L’Éternel Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui. L’Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l’homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l’homme. Et l’homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais, pour l’homme, il ne trouva point d’aide semblable à lui. Alors l’Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place.
L’Éternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme. Et l’homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair! On l’appellera femme, parce qu’elle a été prise de l’homme. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.
L’homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n’en avaient point honte.
Genèse 2 18-24
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Que le masculin ait été créé en premier signifie-t-il qu’il doive dominer le monde ? Que le féminin ait été créé en second peut-il induire qu’il est le parachèvement du masculin ? Lecture machiste ou lecture féministe, patriarcale ou matriarcale peuvent tirer le texte à hue et à dia pour fonder une vision du monde et un ordre social. A moins que l’on ne s’attache à ce qui lie l’un et l’autre : l’idée d’aide, de complémentarité, de reconnaissance mutuelle.
Intéressante aussi l’interprétation signalant qu’en chacun de nous coexistent et se conjuguent une part de féminin et une part de masculin, ce qui peut résonner avec le premier récit de la création ou « Dieu créa l’humain, masculin et féminin il le créa ».
En revanche, il est étonnant d’entendre l’homme appelé à quitter père et mère pour s’attacher à sa femme? Car dans les sociétés traditionnelles – et dans la Bible – c’est plutôt l’inverse qui se passe : on voit les jeunes filles quitter leur famille pour aller habiter avec celle de leur époux !
Faut-il comprendre que, homme ou femme, nous ne pouvons créer d’alliance, avec l’autre et avec Dieu, sans avoir détaché les nœuds qui nous liaient à l’enfance ? Pour devenir Abraham, Abram dut écouter l’appel de Dieu, partir et aller vers lui-même, vers la terre qui lui serait montrée.
Pour participer à la construction de l’avenir et à la réparation du monde, pour vivre selon le projet de Dieu et l’appel du Christ, ne faut-il pas qu’homme et femme acceptent ce détachement symbolique, afin de se rendre disponibles pour se rencontrer l’un l’autre, se reconnaître dans leur liberté, se donner toute leur place, et rendre grâce à Dieu de les faire exister ensemble ?
Cette semaine nous prions pour nos envoyés à Haïti.
Et c’est avec les mots de Laura Figueroa Granados, une théologienne mexicaine, que nous porterons le peuple haïtien, et en particulier les femmes, dans la prière :
Seigneur, j’ai faim et soif de croissance.
Comme beaucoup de femmes de nos Eglises et de nos pays,
j’aimerais atteindre ma taille réelle, occuper l’espace auquel j’ai été appelée
de très haut et depuis longtemps.
J’ai faim et soif, faim et soif d’équité.
Comme beaucoup de femmes de nos Eglises et de nos pays,
j’aimerais pouvoir regarder chaque personne dans les yeux,
vivre la dignité qui m’a été donnée à grand prix
de très haut et depuis très longtemps.
J’ai faim et soif, faim et soif de reconnaissance.
Comme beaucoup de femmes de nos Eglises et de nos pays,
j’aimerais pouvoir appeler mon travail « travail »,
construire des espaces dans lesquels je puisse dire qui je suis,
par pure grâce et depuis très longtemps.
J’ai faim et soif de justice.
Comme beaucoup de femmes de nos Eglises et de nos pays,
victimes des violences les plus brutales et les plus subtiles,
je ne veux plus être violée, maltraitée, réduite au silence, assassinée.
Parce que de très haut et depuis longtemps je suis, avec chaque être humain,
image et ressemblance de toi qui m’a créée.
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