Méditation du jeudi 18 octobre 2018. Nous poursuivons notre série pour une lecture interculturelle du cycle de Joseph. Et nous prions pour notre envoyé au Timor oriental.
Les frères de Joseph se rendirent dans la région de Sichem, pour y faire paître les moutons et les chèvres de leur père.
Un jour Jacob dit à Joseph : « Tes frères gardent le troupeau près de Sichem. Va les trouver de ma part. » — « Oui, père », répondit Joseph.
Jacob reprit : « Va voir s’ils vont bien, ainsi que le troupeau. Puis tu m’en rapporteras des nouvelles. Jacob l’envoya donc depuis la vallée d’Hébron.
Quand Joseph arriva près de Sichem, un homme le rencontra tandis qu’il errait dans la campagne ; il l’interrogea : « Que cherches-tu ? » — « Je cherche mes frères, répondit Joseph ; peux-tu me dire où ils sont avec leur troupeau ? » L’homme déclara : « Ils sont partis d’ici. Je les ai entendus dire qu’ils allaient du côté de Dotan. » Joseph partit à la recherche de ses frères et les trouva à Dotan.
Ceux-ci le virent de loin. Avant qu’il les ait rejoints, ils complotèrent de le faire mourir, se disant les uns aux autres : « Hé ! voici l’homme aux rêves ! Profitons-en pour le tuer. Nous jetterons son cadavre dans une citerne et nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré. On verra bien alors si ses rêves se réalisent. »
Ruben les entendit et décida de sauver Joseph. « Ne le tuons pas ! » dit-il.
Puis il ajouta : « Ne commettez pas un meurtre ; jetez-le simplement dans cette citerne du désert, mais ne le tuez pas. » Il leur parlait ainsi afin de pouvoir le sauver et le ramener à son père.
Dès que Joseph arriva près de ses frères, ils se saisirent de lui, le dépouillèrent de sa belle tunique et le jetèrent dans la citerne. — Cette citerne était à sec, complètement vide. —Puis ils s’assirent pour manger.
Ils virent passer une caravane d’Ismaélites, qui venaient du pays de Galaad et se dirigeaient vers l’Égypte. Leurs chameaux transportaient diverses résines odoriférantes : gomme adragante, baume et ladanum.
Juda dit à ses frères : « Quel intérêt avons-nous à tuer notre frère et à cacher sa mort ? Vendons-le plutôt à ces Ismaélites, mais ne touchons pas à sa vie. Malgré tout, il est de notre famille, il est notre frère. » Ils donnèrent leur accord.
Mais des marchands madianites, qui passaient par là, tirèrent Joseph de la citerne. Ils le vendirent pour vingt pièces d’argent aux Ismaélites, qui l’emmenèrent en Égypte.
Lorsque Ruben alla regarder dans la citerne, Joseph n’y était plus. Ruben, désespéré, déchira ses vêtements, revint vers ses frères et s’écria : « Joseph n’est plus là ! Que vais-je faire maintenant ? »
Les frères égorgèrent un bouc, prirent la tunique de Joseph et la trempèrent dans le sang. Ensuite ils l’envoyèrent à leur père avec ce message : « Nous avons trouvé ceci. Examine donc si ce n’est pas la tunique de ton fils. »
Jacob la reconnut et s’écria : « C’est bien la tunique de mon fils ! Une bête féroce a déchiqueté Joseph et l’a dévoré. » Alors il déchira ses vêtements, prit la tenue de deuil et pleura son fils pendant longtemps. Tous ses enfants tentèrent de le réconforter, mais il refusa de se laisser consoler ; il disait : « Je serai encore en deuil quand je rejoindrai mon fils dans le monde des morts. » Et il continua de le pleurer. Genèse 37, 12-35
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Jacob a vécu la violence des relations fraternelles avec son frère Esaü. Malgré cela, c’est avec une relative inconscience qu’il envoie Joseph, seul, vers ses frères dont il connait pourtant la jalousie. Peut-être désire-t-il, en le mettant dans ce rôle de « demandeur de nouvelles », l’éduquer à la modestie, et apaiser ses autres fils ! Si tel est le cas, il paiera cher son initiative.
Mais comment aurait-il pu imaginer ses fils prêts à tuer l’un d’entre eux ? Malgré ce que nous savons de l’histoire et de la nature humaine, il semble que nous ne parvenions que rarement à anticiper le déchaînement de la violence. Et ce qui est vrai de la famille de Jacob l’est aussi au niveau des peuples et des pays. Qu’il s’agisse dans un proche passé du Rwanda, de l’ex-Yougoslavie, ou de l’Irak et la Syrie d’aujourd’hui, comment imaginer que d’anciens voisins vont s’entretuer !
Les frères de Joseph en sont au stade où ils ne peuvent plus voir Joseph sans désirer le supprimer. Son existence même est comme une insulte à ce qu’ils sont et ne sont pas. Alors il devient le bouc émissaire, dont l’exécution sert à satisfaire leur soif de violence.
Contre cet instinct vont pourtant lutter, chacun à sa manière, Ruben et Juda. Ils ne parviendront pas à rétablir complètement la situation, mais du moins le sang humain aura été remplacé par le sang d’un bouc, ce qui peut rappeler le bélier qui fut sacrifié à la place d’Isaac sur le Mont Moriah.
Mais Joseph, vendu comme esclave en Egypte, aura disparu de la vue de son père, qui pleure toutes les larmes de son corps et refuse de se laisser consoler. Cette « inconsolation » n’est-t-elle pas celle de Dieu lui-même, devant les maux que ses enfants s’infligent les uns aux autres sur cette terre ?
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Nous prions pour notre envoyé au Timor oriental
Mon Dieu, je viens vers toi
Le cœur habité de tous ces enfants livrés à eux-mêmes
Dans les rues des cités
Dans les bidonvilles
Dans les camps de réfugiés.
Ils ne connaissent ni paix ni avenir
Ni amour ni sécurité.
Ils sont victimes de la folie des hommes
Génération sacrifiée.
Mon Dieu je viens vers toi
Le cœur habité de tous ces jeunes
Qui se cherchent
Qui te cherchent sans le savoir.
Ils sont là dans les rues à crier leur désarroi
Ils n’osent plus croire en l’avenir.
Seigneur tu as pris les petits dans tes bras
Et de tes mains tu les as bénis.
Tu as regardé le jeune homme riche
Avec compassion avec amour.
Toi le Dieu de la vie
Tu as une espérance pour chacun d’eux.
Rends-nous attentifs à ta voix, à ta volonté
Et fais de nous aujourd’hui des témoins d’espérance et de vie
Pour tous ceux qui croiseront notre chemin.
Sœur Danielle