Mananjary, ville ravagée en février 2022 par le passage du cyclone Batsirai, et où la solidarité du protestantisme français avait permis de reconstruire deux orphelinats, craignait beaucoup l’arrivée de la super-tempête Freddy. Mais le cyclone était considérablement affaibli après sa traversée de l’océan Indien lorsqu’il a atteint la côte malgache au soir du 21 février.

L’arrivée de Freddy sur la côte est de Madagascar vue par satellite. Mananjary était au cœur de la zone touchée. © Nasa

Il y a un an presque jour pour jour, Mananjary était frappée de plein fouet par le cyclone Batsirai. Cette ville de la côte sud-est de Madagascar, face à l’océan Indien, est particulièrement vulnérable aux tempêtes tropicales qui, pendant toute la saison cyclonique, d’octobre à mai, arrivent de La Réunion avant de toucher la côte africaine. En février 2022, Batsirai avait détruit la localité à plus de 80%. Il avait fallu un soutien international de plusieurs mois, d’abord pour aider la population menacée par la famine et le manque d’eau du fait de la destruction des cultures et de la pollution de l’approvisionnement en eau potable, ensuite pour reconstruire. Deux orphelinats en particulier, le Catja (Centre d’Accueil et de Transit des Jumeaux Abandonnés) et le centre Akany Fanantenana, avaient bénéficié d’une mobilisation inédite de plusieurs organismes protestants, La Cause, ADRA, le Défap et les Amis du Catja notamment.

En ce mois de février, Freddy, cyclone tropical de catégorie 5 né au large des côtes du nord-ouest de l’Australie, laissait craindre des dégâts aussi monumentaux. Le 16 février, alors qu’il traversait le sud de l’océan Indien, il était accompagné par des vents de plus de 265 km/h, selon le Joint Typhoon Warning Center, centre militaire américain de prévision des cyclones tropicaux. Et selon un autre organisme américain, la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration, en français l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique) Freddy était l’une des cinq tempêtes de catégorie 5 jamais enregistrées en février sur Terre. La seule tempête de février plus violente (par la vitesse de ses vents) était le cyclone tropical Winston de 2016.

Akany Fanantenana : « Les enfants vont bien, les adultes aussi »

Les effets du passage de Freddy au centre Akany Fanantenana, à Mananjary © La Cause

Mais lorsqu’il a atteint la ville de Mananjary, le 21 février vers 19h30, heure locale, Freddy avait perdu beaucoup de sa force. La population s’était largement préparée, renforçant les toitures par des sacs de sable pour les empêcher d’être emportées ; plusieurs milliers de personnes de cette localité de 28.000 habitants (au milieu d’un bassin de population de près de 80.000 personnes) avaient été évacuées, rejoignant soit des proches dans des lieux moins exposés, soit des centres d’hébergement. Les vents au moment où Freddy a touché terre atteignaient les 110 km/h, avec des rafales à 130. Les témoignages sur place font état de toitures arrachées par les vents (le toit du stade a notamment été emporté), de portions de côte submergées par les vagues ; mais pas de pluies violentes comme celles qui, l’année précédente, avaient provoqué d’importantes inondations, aggravant les destructions ; et au final, des dégâts bien moindre que redouté.

Plus de 38.000 sinistrés ont néanmoins été recensés après le passage de Freddy dans le district de Mananjary par le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC). Une délégation présidentielle s’est rendue sur place dans les jours qui ont suivi, apportant des aides d’urgence : 50 tonnes de riz, 50 tonnes de légumineuse, 2 tonnes de farine et de sucre, de l’huile alimentaire et des matériaux de première nécessité pour les réparations – des tôles pour les toitures notamment. Le président Andry Rajoelina a rendu visite au Collège d’enseignement général (CEG), détruit par la tempête et dont il a promis la reconstruction rapide.

Au niveau des centres accueillant des enfants, le Catja et Akany Fanantenana, qui avaient pu être remis en état l’année précédente grâce à la solidarité du protestantisme français, les effets du passage de Freddy sont restés limités : les toits ont tenu. Le Catja a enregistré essentiellement des dégâts sur les cultures. Au niveau du centre Akany Fanantenana, là aussi, des dégâts sur les cultures, quelques tôles et un panneau solaire arrachés : « Tous les bâtiments sont indemnes, y compris le poulailler », a fait savoir le pasteur Élia Rozy, qui a fondé et qui gère ce centre avec son épouse Émilienne ; « les enfants vont bien, les adultes aussi ».

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