Ouverture de la session 2018 de la formation des envoyés du Défap : premiers échanges dans le jardin… © Défap

Ils s’appellent Paul, Aurélie, Soledad, Olivier, Guiem, Patty, Ben, Ingrid, Shannon ; ils partent pour Madagascar, la Guadeloupe, la Tunisie… Pour l’heure, tous sont réunis dans le jardin du Défap, autour d’une table où sont disposés café, gâteaux, jus de fruits. La journée est déjà chaude, on a tendance à chercher l’ombre des arbres pour échapper au soleil, et la rumeur de la vie parisienne est étouffée, déjà mise à distance. Nous sommes au matin du 9 juillet, en ce début d’été 2018, et la session de formation des envoyés commence tout juste. Les uns et les autres prennent contact, font connaissance. On se présente. Les permanents du Défap sont là aussi, circulant parmi les groupes. Des papiers ont été distribués pour favoriser les échanges sous forme de jeux ; ce sont des grilles de questions, que chacun est incité à poser aux personnes qu’il rencontre pour pouvoir compléter la feuille, et le tutoiement vient facilement : pars-tu pour la première fois avec le Défap ? Seul ou en famille ? Pour quel pays ?

Bientôt, Laura Casorio intervient, pour déclarer cette session de formation ouverte. Responsable du suivi des envoyés tout au long de l’année, c’est elle qui coordonne ces deux semaines avec leurs diverses thématiques (problématiques administratives ou de santé, questions interculturelles, relations interreligieuses, visions de la France à l’étranger) et leurs divers ateliers.

Un autre regard sur les relations Nord-Sud

Réunis en demi-cercle à l’arrière du bâtiment du Défap, face à la terrasse, futurs envoyés et permanents se présentent plus formellement, en quelques mots. Avant de passer dans la chapelle et de prendre place autour d’une série de tables disposées en «U», pour la première intervention de la journée : une présentation générale du cadre dans lequel opère le Défap. Histoire des missions et de leur évolution historique en fonction d’un contexte qui a subi de profondes mutations – notamment autour des années 60 ; première approche de la vision du monde que la mission implique aujourd’hui… Avec, déjà, quelques remises en cause de conceptions qui passent trop facilement pour des vérités établies.

Jean-Luc Blanc, le nouveau secrétaire général du Défap, chargé de cette présentation, projette par exemple sur l’écran un planisphère où le pôle sud est en haut, le pôle nord en bas. Ce n’est pas la seule différence par rapport aux cartes habituelles : les frontières n’y figurent pas. Et à la place des noms de pays sont indiqués des noms de peuples ou d’ethnies… Quelques données chiffrées viennent aussi donner des relations Nord-Sud une image différente, avec des relations qui sont passées au fil du temps de la dépendance à l’indépendance, et des enjeux qui sont en train de se transformer radicalement : ainsi en 2050, un quart de l’humanité vivra en Afrique ; 60% des réserves de terres cultivables se trouvent sur le continent africain, de même qu’un tiers des réserves minières… Le taux de croissance de toute la zone Afrique est de 5% par an sur la dernière décennie, et de nombreux pays y affichent des croissances à deux chiffres… De quoi remettre en cause sérieusement l’image bien établie d’un Nord venant en aide au Sud, avec tout ce qu’elle implique de relations biaisées : comme le dit un proverbe africain cité par Jean-Luc Blanc, «la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit».

… et première présentation de la formation : une introduction au contexte dans lequel évolue le Défap © Défap

La pause de midi donne lieu à un premier repas partagé entre tous les participants de la formation, futurs envoyés et membres de l’équipe du Défap. L’après-midi, la parole est à Florence Taubmann, responsable du service Animation-France, pour une présentation sur le thème : «Être envoyé en mission». «Vous avez décidé de partir, note-t-elle en introduction ; ce n’est pas le choix de tout le monde. Certains en rêvent et ne le font pas, d’autres ne l’envisagent même pas… Il y a ceux qui partent, et ceux qui restent : comme s’il y avait en nous un appel, que certains entendent et d’autres pas.» Et de souligner que cet appel s’inscrit nécessairement dans une histoire collective, qui lui donne son sens. Après quoi, l’assistance est invitée à réfléchir par groupes sur les motivations qui poussent à partir en mission, sur les conditions de ce départ – qu’emporte-t-on, que laisse-t-on derrière soi ? Quelles différences entre partir seul ou à deux ? Qu’est-ce qui peut amener à se sentir bien ou mal accueilli ?

Puis vient l’heure de la visite, en deux groupes, de la maison Défap et de sa bibliothèque…

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