Djibouti : aider la population par la formation

Depuis des décennies, l’Église protestante évangélique de Djibouti (EPED) est engagée dans le développement et la formation des jeunes Djiboutiens afin de leur assurer un métier. Elle le fait à travers son Centre de Formation, qui s’adresse à un public d’enfants de 3 à 6 ans, mais aussi d’adultes voulant se former en langues étrangères (anglais et français), en informatique, bureautique et en communication de l’entreprise. Vitrine de l’action sociale de l’EPED, ce Centre, qui bénéficie du soutien du Défap, détient une solide expérience dans la formation des jeunes en général, et des jeunes en situation de handicap en particulier. Présentation par le pasteur Pierre Thiam, administrateur du Centre.

Remise des diplômes aux étudiants de la promotion 2023 au centre de formation de l’EPED © EPED

Le Centre de formation de l’Église protestante évangélique de Djibouti (EPED) est un point de passage pour divers jeunes garçons et filles de la capitale et des régions en quête de formations professionnelles. C’est la structure de service social de l’Église qui accompagne les jeunes à travers des formations professionnelles porteuses d’opportunités sur le marché du travail. Il s’ouvre sans exception à tous les élèves. L’accompagnement et la confiance des partenaires lui permettent d’être à la hauteur de sa mission de solidarité avec les populations.

Ses actions rapprochent l’Église de la population, donnent une visibilité certaine à l’Église sur le terrain et permettent de tisser des relations à tous les niveaux.

À Djibouti, l’Église protestante est bien connue de la population, des ministères du gouvernement, des organisations onusiennes, des agences d’État ou des ONG internationales. Toutes ces institutions sont des partenaires locaux de l’EPED à travers les nombreuses formations que le Centre a déroulées avec leur partenariat. Cela en fait un lieu de rencontre entre partenaires, certains d’entre eux s’y voyant pour la première fois. Quant aux élèves, ils y rencontrent les grands responsables qui animent la vie politique, sociale et économique du pays.

Un rôle social reconnu par les autorités djiboutiennes

Jeunes du centre de formation de l’EPED lors d’une installation électrique fonctionnant grâce à des panneaux solaires © EPED

Plusieurs personnalités visitent chaque année le centre de formation de l’Église. C’est le signe que l’EPED fait le pont entre les partenaires et permet de tisser des liens de solidarité dans le pays.

Un des chargés de mission à la présidence de la République, en visite dans les locaux, disait aux jeunes en formation : « Ne voyez pas seulement les signes distinctifs de l’Église à Djibouti mais regardez tout le travail social qu’elle fait dans notre pays pour le bien des populations ». Cette déclaration, non seulement résume le travail de l’EPED, mais constitue aussi un appel à maintenir l’œuvre sociale au service de la population.

Lieu d’inclusion sociale, le Centre accueille ensemble des élèves en situation de handicap, des enfants de la rue pour l’alphabétisation et des élèves valides pour apprendre à construire ensemble, une société où le droit de chaque personne est respecté, surtout le droit à l’éducation et le droit au bien-être.

Pasteur Pierre THIAM,
Église protestante évangélique de Djibouti




Djibouti : des nouvelles du projet de formation à l’énergie solaire

Quelques images des travaux pratiques des élèves du centre de formation de l’EPED, l’Église protestante évangélique de Djibouti : la promotion qui apprend actuellement les techniques d’installation et de maintenance de panneaux photovoltaïques sera bientôt fin prête pour aller sur le terrain. Un projet soutenu par le Défap, et qui répond à deux besoins cruciaux de ce petit pays de la Corne de l’Afrique : améliorer l’autonomie énergétique en diminuant la part des hydrocarbures au profit d’énergies moins nocives pour l’environnement, et améliorer l’insertion professionnelle des jeunes.

Jeunes du centre de formation de l’EPED lors d’une installation électrique fonctionnant grâce à des panneaux solaires © EPED

À Djibouti, il fait chaud. Très chaud : entre 35°C et 40°C, avec des pics à 45°C, voire plus. Et le soleil brille toute l’année : ce petit pays de la Corne de l’Afrique totalise près de 3280 heures d’ensoleillement par an, soit 9 heures par jour. Une manne en matière de production d’énergie solaire. Pourtant, l’essentiel de l’énergie est importée, notamment de l’Éthiopie voisine, sous forme d’hydrocarbures mais aussi d’électricité. Conséquences de cette situation : une forte dépendance, à la fois à la production étrangère et aux hydrocarbures ; et une électricité qui est parmi les plus chères du monde.

Cette situation est la conséquence d’une économie en développement rapide, largement tournée vers le transport de marchandises, et vers le port : situé sur la principale route commerciale Asie-Europe-Afrique, il a une position stratégique. Il n’a cessé de se développer depuis les années 2000. Il est la principale voie d’accès maritime de l’Éthiopie et de son marché de 100 millions d’habitants. Mais l’accent mis sur le développement portuaire s’est fait au détriment de nombreux autres secteurs. La société reste fortement inégalitaire et marquée par la pauvreté. Le pays fait encore partie des PMA, pays les moins avancés. Sur le plan social, un tiers des Djiboutiens sont pauvres, selon l’indice de pauvreté multidimensionnel (qui prend en compte les privations aiguës en matière de santé, d’éducation et de niveau de vie auxquelles une personne est confrontée simultanément) établi par les autorités djiboutiennes avec le support du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement). Autre enjeu crucial, le chômage : il atteint presque les 50%. Il est encore plus important chez les plus jeunes : 70% des chômeurs ont moins de 30 ans.

Jeunes du centre de formation de l’EPED lors d’une installation électrique fonctionnant grâce à des panneaux solaires © EPED

Ce sont sur ces deux aspects, accès à l’énergie et meilleure intégration sociale, qu’intervient le projet de formation à l’énergie solaire porté par l’EPED, l’Église protestante évangélique de Djibouti, avec le soutien du Défap. C’est ce projet qui avait été présenté lors de l’édition 2023 de Hope360, rendez-vous sportif et solidaire organisé par le collectif ASAH (Association au Service de l’Action Humanitaire).

Dans son programme de développement à long terme, « Vision 2035 », le pays prévoit de parvenir à l’autonomie énergétique en visant un objectif de 100% de sources d’énergies renouvelables – notamment solaire. Encore faut-il former des techniciennes et techniciens, qui pour l’heure manquent cruellement, pour installer et entretenir les installations photovoltaïques. Le centre de formation de l’EPED permet précisément de transmettre à des jeunes Djiboutiens des compétences qui aideront à la transition énergétique du pays, tout en leur permettant de s’insérer sur le marché du travail. Un double rôle social et environnemental qui est très bien perçu par les autorités djiboutiennes. L’enjeu correspond aussi à de fortes attentes des habitants : l’usage de l’énergie solaire est encore peu accessible pour la population djiboutienne, à l’exception de quelques villages qui ont leurs propres panneaux solaires ; et pour ceux qui ont pu s’équiper, ils ne disposent, le plus souvent, pas des compétences nécessaires pour assurer la maintenance du matériel et sont à la merci de la moindre panne…

Jeunes du centre de formation de l’EPED lors d’une installation électrique fonctionnant grâce à des panneaux solaires © EPED

Sur ces images, vous pouvez voir les élèves de l’actuelle promotion formée par le centre de l’EPED lors de leurs travaux pratiques. Ils seront bientôt fin prêts pour se lancer sur le terrain…

C’est un envoyé du Défap, Pierre Thiam, qui dirige ce centre de formation de l’EPED. Un centre qui a développé depuis des années une série de projets de formation et d’insertion bénéficiant d’une vraie reconnaissance de la part des autorités djiboutiennes. Entre 2010 et 2017, le projet de rénovation des bâtiments de l’Église, sous forme d’un chantier école, a permis de former des jeunes Djiboutiens aux métiers de la maçonnerie, de l’électricité, de la plomberie… Entre 2015 et 2017, ce sont des jeunes en situation de handicap moteur qui ont été accueillis dans le cadre d’un projet éducatif cofinancé par l’Union Européenne, pour une formation professionnelle au métier d’assistant gestionnaire de réseau informatique et aux notions d’entreprenariat. Et actuellement, il s’agit donc de former des jeunes aux métiers liés à l’installation et à la maintenance de panneaux solaires…




Hope360 : vous aussi, courez pour Djibouti !

Tous les jeunes du centre de formation de l’EPED, l’Église protestante évangélique de ​Djibouti, se sont mobilisés pour engranger des kilomètres afin de soutenir leur projet de formation à l’énergie solaire, présenté par le Défap à l’édition 2023 de Hope360. Vous aussi, venez nous soutenir : en participant à la course connectée, vous pouvez accumuler des kilomètres là où vous êtes !

L’équipe du centre de formation de l’EPED lors de sa marche à travers la ville de Djibouti © Défap

 

Soutenez le projet du Défap !

 
Emmenés par Pierre Thiam, ils se sont mis en marche. Une sortie sur le boulevard de la République, puis une randonnée en groupe à travers les rues de la ville de Djibouti ; sous un ciel presque sans nuages, en cette fin d’hiver déjà chaude, mais loin encore des températures de juillet, qui dépassent facilement les 40°C sur le pourtour du Golfe de Tadjoura… À travers ces marcheurs, c’était tout le centre de formation de l’EPED, l’Église protestante évangélique de Djibouti, qui se mobilisait pour engranger des kilomètres à l’occasion de la « course connectée » de Hope360.

Pierre Thiam, envoyé du Défap, dirige le centre de formation de l’EPED. Un centre qui a développé depuis des années une série de projets de formation et d’insertion bénéficiant d’une vraie reconnaissance de la part des autorités djiboutiennes. Entre 2010 et 2017, le projet de rénovation des bâtiments de l’Église, sous forme d’un chantier école, a permis de former des jeunes Djiboutiens aux métiers de la maçonnerie, de l’électricité, de la plomberie… Entre 2015 et 2017, ce sont des jeunes en situation de handicap moteur qui ont été accueillis dans le cadre d’un projet éducatif cofinancé par l’Union Européenne, pour une formation professionnelle au métier d’assistant gestionnaire de réseau informatique et aux notions d’entreprenariat. Actuellement, le centre forme des jeunes aux métiers liés à l’installation et à la maintenance de panneaux solaires.

Élèves du centre de formation de l’EPED © EPED

Une activité qui se trouve au cœur de deux des grands enjeux de Djibouti : l’accès à l’énergie et à l’emploi. Djibouti a beau être l’un des plus petits pays d’Afrique – 23 200 kilomètres carrés – sa position géographique stratégique, à l’entrée méridionale de la mer Rouge et à proximité de certaines des voies maritimes les plus fréquentées du monde, en fait un pont entre l’Afrique et le Moyen‑Orient. Son économie repose sur un complexe portuaire qui figure parmi les plus modernes du monde, et qui se développe. Mais Djibouti peine à se fournir en électricité et reste très dépendant des importations de combustibles fossiles, dont les prix explosent.

Dans son programme de développement à long terme, « Vision 2035 », le pays prévoit de parvenir à l’autonomie énergétique en visant un objectif de 100% de sources d’énergies renouvelables – notamment solaire. Encore faut-il former des techniciennes et techniciens, qui pour l’heure manquent cruellement, pour installer et entretenir les installations photovoltaïques. Autre enjeu crucial, le chômage : il atteint presque les 50%. Il est encore plus important chez les plus jeunes : 70% des chômeurs ont moins de 30 ans. C’est sur ces deux points qu’intervient le centre de formation de l’EPED, en transmettant à des jeunes Djiboutiens des compétences qui aideront à la transition énergétique du pays et leur permettront de s’insérer sur le marché du travail. Un projet qui présente donc un double intérêt, social et écologique, et qui est précisément celui que le Défap a décidé de promouvoir cette année lors de l’édition 2023 de Hope360.

Élèves du centre de formation de l’EPED © EPED

Hope360, c’est un rendez-vous tout à la fois sportif et solidaire organisé par Asah (Association au Service de l’Action Humanitaire), le collectif des ONG chrétiennes de solidarité. Plus de 25 organisations œuvrant dans les domaines de l’urgence, du développement, de l’écologie, du plaidoyer… Le Défap en fait partie, aux côtés d’organisations comme ADRA (Agence de Développement et de Secours Adventiste), Medair (Aide d’urgence et reconstruction), Mercy Ships (qui affrète, depuis 1978, des navires-hôpitaux à destination des pays les plus pauvres d’Afrique pour y offrir des soins gratuits), le SEL ou Portes Ouvertes… À travers Hope360, événement organisé tous les deux ans, Asah vise à promouvoir des projets de ses membres : lutter contre la lèpre, construire une école en Tanzanie, sécuriser l’approvisionnement en eau d’un orphelinat à Madagascar, aider à des formations professionnelles aux Philippines… Le projet du Défap est ici. En récoltant 900 euros, il est possible de financer la formation d’un.e élève.

Hope360 associe une « course connectée » et un rendez-vous sportif le 15 avril en région parisienne. Pour devenir « hopeur » et prendre part à la « course connectée », il suffit de s’inscrire sur le site, de choisir le projet que l’on veut soutenir et l’objectif que l’on se fixe en termes de distance à atteindre… puis d’engranger le maximum de kilomètres (à pied, à vélo ou par tout moyen de transport non motorisé) pour le promouvoir. L’important n’est pas la performance : c’est surtout de faire connaître l’événement et le projet que l’on soutient autour de soi pour susciter les bonnes volontés. Voilà comment, depuis Djibouti, Pierre Thiam et l’équipe du centre de formation de l’EPED ont pu participer. À Paris, l’équipe du Défap a fait de même, en organisant avec les étudiants de l’Institut Protestant de Théologie une marche depuis le XIVème arrondissement jusqu’à l’ambassade de Djibouti, dans le XVIème. Comme le souligne Amélie Roumeas, coordinatrice de la course, chaque « hopeur », en « participant à faire connaître un projet, aidera à lever des fonds ». Et aidera aussi à mieux faire connaître toutes les actions des acteurs chrétiens de l’humanitaire… Un objectif commun est d’ailleurs fixé pour tous les participants de cette « course connectée » : parcourir une distance cumulée de 384 000 km – soit la distance Terre-Lune !

L’équipe du Défap au départ du 102 boulevard Arago, à Paris

Et le 15 avril, pour celles et ceux qui seront en région parisienne, rendez-vous aux Mureaux – plus précisément à l’île de loisirs du Val-de-Seine, pour participer ensemble à toute une série d’épreuves sportives et ludiques. Au menu : marche nordique, course à pied, biathlon, courses à vélo ou en caisse à savon… Il y en aura pour tous les goûts. Avec également sur place un village des associations pour rencontrer toutes les ONG partenaires, des animations, de quoi se restaurer…

Venez vous joindre à l’équipe du Défap et à celle de Pierre Thiam pour soutenir notre projet ! Vous pouvez nous aider à accumuler des kilomètres depuis chez vous en vous inscrivant à la « course connectée ». Et si vous êtes en région parisienne le 15 avril, on vous attend sur le stand du Défap à l’île de loisirs du Val-de-Seine !

 

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Hope 360 : aidez-nous à décrocher la Lune !

L’équipe du Défap s’est mise en route, le 27 février, pour une randonnée en groupe à travers Paris destinée à engranger des kilomètres en faveur du projet présenté lors de l’édition 2023 de Hope 360. Destination : l’ambassade de Djibouti, lieu symbolique puisque c’est précisément à Djibouti que se situe le projet de formation à l’énergie solaire soutenu par le Défap. Venez nous rejoindre : où que vous soyez, vous pouvez, vous aussi, apporter votre soutien à ce projet… et aider, collectivement, tous les « hopeurs » à totaliser la distance Terre-Lune !

L’équipe du Défap au départ du 102 boulevard Arago, à Paris

27 février : toute l’équipe du Défap prend la pose avant de se lancer dans une randonnée dans Paris pour engranger des kilomètres en faveur de la formation de techniciens spécialisés dans l’énergie solaire à Djibouti – le projet présenté cette année lors de Hope 360. Voici donc Nicolas, Princia, Maëlle, Laure, Christiane, Véronique, Basile, Éline… Des permanents et salariés, une ancienne membre du Défap, une boursière, le secrétaire général et un membre du Conseil : un groupe éclectique mais motivé, bientôt rejoint par des étudiants de l’Institut Protestant de Théologie. Vous aussi, vous pouvez nous rejoindre pour porter ce projet : Hope 360 vous donne l’occasion de vous engager de diverses manières, en courant ou en marchant depuis chez vous, en participant à la course organisée le 15 avril en région parisienne… mais aussi en soutenant financièrement un coureur, ou directement le projet lui-même.

Du courant en courant : le projet du Défap

 

Hope 360 en est à sa troisième édition : ce rendez-vous sportif et ludique est organisé par Asah (Association au Service de l’Action Humanitaire), le collectif des acteurs chrétiens de la solidarité internationale dont fait partie le Défap. Le principe de ces rendez-vous est simple : il s’agit d’aider à promouvoir des projets de solidarité internationale présentés par les participants. Cette année, ce sont plus d’une trentaine de projets qui sont présentés par divers organismes, parmi lesquels figurent le SEL, A Rocha, Portes Ouvertes, Medair, Fidesco, La Cause, ADRA… et bien sûr le Défap. Avec plusieurs rendez-vous et plusieurs objectifs :

1) La course connectée :

Elle a commencé depuis janvier. Toute personne peut y prendre part, quel que soit le lieu, en s’inscrivant sur le site de Hope 360 et en choisissant un projet à soutenir. Il suffit d’enregistrer en ligne le nombre de kilomètres parcourus. Deux objectifs à cette course :

  • un objectif collectif : atteindre, ensemble, un nombre de kilomètres cumulés de 384.000 – soit la distance Terre-Lune.
  • un objectif par projet : permettre au projet que vous soutenez d’avoir le plus de kilomètres, et donc le plus de visibilité d’ici le 15 avril !

2) La course en présentiel le 15 avril :

Elle aura lieu en région parisienne, à la base de loisirs du Val-de-Seine (dans les Yvelines). Rendez-vous de 9 à 18 heures afin d’y découvrir de multiples parcours sportifs pour petits et grands, des animations qui décoiffent, un village rassemblant les associations et ONG, de quoi grignoter, tout ce qu’il faut pour passer une journée ensemble en faveur de la solidarité internationale !

Objectif : porter le projet que vous aurez choisi lors des courses ! À pied, en vélo ou en caisse à savon, pas besoin d’être un grand sportif pour vous engager !

Et vous, comment soutiendrez-vous le projet du Défap ?

Les inscriptions se font sur le site de Hope 360. Une fois inscrit, chaque coureur choisit le projet qu’il veut soutenir et, pour participer à la course connectée, se fixe un objectif à atteindre en nombre de kilomètres. Le projet qu’il veut promouvoir et les kilomètres parcourus apparaissent dans son espace personnel.

Votre soutien au projet du Défap, « Du courant en courant pour Djibouti » sera triplement utile. Il permettra :

  • à de nombreux foyers en difficulté d’être autonomes en énergie en ayant des panneaux solaires durables dans le temps puisqu’ils pourront être entretenus et réparés ;
  • de réduire la pollution liée aux énergies fossiles ;
  • de former des jeunes sans emploi et ainsi de leur promettre un avenir meilleur.




Arthur et Nelly : accueillir les mères et leurs enfants à Djibouti

Après un premier engagement humanitaire au sein d’un projet humanitaire à Djibouti, Arthur et Nelly ont décidé de créer leur propre structure. Objectif : offrir un lieu d’accueil pour des jeunes mères mineures et leurs enfants, leur proposer un accompagnement psychologique, médical et professionnel, pour leur permettre de se construire un avenir.

Arthur et Nelly lors de la session de formation de juillet 2023 © Défap

 

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Qui sommes-nous ?

Nous sommes Arthur et Nelly unis depuis 2020et parents de 2 enfants, un garçon de 3 ans et une fillette de 18 mois.

Nelly est née au Cameroun dans la partie francophone du pays, elle a vécu un moment en France avant de s’installer en Suisse avec sa famille. Elle s’est formée aux études de laboratoire, infirmière assistante et ensuite à la théologie.

Arthur est né en France et après avoir travaillé pendant un certain temps en Suisse comme soignant, il a décidé de s’entraîner comme infirmier.

Nous partageons tous les deux beaucoup de compassion pour les plus désavantagés et ceux qui se trouvent dans une situation de faiblesse, aussi bien socialement que sanitairement. Avec différentes expériences, mais avec le but commun de servir notre prochain, c’est naturellement que nous nous sommes tournés vers la vocation humanitaire.

Nelly : Mon expérience exceptionnelle dans le domaine du travail humanitaire remonte à l’âge des 18 ans. Je suis allé seul en Inde à Calcutta, dans les différents centres d’accueil de Mère Teresa, où j’ai travaillé bénévolement pendant deux mois. Ce fut une expérience incroyable qui m’a confirmé mon envie de travailler en tant qu’humanitaire. C’est ce mode de vie qui m’adonné le sens de l’existence.

Arthur lors de la session de formation de juillet 2023 © Défap

Notre Parcours :

En 2018, nous avons eu la conviction de nous engager durablement dans un projet humanitaire au sein de l’association dans laquelle nous sommes engagés. On a eu l’occasion de visiter plusieurs projets mais après une réflexion approfondie, on a décidé de prendre le courage d’être à l’initiative d’un projet.

En effet, en 3e année de sa formation d’infirmière, Arthur a eu la possibilité de faire un stage international au dispensaire de la gendarmerie djiboutienne.

Lors de son stage, il a été en mesure d’intervenir dans plusieurs situations d’urgence pour des enfants des rues qui avaient besoin de soins médicaux. Pour aider ces enfants, il faut passer par une association ou obtenir la permission du gouvernement. De cette expérience est né le désir profond d’être une réponse aux besoins de ces enfants qui vivent dans les rues de Djibouti.

Avec l’encouragement de l’organisme international Partner Aid basé en Suisse, nous sommes allés à Djibouti en avril 2022 pour faire une analyse du terrain. Nous avons été en mesure d’établir des liens avec différentes organisations qui nous ont permis d’avoir une expertise plus concrète sur la façon d’intervenir dans cette situation.

Nelly lors de la session de formation de juillet 2023 © Défap

LE PAYS :

Djibouti :

Est un pays situé dans la corne de l’Afrique à l’Est, Entouré de l’Ethiopie, l’Erythrée, le Yémen, et la Somalie qui connaissent des conflits. Accueillant 6 bases militaires étrangères sur son sol qui assure la sécurité maritime entre la mer Rouge et l’océan Indien, il est le seul pays en paix et stable de la région, ce qui en fait une terre de refuge et de paix pour les réfugier des pays voisins.

Indépendant depuis 45 ans, ancienne colonie française, le Français et l’Arabe sont les deux langues officielles du pays, enseignées dans les systèmes scolaires. Le pays compte un peu plus de 980 000 d’habitants c’est plus petit que la Suisse, avec environ 9 millions d’habitants. La religion officielle du pays est l’islam avec environ 94% d’adeptes.

Le taux de chômage à Djibouti atteint presque les 50%. Il est encore plus important chez les plus jeunes : 70% des chômeurs ont moins de30 ans. Si Djibouti affiche un PIB par habitant en 2020 de 3 074 USD, la pauvreté extrême concerne encore 21,1 % de la population, et le pays est classé 171ème sur 188 pour l’IDH en 2019.

Descriptif :

L’objectif est d’accueillir et d’héberger des jeunes mères mineures avec leurs enfants dans un foyer chaleureux afin de favoriser leur autodétermination, permettre la réhabilitation lorsqu’il y a eu des traumatismes et où elles pourront retrouver une sécurité intérieure, physique et de l’espoir, avoir un accompagnement psychologique, médical et professionnel.

Quant au fonctionnement du foyer, nous maximiserons la prise en charge des tâches ménagères et des fourneaux par les femmes elles-mêmes. Les soins de santé médicaux et les ateliers de préventions d’urgences seront administrés par nous-mêmes. Une éducatrice ou un travailleur social sera employé pour être à l’écoute des femmes.

La stratégie que nous envisageons est de collaborer avec différentes organisations dans la ville de Djibouti pour la réintégration sociale. Cela nous permettra de trouver des possibilités de placement scolaire pour les enfants et de formation ou d’assistance à la recherche d’emploi pour les mères.




Djibouti : former à l’énergie solaire

Dans un pays qui cumule les défis (économiques et de développement, sociaux, environnementaux), la petite Église protestante de Djibouti, avec le soutien du Défap, apporte son témoignage à travers une activité diaconale dont les bienfaits sont largement reconnus par les autorités. Son projet de formation à l’installation et à la maintenance de panneaux photovoltaïques répond à la fois à deux problèmes : la difficile transition énergétique dans laquelle est engagée la République de Djibouti, et l’aide à l’insertion de jeunes Djiboutiens dans le marché du travail. Un projet soutenu par l’UEPAL, qui le reprend dans son carnet de solidarité 2023.

Panneaux solaires au centre de formation de l’EPED © EPED

Partenaire du projet :

Centre de Formation de l’Église protestante de Djibouti (EPED).

Objectifs :

Fournir à des jeunes Djiboutiens une formation de qualité en montage, mise en service, exploitation et maintenance des installations solaires photovoltaïques.

Contexte :

La République de Djibouti est confrontée à plusieurs défis de taille liés à la production, à la distribution et à l’utilisation de l’électricité. Le pays reste fortement tributaire des importations de combustibles fossiles et d’électricité. Il est ainsi exposé aux fluctuations des prix des produits pétroliers, ce qui crée des incertitudes affectant le développement économique et social. Djibouti a donc lancé un programme de développement à long terme connu sous le nom de « Vision 2035 ». Ce plan ambitieux couvre les aspects sociaux et économiques, plus particulièrement les secteurs de l’éducation, du tourisme, de la pêche, des nouvelles technologies de l’information, de la communication, du transport et de la logistique, de l’industrie et de l’énergie. Dans le domaine de l’énergie, Djibouti souhaite réaliser une transition de son secteur énergétique, en passant de 100% de sources thermiques à 100% de sources en électricité renouvelables.

Cependant, en dehors des installations solaires photovoltaïques isolées dans les villages ruraux, l’expérience dans ce domaine reste faible. Djibouti manque de techniciens capables d’assurer la mise en fonction et la maintenance de toutes ces installations. Et le pays ne dispose à ce jour que d’un module de formation en énergie renouvelable au Lycée Industriel et Commercial de Djibouti- LIC.

L’EPED a développé depuis des années une spécialité reconnue dans la formation. Ici, cours de secrétariat pour des jeunes filles déscolarisées © EPED

D’où la volonté du Centre de Formation de l’EPED de mettre en place une filière technique de formation de jeunes aux métiers d’installation et de maintenance des panneaux photovoltaïques. Ce projet tire son origine de l’expérience vécue lors de la réhabilitation des bâtiments de la Mission Protestante de Djibouti, à travers une démarche innovante : « Le Chantier école ». Il s’agit dans cette approche de construire et de former des jeunes à la fois aux techniques utilisées dans un chantier pour permettre directement une immersion des apprenants dans les réalités du monde du travail. Grâce à un premier partenariat avec l’organisme allemand Brot für die Welt, le Centre de formation a pu acquérir le matériel nécessaire pour démarrer une filière et une trentaine de jeunes des régions d’Ali Sabieh, de Tadjourah et de Djibouti ville ont déjà composé la première promotion dans ce métier. Un projet auquel s’associe désormais le Défap.




Le Défap et Djibouti : un documentaire à voir sur France 2 le 12 décembre à 10h

Dimanche 12 décembre, retrouvez sur France 2 le documentaire de Présence protestante «Le Défap, 50 ans au service des Églises en mission – L’Église protestante évangélique de Djibouti». Un thème qui sera aussi au centre de la prochaine émission « Courrier de mission – le Défap », présentée par Marion Rouillard sur la radio Fréquence Protestante.

Une cérémonie de remise de diplômes se prépare dans le temple de l’Eped © Défap, mars 2019

Depuis sa création en 1971, le Défap s’inscrit dans un réseau d’Églises, au sein desquelles il joue le rôle de facilitateur pour permettre de réaliser des projets, des échanges de personnes… autant d’actions qui ont avant tout pour but d’entretenir des relations entre Églises par-delà les distances géographiques et culturelles. Cet aspect de relations entretenues au sein d’une communauté, qui se comprend avant tout au sein du réseau de la Cevaa – Communauté d’Églises en mission, mais sans s’y limiter strictement, est tout particulièrement important pour des Églises qui sont minoritaires dans leur pays. La petite Église de Djibouti, officiellement désignée sous le titre d’Eped (Église protestante évangélique de Djibouti) fait partie de ces communautés pour lesquelles les relations avec le Défap sont cruciales, car elles représentent l’inscription au sein d’une communauté plus large. Pour l’Eped, la relation avec les Églises d’Europe passe ainsi à la fois par son appartenance à la Ceeefe (la Communauté des Églises francophones) et par le Défap.

L’histoire du Défap, de sa création aux célébrations de son cinquantenaire en 2021, et ses actions concrètes, à travers l’exemple des relations avec l’Église Protestante Évangélique de Djibouti, sont à la base du documentaire qui sera diffusé dimanche 12 décembre sur France 2, dans le cadre de l’émission Présence protestante : «Le Défap, 50 ans au service des Églises en mission – L’Église protestante évangélique de Djibouti». Un film réalisé par Pierre Vella, que vous pourrez retrouver par la suite en replay sur le site de France 2 et sur celui du Défap ; et ces relations seront aussi au centre de la prochaine émission « Courrier de mission – le Défap », présentée par Marion Rouillard sur la radio Fréquence Protestante.

L’Eped, une Église qui croît

À Djibouti, l’islam est religion d’État depuis 1992. La liberté religieuse est garantie par la constitution, mais le prosélytisme est découragé par les autorités. La plupart des chrétiens présents dans ce petit pays d’un peu plus de 23.000 km2, frontalier de l’Érythrée, de l’Éthiopie, et de la Somalie, appartiennent en majorité soit à l’Église catholique romaine, soit à l’Église éthiopienne orthodoxe. Officiellement, le protestantisme est exclusivement représenté par l’Eped (Église protestante de Djibouti). Seule Église protestante officiellement reconnue par le gouvernement de ce pays musulman, l’Eped est héritière d’une situation historique unique, qui l’amène à accueillir une très grande diversité confessionnelle. À l’origine, elle avait été créée par l’aumônier des troupes françaises stationnées à Djibouti. La construction du temple proprement dit avait eu lieu en 1962. Le chantier avait été rendu possible grâce à la bienveillance du gouverneur de l’époque, et grâce au soutien de l’Assemblée Territoriale, à majorité musulmane, qui avait apporté le terrain. Le chantier avait aussi bénéficié de l’aide financière du FIDES (Fonds d’Investissement et de Développement Économique et Social – des fonds publics donc) et des Églises Réformées de France. Après le référendum d’autodétermination de 1977 et la naissance de la République de Djibouti, les bâtiments devaient devenir officiellement propriété de la Ceeefe, mise en place par la Fédération Protestante de France précisément pour s’occuper des Églises créées par des Français à l’étranger, pendant que le Défap assumait la responsabilité de cette paroisse unique.

Le Centre de l’Eped a développé une formation pour la maintenance des panneaux solaires © Eped

Aujourd’hui, l’Eped est une Église qui croît. Elle accueille des chrétiens de différents pays (Éthiopie, France, Burundi, États-Unis, etc.) et de différentes branches du protestantisme. Elle bénéficie tout à la fois de la forte croissance économique de Djibouti et de sa situation stratégique à la Corne de l’Afrique, qui en fait un lieu de passage et un enjeu incontournable : fait révélateur, l’activité portuaire est le premier secteur économique du pays. Mais l’Église se situe dans un contexte fortement instable. Instabilité de la politique intérieure de Djibouti, qui sur le plan extérieur entretient des relations complexes à la fois avec la France et les États-Unis ; inégalités sociales criantes, dénoncées à la fois par l’Église et les ONG, et aggravées par une forte immigration du fait des conflits au Yémen et en Érythrée ; et forte mobilité des membres mêmes de l’Église, dont peu restent à Djibouti plus de trois ans.

Pour cette Église à la communauté aussi diverse que fluctuante, les bâtiments jouent un rôle fondamental : lieu d’accueil, lieu où se rassemble la communauté, mais aussi lieu de témoignage. Le chantier de rénovation du temple, mené à bien avec le soutien du Défap, qui s’est étalé sur près d’une dizaine d’années, a ainsi donné une visibilité et une crédibilité à cette communauté protestante de Djibouti ; un effet qui s’est trouvé renforcé avec la réhabilitation du centre de formation, dans lequel ont été déjà formés nombre de jeunes Djiboutiens aux métiers de la maçonnerie, de l’électricité, de la plomberie, de la soudure ou des panneaux solaires. Aujourd’hui, ce centre est reconnu par les autorités djiboutiennes pour son expérience dans la formation des jeunes en général, et des jeunes en situation de handicap en particulier. Derrière les bâtiments, il y a donc toute une communauté qui vit. Une communauté avec un pasteur, Pierre Thiam, venu du Sénégal, qui a su trouver un équilibre liturgique tenant compte de la grande diversité des origines des paroissiens ; une communauté qui se projette dans l’avenir et s’attache à programmer de nouvelles formations de façon à pérenniser le fonctionnement du Centre et de son personnel.

Retrouvez ci-dessous la présentation de l’émission Présence Protestante sur France 2 :

 





Ce « petit machin de virus »

Par leurs lettres de nouvelles, les pasteurs, en mission hors de France, partagent leur vécu et leurs questionnements, dans le contexte de la pandémie de Covid19. Comment faire Église ensemble tout en restant confiné ? Comment vivre et partager l’Évangile ?

 

Pierre Thiam est VSI à Djibouti comme directeur du centre social ainsi que pasteur de l’Église protestante évangelique de ​Djibouti (EPED).

On a presque tout vu ou tout entendu avec cette pandémie de Covid19. S’il ne s’agit pas d’un virus fabriqué de toute pièce, il est un nouveau signe donné par Dieu pour appeler son peuple à revenir à lui ou une nouvelle accusation à l’encontre des animaux comme les pangolins, les chauves souris, etc. Que tout ce qui se dit soit vrai ou faux, ce qui est sûr, c’est que ce petit « machin de virus » pour emprunter l’expression d’un internaute, est entrain d’abimer le monde.

Ce virus a bloqué le monde. Par un jour de confinement, mon attention a été attirée par un bruit venant de ma toiture. Je sors pour voir ce qui se passe et je découvre que ce sont deux corbeaux qui se battent. Accrochés l’un à l’autre, ils tombent d’un coup de la toiture comme une boule noire pour reprendre leur envol dans une liberté dont rien ne fixe les limites. C’est alors que je me suis rendu compte que ma liberté à moi, homme, ne tenait qu’à un communiqué publié le 20 Mars et précisant : « Afin de renforcer le dispositif de prévention, le gouvernement a pris des mesures supplémentaires : fermeture des établissements scolaires, fermeture des mosquées, interdiction des activités sportives … Il est également conseillé par mesure de précaution d’éviter tout rassemblement. »

Jusque-là tout semblait bien aller mais l’apparition des deux premiers cas testés positifs, le 23 mars, a ouvert une longue période de confinement. Depuis ce jour, ce petit « machin de virus » s’est installé avec armes et bagages à Djibouti, défiant toutes les mesures de prévention. De l’interdiction des vols commerciaux au départ ou à l’arrivée de Djibouti à la fermeture des lieux de cultes en passant par l’interdiction des rassemblements et le confinement général, rien ne semble l’affecter ; pas même les gestes barrières répétés à longueur de journée pour sensibiliser la population.

Présents à Djibouti depuis plus de deux ans, c’est la première fois que nous vivons cette situation, dans un pays où chacun pouvait sortir à tout moment et faire ses courses dans une liberté que me rappelle celle des deux corbeaux sur le toit. Mais, maintenant, comme beaucoup d’autres, me voilà donc contraint à ne faire qu’une seule chose : « rester chez moi ». Toutes les activités étant aux arrêts dans le centre social et la paroisse, je ne puis m’empêcher de regarder chaque matin les oiseaux qui « refusent » d’être confinés. Libres de tout mouvement, les voilà qui voltigent du matin au soir sans se soucier du coronavirus comme pour dire aux humains : « c’est le temps du tout autrement : restez chez vous ». C’est ce que je fais, pour :

– repenser autrement le maintien des liens avec les paroissiens à travers les cultes en ligne

– repenser autrement l’accompagnement des enfants dans la suite des cours avec le e-learning.

– faire autrement du sport en montant et descendant les escaliers.

– m’accorder un peu plus de temps pour la lecture et m’occuper un peu du jardin.

– être davantage en relation avec ma famille, au pays, qui s’inquiète aussi malgré qu’elle vive la même situation que nous.

Et puisque ce petit « machin de virus » traine encore par ici, restons confinés comme tant d’autres à travers le monde, et vivons autrement, car il nous oblige à accepter de manière stoïque la pandémie. Pauvre de petit « machin de virus », Jésus nous demande d’aimer nos ennemis, mais toi, nous ne t’aimerons jamais.

 




Djibouti : l’aventure continue !

Le 20 mars 2019 a eu lieu l’inauguration du Centre de Formation de l’Église protestante de Djibouti. Un événement qui, à la suite du chantier de rénovation du temple, a permis une nouvelle fois de donner une forte visibilité à la seule Église protestante officiellement reconnue dans ce pays. Y assistaient notamment le Secrétaire général et la responsable du Service financier du Défap, l’Ambassadeur du Japon et le Conseiller Spécial du Président de la République, ainsi que le représentant de la Ceta (Conférence des Églises de Toute l’Afrique).

Une cérémonie de remise de diplômes se prépare dans le temple de l’Eped © Défap, mars 2019

À Djibouti, l’islam est religion d’État depuis 1992. La liberté religieuse est garantie par la constitution, mais le prosélytisme est découragé par les autorités. La plupart des chrétiens présents dans ce petit pays d’un peu plus de 23.000 km2, frontalier de l’Érythrée, de l’Éthiopie, et de la Somalie, appartiennent en majorité soit à l’Église catholique romaine, soit à l’Église éthiopienne orthodoxe. Officiellement, le protestantisme est exclusivement représenté par l’Eped (Église protestante de Djibouti). Une Église à l’histoire singulière, héritière de l’aumônerie des troupes françaises, constituée d’une paroisse unique dont la responsabilité est assumée par le Défap, et dont les bâtiments sont propriété de la Ceeefe (la Commission des Églises évangéliques d’expression française à l’extérieur). Une Église qui a toutefois su trouver sa place et qui grandit, accueillant des chrétiens de différents pays (Éthiopie, France, Burundi, États-Unis, etc.) et de différentes branches du protestantisme.

Pour cette Église à la communauté aussi diverse que fluctuante (ses membres ne restent en moyenne que deux à trois ans, la durée de leur présence dans le pays), les bâtiments jouent un rôle fondamental : lieu d’accueil, lieu où se rassemble la communauté, mais aussi lieu de témoignage. Le chantier de rénovation du temple, mené à bien avec le soutien du Défap, qui s’est étalé sur près d’une dizaine d’années, avait déjà donné une visibilité et une crédibilité à cette communauté protestante de Djibouti. La fin de la réhabilitation du centre de formation, dans lequel ont été déjà formés des dizaines de jeunes Djiboutiens aux métiers de la maçonnerie, de l’électricité, de la plomberie ou de la soudure, a eu le même effet. Son inauguration officielle a eu lieu le 20 mars 2019 et a été relayée par la presse nationale, avec des reportages télévisés et un article dans le quotidien La Nation. Y assistaient notamment le Secrétaire général et la responsable du Service financier du Défap, Jean-Luc Blanc et Laure Daudruy ; l’Ambassadeur du Japon (l’ambassade ayant contribué financièrement au chantier, ce dont témoigne une plaque apposée sur la façade du bâtiment) ; le Conseiller Spécial du Président de la République de Djibouti ; le représentant de la Ceta (Conférence des Églises de Toute l’Afrique), Simon Kossi Dossou, et diverses personnalités djiboutiennes.

Retrouvez ci-dessous quelques images de l’inauguration et des locaux de l’Eped :



Une expérience qui a déjà fait des émules

Au-delà de la visibilité dont a pu bénéficier la petite communauté protestante de Djibouti, ce chantier s’avère riche d’enseignements. À la fois par la créativité dont il a fallu faire preuve pour le mener à bien (notamment à travers la pratique des «chantiers-écoles»), et par les partenariats qu’il a permis de mettre en place. L’inauguration proprement dite a d’ailleurs été précédée d’un «séminaire de capitalisation», sorte de table ronde réunissant les divers partenaires pour évaluer ce qui, dans ce projet, pourrait être transposable et reproductible. Aux côtés de la Ceta, du Défap, de la Ceeefe, de représentants d’ONG et des administrations djiboutiennes, on pouvait ainsi noter la présence, en tant que témoin, du directeur de l’APES (Association Protestante d’Entraide du Sénégal, une ONG issue de l’Église Protestante du Sénégal). L’APES s’était en effet directement inspirée de l’expérience du chantier-école de Djibouti pour la construction du Centre de Formation Professionnelle Darvari à Saint-Louis. Ce séminaire a été suivi d’une conférence sur «les lieux spirituels» donnée par l’architecte Nicolas Westphal, l’un des grands artisans du projet, et qui a déjà publié un livre sur l’aventure du temple de Djibouti.

Une aventure qui se poursuit donc, au-delà des chantiers de rénovation proprement dits, puisque derrière les bâtiments, il y a toute une communauté qui vit. Une communauté avec un pasteur, Pierre Thiam, venu du Sénégal, qui a su trouver un équilibre liturgique tenant compte de la grande diversité des origines des paroissiens ; une communauté qui se projette dans l’avenir et s’attache dorénavant à trouver les moyens d’entretenir ces locaux rénovés, et à programmer de nouvelles formations de façon à pérenniser le fonctionnement du Centre et de son personnel.

Retrouvez ci-dessous quelques instantanés de la vie de l’Eped : un exemple des enseignements dispensés au Centre de Formation ; une session de remise de diplômes ; une conférence donnée par l’architecte Nicolas Westphal ; un culte auquel ont assisté les représentants du Défap et de la Ceeefe, et une vue du temple.





Un livre sur l’aventure du temple de Djibouti

Extrait de l’ouvrage «Le nouveau temple protestant de Djibouti» © éditions Olivétan

Qui, mieux qu’un architecte, peut explorer et exprimer les relations entre un lieu et la communauté humaine qui y vit ? Surtout quand ce lieu est un temple, et que l’architecte est aussi théologien… Le livre publié par Nicolas Westphal aux éditions Olivétan porte ainsi un regard irremplaçable sur les années d’aventure qu’a représenté le chantier du temple de Djibouti. Un chantier qui a associé, pendant près de dix années, de multiples partenaires au premier rang desquels la Ceeefe, propriétaire des lieux, les Églises protestantes de France apportant une aide financière, et le Défap.

L’histoire de l’Église protestante évangélique de Djibouti (Eped) en fait une communauté unique, tout comme son temple. Elle trouve son origine dans l’aumônerie des troupes françaises stationnées à Djibouti. Le chantier du temple avait débuté en 1962, avec l’aval du gouverneur de l’époque, et sur un terrain alors apporté par l’Assemblée Territoriale, à majorité musulmane. Le montage financier avait impliqué à la fois des fonds venus des Églises Réformées de France et des fonds publics, sous la forme d’une aide du FIDES (Fonds d’Investissement et de Développement Économique et Social). Lorsqu’était née la République de Djibouti, à la suite du référendum d’autodétermination de 1977, les bâtiments étaient devenus propriété de la Ceeefe (Commission des Églises évangéliques d’expression française à l’extérieur), le Défap assumant la responsabilité de cette paroisse unique. Dans ce lieu instable, à la fois sur le plan politique et sur le plan démographique, avec un renouvellement régulier des membres de l’Église, le temple assurait un rôle indispensable d’ancrage pour toute la communauté. Mais le bâtiment construit dans les années 60 avait mal vieilli, sa rénovation devenait nécessaire : un gros chantier et un défi pour l’Eped et pour tous les partenaires impliqués, notamment le Défap, et à travers lui les Églises protestantes de France. Un projet qui, au-delà du temple lui-même, devait concerner tous les bâtiments attenants, presbytère et salles paroissiales, avec de nombreuses implications sociales et en termes de formation.

«Un lieu d’accueil, de rencontre»

«Construire ou reconstruire un temple dans un pays musulman où les protestants sont ultra-minoritaires est une entreprise peu banale», souligne la présentation du livre. «Loin de toute revendication identitaire, la communauté protestante de Djibouti a voulu offrir à la population de la ville, un lieu d’accueil, de rencontre respectueuse, de convivialité, de prière aussi. Le grand mérite de l’architecte Nicolas Westphal a été de ne pas arriver à Djibouti avec un projet ficelé dans son cabinet en France, mais de s’imprégner du terrain : les matériaux locaux, l’architecture traditionnelle, le climat, les attentes spirituelles des gens… pour élaborer peu à peu, sur place et en tenant compte de multiples contraintes, une réalisation architecturale qui force l’admiration et le respect. Jouant habilement entre le dedans et le dehors, entre l’ombre et la lumière, entre l’intime et le collectif, le nouveau temple de Djibouti sera à n’en pas douter un lieu privilégié à Djibouti pour vivre la rencontre, la convivialité et la quête de spiritualité.»

L’inauguration du temple rénové a eu lieu le dimanche 6 novembre 2017, lors d’un culte présidé par Bernard Antérion, président de la Ceeefe et Jean-Luc Blanc, responsable du service Relations et Solidarités Internationales au Défap. Nicolas Westphal, présent tout au long de ce chantier de longue haleine, y assistait. Cette cérémonie marquait pour lui la conclusion d’un investissement personnel allant bien au-delà du travail d’architecte et impliquant recherche de fonds, mise en place de montages innovants pour permettre au chantier de se poursuivre lorsque les financements manquaient… sans jamais perdre de vue ce que représentait pour lui ce bâtiment vieilli, aux structures porteuses attaquées par le sel, qu’il avait fallu consolider de l’intérieur en l’évidant comme une noix, pour construire un nouveau temple au cœur de l’ancien, en laissant toute sa richesse à l’espace et toute sa place à la lumière.

L’aventure continue pour l’Eped

«Le nouveau temple protestant de Djibouti», par Nicolas Westphal, paru le 15 septembre 2018 aux éditions Olivétan, 16,00 €

«La composition architecturale», écrit-il aujourd’hui, «touche la pensée qui lit et interprète ce qu’elle voit, mais aussi et plus directement le corps qui détecte les qualités du lieu où il se tient, comment il est entouré, porté, éclairé, lorsqu’il est immobile ou lorsqu’il se déplace. La composition associe la lecture de la pensée et les sensations du corps pour créer du sens, évailler des émotions, pour nous «parler» en quelque sorte, comme on dit parfois «ce lieu me parle». La composition architecturale s’adresse à notre pensée, à notre mémoire, à notre corps.»

Fait significatif, l’édition de ce livre a reçu le soutien de l’ambassade de France à Djibouti. Dans la préface de l’ouvrage, Christophe Guilhou, ambassadeur de France à Djibouti, tient d’ailleurs à saluer «le gouvernement djiboutien qui montre depuis longtemps sa bienveillance vis-à-vis des institutions religieuses non musulmanes résidant sur son territoire (l’installation de l’Église Protestante de Djibouti sur le Boulevard de la République en 1963 en était déjà le signe).»

L’inauguration de novembre 2017, et le livre désormais disponible aux éditions Olivétan, marquent un aboutissement, mais non une fin : l’aventure continue pour l’Eped. Car autour du temple proprement dit, les salles déjà en fonctionnement depuis plusieurs années ont permis d’accueillir un centre de formation. Entre 2015 et 2017, il a ainsi accueilli une trentaine de jeunes en situation de handicap moteur dans le cadre d’un projet éducatif financé avec l’aide de l’Union Européenne et du Défap, pour une formation professionnelle au métier d’assistant gestionnaire de réseau informatique et aux notions d’entreprenariat. Depuis décembre 2017, il accueille pour une durée de 18 mois, avec le soutien financier de l’organisation «Pain pour le monde», 36 jeunes Djiboutiens dont 40% de jeunes filles pour une formation aux métiers d’entretien, de pose et maintenance des panneaux solaires photovoltaïques. Autre projet : l’accueil de réfugiés pour des formations professionnelles en électricité, maçonnerie, couture, énergies renouvelables et entretien de surfaces en partenariat avec le Haut Commissariat pour les Réfugiés de l’ONU.




Djibouti : des réussites et des projets

Le projet de formation de jeunes en situation de handicap moteur © EPED

L’Église Protestante Évangélique de Djibouti se réjouit depuis ces dix dernières années, des avancées au niveau de son partenariat avec le Service Protestant de Mission-Défap qui l’accompagne depuis plus de 50 ans maintenant. Plusieurs projets ont été développés avec le soutien, en ressources financières et humaines, pour la mise en œuvre des projets d’éducations destinés aux jeunes en échec scolaire venant des quartiers défavorisés et ceux à besoin spéciaux.

Le Défap emploie depuis septembre 2017 un pasteur directeur et subventionne le salaire de l’administrateur coordinateur des projets éducatifs de l’EPED depuis 2005. Il est aussi garant des financements demandés par l’EPED auprès de tous ces bailleurs de fonds et en assure le suivi à travers des échanges d’informations comptables régulières, de suivi et de validations de tous les rapports narratifs et financiers élaborés à cet effet. Il réalise au moins deux visites d’accompagnement chaque année à Djibouti.

Cet accompagnement permanent, permet à l’EPED de s’engager dans l’amélioration des conditions de vie des populations par des moyens appropriés à sa mission. C’est ainsi que plusieurs activités de formations ont été déroulées en plusieurs phases :

La formation de jeunes en situation de handicap

Pour aller plus loin :

Entre 2015 et 2017, le Centre de Formation de l’EPED avait accueilli dans le cadre d’un projet éducatif cofinancé par l’Union Européenne, le Défap et l’EPED, une trentaine de jeunes en situation de handicap moteur pour une formation professionnelle au métier d’assistant gestionnaire de réseau informatique et aux notions d’entreprenariat.

Ce projet avait pour objectif d’améliorer l’employabilité et la réinsertion professionnelle des personnes en situation d’handicap moteur en revalorisant leur niveau de scolarité et les rendant capables de contribuer au développement de la société en pleine expansion. Cette action visait également à modifier le regard des employeurs potentiels sur les personnes en situation de handicap en général et sur leur employabilité en particulier.

Le résultat de ce projet a été très satisfaisant parce que trois mois seulement après sa mise en œuvre, 6 bénéficiaires sur 33 finissant la formation avaient déjà trouvé un l’emploi contribuant ainsi aux efforts de réhabilitation des personnes vivant avec un handicap sur leurs droits. Ce droit sera renforcé par la loi d’orientation nationale votée par l’assemblée nationale obligeant maintenant les entreprises de la place à prévoir désormais au moins 2 % des personnes vivant avec un handicap parmi leur effectif lors des embauches.

La rénovation des bâtiments

Suivi du projet de rénovation des bâtiments © EPED

Entre 2010 et 2017 le Défap a accompagné un grand projet de rénovation des bâtiments sous forme d’un chantier école. À l’issue de ce projet, le Centre de Formation de l’EPED est aujourd’hui doté de sept grandes salles de classe rénovées, trois bureaux, un appartement de fonction où loge l’administrateur, un presbytère et un temple pouvant accueillir jusqu’à 120 personnes. Ce projet de rénovation avec une approche innovante le «chantier école», fut un moment privilégié pour former plus de 50 jeunes Djiboutiens aux métiers de maçonnerie, d’électricité, de plomberie et de soudure.

En novembre 2017, le temple qui était la dernière phase de ces grands travaux de rénovation a été inauguré et quelques activités autour du 500ème anniversaire de la réforme protestant prônée par Luther ont marqué ce moment important de la vie de l’Église à Djibouti.

Le projet «panneaux solaires»

Panneaux solaires sur un des bâtiments de l’EPED © EPED

Depuis décembre 2017 avec le soutien financier de l’organisation «Pain pour le monde», le Centre de formation accueille courageusement 36 jeunes Djiboutiens dont 40% de jeunes filles pour une formation aux métiers d’entretien, de pose et maintenance des panneaux solaires photovoltaïques et aux notions d’entreprenariat sur une période de 18 mois.

Avec la nouvelle politique de développement de l’État dénommé «vision 2035», l’État de Djibouti souhaite réaliser une transition dans le secteur énergétique pour passer totalement à l’énergie renouvelable. Pour cette raison, à l’initiative de l’Ambassade d’Allemagne à Djibouti, de la Chambre de Commerce de Djibouti, et des chambres de commerce allemandes, le Centre de formation de l’EPED, a participé du 08 au 11 mars 2018, à l’atelier «renewable energies for Africa» dont l’objectif était de mettre en relation les entreprises en recherche de techniciens qualifiés et pour sensibiliser les Djiboutiens à la question de l’énergie verte. Cet atelier fut une occasion pour notre Centre de formation de partager sa nouvelle expérience sur la production d’électricité par les énergies renouvelables connectées au réseau public et de témoigner de son implication au développement de la République de Djibouti à travers son service diaconal.

Et pour la suite…

Signature du contrat avec l’ambassade du Japon © EPED

Dans un avenir proche, le Centre de formation de l’EPED accueillera des réfugiés hommes et femmes pour des formations professionnelles en électricité, maçonnerie, coupe couture, énergies renouvelables et formation de techniciens de surfaces en partenariat avec le Haut Commissariat pour les Réfugiés de l’ONU.

Ce projet consiste à former des refugiés pour qu’ils aient des compétences requises pour travailler à Djibouti ou dans leur pays d’origine. Ce projet est aussi une façon pour notre centre de participer aux efforts de prise en charge des questions liées aux réfugiés.

Pour faciliter la mise en œuvre de ce projet avec les Nations Unies, l’EPED vient de signer un contrat avec l’ambassade de Japon pour la réhabilitation d’une nouvelle salle informatique et d’une salle d’accueil avec mezzanine, ouvrage que nous n’avons pas pu réaliser lors de la grande rénovation de 2010 à 2017. Il s’agit d’un financement à hauteur de 73.000 dollars américains donné sous forme de micro projet. Nous aimerions ici saluer le soutien du Défap lors de la phase rédactionnelle de ce projet et l’apport du couple Jean François FABA dans la facilitation et l’aboutissement heureux de ce projet lors de leur séjour à Djibouti entre mars et mai 2017.

En perspective, l’EPED avec l’aide du Défap souhaite ré-ouvrir son école maternelle fermée en 2011 pour des raisons de travaux de rénovation de ses bâtiments, et cette fois-ci avec une option de continuer jusqu’au cycle élémentaire (école primaire).

Pierre Tschim, administrateur de l’EPED




L’Église de Djibouti célèbre son nouveau temple

A Djibouti plus qu’ailleurs, le temple a un rôle important d’ancrage pour une communauté protestante constituée au gré des mouvements de populations, et dont les membres restent rarement dans le pays plus de quelques années. Le bâtiment, en chantier depuis quatre ans pour des rénovations lourdes, a été inauguré le 6 novembre en présence de Bernard Antérion, président de la Ceeefe (Commission des Églises évangéliques d’expression française à l’extérieur) et Jean-Luc Blanc, responsable du service Relations et Solidarités Internationales au Défap.

Le culte d’inauguration et d’installation du pasteur Pierre Thiam, le 6 novembre © Ceeefe, Défap

Il aura fallu neuf ans pour mener à son terme le chantier de l’Église protestante évangélique de Djibouti (Eped). Neuf ans pour reconstruire logement de l’administrateur de l’Eped, presbytère, salle paroissiale… et surtout pour rénover le temple, qui nécessitait une intervention lourde, et sur lequel les travaux auront duré quatre ans jour pour jour, d’octobre 2013 à novembre 2017.

Son inauguration a eu lieu le dimanche 6 novembre, lors d’un culte présidé par Bernard Antérion, président de la Ceeefe (Commission des Églises évangéliques d’expression française à l’extérieur) et Jean-Luc Blanc, responsable du service Relations et Solidarités Internationales au Défap. Étaient également présentes plusieurs personnalités djiboutiennes dont l’ambassadeur de France accompagné d’une délégation dont la Conseillère de Coopération et d’Action Culturelle (COCAC), des représentants de l’Église Catholique, une délégation militaire… sans oublier l’architecte qui avait porté et accompagné le projet tout au long de ce chantier au long cours, Nicolas Westphal.

Une situation particulière pour l’Église de Djibouti

Pour aller plus loin :
Le site de la Ceeefe, propriétaire des bâtiments et partenaire du Défap

Derrière les briques et les parpaings, il y a des hommes et des femmes ; derrière les bâtiments, toute une communauté, celle de l’Église protestante évangélique de Djibouti. L’assistance présente lors du culte d’inauguration donne une idée de l’enjeu que représentait pour l’Eped ce chantier de rénovation. Seule Église protestante officiellement reconnue par le gouvernement de ce pays musulman, l’Eped est héritière d’une situation historique unique, qui l’amène à accueillir une très grande diversité confessionnelle.

À l’origine, elle avait été créée par l’aumônier des troupes françaises stationnées à Djibouti. La construction du temple proprement dit avait eu lieu en 1962. Le chantier avait été rendu possible grâce à la bienveillance du gouverneur de l’époque, et grâce au soutien de l’Assemblée Territoriale, à majorité musulmane, qui avait apporté le terrain. Le chantier avait aussi bénéficié de l’aide financière du FIDES (Fonds d’Investissement et de Développement Économique et Social – des fonds publics donc) et des Églises Réformées de France. Après le référendum d’autodétermination de 1977 et la naissance de la République de Djibouti, les bâtiments devaient devenir officiellement propriété de la Ceeefe, mise en place par la Fédération Protestante de France précisément pour s’occuper des Églises créées par des Français à l’étranger, pendant que le Défap assumait la responsabilité de cette paroisse unique.

Une Église qui croît

Le culte d’inauguration. A gauche, au premier rang, tête penchée, le pasteur Jean-François Faba, qui a accompagné l’Eped avec Jean-Luc Blanc pendant la période où le poste pastoral était vacant © Ceeefe, Défap

Aujourd’hui, l’Eped est une Église qui croît. Elle accueille des chrétiens de différents pays (Éthiopie, France, Burundi, États-Unis, etc.) et de différentes branches du protestantisme. Elle bénéficie tout à la fois de la forte croissance économique de Djibouti et de sa situation stratégique à la Corne de l’Afrique, qui en fait un lieu de passage et un enjeu incontournable : fait révélateur, l’activité portuaire est le premier secteur économique du pays. Mais l’Église se situe dans un contexte fortement instable. Instabilité de la politique intérieure de Djibouti, qui sur le plan extérieur entretient des relations complexes à la fois avec la France et les États-Unis ; inégalités sociales criantes, dénoncées à la fois par l’Église et les ONG, et aggravées par une forte immigration du fait des conflits au Yémen et en Érythrée ; et forte mobilité des membres mêmes de l’Église, dont peu restent à Djibouti plus de trois ans. Dans un tel contexte, le temple, lieu de culte, est devenu un point d’ancrage indispensable pour cette petite communauté. Le vieillissement du bâtiment rendait une rénovation nécessaire : un lourd défi pour l’Eped, d’autant plus que le chantier, décidé en 2008, lancé en 2009, devait révéler une dangereuse usure des structures porteuses, nécessitant des travaux de consolidation supplémentaires.

Cette longue période de travaux impliquant de multiple partenaires (au premier rang desquels la Ceeefe, propriétaire des lieux, les Églises protestantes de France apportant une aide financière, et le Défap) aurait pu se révéler particulièrement abrasive pour la petite communauté protestante de Djibouti. Elle a beaucoup demandé à la fois de l’administrateur de l’Eped, Pierre Tschimanga, du pasteur Michaël Schlick, qui est resté en poste 11 ans avant de partir au Caire, et de l’architecte. La liste des travaux nécessaires s’est allongée au fil du chantier, avec la découverte de fragilités des constructions restées jusqu’alors invisibles, occasionnant de multiples retards et des frais supplémentaires. Il a fallu faire preuve de créativité pour trouver les fonds, la main d’oeuvre et pour faire avancer la construction : exemple : la réalisation de travaux sous la forme d’un stage professionnel pour des jeunes des quartiers pauvres, sous la direction d’un maître-maçon français… Et pendant que le chantier du temple progressait, les salles déjà rénovées étaient utilisées notamment pour un centre de formation pour adultes en difficulté, qui a reçu les encouragements des autorités djiboutiennes. Résultat : ce chantier aura largement contribué au témoignage de cette petite Église isolée dans un contexte musulman, améliorant son image au sein de la société.

Un chantier aux allures de course contre la montre

Le culte d’inauguration et d’installation du pasteur Pierre Thiam, le 6 novembre © Ceeefe, Défap

Jusqu’au bout, ce chantier aura pris des allures de course contre la montre, avec de multiples initiatives d’Églises pour trouver des financements, et des travaux de finition jusqu’à la veille de l’inauguration du temple. Le culte du 6 novembre représentait donc un aboutissement pour la communauté protestante djiboutienne, et ce d’autant plus qu’il marquait à la fois la fin du chantier du temple et l’installation d’un nouveau pasteur, Pierre Thiam, après une année au cours de laquelle le poste pastoral était resté vacant.

Reste à envisager la suite : financer l’entretien des bâtiments rénovés, et mettre un point final au chantier – car si le temple est achevé, il reste à rénover le bureau du pasteur et l’espace d’accueil. Et poursuivre les projets déjà lancés : une nouvelle filière a ainsi été mise en place par le centre de formation, avec l’installation et la maintenance de centrales photovoltaïques. Ce qui doit permettre d’installer des panneaux solaires sur le toit du Temple et de produire ainsi l’électricité nécessaire au centre de formation.