Voilà quelques mois que je suis entré en fonction comme président du Service Protestant Mission – Défap et il me revient de délivrer aujourd’hui un message à notre Assemblée générale. Oui, je n’ai pas encore une vision très globale ni une compréhension en profondeur du Défap, mais je mesure ici et là les joies et les peines de notre service commun. Oui, je le dis d’emblée : le Défap est une pépite missionnaire pour ses Eglises membres.

Le Défap est une pépite déjà pour les nombreuses personnes talentueuses qui participent à son activité. Il y a des envoyés et des bénévoles de tous âges, de tous horizons, des théologiens, des salariés, des partenaires telles que de nombreuses associations et surtout la Cevaa, cette communauté d’Eglises en mission dont les trois Eglises mandatrices de Défap sont membres. Le Défap s’inscrit dans un gigantesque réseau de relations. Il est même un noeud de relations qui le transforme en caisse de résonance de ce qui se passe au près comme au loin. Si sa maison commune ne peut accueillir tout le monde, je vous assure que le monde entier y est représenté !

Le Défap est une pépite aussi et surtout par ce dont il vit : la mission qui ne cesse de se déployer depuis l’envoi par le Christ ressuscité de ses disciples pour annoncer l’Evangile et la conviction que la mission est soutenue par son Esprit. Les Eglises fondatrices, elles-mêmes en mission, mandatent le Défap pour faire vivre en elles la dimension universelle de la mission.
Il m’est arrivé d’entendre ici et là que certains membres de nos Eglises, voient dans la mission là-bas une survivance du passé. Il y a tant à faire ici, pourquoi aller ailleurs ? Pour ceux-ci le Défap n’est pas ou n’est plus une pépite. Il est plutôt une pierre qui plombe la vie spirituelle et financière des paroisses et des Eglises locales et régionales. Pourtant qui n’a jamais été traversé par une telle question, ne serait-ce qu’une fraction de seconde ? Le lieutenant de l’ADS, Matthieu Bösiger au forum missionnaire du Défap en octobre dernier à Sète rappelait: « ce n’est pas l’Eglise qui a besoin de la mission mais la mission qui a besoin de l’Eglise ». Pour ma part, j’ajoute ceci :

1. Oui, le Défap hérite d’un passé de la mission du 19ème et du 20ème siècle en partie. On se souvient qu’à l’époque la Mission développée par les sociétés évangéliques en France et ailleurs est née à la marge des Eglises, à leur côté et parfois contre elles. On se souvient également que, toujours à cette époque, la mission est vue comme une expansion géographique du christianisme à partir d’un centre, l’Europe, vers des périphéries, l’outre-mer. Or les choses ont bien changé depuis car les Eglises nées de la mission sont autonomes et se retrouvent au sein de la Cevaa. Et puis aussi car la mission, parce qu’elle est spirituelle, est transformatrice. Le COE a adopté un texte à Busan en 2013 qui est une affirmation sur la mission et l’évangélisation dans des contextes en évolution. Intitulé « Ensemble vers la Vie », le texte affirme que la spiritualité de la mission est transformatrice, notamment au §29 quand il dit : La spiritualité́ de la mission conteste et cherche a  transformer tous les systèmes et valeurs qui détruisent la vie, ou  qu’ils soient a  l’oeuvre – dans nos économies, nos politiques et même nos Eglises.

2. Oui, si les Eglises locales, régionales et nationales font l’impasse sur la dimension internationale de la mission, elles risquent de se priver d’une possibilité de vivre une véritable transformation spirituelle. Vivre la dimension universelle de l’Eglise, dans ce monde globalisé, donne aux communautés une force spirituelle extraordinaire à condition qu’elles soient accueillantes et se laissent interroger par les chrétiens venant d’ailleurs et réciproquement. Cette force de transformation spirituelle des communautés chrétiennes est aussi une réponse à ceux qui voient le Défap comme un lieu qui parle des étrangers et de ce fait est parfois mal reçu.

Le Défap est une pépite, mais comme toute pépite, comme tout joyau, il a quelques imperfections !
D’abord, cela rappelle que la mission se fait sous la croix du Christ. Ensuite, je veux pointer ici une faiblesse, à l’image, j’imagine, des Eglises qui la mandatent et qui a trait à ce qu’une membre de l’EPUdF me disait il y a quelques mois. Professeur d’université, spécialiste de la littérature du XVI°, devenue protestante, elle déclare que si la relation singulière entre le croyant et Dieu est fondamentale, elle regrette néanmoins que son Eglise oublie combien la création entière est au bénéfice du salut (Rm 8). Le texte « Ensemble pour la vie » du COE est comme une réponse à ce questionnement. Le §4 précise : Il est vital de reconnaitre la mission de Dieu dans un sens cosmique et d’affirmer que toute vie – la totalité́ de l’oikouméné – s’inscrit dans le tissu de vie de Dieu.

Sans doute, le Défap doit prendre davantage sa part dans sa mission de sensibilisation des Eglises membres à cette dimension écologique. Il ne s’agit pas ici d’obéir à un réflexe de type bobo, mais de promouvoir une théologie partagée qui prend en compte la globalité du salut en Christ. D’autant que certaines Eglises de la Cevaa sont de plus en plus directement concernées par le dérèglement climatique et la montée des eaux. Je pense par exemple aux ïles du Pacifique, mais aussi aux nombreuses inondations et tempêtes qui font des ravages y compris en France. De plus un rapport de l’ONU de 2015 annonce 250 millions de réfugiés climatiques à l’horizon 2050. On peut espérer que le nombre de réfugiés sera moindre si les décisions de la COP 21 sont mises en route et respectées sur la durée.
Je conclue en affirmant encore une fois que le Défap est une pépite pour la sensibilisation des Eglises à la dimension universelle de leur mission. Parce qu’il croit que la mission est spirituelle et donc qu’elle est une force transformatrice, le Défap engage seul ou en partenariat un grand nombre d’actions. Je voudrais en citer 5 parmi d’autres très nombreuses.

1. La vie spirituelle au Défap avec des temps de culte réguliers. La méditation du Jeudi sur le texte du dimanche suivant. Mesdames et messieurs les prédicateurs faites-en votre miel. Il est en ligne sur defap.fr tous les jeudi. C’est l’occasion pour les croyants et les communautés d’être stimulés dans leur dynamique missionnaire.

2. La réflexion théologique est constamment au coeur de la vie du Défap. Je vous renvoie à l’article de Jean-Luc Blanc intitulé Le Christ peut-il marcher sur les chemins de l’Islam –Méditations sur « l’entre-deux » paru dans le numéro 9 de la Lettre du Défap. Je vous renvoie également au travail initié par Florence Taubmann au forum de Sète qui stimulera également la vie spirituelle des communautés chrétiennes avec le thème des lectures discutantes et de l’écoute confessante et spirituelle de la Bible.

3. Les envois de volontaires, envois courts et longs. Il y a une opportunité remarquable aujourd’hui en la matière, notamment avec les volontaires du service civique international pour les 18-25 ans. Les personnes envoyées voient l’étranger et sa culture d’une autre façon. A leur retour, ils peuvent donner un nouveau dynamisme spirituel aux paroisses d’autant plus que ces envoyés ont vécu un temps de formation de qualité avant leur départ et à leur retour. Laura Casorio vous en dira davantage.
4. Faire travailler les Eglises sur la dimension universelle de la mission nécessite la consultation d’ouvrages et revues théologiques d’une part et d’autre part de pouvoir faire appel à une mémoire pour mieux mesurer le chemin parcouru. Le Défap offre les deux. Chacun peut consulter la bibliothèque et également ses archives. C’est ainsi l’occasion de rappeler que la mission a été autrefois dans certains champs de mission aux avant-postes de la lutte contre l’esclavage. Claire-Lise Lombard vous en dira plus.

5. Enfin, il faut rappeler combien le Défap participe avec de multiples partenaires à des actions innovantes en matière de mission et dynamise la mission des Eglises en faisant appel à des compétences. Je prends l’exemple de l’Institut OEcuménique de formation théologie Al Mowafaqa à Rabat, proche de l’Eglise Evangélique au Maroc, laquelle a une dimension sociale forte de présence dans les camps de réfugiés.

En tant que président, il me faut également parler de la vie institutionnelle du Défap. Celle-ci me serait assez étrangère sans un partage constant d’informations et de questions avec le secrétaire général, très impliqué dans sa mission. Il veille sur la Maison de la Mission et son fonctionnement, il donne des impulsions, il rend visite aux Eglises avec lesquelles le Défap est en relation. C’est dire à quel point son temps est pris. Qu’il soit remercié pour ce temps qu’il me donne. La commission Echange de Personnes, la Commission des Projets, la Commission financière, la commission de communication, les rencontres des Equipes Régionales Mission, les rencontres avec les associations portées fonctionnent régulièrement grâce à ceux qui président les commissions et aux exécutifs et aux autres salariés chargés de les accompagner. L’équipe d’accueil accomplit également sa mission avec le sourire et compétence et cela fait du bien aux personnes accueillies. Encore merci à toutes les équipes de salariés et de bénévoles sur le pont. Le bureau et le conseil se réunissent régulièrement. Le conseil est tenu informé des voyages accomplis par les secrétaires exécutifs, et c’est toujours un temps fort de partage. Il a pris le temps de réfléchir à son fonctionnement. Il va prendre du temps pour toiletter les statuts et le Règlement intérieur pour mettre davantage ces deux textes en cohérence l’un avec l’autre. Ce sera également l’occasion de vérifier si des articles doivent être modifiés ou non suite à la récente décision de l’Uepal de verser directement sa cible à la Cevaa à partir de 2018.

Quand je vois le nombre de personnes, jeunes et adultes, qui se portent volontaires dans le cadre du VSI ou VSCI, quand je vois combien d’étudiants étrangers sont en relation grâce aux bourses avec le Défap et ce malgré les obstacles érigés pour freiner leur venue en France, quand je vois combien la Parole de Dieu libératrice est annoncée en paroles et en actes, à temps et même à contretemps, ici et là-bas, je suis à reconnaissant à Dieu de ce qu’il accompli à travers tous.

 

Téléchargez ici le message dans son intégralité au format pdf

Téléchargez également ici le rapport du secrétaire général, Bertrand Vergniol ainsi que le rapport d’activité 2016.

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