Il a été le premier secrétaire général de l’Eglise Protestante de Polynésie. John Doom s’est éteint à Tahiti le 25 décembre 2016, il avait 80 ans. Le Défap rend hommage à cet homme qui s’est battu pour la justice, la vérité et les victimes des essais nucléaires.

C’était un petit homme courtois et souriant. Lorsqu’il était de passage à Paris, il venait loger au Défap, maison dans laquelle il se sentait toujours bien. Il était né en 1936 à Tubuai, l’une des îles volcaniques australes de l’archipel de Polynésie française, petit paradis niché au cœur des eaux turquoise de l’Océan Pacifique où, dans un passé lointain, les révoltés du Bounty trouvèrent refuge.
Est-ce de cette tumultueuse histoire que John Doom tenait son tempérament, ou bien plutôt de celle, plus contemporaine, du bouillant député Pouvana’a a Oopa, leader autonomiste, prisonnier politique en métropole dans les années 1950 et qui, toute sa vie, milita lui aussi contre les essais nucléaires français.

 

Ce combat, John Doom l’avait rejoint au tout début des années 1960, lorsqu’il était jeune diacre de son Église. Il dénonce alors l’exil en France de son pasteur, coupable d’avoir demandé une enquête publique avant le premier lâcher d’une bombe nucléaire A au-dessus de l’atoll de Mururoa. C’est le début de son engagement anti-nucléaire. Il en fera l’objectif de toute sa vie, hélas en vain : en trente ans, il y aura plus de deux cents essais atomiques dans la région.

 

© M-H Villierme pour le site GRIP

 

En 1971, devenu secrétaire général de l’Église protestante de Polynésie, John Doom entre en contact avec les autres Églises du Pacifique, elles-aussi préoccupées par les conséquences des expériences américaines. Il lui faudra encore dix ans pour obtenir du synode de l’Église protestante polynésienne qu’il se prononce contre les essais français. Dès l’arrêt du programme militaire de Mururoa en 1996, une enquête sociologique est ouverte, notamment par l’Église maohi, auprès des anciens travailleurs polynésiens. Les résultats sont publiés dans un livre, Mururoa et nous. À Genève, où John Doom travaille au Conseil œcuménique des Églises, il prend connaissance des effets dévastateurs à long terme des radiations. C’est au sein de l’association pour la reconnaissance des victimes des essais nucléaires « Moruroa e tatou » (Mururoa et nous) qu’il va poursuivre son combat, jusqu’à son dernier souffle.

 

Sa vie de retraité, John Doom l’aura passée entre Paris, Hiroshima, Nagasaki, Alger et Papeete, enchaînant les documentaires télévisés et les témoignages pour informer, former et plaider la cause de tous ceux qui, laissés dans l’ignorance, ont subi les conséquences parfois tragiques de l’établissement de la puissance militaire française.

 

 

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