Éric de Putter © Défap

Les proches d’Éric, son épouse, ses frères, ses parents continuent à porter la blessure à vif d’un arrachement prématuré. Sa jeune épouse, Marie-Alix, a été épargnée. Depuis, elle a mis au monde une petite fille, Rachel, qui ne connaîtra jamais son père. Tous ceux qui ont côtoyé et apprécié Éric, dans son parcours universitaire, son engagement associatif ou son envoi en mission au Cameroun dans le cadre du Défap, pleurent son absence avec un sentiment de profonde injustice et même de révolte pour certains. [Deux ans]* après, où en sommes-nous ?

L’enquête judiciaire en cours semble piétiner. Le Défap, à travers son président, multiplie les contacts avec l’ambassade de France au Cameroun, le Ministère camerounais de la Justice, le Ministère français des Affaires étrangères, la sénatrice des Français à l’étranger, le responsable du groupe parlementaire France-Cameroun. Pour l’instant ces démarches n’ont pas permis de faire aboutir l’enquête et de remonter jusqu’au coupable ou au commanditaire de ce meurtre, ce qui rend l’absence d’Éric encore plus douloureuse. Comment faire le deuil quand il n’y a personne à accuser, personne à pardonner ? La blessure reste ouverte.

Tout mettre en œuvre pour la justice

Nous n’avons, comme seule explication de ce geste meurtrier, que les positions courageuses prises par Éric pour dénoncer un certain nombre de dysfonctionnements qui aboutissaient, dans l’Université protestante d’Afrique Centrale (UPAC) où il enseignait, à une baisse du niveau académique, préjudiciable aux étudiants. Le Défap, avec les autres partenaires européens de I’UPAC, a maintenu sa pression sur le Conseil d’administration de I’UPAC, pour exiger une réforme en profondeur de la Faculté de théologie. Un nouveau président du Conseil de I’UPAC a été mis en place au cours de l’été 2013. Il semble mieux disposé à mettre en place ces réformes nécessaires sur le plan académique, déontologique et financier pour permettre à cette institution de redevenir un pôle théologique majeur dans le protestantisme francophone africain. Un groupe d’experts [travaille sur un plan de réformes concrètes qui devrait aboutir sous peu]*.

Nous sommes, aujourd’hui encore, nourris par l’idéal qui a porté Éric, par son exigence de vérité, de justice, de loyauté. À cause d’Éric, nous pouvons moins que jamais accepter la corruption, la dissimulation, les petits arrangements entre amis… Les Églises françaises membres du Défap sont fermement déterminées à réexaminer leur partenariat avec les Églises membres de la Communauté Cevaa (Communauté d’Églises en Mission) et à retravailler courageusement les questions de déontologie.

Christian Bonnet,
Secrétaire Général du Défap,
Février 2014

* Le texte initial a été amendé pour tenir compte du temps écoulé et des évolutions survenues depuis sa rédaction.
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