«Pour que les chercheurs puissent chercher, d’autres doivent s’affairer…» Nous vous proposons aujourd’hui un détour par les coulisses de la bibliothèque du Défap, qui dispose d’un fonds unique sur l’histoire des missions protestantes francophones. Un fonds qui doit être entretenu, valorisé… ce à quoi s’affaire toute une équipe de passionnés. Exemples avec cette exploration d’un fonds iconographique, celui de Jean Keller (1900-1993), infatigable voyageur à travers le continent africain, au service de la Société des missions évangéliques de Paris (la SMEP, ancêtre du Défap) ; et avec cette plongée dans les archives d’une « dynastie » missionnaire, les Ellenberger, trois générations au Sud de l’Afrique.

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Jean Keller (Paris 1900 — Aix-en-Provence 1993)
ou le voyageur infatigable

L’histoire en images

Fonds photographique remis par sa fille Arlette en 2010. Environ 1200 diapositives, en couleurs pour la plupart, réalisées principalement dans les années 1950-1960, parfaitement conservées, classées et légendées. Un fonds que Bernard Moziman inventorie et indexe.

Bernard Moziman au travail © Défap

 

 

Le pasteur Jean Keller sillonne l’Afrique subsaharienne d’Ouest en Est, entre 1943 et 1966, à une période-charnière, celle des indépendances. Missionnaire de la Société des Missions évangéliques parti au Gabon dès 1924, devenu agent de liaison durant la guerre entre le siège de la Mission à Paris et les missionnaires à l’oeuvre sur le continent africain.

Voyageur infatigable, on le découvre photographe curieux de tout : des gens qu’il rencontre, des pays qu’il découvre, des événements auxquels il prend part, ou dont il est simple témoin. Marcher sur ses traces, nous oblige à réviser notre géographie, en même temps que notre histoire : Rhodésie, Dahomey, Haute Volta, Soudan français… des noms lointains voire ignorés aujourd’hui !

Un parcours non dénué d’humour lorsqu’au détour d’une boîte, émergent des vues prises d’avion portant pour toute légende : « Mer de nuages au-dessus du Congo belge ».

Une geste familiale entre Afrique et Europe, les Ellenberger
ou quand une dynastie missionnaire sort de sa boîte

Un trésor dans une malle

Environ une centaine de boîtes – mais aussi une « malle Ellenberger » – remises par la famille au courant de l’année 2016 et dont Jean-François Faba entreprend le classement et la description.

Jean-François Faba © Défap

 

 

Trois générations de missionnaires au Lesotho. Depuis le grand ancêtre venu de la Suisse, David Frédéric (1835-1920), quarante-cinq ans en Afrique australe, en passant par Victor (1879-1972), son fils – également missionnaire en Zambie –, et le frère de ce dernier, René Ellenberger (1873-1944) -missionnaire au Gabon -, pour arriver à Paul (1919-2016). Trois générations de pasteurs qui se révélèrent aussi ethnologues, linguistes, traducteurs, historiens, paléontologues…

Le tableau serait incomplet si l’on ne citait pas les femmes de la famille, Emma Hartung, Emma MacGregor, Evangéline Christol, Lucie Ellenberger…

Une mémoire familiale autant que missionnaire – correspondances, cahiers de souvenirs rédigés par Victor et abondamment illustrés, nombreux manuscrits de livres publiés par la suite, de traductions de textes en sotho, mais aussi prédications et documents imprimés, parfois uniques en raison des notes et commentaires manuscrits qui les accompagnent.

De rares objets, hétéroclites, aux allures de reliques… Comme ce morceau d’ardoise prélevé à Stanger – en zulu, KwaDukuza, ville fondée par le chef zulu Shaka -, sur le site présumé de son assassinat en 1826. Entre mythe et histoire.

Entre colle et reliure…
Une « totale rénovation » ?

Dans l’univers des livres rares

Le jeudi matin, c’est l’atelier récolement… Une entreprise de longue haleine qui se déroule dans les entrailles de la bibliothèque où se trouvent les magasins.

Mireille Boissonnat © Défap

 

 

Avec Mireille Boissonnat, c’est un état des lieux de notre fonds ancien (16e-19e siècle) que nous dressons, sur la base des registres d’inventaire.

Opérations de dépoussiérage des rayonnages et des ouvrages, petites réparations, mesures de prévention, repérages pour des travaux plus importants.

Satisfaction de manipuler quelques-uns parmi les ouvrages les plus vieux et les plus curieux du fonds. Jongler avec les dates en chiffres romains, repérer les ex-libris des propriétaires antérieurs, les dédicaces, apprécier un frontispice, des planches de gravure. Tout un univers propre à l’objet-livre, voyage virtuel dans le temps mais aussi dans l’espace-monde tel qu’il était appréhendé par nos ancêtres.

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