Méditation du jeudi 11 octobre 2018 : pour une lecture interculturelle de la Bible. Nous prions pour nos envoyés en Égypte.
Jacob s’installa au pays de Canaan, dans la région où son père avait séjourné.
Voici l’histoire des fils de Jacob.
Joseph était un adolescent de dix-sept ans. Il gardait les moutons et les chèvres en compagnie de ses frères, les fils de Bila et de Zilpa, femmes de son père. Il rapportait à son père le mal qu’on disait d’eux.
Jacob aimait Joseph plus que ses autres fils, car il l’avait eu dans sa vieillesse. Il lui avait donné une tunique de luxe.
Les frères de Joseph virent que leur père le préférait à eux tous. Ils en vinrent à le détester tellement qu’ils ne pouvaient plus lui parler sans hostilité.
Une fois, Joseph fit un rêve. Il le raconta à ses frères, qui le détestèrent encore davantage. «Écoutez mon rêve, leur avait-il dit : Nous étions tous à la moisson, en train de lier des gerbes de blé. Soudain ma gerbe se dressa et resta debout ; toutes vos gerbes vinrent alors l’entourer et s’incliner devant elle. »
« Est-ce que tu prétendrais devenir notre roi et dominer sur nous ? » lui demandèrent ses frères. Ils le détestèrent davantage, à cause de ses rêves et des récits qu’il en faisait.
Joseph fit un autre rêve et le raconta également à ses frères. « J’ai de nouveau rêvé, dit-il : Le soleil, la lune et onze étoiles venaient s’incliner devant moi. »
Il raconta aussi ce rêve à son père.
Celui-ci le réprimanda en lui disant : « Qu’as-tu rêvé là ? Devrons-nous, tes frères, ta mère et moi-même, venir nous incliner jusqu’à terre devant toi ? »
Ses frères étaient jaloux de lui, mais son père repensait souvent à ces rêves. Genèse 37,1-11
Les rêves de Joseph © Shoshannah Brombacher
Non seulement Jacob préfère son fils Joseph à ses autres fils mais il extériorise dangereusement cette préférence, notamment par l’habit remarquable dont il le revêt. Alors la haine qui s’empare de ses frères nous rappelle la scène primitive de Caïn et Abel, comme si la rivalité avec le frère demeurait, depuis l’origine, le défi fondamental que l’être humain doit affronter. Cela reste-t-il vrai quand il ne s’agit plus d’une fraternité de sang, mais d’une fraternité religieuse ou associative ?
Joseph en rajoute en racontant à ses frères un rêve étrange qui ne peut que les provoquer. Alors qu’ils sont tous bergers les voici en train de moissonner ensemble, et les gerbes des frères s’inclinent devant celle de Joseph. Est-ce un songe prémonitoire annonçant le rôle du futur ministre de Pharaon en Égypte ? Ou une allégorie de sa domination ?
Au lieu de s’interroger vraiment, et avec Joseph, sur les significations possibles de son rêve, ses frères vont tout de suite le comprendre dans le sens qui attise leur haine.
Alors Joseph renchérit par un second rêve, où sa toute-puissance s’exprime ostensiblement cette fois. Car ce sont les forces cosmiques qui s’inclinent devant lui. Et il en fait part non seulement à ses frères mais également à son père Jacob, qui semble s’indigner et en garde mémoire.
Quel est le rôle des parents, des éducateurs, dans les relations au sein des fratries ? Quelle conscience ont-ils des germes de jalousie et de violence ? Est-il possible de faire de la prévention sur les questions de rivalité, de place dans la famille, d’aspiration à la justice et à l’égalité ? Si la famille est une micro-société, ces questions ont forcément une répercussion sur l’ensemble du corps social.
Source : Pixabay
Nous prions pour nos envoyés en Égypte avec cette « prière de l’éducateur ».
Seigneur ils vont leur chemin
Ces garçons et ces filles
Comme tes disciples vers Emmaüs.
Tu les as mis sur leur route.
Donne-moi de les rejoindre
Comme tu m’as rejoint dans mon histoire
Respectant les méandres, les déviances de ma vie.
Apprends-moi, Seigneur, non seulement à les voir
Mais à les regarder :
Ces visages chiffonnés, lisses
Ou ceux dont le sourire dit le cœur
Ces yeux vides, fuyants
Ou ce regard pétillant d’étoiles.
Apprends-moi, Seigneur, à rejoindre ton désir pour eux
En embrassant toute l’étendue de leurs propres désirs.
A ne pas me figer sur ce qu’ils sont
Mais à ma fixer sur ce qu’ils ne sont pas encore.
Comme toi avec tes deux disciples
Donne-moi de les aider
A apprendre que l’essentiel est de goûter les choses intérieurement.
Apprends-moi, envers eux,
L’infinie patience que tu nous portes déjà.
Que je sache leur dire, comme toi si souvent :
« Lève-toi et marche ! »
Que je puisse les inviter à incliner leur cœur
Vers cet Autre qui les habite déjà !