défap, 3 octobre 2017, DR

Si l’histoire des missions protestantes ne remonte pas aussi loin, la bibliothèque du Défap n’en a pas moins suscité beaucoup d’intérêt de la part de ses visiteurs. « Il s’agissait de représentants de bibliothèques diocésaines », souligne Claire-Lise Lombard, « peu au fait de l’histoire des missions protestantes et très curieux, très reconnaissants de pouvoir faire cette visite ».

De quoi suggérer des suites possibles à cette visite… Un rapprochement avec l’ABCF ? Claire-Lise Lombard l’envisage ; pour Blanche Jeanne, documentaliste à la bibliothèque du Défap, ce serait « une évidence : nous pourrions nous faire connaître davantage dans un réseau chrétien. Si des bibliothèques diocésaines reçoivent des demandes concernant le protestantisme, il est important qu’elles puissent les orienter vers nous. Et il y a des possibilités intéressantes d’échanges avec elles. »

Une première étape pourrait être que le Réseau Valdo, regroupement européen de bibliothèques d’institutions protestantes, dont fait partie le Défap, charge à tour de rôle l’un de ses membres de le représenter au sein de l’ABCF.

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