Mercredi 13 janvier, une centaine de personnes étaient présentes aux vœux du Défap. Un exercice incontournable et attendu par un auditoire à l’image de l’institution : bienveillant et multiculturel.

Bertrand Vergniol, secrétaire général du Défap, a ouvert la soirée en évoquant d’abord le service philatélie, l’une des très anciennes activités de l’institution, toujours assurée par des bénévoles et dont le produit sert au financement d’une école du Congo. Des planches de timbres étaient en effet disponibles à l’achat dans le « salon rouge », pour les collectionneurs.

 

Certificat de liberté, DR

Certificat de liberté, DR

 

Il s’est ensuite penché sur un moment tourmenté de notre histoire à tous, la période de l’esclavage, pour mieux mettre l’accent sur les efforts faits notamment par les Églises protestantes pour sortir de ce système. Il s’est appuyé en cela sur une série de documents très particuliers, dont les originaux figurent dans les archives du Défap, reproduits en fac-similé et mis à la disposition des invités de la soirée : des « certificats de liberté ». Ces documents administratifs émis au Sénégal, alors colonie française, datent de la fin du XIXème siècle. Ils servaient à officialiser le rachat de liberté. L’esclavage était pourtant aboli depuis 1848, mais si la traite transatlantique avait cessé, nombre de personnes, notamment cet enfant de 8 ans nommé Diéry Sidibé évoqué par Bertrand Vergniol, demeuraient encore en servitude en 1882, date de son certificat. La liberté souvent s’arrache et parfois se donne.

 

Bertrand Vergniol, lors de son discours, DR

De gauche à droite : Jean-Christophe Peaucelle, Jean-Luc Blanc, Danielle Vergniol, Bertrand Vergniol

 

Le président du Défap, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, a ensuite dit quelques mots tout autant porteurs d’espérance. Il a évoqué sa mission en Centrafrique, où il a passé les fêtes de Noël, partageant avec l’Église protestante Christ Roi des moments de liesse que le pays n’avait plus connu depuis le début de la crise politique, en 2012 (lire son discours).


Danielle Vergniol, dont les familiers du Défap avaient découvert les talents de chanteuse et de guitariste lors de la fête de Noël, a clos ce moment de partage par un chant hérité des temps anciens de la mission, témoignant de l’espérance universelle en des temps lumineux et paisibles.

 

Le délicieux cocktail dînatoire, confectionné par Marlène Blanc avec la coopération d’une partie du personnel du Défap, a alors été servi, agrémenté par un punch maison fruité – et sagement – alcoolisé.
La soirée s’est poursuivie par un entretien croisé entre le pasteur camerounais Robert Goyek, président du Conseil des Églises protestantes du Cameroun (CEPCA), invité d’honneur du Défap et trois interlocuteurs : Jeanne-Louise Djonga, ancienne journaliste et chroniqueuse franco-camerounaise, Jean-Christophe Peaucelle, conseiller aux Affaires religieuses au ministère français des Affaires étrangères et Samuel D. Johnson, secrétaire exécutif du pôle Animation à la Cevaa – Communauté des Églises en mission.

 

Intervenants, DR

De gauche à droite : Jeanne-Louise Djonga, Bertrand Vergniol, Robert Goyek, Jean-Christophe Peaucelle

 

L’un des objectifs du programme 2015-2018 du Défap étant le dialogue inter-religieux, il était intéressant d’écouter les propos du pasteur Goyek, qui vit et travaille notamment dans le nord du Cameroun, où sévissent sporadiquement les terroristes du mouvement islamiste nigérian Boko Haram.

Il a d’abord retracé l’histoire de la mission protestante, très active en termes d’éducation et de santé, et la création des Églises protestantes au Cameroun. Depuis toujours, les familles musulmanes et chrétiennes cohabitent pacifiquement. Ce n’est que depuis quelques années que des extrémistes venus du Nigeria voisins sèment le désordre et la mort au Cameroun. Le CEPCA se positionne donc en première ligne dans les programmes de dialogue islamo-chrétien. Le pasteur Goyek demeure, avec raison, convaincu que le plus important pour assurer la paix et la concorde civile est d’assurer à tous un niveau de vie décent, autrement dit un développement durable.

 

Il a été appuyé en cela par Jeanne-Louise Djonga, qui a insisté sur la lutte contre la corruption et le népotisme, témoignant de son expérience personnelle vécue lors de son retour au pays, après ses études en France.

 

Jean-Christophe Peaucelle a, pour sa part, relevé quatre thèmes importants : le rôle des missions et des communautés religieuses, le danger que représentent les intrusions de Boko Haram, la lutte contre la pauvreté, et le dialogue interreligieux, essentiel à la paix dans le monde. Il a insisté sur l’indispensable distinction à faire entre islam et terrorisme commis au nom de l’islam. Boko Haram signifiant « l’éducation à l’occidentale est un péché », il est plus que jamais nécessaire de convaincre, à tous les niveaux de l’échelle sociale, que bien au contraire : la qualité de l’éducation est le principal rempart, avec la lutte contre la pauvreté, face au recrutement de pauvres gens qui, dûment manipulés, deviennent des terroristes. Il faut dire à tous que la liberté permet avant tout de réfléchir, critiquer, contester, défier. Un écho aux propos liminaires du secrétaire général sur le rachat de la liberté : sans elle, nul espoir.

 

Intervenants, DR

L’assistance, DR

 

Un invité présent dans la salle, Luc Carlen, ancien envoyé du Défap en tant qu’infirmier à Garoua, une ville du Nord Cameroun, est venu au micro raconter son expérience puis, gagnant en assurance, a livré quelques anecdotes cocasses sur son séjour.

C’est aussi cela, la mission : des moments graves, des étincelles de lumière et la joie, toujours, qui jaillit de l’espérance.

 

Le pasteur Samuel D. Johnson a clos le débat en rappelant la devise de la Cevaa : la mission est de partout vers partout. Malgré les critiques qu’elle reçoit parfois, l’action de la mission reste positive et conserve un rôle historique important qu’il ne faut pas occulter. Le Cameroun est doté de nombreuses ressources, tant humaines qu’économiques, qui sont autant de promesses d’un avenir meilleur, et donc porteuses d’espoir.

 

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