Le programme de travail actuel du Défap couvre la période 2021-2025. L’Assemblée générale 2023, qui a lieu cette année le samedi 25 mars, sera l’occasion de faire un point à mi-parcours. Elle donnera aussi la parole à des témoins de la mission, envoyé à Madagascar ou boursière en congé recherche en France. Elle sera enfin l’occasion de se joindre à DM, l’homologue suisse du Défap, dans les célébrations de ses 60 ans.
Vue de l’AG 2023 du Défap © Défap
Le Défap est un lieu carrefour, où se croisent des voyageurs et des sédentaires, des cultures d’Église et des expressions de foi, des manières différentes d’envisager les grands problèmes du monde, des parcours de vie et des idées. Autant de rencontres et d’échanges qui s’entament et se poursuivent aussi bien à Paris qu’à l’autre bout du monde. Depuis plus de 50 ans, le Défap se veut ce ferment de dialogue grâce auquel les Églises peuvent mieux s’adapter aux changements du monde. C’est un véritable écosystème au sein duquel travaille le Défap, avec sa complexité et ses évolutions, et en prise directe avec les grandes problématiques dont traitent les Églises. Les défis y sont abordés de la manière la plus concrète, souvent bien avant qu’ils ne deviennent objets de réflexions au sein des Églises. C’est ainsi que le Défap est engagé depuis longtemps dans des projets liés à l’éducation, à la santé, mais avec aussi en filigrane toutes les questions de paix, d’identité, d’accueil, de respect des cultures, de justice sociale, de développement, de relations entre religieux et politique… qui tantôt rapprochent, tantôt divisent les Églises. C’est aussi le cas des questions de sauvegarde de la création…
Ces thématiques recouvrent des priorités qui évoluent à vitesse croissante. La rencontre et les relations entre cultures et entre communautés : le choc de la période de crise sanitaire due au Covid-19, en grippant d’un seul coup tous les échanges internationaux dans un monde où ils semblaient aller de soi, a montré à quel point les sociétés sont fragiles, menacées par des forces centrifuges ; à quel point la relation aux autres implique des efforts quotidiens. Le changement climatique : il a suffi d’un été caniculaire et marqué par les incendies, suivi d’un hiver inédit de sécheresse, pour que ce qui semblait un défi lointain vu de France apparaisse désormais comme une menace terriblement présente.
Le document « Convictions et actions – 2021-2025« dont s’est doté le Défap reflète la manière dont ces défis sont intégrés dans le programme de travail et les activités du Service protestant de mission. Il s’ouvre sur une réaffirmation de ses convictions missionnaires puis décrit sa stratégie sur quatre ans, structurée par trois grandes priorités :
- 1) développer les liens avec les partenaires ;
- 2) s’engager pour la justice, le respect de la création et la dignité humaine ;
- 3) vivre l’interculturalité.
Au-delà de la présentation du rapport d’activité et des débats sur les finances, « il est proposé aujourd’hui de permettre à l’AG de faire un point d’étape sur ce processus », souligne le président du Défap, Joël Dautheville, dans son courrier aux délégués et invités à l’Assemblée générale.
Des témoins invités à l’AG
Par ailleurs, pour mieux prendre conscience que la mission du Défap s’inscrit dans un tissu serré de liens, de partenariats et mobilise très au-delà des membres de son équipe, des invités directement impliqués dans cette mission auront l’occasion de dire, chacun à leur manière, ce qui se vit à travers le Défap. « Quelques témoins seront avec nous, notamment Jean-Claude Boudeaux, envoyé régulier à Madagascar et Flore Badila Loupe, boursière du Défap, effectuant un interim comme doyenne de la Faculté Protestante de Théologie de Brazzaville », souligne la lettre de Joël Dautheville.
Jean-Claude Boudeaux intervient à Madagascar. Dans ce pays, le Défap est en lien avec deux Églises, la FJKM et la FLM, pour des activités tournant essentiellement autour de l’enseignement. La FJKM (Fiangonan’i Jesoa Kristy eto Madagasikara, en français Église de Jésus-Christ à Madagascar) est la plus grande Église protestante du pays. Elle revendique 3 500 000 membres, répartis dans 5800 paroisses desservies par plus de 1200 pasteurs. Quant à l’Église luthérienne malgache (en malgache : Fiangonana Loterana Malagasy, FLM), elle revendique 3 millions de membres répartis dans 5000 paroisses, desservies par 1200 pasteurs. Les initiatives au sein des Églises protestantes malgaches, qui gèrent leur propre réseau d’écoles et ont leur propre département de l’éducation, sont nombreuses en matière d’éducation. Les besoins de formation des enseignants le sont tout autant. Madagascar est le pays qui accueille le plus grand nombre d’envoyés du Défap : ce qui représentait en 2022 cinq VSI (dont trois partis en famille) et 2 services civiques. Outre leur rôle dans l’enseignement, le Défap soutient les efforts de formation continue des enseignants liés à la FJKM et à la FLM : notamment celle mise en place par Jean-Claude Boudeaux en faveur d’enseignants et directeurs / trices d’établissements scolaire, qui vise en outre à accompagner des formateurs locaux pour qu’ils puissent prendre la relève.
Futurs enseignants malgaches pendant leur formation © Défap
Quant à Flore Badila Loupe, elle est pasteure de l’Église évangélique du Congo (EEC), issue des missions scandinaves et qui revendique aujourd’hui 225.000 membres au Congo-Brazzaville. Elle est aussi docteure en théologie, après avoir soutenu une thèse à l’UPAC (Université protestante d’Afrique centrale) sur l’engagement politique de l’EEC. Elle est également vice-doyenne de la faculté de théologie protestante de Brazzaville, et vice-présidente de la conférence des ecclésiastiques de l’EEC. Après avoir bénéficié d’une bourse du Défap pour un congé-recherche en 2014-2015, elle travaille désormais à adapter sa thèse pour une future publication.
Flore Badila dans la bibliothèque du Défap © Défap
DM célèbre ses 60 ans
Cette AG sera enfin l’occasion de célébrer les 60 ans de DM, l’homologue suisse du Défap. La Cevaa et le Défap sont nés en 1971, d’un ancêtre commun : la Société des Missions Évangéliques de Paris (la SMEP), qui avait eu de 1822 à la fin des années 60 une activité missionnaire s’étendant du Lesotho au Togo, de l’Océan indien au Pacifique. DM-échange et mission, département missionnaire des Églises de Suisse romande et des Églises françaises en Suisse alémanique (la CERFSA) était né pour sa part quelques années plus tôt, en 1963. Entre ces trois organismes institués pendant la même période et entretenant des relations avec les mêmes pays, on retrouve encore aujourd’hui des domaines d’activité très proches, et des échanges réguliers. DM, confronté aux défis que connaissent aujourd’hui tous les organismes missionnaires, a fait il y a quelques années sa mue ; on ne parle plus désormais de « DM-échange et mission », l’association ayant changé ses statuts et son nom, et adopté un nouveau slogan, celui de « Dynamique dans l’échange ». S’appuyant sur le constat que le « centre de gravité du christianisme s’est déplacé au Sud », son 117ème Synode missionnaire (l’équivalent d’une AG), après un intense débat, a décidé à une large majorité de soutenir une nouvelle vision, dite de « réciprocité ». Avec trois thématiques porteuses : la formation théologique, le développement rural, l’éducation. Cette révolution interne s’est faite dans un contexte de réorganisation du paysage des oeuvres d’entraide de Suisse, avec la fusion de l’EPER (l’Entraide protestante suisse) et de PPP (Pain pour le prochain). C’est donc un DM tout neuf qui regarde désormais vers l’avenir et fête ses 60 ans tout au long de l’année, par des gâteaux partagés avec le Conseil et le Secrétariat, avec les envoyés, en Suisse, au Mexique… Des célébrations qui culmineront le 18 novembre 2023 à la cathédrale de Lausanne.
Célébration des 60 ans de DM au Mexique © DM