1922-2022 : depuis un siècle, l’Action Chrétienne en Orient, œuvre missionnaire créée par un pasteur alsacien témoin du génocide arménien, construit des ponts entre les Églises protestantes de France et du Proche-Orient. Les célébrations de ce centenaire vont s’étaler tout au long des années 2021-2022, et commencent dès ce mois de janvier avec un cycle de rencontres à Beyrouth. Organisées sous forme de visioconférences, elles seront accessibles à toute personne intéressée : pour s’inscrire, c’est ici…

C’est à travers une série d’événements, ponctuant les années 2021 et 2022, que l’ACO – Action chrétienne en Orient – prépare les célébrations de son centenaire. Des événements qui prendront place aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient. Le premier s’annonce dès ce mois de janvier 2021, avec une série de conférences organisées par l’Université Haigazian de Beyrouth. Ces rencontres, qui auront lieu sous forme de visioconférences (situation sanitaire oblige) auront lieu les 28 et 29 janvier, à chaque fois de 16h à 18h30. Les conférences porteront sur les missions européennes et les Églises protestantes au Moyen-Orient au XXème siècle, et seront animées à la fois par des historiens et des acteurs engagés de l’ACO. La langue des intervenants sera l’anglais, et pour s’inscrire, il suffit d’envoyer un message à l’adresse suivante : wilbert.vansaane@haigazian.edu.lb .

Les chrétiens d’Orient ont été souvent victimes de discriminations et de violences, mais ils représentent encore aujourd’hui des communautés vivantes et dont la présence aide au vivre ensemble. Or au début du XXème siècle, au Moyen-Orient, un habitant sur quatre était chrétien ; ils ne sont plus désormais que 11 millions parmi 320 millions de musulmans (soit un sur 30), partout minoritaires et contraints de chercher la protection des pouvoirs en place pour continuer à exister. Et au sein de cette minorité, les Églises protestantes, avec lesquelles l’ACO est en lien, représentent elles-mêmes un tout petit nombre. «Minoritaires au sein de la minorité chrétienne composée d’Églises traditionnelles orientales, orthodoxes et catholiques», souligne l’ACO, «leur environnement est marqué par l’Islam avec ses différents courants théologiques et ses résonances sociales et politiques. Leur contexte est celui d’une région du monde secouée par des crises géopolitiques aux enjeux divers et complexes, où les puissances régionales et occidentales confrontent leurs intérêts. Pour autant les Églises protestantes que nous soutenons au Moyen-Orient rayonnent par leur témoignage vécu au nom de l’Evangile, par leurs œuvres éducatives et sociales, par leurs convictions pacifiques et critiques, par leur souci des relations œcuméniques entre Églises, par leur dialogue avec l’Islam et les minorités religieuses de la région.»

De la Syrie au Liban, puis à l’Iran

Syrie : la renaissance de la paroisse de Kharaba © ACO

À sa création en 1922, l’ACO avait pour but de secourir les populations arméniennes victimes des exactions turques. Son fondateur, le pasteur Paul Berron, décrit dans « Souvenirs des jours sombres » (L’Harmattan) ce qu’il a vu et vécu à partir de 1916 au contact de ces réfugiés, tout en dénonçant la « politique d’extermination » alors mise en œuvre par les autorités turques. Alsacien, donc citoyen allemand avant la Première Guerre mondiale, il avait été envoyé comme aumônier en Syrie et dans la région pour établir et superviser des foyers du soldat. La guerre finie et l’Alsace réintégrée à la France, ce même pasteur Berron, devenu de fait citoyen français, put ainsi passer outre l’interdiction qui frappait les œuvres missionnaires allemandes et créa l’Action Chrétienne en Orient.

Grâce aux paroisses protestantes alsaciennes, mais aussi grâce à des comités néerlandais et suisses, l’ACO a rapidement étendu son œuvre et touché aussi bien les personnes de culture arménienne que de langue arabe et assyrienne, en Syrie mais également au Liban puis plus tard en Iran. Aujourd’hui, grâce à de nombreux partenariats, l’ACO soutient des projets très variés dans les domaines de l’éducation, du social, de la santé, de la solidarité en contexte de crise, de la résolution des conflits, de la formation théologique, de la vie d’Église au sein de communautés locales.

«C’est toute l’humanité qui se joue là»

Parmi ces partenariats, il y a le Défap. Au cours des dernières années, l’ACO a eu l’occasion de collaborer de manière quasi quotidienne avec le Service Protestant de Mission, notamment pour l’envoi de volontaires, au Liban, en Égypte… Dans ce pays par exemple, le Défap a assuré le suivi des envoyés de l’ACO en lien avec les Églises protestantes locales, dans le cadre de la plate-forme Moyen-Orient. Il s’agissait de missions d’enseignement (soutien scolaire, apprentissage de l’expression française), mais au-delà, d’une expérimentation quotidienne du « vivre ensemble » propre à faire mentir ceux qui prêchent la violence entre les communautés. Comme le racontait une ancienne envoyée, décrivant l’école où elle travaillait : «Chrétiens et musulmans se côtoient dans le corps enseignants et chez les élèves (…) Dans cette société égyptienne fragmentée c’est, d’après moi, une bénédiction !»

Comme le soulignait il y a quelques années le pasteur Thomas Wilde, alors directeur de l’Action chrétienne en Orient : «L’ACO travaille pour qu’on se souvienne. Elle a le souci des minorités opprimées : c’est toute l’humanité qui se joue là. L’humanité de l’homme est perdue si on laisse l’oubli s’installer. C’est le devoir des chrétiens et des citoyens du monde de ne pas se résigner.»

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