Une année avec les Actes des apôtres : méditation du jeudi 18 février 2021. Nous prions pour nos envoyés au Sénégal.
© Pixabay.comDans ce chapitre 18, nous sommes entraînés, à la suite de l’infatigable Paul, dans un voyage d’Athènes à Jérusalem, en passant par Corinthe où il demeure dix-huit mois avant de repartir pour Éphèse et de regagner Jérusalem afin d’y vivre une des fêtes annuelles avec l’Église de la ville. Puis il se lancera dans un nouveau voyage missionnaire à partir d’Antioche, tandis que se forme à Éphèse une nouvelle équipe avec Aquila, Priscille, et Apollos, juif érudit d’Alexandrie qui met ses talents au service de la prédication de l’Évangile. Mais revenons à Corinthe :
Après cela, Paul partit d’Athènes et se rendit à Corinthe. Il y rencontra un Juif appelé Aquilas, né dans la province du Pont : il venait d’arriver d’Italie avec sa femme, Priscille, parce que l’empereur Claude avait ordonné à tous les Juifs de quitter Rome. Paul alla les trouver et, comme il avait le même métier qu’eux – ils fabriquaient des tentes –, il demeura chez eux pour y travailler. A chaque shabbat, Paul prenait la parole dans la synagogue et cherchait à convaincre aussi bien les Juifs que les Grecs. Quand Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine, Paul put consacrer tout son temps à prêcher ; il attestait devant les Juifs que Jésus est le Messie. Mais les Juifs s’opposaient à lui et l’insultaient ; alors il secoua contre eux la poussière de ses vêtements et leur dit : « Si vous êtes perdus, ce sera par votre propre faute. Je n’en suis pas responsable. Dès maintenant, j’irai vers ceux qui ne sont pas juifs. » Il partit alors de là et se rendit chez un certain Titius Justus qui adorait Dieu et dont la maison était à côté de la synagogue. Crispus, le chef de la synagogue, crut au Seigneur, ainsi que toute sa famille. Beaucoup de Corinthiens, qui entendaient Paul, crurent aussi et furent baptisés. Une nuit, Paul eut une vision dans laquelle le Seigneur lui dit : « N’aie pas peur, mais continue à parler, ne te tais pas, car je suis avec toi. Personne ne pourra te maltraiter, parce que nombreux sont ceux qui m’appartiennent dans cette ville. » Paul demeura un an et demi à Corinthe ; il y enseignait à tous la parole de Dieu. Actes 18,1-11
Le contexte est toujours essentiel pour comprendre le pourquoi et le comment de la mission d’évangélisation. Nous l’avons vu au chapitre précédent à Athènes, ville des philosophes, où Paul a utilisé un langage de raison pour tenter d’amener ses interlocuteurs à recevoir l’évangile. À Corinthe, Paul rencontre une communauté juive importante, enrichie des nombreux juifs de Rome chassés par l’Empereur Claude. Il y gagne l’amitié et la collaboration d’un couple, Priscille et Aquilas, et la présence d’un auditoire large et cosmopolite chaque shabbat à la synagogue. C’est sur une thématique biblique, et non plus philosophique, qu’il s’adresse à ses coreligionnaires. Il s’agit de les persuader que Jésus est le Messie. Certains adhèrent, d’autres non. Avec ces derniers s’ensuit une terrible polémique : injures d’un côté, malédictions de l’autre. Il y aura par la suite des plaintes contre Paul auprès du tribunal pour cause d’hérésie, puis des violences contre le chef de la synagogue, pour cause de conversion.
Rien n’excuse la violence religieuse qui, de manière récurrente dans l’histoire humaine, sert d’exutoire à l’intolérance et à la haine. On a d’ailleurs rencontré cette violence chez Paul-Saul de Tarse lorsqu’il persécutait les chrétiens. En est-il devenu indemne en devenant prédicateur de l’Évangile ? Son impatience à convaincre et partager sa foi personnelle ne le conduit-elle pas à certaines outrances peu évangéliques ? Nous devons nous poser ces questions, car si le mot mission suscite bien des réserves, voire du rejet, c’est bien parce qu’il est souvent associé au souvenir de conversions forcées et de condamnations sans appel pour hérésie ou impiété.
Il est crucial de rappeler que si notre mission est de faire connaître la Parole de Dieu, elle n’est jamais d’imposer des dogmes et des croyances. Quant à convertir les cœurs et les vies, cette mission-là revient à Dieu, et à Dieu seul, dont nous sommes les simples serviteurs.
Questions pour nous :
- Dans la société française, nous justifions souvent par le contexte laïque notre timidité à annoncer l’Évangile dans l’espace public.
- Quel regard portons-nous sur les chrétiens d’autres Églises ou d’autres cultures qui vivent comme une mission de témoigner explicitement de leur foi dans la société et de faire du « prosélytisme » ?
- Serions-nous prêts à travailler avec eux pour nous encourager mutuellement au témoignage et à la transmission ?
Prions :
Seigneur crucifié et ressuscité,
Apprends-nous à affronter
Les luttes de la vie quotidienne,
Afin que nous vivions
Dans une grande plénitude.
Tu as humblement et patiemment accueilli,
Les échecs de la vie humaine
Comme les souffrances de la crucifixion.
Alors les peines et les luttes
Que nous apporte chaque journée,
Aides-nous à les vivre
Comme des occasions de grandir
Et de mieux te ressembler.
Rends-nous capable de les affronter,
Plein de confiance en ton soutien.
Fais nous comprendre
Que nous n’arrivons à la plénitude de la vie
Qu’en mourant sans cesse à nous mêmes
Et en nos désirs égoïstes.
Car c’est seulement en mourant avec Toi
Que nous pouvons ressusciter avec Toi.
Que rien désormais
Ne nous fasse souffrir ou pleurer
Au point d’en oublier la joie de ta résurrection.
Tu es le soleil éclaté de l’amour du père,
Tu es l’espérance du bonheur éternisé
Tu es le feu de l’amour embrasé.
Que la joie de Jésus soit force en nous
Et qu’elle soit, entre nous, lien de paix
D’unité et d’amour.
Mère Teresa