« Alors que les familles libanaises s’apprêtent à célébrer Noël, que les rues de Beyrouth, à l’image de toutes les capitales du monde, scintillent en rouge et blanc, affichant l’apparence du bonheur, le mot « espérance » a-t-il encore un sens ici ?

 

Le sapin de Noël national et la mosquée Al-Hariri, centre de Beyrouth, 2008, DR

Le sapin de Noël national et la mosquée Al-Hariri, centre de Beyrouth, 2008 (Source : Flickr)

 

Depuis presque 6 mois, les poubelles quittent les beaux quartiers pour s’entasser aux abords de la ville, dans ces banlieues pourries où vivent les pauvres, les réfugiés. Un peu plus, un peu moins… qu’est-ce que ça peut bien leur faire après tout ? La crise des poubelles, symbole d’une crise plus profonde, a donné naissance à des mouvements de contestation citoyenne : « Vous puez ! » ; tags et slogans en anglais et en arabe montrant du doigt les vrais fautifs, « les saboteurs de la République » comme les appelle chaque matin le quotidien l’Orient-le-Jour.

 

Noël ici, c’est aussi la présence de 1 300 000 réfugiés Syriens, familles dont la plupart sont sans emploi, sans école, sans maison, sans avenir, est-ce encore une vie ?

Noël ici, c’est la guerre ou le blackout aux frontières Nord, Sud et Est. Au Liban, il n’y a guère que la Méditerranée qui offre aux regards l’illusion de la liberté vers l’occident.

Le Liban, pas encore guéri de sa guerre civile, traverse une crise profonde, majeure au dire des spécialistes, voyant ses élites intellectuelles s’hémophiliser vers des horizons plus sécures, plus prospères.

Noël ici, c’est donc tout cela à la fois, lassitude, incertitude et inquiétude, mises en scène dans une désinvolture, une légèreté et un humour déconcertants qui font, entre autre, le charme des Libanais.

 

Dans ce chaos généralisé, l’Eglise protestante française fait comme toutes les autres : elle prie, elle chante, elle célèbre ! Elle tourne ses regards vers Celui dont les pieds ont laissé une empreinte indélébile dans la terre levantine, la mémoire et les cœurs. Elle espère contre toute espérance, elle croit malgré le spectacle affligeant qui se joue sous ses yeux ; elle pleure et rie en même temps, parce qu’ainsi va la vie au Liban.

 

Nous resserrons nos rangs, sœurs et frères d’un même Père, amis de passage ou résidents de cette petite mais vivace « communauté des hauts de la Colline » pour vous souhaiter, sœurs et frères des Eglises CEEEFE un Noël plein de ce que votre cœur désire.

 

En Christ qui vient, Pierre Lacoste, pasteur. »

 

image_pdfimage_print