Méditation du jeudi 23 mars 2017. Entrant dans la quatrième semaine du carême, nous prions pour notre envoyé à la Réunion, pour l’Eglise et pour tous les Réunionnais.
Source: Pixabay
En chemin, Jésus vit un homme qui était aveugle depuis sa naissance. Ses disciples lui demandèrent : « Maître, pourquoi cet homme est-il né aveugle : à cause de son propre péché ou à cause du péché de ses parents ? »
Jésus répondit : « Ce n’est ni à cause de son péché, ni à cause du péché de ses parents. Il est aveugle pour que l’oeuvre de Dieu puisse se manifester en lui. Pendant qu’il fait jour, nous devons accomplir les oeuvres de celui qui m’a envoyé. La nuit s’approche, où personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Après avoir dit ces mots, Jésus cracha par terre et fit un peu de boue avec sa salive ; il frotta les yeux de l’aveugle avec cette boue et lui dit : « Va te laver la figure à la piscine de Siloé. » — Ce nom signifie « Envoyé ». —
L’aveugle y alla, se lava la figure et, quand il revint, il voyait ! Ses voisins et ceux qui l’avaient vu mendier auparavant demandaient : « N’est-ce pas cet homme qui se tenait assis pour mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » D’autres disaient : « Non, ce n’est pas lui, mais il lui ressemble. » Et l’homme disait : « C’est bien moi. » Ils lui demandèrent : « Comment donc tes yeux ont-ils été guéris ? » Il répondit : « L’homme appelé Jésus a fait un peu de boue, il en a frotté mes yeux et m’a dit : « Va à Siloé te laver la figure. » J’y suis allé et, après m’être lavé, je voyais ! » Ils lui demandèrent : « Où est cet homme ? » — « Je ne sais pas », répondit-il. Jean 9,1-12
Pourquoi les disciples de Jésus lui posent-ils cette question sur l’origine du mal et de la souffrance ? Est-ce simple curiosité théologique de leur part ? Ou cherchent-ils à se rassurer, comme en leur temps les amis de Job, qui voulaient à tout prix interpréter son malheur comme l’effet d’une punition divine pour ses péchés. Dans cette logique absurde la santé viendrait prouver l’innocence, ou l’illusion de l’innocence vaudrait assurance tout risque ! Cela ne marche pas et n’a rien à voir avec Dieu, qui fait pleuvoir sur les justes et les méchants.
Mais parfois la question est posée par celui-là même qui se trouve en état de souffrance. Alors elle peut être considérée comme une forme de prière. « Est-ce toi mon Dieu qui m’envoie cette épreuve ? L’ai-je méritée de quelque façon ? »
Comment répondre à celui qui s’interroge du plus profond de son angoisse ? Jésus fait silence sur ce que Dieu seul sait et doit savoir ! Il n’explique rien du pourquoi de l’épreuve.
En revanche il nous invite à regarder vers l’avenir avec confiance et à accomplir avec lui les œuvres de lumière. Il nous apprend que l’aveugle-né n’est pas enfermé dans un destin ni une fatalité. Le temps reste ouvert. Certes nous ne sommes pas Jésus pour « réussir » comme lui le signe qui rendra la vue à celui qui ne voyait pas, mais il met à notre portée les gestes et les paroles de bénédiction, qui libèrent du désespoir mortifère et envoient vers la vie.
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Entrant dans la quatrième semaine du Carême, nous prions pour notre envoyé à la Réunion, pour l’Eglise et tout le peuple réunionnais avec cette méditation de Mgr Albert Decourtray (1923-1994).
Jamais homme n’a respecté les autres comme Jésus.
Pour lui, l’autre est toujours plus et mieux que ce à quoi les idées reçues, même des sages et des docteurs de la Loi, tendent à le réduire.
Il voit toujours en celui ou celle qu’il rencontre un lieu d’espérance, une promesse vivante, un extraordinaire possible, un être appelé, par-delà ses limites, ses péchés, et parfois ses crimes, à un avenir tout neuf.
Il lui arrive même d’y discerner quelque merveille secrète dont la contemplation le plonge dans l’action de grâce !
Il ne dit pas : « Cette femme est volage, légère, sotte, elle est marquée par l’atavisme moral et religieux de son milieu, ce n’est qu’une femme ». Il lui demande un verre d’eau et il engage la conversation.
Il ne dit pas : « Voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlisée dans son vice ». Il dit : « Elle a plus de chance pour le Royaume des Cieux que ceux qui tiennent à leurs richesses ou se drapent dans leurs vertus et leur savoir ».
Il ne dit pas : « Celle-ci n’est qu’une adultère ». Il dit : « Je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus ».
Il ne dit pas : « Cette vieille qui met son obole ans le tronc sur les œuvres du Temple est une superstitieuse ». Il dit qu’elle est extraordinaire et qu’on ferait bien d’imiter son désintéressement.
Il ne dit pas : « Ces enfants ne sont que des gosses ». Il dit : « Laissez-les venir à moi, et tâchez de leur ressembler ».
Il ne dit pas : « Cet homme n’est qu’un fonctionnaire véreux qui s’enrichit en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres ». Il s’invite à sa table et assure que sa maison a reçu le salut.
Il ne dit pas, comme son entourage : « Cet aveugle paie sûrement ses fautes ou celles de ses ancêtres ». Il dit que l’on se trompe à son sujet et il stupéfie en montrant avec éclat combien cet homme jouit de la faveur de Dieu :
Il ne dit pas : « Le centurion n’est qu’un occupant ». Il dit : « Je n’ai jamais vu pareille foi en Israël ».
Il ne dit pas : « Ce savant n’est qu’un intellectuel ». Il lui ouvre la voie vers la renaissance spirituelle.
Il ne dit pas : « Cet individu est un hors-la-loi ». Il lui dit : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».
Il ne dit pas : « Ce Judas ne sera jamais qu’un traître ». Il accepte son baiser et lui dit : « Mon ami ».
Jésus n’a jamais dit : « Il n’y a rien de bon dans celui-ci, dans celle-là, dans ce milieu-ci… ». De nos jours, il n’aurait jamais dit : « Ce n’est qu’un intégriste, un moderniste, un gauchiste, un fasciste, un mécréant, un bigot ». Pour lui, les autres, quels qu’ils soient, quels que soient leur statut, leur réputation, sont toujours des êtres aimés de Dieu. Jamais homme n’a respecté les autres comme cet homme. Il est unique. Il est le Fils unique, de celui qui fait briller le soleil sur les bons et sur les méchants.
Seigneur Jésus, fils de Dieu, aie pitié de nous, pécheurs !