Lors de l’Assemblée Générale du Défap, le 1er avril 2017, le Secrétaire Général a remis son rapport sur l’année écoulée. En voici un extrait.

Le cœur du monde bat au Maroc…

Migrations et frontières, développement économique, cohabitations religieuses et religion d’Etat : les enjeux du monde se concentrent dans ce remarquable pays de bientôt 40 millions d’habitants. Lors de notre mission au Maroc en février dernier, Jean-Luc Blanc et moi, avons rencontré les migrants bloqués dans le « camp de la gare » à Fes, de brillants étudiants marocains à l’Université d’Ifrane, le peuple de l’Eglise évangélique, des responsables qui se démènent, un Institut oecuménique de formation, Al Mowafaqa, ouvert et intelligent… une terre habitée qui souffre, des hommes et des femmes qui travaillent, qui aiment leur prochain et qui cherchent Dieu : nul doute, l’Eglise évangélique, l’Institut Al Mowafaqa et le Comité d’entraide international (auprès des migrants), chacun pour ce qui le concerne, tient une place essentielle et évangélique au Maroc. En notre nom aussi…

Vous entendrez tout à l’heure Jean-Louis Ntumba parler de cette belle vie du protestantisme au Maroc. Le Conseil du Défap a décidé de soutenir pour une période de trois années le fonctionnement de l’Institut Al Mowafaqa et le pourvoi du poste pastoral de Casablanca au sein de l’Eglise évangélique au Maroc.

Une promotion de l’Institut Al Mowafaqa, 2015

 

La Nouvelle-Calédonie à la croisée des chemins

La Nouvelle-Calédonie, de Maurice Leenhardt (1902) à Jacques Stewart (1988), a toujours été une préoccupation importante du protestantisme français. Les Églises mandatrices du Défap, dans le cadre de la Cevaa, ont eu de nombreux envoyés en Nouvelle-Calédonie ; le Défap s’occupe du programme Après-Bac-Service (ABS, 85 étudiants en 2017) ; des pasteurs kanak ont été accueillis en France ; plusieurs groupes de jeunes de nos paroisses se sont rendus en Nouvelle-Calédonie ; le Défap a accueilli en octobre 2016 à Paris des étudiants de l’école pastorale de Lifou en visite ; le Défap est en lien avec le lycée Do Neva lorsque celui-ci est frappé par des inondations en novembre 2016…

Mais il faut aller au-delà aujourd’hui. Il s’agit maintenant de nous retrouver proches de nos frères et soeurs alors même qu’ils doivent décider de l’avenir de leur pays, avec tous les habitants de Nouvelle-Calédonie. Ne nous laissez pas seulement entre nous revient comme un leitmotiv. Il s’agit donc de nous retrouver compagnons aujourd’hui, à l’heure de la réflexion puis de la décision, et demain, quel que soit le résultat du référendum d’autodétermination qui se déroulera en novembre 2018.

« La clé c’est d’écouter l’autre…»

La clé c’est d’écouter l’autre… de le connaître pour le comprendre disait Michel Rocard au sujet de ce référendum calédonien. La place des Églises, en France comme en Nouvelle-Calédonie est ainsi claire : faire vivre le débat. Manifester ainsi la fraternité qui nous unit les uns aux autres, porter la préoccupation des uns pour
les autres.

Le Conseil du Défap a adopté un programme de travail pour les années 2017-2018 visant à nous tenir proches de la Nouvelle-Calédonie et de l’Eglise protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie (EPKNC).

 

Accueillir les anges… le nez sur le guidon

N’oubliez pas l’hospitalité ; car en l’exerçant, quelques-uns, à leur insu, ont logé des anges10.

La voici la tradition biblique qui fonde la Mission : l’accueil des hommes, un accueil qui fait place à Dieu. Ce fut la conviction fondamentale de nos prédécesseurs, c’est la nôtre. Elle puise et dans les Ecritures bibliques et dans notre histoire. Elle nous porte aujourd’hui.

Je parlais en introduction du dilemme fondateur de la Mission, l’universalité de l’Evangile et l’investissement local, dilemme qui se vit aussi bien à Lezay qu’à Lifou, à Garoua qu’à Epinal.

Un membre des Equipes régionales mission, pasteur dans le Sud-ouest, envoyé il y a peu à Djibouti, nous faisait part de sa joie de partager avec les communautés locales ce qu’il avait vécu à Djibouti, et en même temps de la difficulté qu’il rencontrait pour ce faire car « chacun a le nez dans le guidon ». J’ai entendu la même chose, dans les mêmes termes d’un pasteur de Grande Terre en Nouvelle-Calédonie qui revenait de Lomé au Togo et qui souhaitait partager son expérience dans sa communauté.

Autrement dit, ici et ailleurs, du bout du banc au bout du monde, la Mission c’est bien de pratiquer « l’accueil des anges » et de garder « le nez dans le guidon ». L’un et l’autre.

Je vous remercie.

 

Bertrand Vergniol

Secrétaire Général du Défap

 

 

 

Télécharger ici le rapport dans son intégralité au format pdf

 

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