Ecouter la Parole de Dieu et la détresse des humains relève d’une même disposition intérieure.  Témoigner de l’Evangile et s’indigner devant l’injustice et la violence procède d’une même exigence du cœur! Mais notre oreille comme notre bouche souvent nous trahissent….

On amena à Jésus un homme sourd, qui avait de la difficulté à parler, et on le pria de lui imposer les mains. Il le prit à part de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, lui toucha la langue avec sa propre salive, puis levant les yeux au ciel, il soupira, et dit : Ephata, c’est-à-dire ouvre-toi. Aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, sa langue de délia, et il parla très bien. Marc 7,32-35

 

Illustration méditation du jeudi, Source : pixabay

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Aujourd’hui nos moyens permettent de pallier jusqu’à un certain point le handicap de la surdité, avec des appareils, le langage des signes… Pour ce qui est des difficultés à parler, les orthophonistes font souvent  du bon travail. Mais la Bible nous oblige à comprendre aussi ces handicaps à un autre niveau, relevant plus de l’écoute que de l’audition, de la proclamation que de l’élocution. Ce qui est difficile à écouter et à proclamer, c’est la Parole de Dieu, son appel à la conscience et à l’amour.

« Ils ont des oreilles et ils n’entendent pas ! » répètent les prophètes. Cette non-écoute est-elle volontaire? Parfois nous refusons d’écouter, nous nous bouchons les oreilles plutôt que d’entendre ce qui nous dérange, contrarie nos désirs, ou nous obligerait à faire quelque chose que nous n’avons pas envie de faire. Mais parfois nous ne pouvons pas entendre, nous ne pouvons pas comprendre. Parce que la parole qui nous cherche ne nous parvient pas au bon moment – nous sommes accaparés par des urgences, nous manquons de maturité, nous n’avons pas la capacité d’intérioriser, de discerner le sens de ce qui nous est adressé.  Ou encore nous avons été formés dans une autre culture, avec d’autres codes de communication, et il nous est impossible de traduire tout seul ce que nous recevons.

Face au handicap de l’homme qui n’entend pas, Jésus n’y va pas par quatre chemins : il lui met les doigts dans les oreilles. Car il faut ouvrir ce qui est fermé. Au sens symbolique c’est un appel à l’efficacité, mais aussi à l’imagination. Parfois rien ne sert de répéter, d’expliquer, de conceptualiser, de crier ; il faut toucher, par un geste, un regard, un objet, une image, par un véritable mouvement de l’être vers l’autre. Il faut créer chez l’autre, avec l’aide de Dieu, le moment propice à l’écoute et à la compréhension du cœur. Qu’il n’y ait plus de peur, de prétexte, de retard vis-à-vis de la Bonne Nouvelle! Parfois c’est nous-mêmes qui sommes cet autre, et Alléluia s’il se trouve sur notre chemin une personne qui nous ouvre!

Pour ce qui est de la langue, dans l’Exode il est dit que Moïse, à qui Dieu parlait comme un ami parle à son ami, voulut se dégager de sa mission en avançant qu’il ne savait pas parler. Alors Dieu lui donna son frère Aaron comme porte-parole.

Dans notre récit Jésus ouvre les lèvres de l’homme sourd et lui met de sa propre salive sur la langue! Drôle de sacrement ! L’homme, qui a retrouvé l’ouïe, trouve également sa voix, et il s’exprime bien.

Ce miracle-là nous pouvons y participer, les uns pour les autres : en nous donnant mutuellement la parole, en nous invitant, en nous encourageant, en nous écoutant… Je me souviens d’une femme très timide qui, sollicitée lors d’un partage biblique, livra au groupe un véritable petit travail de méditation qu’elle avait fait dans le secret de sa chambre, confiant alors : je n’aurais jamais pensé être capable de parler de cette manière en public. Je ne croyais pas avoir des choses intéressantes à dire. Je vous remercie ! Pour moi c’est un vrai miracle.

En portant dans la prière les visages, les voix, les drames des migrants qui aujourd’hui cherchent refuge dans nos pays d’Europe, nous pouvons partager cette confession de foi :

 

Nous croyons au Dieu de l’amour
qui nous appelle à rejeter toutes les idoles
et qui recherche une communion profonde
avec l’humanité.

Nous croyons au Dieu de la création
qui nous appelle à nous unir
pour créer un avenir
de justice, de paix et de joie pour tous.

Nous croyons en un Dieu proche de nous
et présent dans la vie de ce monde
partageant ses espoirs
et ressentant ses douleurs.

Nous croyons en un Dieu qui s’identifie
aux pauvres et aux opprimés
et à ceux qui espèrent en lui,
nous appelant à les rejoindre par la foi.

Nous croyons en un Dieu compatissant
dont le cœur souffre
et dont l’alliance avec l’humanité
restera inébranlable.

Conférence chrétienne d’Asie
1986 (tiré d’Infodéfap)

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