Visite des étudiants en Mastère professionnel de l’IPT © Défap |
Assis côte à côte à la même table, Claire Oberkampf et Christo Karawa échangent avec Laure Daudruy, responsable du service financier du Défap. Nous sommes le 14 mai, le repas s’achève dans la salle à manger du 102 boulevard Arago qui reçoit pour la journée neuf étudiants en Mastère Professionnel de l’Institut Protestant de Théologie (IPT), accompagnés du professeur Élian Cuvillier. Claire Oberkampf, future pasteure et violoniste, est née dans une famille protestante ; son père était pasteur lui-même. Après une licence d’allemand, elle s’est orientée vers des études de théologie. Elle est partie en Allemagne, à la faculté de théologie d’Heidelberg, pour y faire sa troisième année, avant de revenir en France pour un Mastère Recherche, puis un Mastère Professionnel. Christo Karawa, pour sa part, est d’origine congolaise : il vient de Kinshasa, où il a fait ses études de théologie jusqu’à la licence, avant de bénéficier d’une bourse de la Fondation Eugène Bersier pour un Mastère Recherche à Strasbourg. Se destinant lui aussi à devenir pasteur, il a poursuivi sur un Mastère Professionnel.
Claire Oberkampf, Christo Karawa : deux parcours très différents, pour deux pasteurs qui seront en poste dans des paroisses de l’Église Protestante Unie de France (EPUdF) à partir du 1er juillet 2018, et qui illustrent chacun à sa manière les évolutions que connaît le protestantisme français. Un protestantisme de plus en plus divers, de plus en plus ouvert à des influences nouvelles, dans un contexte où la sécularisation croissante pousse aux rapprochements au sein des Églises. «S’affirmer aujourd’hui en tant que chrétien, en France, ce n’est pas toujours facile», souligne ainsi Claire Oberkampf, qui juge nécessaire «d’apprendre à être chrétien avant d’être protestant». Si ses années de scoutisme l’ont aidée à faire vivre sa foi de manière pratique et vivante, elle a aussi beaucoup appris lors de l’année sabbatique qu’elle a prise à l’issue de son Mastère Recherche : une année au cours de laquelle elle s’est impliquée au Burkina Faso, auprès d’une association d’aide aux femmes et aux familles en grande difficulté. Une année qui lui a permis, également, de connaître d’autres visages du protestantisme à travers une Église des Assemblées de Dieu… D’où, sans doute, son intérêt pour les questions liées au dialogue œcuménique et à la jeunesse ; et la conviction, alors qu’elle s’apprête à devenir pasteure, de la nécessité de «travailler main dans la main avec les catholiques»…
«Transformer l’image ancienne de la Mission»
Ces évolutions du protestantisme français apportent sans doute des arguments supplémentaires à Élian Cuvillier, qui outre son rôle de directeur des études à l’IPT-Montpellier, est également directeur du Mastère Professionnel : il considère le Défap comme «un rouage essentiel de l’Église», avec lequel ses étudiants, en tant que futurs pasteurs, «seront nécessairement amenés à travailler». Pour sa part, Tünde Lamboley, responsable Jeunesse au sein du Défap, chargée également de la formation théologique, et qui a initié un rapprochement avec l’IPT à travers une série de «déjeuners-cultes», constate que le Service Protestant de Mission reste encore «trop souvent méconnu». D’où l’idée de cette journée de formation au 102 boulevard Arago. Au programme, une matinée de «reprise» – un culte préparé et célébré par un des étudiants dans la chapelle du Défap, commenté ensuite en groupe par tous les membres de la promotion de Mastère Professionnel ; et à la mi-journée, un repas en commun avec l’équipe du Défap sur le modèle des «déjeuners-cultes», pour présenter à la fois l’histoire, les activités et les différentes branches du Service Protestant de Mission. Le début d’après-midi étant consacré à une séance de questions-réponses de manière plus formelle dans la chapelle, les membres du Défap et les étudiants étant tous groupés en cercle pour faciliter les échanges.
Visite des étudiants en Mastère professionnel de l’IPT © Défap |
Ainsi, le repas terminé, chaque participant du cercle se présente à tour de rôle : Marie-Pierre, actuellement en stage à Houilles, dans les Yvelines, sera pasteure le 1er juillet de la paroisse de Plaisance, dans le 14e arrondissement de Paris. Christo, en stage à Grenoble, ira à Compiègne. Et les questions s’enchaînent, témoignant toutes d’un réel intérêt des étudiants pour le Service Protestant de Mission, qu’ils connaissent peu. De quelles Églises le Défap est-il le service missionnaire en France ? Avec quels pays est-il en relation ? Quelles sont les relations avec la responsable des relations internationales de l’EPUdF ? En cas de besoin d’une animation en paroisse autour de la Mission, à qui faut-il s’adresser ? Quelles sont les missions du pôle France ? «Il y a depuis quelques années tout un travail de fait pour transformer l’image ancienne de la Mission, explique Florence Taubmann, responsable du pôle France. Aujourd’hui, la Mission est au près, et pas seulement au loin. C’est ce que soulignait le titre du forum du Défap organisé en 2012 : « Le monde est chez toi ». Il y a une dimension interculturelle de plus en plus forte dans nos Églises, dans nos paroisses. Je travaille beaucoup sur cette dimension de la « Mission ici ». Mais pour mettre de la transversalité dans les actions des divers services du Défap, 20% de mon temps est consacré au service Relations et Solidarités Internationales (RSI) ; j’ai donc aussi une « responsabilité pays » : je m’occupe des relations avec Madagascar et le Nicaragua. De même, les membres du service RSI sont amenés à travailler pour le pôle France, par exemple en faisant des animations en paroisse».
«Il nous paraissait essentiel que ces futurs pasteurs, qui seront en poste dans quelques mois, puissent avoir un contact avec le Défap, conclut Tünde Lamboley. Qu’ils puissent rencontrer son équipe au moins une fois au cours de leur formation, identifier ses divers services.» Et arriver dans leur paroisse en ayant déjà en tête ce que le Défap peut leur offrir… Comme le souligne une des étudiantes et futures pasteures, «être impliqués dans la Mission, beaucoup de paroissiens ne seraient pas contre… mais quels outils leur donner pour savoir par où commencer ?»