Leslie Wanai a été stagiaire au Défap fin 2015. Jeune Calédonienne venue en France dans le cadre du programme ABS, elle a vécu un Noël loin des siens… enfin presque !

Elle a le regard vif et curieux de celle qui a tout à découvrir et n’est jamais au bout de ses surprises. Pourtant, c’est souvent elle qui crée l’étonnement quand elle évoque son histoire récente. Les cheveux sagement nattés, de grandes boucles d’oreilles qui accrochent la lumière, Leslie a le sourire communicatif et la gentillesse à fleur de peau. Elle est arrivée en 2013 pour faire un BTS « comptabilité / gestion des organisations » dans le cadre du programme Après-Bac-Service (ABS) géré par le Défap, lequel permet aux bacheliers calédoniens de venir faire leurs études en France (présentation du programme ABS).

 

Leslie Wanai, DR

Leslie Wanai, DR

 

Après une brève halte à Paris, elle a pris un train pour Aubenas, jolie commune de l’Ardèche qui allait l’accueillir et dont elle n’avait jamais soupçonné l’existence avant d’y être invitée. Arriver de Nouvelle-Calédonie en France, c’est débarquer de l’autre côté de la planète, dans un monde où tout est différent : le climat, l’environnement, le mode de vie, la culture… « J’étais surprise, mais j’ai aussi eu l’impression de surprendre, confie-t-elle dans un grand rire, on s’attendait à me voir arriver vêtue d’un pagne, avec un collier de fleurs autour du cou et j’étais en jean et en sweat-shirt. C’était un choc de part et d’autre ! »

 

Une stagiaire studieuse

 

Afin d’avoir une vue d’ensemble de l’organisation d’une institution comme le Défap, Leslie a travaillé pour différents services :

– Relations et solidarité internationale (RSI), pour apprendre le fonctionnement du programme ABS « de l’intérieur » et comment se passe la coordination avec les associations partenaires ;

– Le Pôle France, avec lequel elle a assisté au culte de l’Institut Protestant de Théologie et organisé le Noël du Défap ;

– Le service financier, où elle a pu voir comment on boucle un budget.

 

Trois expériences qui lui ont permis de toucher du doigt la différence entre une association et une entreprise commerciale.

Mais outre l’objet social, diamétralement opposé, c’est surtout la différence d’ambiance qui a touché Leslie : « Il y a une vraie joie de vivre et de travailler au Défap. On n’y est pas simplement salarié, on y est engagé. Tous y investissent leur compétence professionnelle et leur énergie, mais également leur art de vivre et leurs petits talents personnels. C’est un peu comme une famille, surtout au moment des fêtes de fin d’année. »

 

Noël ici et là-bas

 

« Dans ma tribu, raconte Leslie, Noël commence dès le 1er décembre et la fête dure un mois. Nous partageons tout : repas, veillées, cultes… Nous organisons des jeux, des activités sportives auxquelles participent jeunes et vieux, nous montons des saynètes pour raconter la naissance de Jésus, ou la fuite en Égypte. C’est l’été, il fait chaud et le soleil brille tous les jours ou presque ! Une atmosphère complètement différente de celle de la France, qui s’attend plutôt au froid et à la neige ! »

 

Du coup, le soir de la fête de Noël du Défap, lorsque le pasteur Florence Taubmann a décidé de mettre en scène ses collègues, secrétaire général compris, pour qu’ils jouent les différents personnages autour de la nativité, Leslie a été très émue. Ce n’est pas facile d’être loin des siens, de l’île qu’elle aime et de ses traditions à un moment aussi important. Elle a donc participé au spectacle en projetant des photos de ses noëls familiaux, en plein été calédonien… Tous les enfants présents la regardaient, fascinés par cette jeune fille venue de si loin, d’un pays où « le monde est à l’envers » !

 

Leslie n’en demeure pas moins étonnée de voir les temples si peu remplis, même pour le 25 décembre. « Chez nous, les parents préparent le repas et les enfants s’occupent du culte et de sa liturgie. L’église est à nous ! La cloche sonne vers 19 h : tous se rejoignent alors pour le spectacle et le culte, puis on va dîner », explique-t-elle. Et les cadeaux ? « Bien sûr, on se fait des cadeaux, mais il n’y a pas la même frénésie qu’ici… »

 

Des projets et encore des projets

 

Leslie achèvera son BTS en mai 2016. Elle souhaite ensuite s’inscrire en licence et, si tout va bien, continuer par un master puis un doctorat « audit comptable » le tout, assorti d’expériences professionnelles. Ensuite, elle rentrera « à la maison » et lancera sa propre entreprise. Pour l’instant, elle préfère rester à Aubenas, auprès de ceux qui l’ont accueillie. Ils ont appris à la connaître : « on s’aime comme si nous étions en famille », dit-elle avec chaleur. C’est mieux que de faire des allers-retours en Nouvelle Calédonie, où chaque départ est malgré tout un arrachement.

 

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