Moments de joie, de découverte, de découragement, d’accomplissement : la première partie de la «session retour», au matin du 6 octobre, a permis aux divers envoyés du Défap revenus de mission d’échanger entre eux et de faire un bilan de leur engagement à l’international.

Photo de groupe de la session retour d’octobre 2018 © Défap

Ils sont une quinzaine réunis dans la «salle de cours» au deuxième étage du 102 boulevard Arago. Une quinzaine d’envoyés du Défap de retour de mission : il y a là des Services civiques partis pour une dizaine de mois, des Volontaires de Solidarité Internationale partis parfois pour des missions de plusieurs années, jusqu’à neuf ans… Ils reviennent de Madagascar, de Tunisie, du Bénin, du Sénégal, d’Égypte, du Congo… La lumière du soleil de ce début de matinée d’octobre peine à rivaliser avec l’éclairage de la «salle de cours», dont les tables disposées en «U» sont parsemées de feuilles où les envoyés commencent à tracer des lignes colorées qui s’entrecroisent. Nous sommes au début du premier module de la session retour des envoyés : «Le retour, vécu et partage».

«Les conceptions de l’efficacité ne sont pas les mêmes»

Pour aller plus loin :

Circulant au milieu des tables, Laura Casorio, responsable des envoyés et qui s’occupe de cette «session retour» avec Caroline Mpessa Lobe, donne les dernières consignes. «Il est important, au cours d’une telle session, de ne pas avoir seulement une évaluation personnelle, mais aussi un moment d’évaluation partagée. Ce matin, il s’agit de travailler la première partie. Je vous propose de vous inspirer de ce que nous avions vu lors de la formation au départ : la courbe de l’expatriation. On part toujours dans l’enthousiasme de la découverte. Puis, sur le terrain, on découvre la réalité, assez différente de ce qu’on imaginait. Du coup, il faut trouver une stratégie pour s’adapter. Il y a des hauts et des bas… Vous allez dessiner la courbe de votre mission. Quels sont les événements qui ont marqué un changement, un retournement de tendance ? Cet après-midi, on travaillera le deuxième aspect avec Florence Taubmann : rester en contact. Et on s’attachera à cette question : le travail que vous avez fait là-bas, comment le valoriser ?»

Autour des lignes colorées dont se couvrent les feuilles blanches, on échange, on commente ; chacun est ensuite invité à raconter l’histoire de sa propre courbe. On parle de moments de joie, de découverte, de découragement, d’accomplissement… et de tous les souvenirs qui restent, parfois de manière brute, parfois avec, déjà, un certain recul. Certains n’évoquent que de bons souvenirs. D’autres veulent déjà repartir, et construire dans ce pays qu’ils ont découvert. Une envoyée reconnaît «des tempêtes, des orages, jusqu’à la fin où tout s’est amélioré». Une autre glisse : «Pour moi, ce qui est dur, c’est le retour. Je suis restée neuf ans en Tunisie, la réadaptation en France est difficile».

«Il y a de la bonne terre, à côté des terrains arides»

Un arbre pour noter réussites, coups de blues, difficultés et accomplissements © Défap

Puis, tous ensemble, les participants sont invités à noter des éléments de leur expérience sur une grande feuille où est dessinée la silhouette d’un arbre. Que restera-t-il de leur expérience, qui participera à la croissance de l’arbre et se retrouvera dans la verdure du feuillage ? Qu’est-ce qui tombera près des racines, au milieu des feuilles mortes ?

Après la pause et l’indispensable photo de groupe de la session, place à des témoignages plus fouillés, à base de photos, de vidéos : les participants se divisent en deux groupes pour le deuxième module de la matinée : «Ma mission : lieu, Église et structure d’accueil, vie quotidienne». Cette fois, chacun raconte les circonstances de sa mission, les difficultés rencontrées, les visions différentes du monde qui parfois se heurtent. «Les conceptions de l’efficacité ne sont absolument pas les mêmes entre la France et Madagascar», commente ainsi une envoyée.

Comme le soulignait dès le début de la matinée Tünde Lamboley, qui fait partie des permanents du Défap, lors de sa méditation ouvrant la session retour : «Vous qui êtes partis vous mettre au service des autres, vous êtes partis avec vos forces et vos faiblesses. Le bilan de ce que vous avez accompli lors de votre mission, vous avez sûrement commencé à le faire, et vous continuerez. Ni le semeur, ni le terrain ne sont parfaits. Nous devons accepter à l’heure du bilan de nous mettre sous le regard bienveillant d’un autre ; lui sait ce que vous avez accompli, pour que les graines semées dans la bonne terre poussent – car il y a de la bonne terre, à côté des terrains arides.»

Franck Lefebvre-Billiez

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