Iris et Frank Reuter sont partis trois mois à l’Île Maurice dans le cadre d’une activité missionnaire. Ils assurent des formations sur les activités d’animation et s’occupent de l’école du dimanche. Ce projet de travail avec l’Eglise est soutenu par le Défap. Iris Reuter nous livre ici son témoignage.

« « Plus de la moitié des Français ne se réclament d’aucune religion », titre le journal Le Monde dans son édition du 7 mai 2015. Quelle différence avec la société d’ici, à l’île Maurice.

En balade au bord de la mer, j’arrive à la plage joliment dénommée « Le Bouchon ». Au bord de l’eau, un petit autel hindou. À quelques pas de là, une minuscule chapelle dédiée à Marie. Je roule en voiture et, au bord d’un port, quelques panneaux peints aux couleurs du drapeau mauricien (rouge comme le flamboyant, bleu comme le ciel, jaune comme le soleil, vert comme la canne à sucre), portent des inscriptions : l’environnement propre = santé. Et juste en dessous : « God is One ». Dans les villages, des murs sont peints avec des phrases : « Un esprit positif est un esprit paisible », ou « Un esprit positif est un environnement sain ».

Les religions, hindouisme, christianisme et islam, coexistent d’une manière naturelle. Chacun a son Dieu, pratiquement tout le monde est croyant. Il semble aller de soi que transcendance et immanence sont un. Je ne sais pas si la société est plus tolérante ou plus juste pour autant, je ne la connais pas encore assez, mais le fait est que les religieux ont souvent lutté pour les droits des engagés (Gandhi et ses collaborateurs), l’éducation pour tous (Jean Le Brun, fondateur de l’Église presbytérienne), ou encore  l’abolition de l’esclavage. La religion n’est donc pas vécue comme un « opium du peuple », mais comme la recherche d’une vie meilleure pour tous.

Je me sens bien dans une telle perception de la religion. Temple hindou, église catholique ou mosquée, on se sent le bienvenu, même si on ne partage pas la religion. Je me sens à l’aise dans une telle société. C’est si différent de la France, où la suspicion pèse sur toute religion. Pour moi, la religion, ou plutôt la foi, est une dimension naturelle et qui donne du sens pour l’humain et je me reconnais dans l’esprit de tolérance et d’accueil vécu ici.

Eglise Saint Columba à Phoenix

 

Mais comme toujours, tout n’est pas rose pour autant. Ainsi, il paraît que lors des recensements, le gouvernement (issu de la majorité hindoue) cherche à occulter les milliers de conversions des hindous au christianisme, notamment vers les mouvements évangéliques et pentecôtistes. Certains disent que le dialogue interreligieux sert notamment à éviter « que tout n’explose ». Lors des mariages mixtes de femmes chrétiennes avec un homme hindou ou musulman, souvent ces dernières doivent quitter leur religion d’origine. Mais est-ce là une question de religion ou de relation entre les sexes ?

Certes, je pense qu’au fond, chaque religion (mais pas pour autant chaque croyant !) a la conviction de détenir la vérité. Mais si cela n’empêche pas de vivre en tolérance avec le voisin qui ne croit pas la même chose, cela me va. Si cela permet de pratiquer en toute simplicité, cela me va. Car au fond : God is One… même si les religions sont multiples. »

Iris Reuter

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