Natalie, kinésithérapeute, est partie six ans au Tchad avec comme objectif de travailler à améliorer la vie des enfants handicapés.
Sans ce petit bout de femme, le centre de kinésithérapie de Bitkine n’aurait jamais vu le jour. Il lui a fallu toute son énergie, pour ne pas dire son opiniâtreté, pour arriver à ses fins. Alors qu’elle venait d’effectuer un séjour d’une année au Burkina Faso, lui vient une idée : développer la kinésithérapie dans un pays où les praticiens se comptent sur les doigts d’une seule main, et travailler auprès des personnes handicapées. En cela, elle est doublement pionnière.
Natalie Metz (Source : ASMAF)
Natalie Metz décide donc de partir dans le cadre d’un VSI (volontariat de solidarité internationale). Le projet est monté avec une Église locale, l’AET (Assemblées Évangéliques au Tchad) et le soutien du Défap dans le cadre de son partenariat avec l’ASMAF (Association de Soutien des Missions des Assemblées de France).
Seule, mais avec une détermination sans faille, elle débute dans un petit dispensaire, où elle forme des kinésithérapeutes. Puis, avec l’aide d’une équipe locale, part pour Bitkine, une petite ville au centre du Tchad. Les édiles locaux ont créé un centre hospitalier, c’est lui qui va accueillir l’espace dédié à la kinésithérapie monté par Natalie. Ouvert à tous, il accueille encore peu de personnes handicapées, et encore moins d’enfants alors que ces derniers ont besoin plus que quiconque de ce type de soins.
Un investissement « holistique » !
Dès son arrivée, Natalie, tout à son souci d’intégration et de respect des autres, décide d’apprendre l’arabe dialectal tchadien, la langue véhiculaire utilisée par près de 80 % de la population. En outre, elle va passer près de cinq moins à N’Djamena, la capitale, pour s’imprégner de la culture et du mode de vie du pays. Une fois de retour à Bitkine, elle pourra ainsi mieux s’intégrer et établir des relations de confiance rapides et fortes avec ses patients.
Natalie avec un patient (Source : ASMAF)
Le Tchad compte à peine six ou sept praticiens, mais Natalie ne considère pas cela comme un obstacle. Pourtant, sensibiliser une population qui n’a pas la moindre idée de ce qu’est la kinésithérapie demande un sacré courage, voire une bonne dose d’inconscience !
« Le plus gros frein, c’est l’ignorance, explique Natalie. Les gens ne connaissent pas la kiné, ils ne savent donc pas ce que ça peut apporter. Ils l’utilisent en dernier recours alors que les résultats ne sont pas immédiats. Les gens doivent me faire confiance sur le long terme et ça, ce n’est pas évident ».
Et qui dit kinésithérapie dit massage. Or, le rapport au corps est sans doute un des chapitres les plus codifiés par les religions et les cultures. Comme on peut l’imaginer : aucun homme n’aurait accepté que son épouse soit touchée par un homme. Pour pallier toute éventualité, Natalie Metz a donc recruté un homme et une femme.
Le handicap : un tabou persistant
Venir en aide aux personnes handicapées n’est pas chose facile dans un pays comme le Tchad, où il règne une sorte de tabou autour du handicap. Dans la plupart des familles, on prend soin des enfants handicapés, mais on a honte de les montrer car ils sont considérés comme victimes d’un mauvais sort, ou habités par le Malin. Sans compter qu’ils sont une charge car ils ne peuvent pas travailler. L’appareillage est inexistant, tout comme les aides sociales. Les parents ont donc toujours été un peu étonnés de l’attention que pouvait leur porter Natalie. Bien sûr, le suivi de ces jeunes patients n’est pas évident. Les distances sont grandes et constituent un obstacle considérable. Natalie aurait aimé mettre en place un système de visite à domicile, mais…
Natalie avec un enfant handicapé (Source : ASMAF)
Natalie Metz essaye de maintenir l’espoir d’une amélioration de la situation des handicapés auprès des populations locales mais, pour beaucoup, la guérison n’est pas au bout du chemin. Au moins pourront-ils vivre dans un certain « confort ».
Aujourd’hui, Natalie est rentrée en France mais ses deux auxiliaires vont assurer la suite. Elle retournera sur place deux fois par an pour les questions de formation et de conseil. Et s’occuper de l’épineuse question de la logistique depuis la France lui semble être une mission tout aussi indispensable.