Honneurs terrestres pour représentants spirituels

 

En décembre 2013, un grand quotidien français les avait surnommés « les trois saints de Bangui » : ce sont le pasteur protestant Nicolas Guerekoyame-Gbangou, 55 ans, président de l’Alliance des évangélistes en Centrafrique ; Mgr Dieudonné Nzapalainga, 46 ans, archevêque de Bangui et chef de l’Église catholique ; et l’imam Omar Kobine Layama, 53 ans, président de la Conférence islamique.

 

Le 19 août de chaque année, le Système des Nations Unies célèbre la Journée mondiale de l’aide humanitaire. Ici photo de 2013 (Source : MINUSCA).

 

En clôture de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, le 19 août dernier, ils se sont vus décerner, au siège des Nations unies à Genève, le Prix Sergio Vieira de Mello 2015, pour leurs efforts accomplis dans le processus de réconciliation en Centrafrique.

Cofondateurs de Interfaith Peace Platform, plateforme interreligieuse, ils travaillent à favoriser le dialogue entre les trois religions les plus largement représentées dans le pays, et encouragent toutes les mesures préventives à la violence interconfessionnelle, élément marquant dans la guerre civile qui endeuille le pays depuis maintenant trois ans.

 

Le prix Sergio Vieira de Mello est remis tous les deux ans à une personne, un groupe ou une organisation ayant œuvré à la réconciliation de parties en conflit, perpétuant ainsi le souvenir et l’idéal de Sergio Vieira de Mello, représentant du Secrétaire général des Nations unies, mort à Bagdad (Irak), le 19 août 2003 dans une attaque à la voiture piégée.

 




Mission en RCA : interview du président de la FPF

François Clavairoly, président de la FPF, a répondu à nos questions par téléphone depuis la Centrafrique et nous a raconté la rencontre avec la présidente de l’Etat de la transition.

François Clavairoly a été reçu vendredi 26 juin avec la délégation protestante et le président de l’Eglise Christ Roi à Bangui par la présidente de l’Etat de la transition, Catherine Samba Panza.

Rencontre entre la délégation protestante et la présidente de transition

Sécurité & élections

 

L’entretien a duré une heure et demie.

La présidente a commencé en faisant « un premier tour d’horizon de la situation du pays ».

Ils ont abordé trois sujets : en premier lieu, la question de la sécurité. « La force Sangaris et les forces des Nations Unies sécurisent au mieux Bangui et ses alentours. On va vers une situation qui s’améliore », avec « l’ONU [qui] prend petit à petit le relais de la force Sangaris », explique François Clavairoly.
Sangaris est passée de « 1 700 à 900 soldats, et dans quelques mois il n’y en aura plus que 400, mais d’après la présidente, la situation sécuritaire est plutôt encourageante ».

Le deuxième sujet abordé concerne la préparation des élections, « prévues au mois d’octobre 2015 ».
Cependant, raisonnablement, elles « auront plutôt lieu en novembre ou décembre, mais l’essentiel est qu’elles auront lieu ». Pourquoi ? Car il faut d’abord recenser la population et c’est un processus long et compliqué, notamment en province car la saison des pluies approche, les routes deviennent de moins en moins praticables et les « moyens financiers et matériels sont limités ».

 

Enfin, la présidente a insisté sur le fait qu’elle « veut tenir parole, elle ne se présentera pas personnellement à l’élection présidentielle ». Elle veut accomplir son « travail de transition, puis laisser le pays dans les meilleures conditions possibles ».

Solidarité auprès des Eglises

 

Le président de la FPF a, quant à lui, raconté l’objet de la présence de la délégation à Bangui. Elle est venue montrer la « solidarité auprès des Eglises protestantes ».

« Nous avons rencontré notamment les Baptistes, qui ont un projet de construction d’école ». Cela montre « l’importance du rôle des Eglises dans le pays pour le vivre-ensemble, la réconciliation et la responsabilisation de la jeunesse », estime-t-il.

« Les Eglises protestantes ont un rôle à jouer », notamment dans la « formation des citoyens ».

 

Une situation complexe

 

« La RCA ne dispose pratiquement pas de fonds ni de marge de manœuvre, ce qui l’empêche d’avancer comme elle veut ». La présidente recherche donc un « appui auprès de la communauté internationale ».
Par ailleurs, « la gestion des mines de diamants est en passe d’être assouplie [l’embargo international a été partiellement levé fin juin, ndlr], de sorte que le gouvernement pourra peut-être disposer de moyens dans les mois qui viennent ».

Les élections vont être difficiles à organiser car les candidats sont très nombreux, entre 60 et 70 personnes ont, à l’heure actuelle, l’intention de se présenter pour la seule élection présidentielle.
Mais « peu ont l’étoffe pour relever les défis » qui sont nombreux : « économique, sécuritaire et éducatif », notamment.

Il existe aussi des « menaces internes : la sécurité intérieure n’est pas complètement assurée ». On voit encore des « exactions, brigandages ou affaires liées à des tensions interethniques ».

 

Un enjeu pour la FPF

 

François Clavairoly conclut : « Il y a là sans aucun doute un enjeu pour la FPF, [la possibilité] de découvrir des partenaires de différentes Églises, tout en évitant d’avoir une vision bilatérale, d’Eglise à Eglise. Nous pouvons avoir une vision multilatérale et fédérative. C’est en ce sens que la délégation travaillera à son retour en France ».

 




Mission en RCA : interview de la vice-présidente de la FPF

Christiane Enamé, vice-présidente de la Fédération Protestante de France, a répondu à nos questions par téléphone depuis la Centrafrique.

Comme nous vous le disions dans deux précédents articles, une délégation protestante est actuellement en Centrafrique.

La vice-présidente de la FPF, Christiane Enamé, nous parle de cette mission.
Après la visite du Centre protestant pour la Jeunesse (CPJ), la délégation s’est rendue hier, jeudi 25 juin, à Morija, au KM18 (quartier de Bangui, capitale de la République centrafricaine).

 

Impression générale

Christiane Enamé a pu constater de visu sur le terrain comment est utilisée l’aide récoltée en France, « et de quelle façon s’illustre le partenariat missionnaire entre France et Centrafrique à travers les Églises ».

 

De nombreuses personnes sont mobilisées sur place, notamment pour l’éducation des enfants.
Ils sont en train de tout reconstruire, au sens propre comme au sens figuré : les bâtiments sont réhabilités, les salles de classe sont restaurées et de nouvelles apparaissent. L’enseignement reprend, à partir de l’alphabétisation des enfants.

 

Visite dans une salle de classe en RCA

Le CPJ à un double rôle : il permet de donner à tous un minimum d’éducation et, par extension, « il permet d’éviter que la jeunesse soit en perdition et, par exemple, prenne les armes », insiste Christiane Enamé, avant d’ajouter qu’il est « très touchant mais très rassurant de voir le sérieux avec lequel tout le monde se mobilise ».

« C’est aussi à travers cela qu’on voit comment le Seigneur se manifeste », conclut-elle.

Deuxième jour de mission : visite à Morija

 

Christiane Enamé s’est rendue pour une visite au KM 18, avec l’équipe du conseil presbytéral de l’Église du Christ Roi.

Deux classes ont été construites : on retrouve ici l’engagement pour l’éducation qui a tant marqué la vice-présidente.

Un autre projet a été lancé par cette Église : la mise en place d’une station de pisciculture destinée à nourrir la population sur place. Un lopin en maraîchage a été également installé : une première récolte de légumes locaux a eu lieu, après trois mois de travail, preuve que la terre est bonne.

« L’idée, explique la vice-présidente, est de « montrer comment accompagner la population dans ses efforts pour se remettre des événements » auxquels elle a dû faire face.

La délégation a par ailleurs apporté le montant des dons récoltés dans les Eglises protestantes de Nîmes, à l’initiative de l’aumônier militaire Serge Martorana. Les habitants de Morija ont été « très touchés par ce geste qui les encourage. Cela témoigne du soutien dont ils bénéficient ».

D’autres projets sont en cours : notamment la construction d’une salle supplémentaire pour l’école primaire et le projet d’un centre de santé.

La vision de l’Église du Christ roi, c’est « d’être au plus près de l’habitant et de travailler avec lui à l’éducation » et aux autres projets qui aident à retrouver une vie normale.

 

Des enfants devant une école à Bangui

 

Troisième jour : rencontre avec le général Pierre Gillet

 

Ce matin, vendredi 26 juin, le président de la FPF, la vice-présidente et le pasteur Jean-Arnold de Clermont ont rencontré le général Gillet, en charge de l’opération Sangaris (voir nos vidéos sur la situation en Centrafrique). Il a « expliqué d’une manière objective la situation [sur place] et la mission de la France ».

Christiane Enamé ajoute qu’elle a été marquée par « l’engagement et le sérieux avec lequel un certain nombre d’opérations se font », avant de nous dire que cette force est « là aussi pour ramener de la sécurité ».

« L’armée locale, avec l’aide des Nations unies, doit prendre le relai pour remettre en route une vie normale », conclut-elle.

 

 

Vendredi 26 juin dans l’après-midi, la délégation va rencontrer la présidente de l’Etat de la transition, Catherine Samba Panza. Nous vous en parlerons dans un prochain article.

 




Carnet de route : délégation protestante en RCA

La délégation protestante est arrivée en Centrafrique et a déjà rencontré plusieurs leaders religieux lors de sa première journée sur place. Détails.

Au cours de sa première journée en RCA, le président François Clavairoly, a visité le Centre protestant pour la jeunesse, qui comprend aujourd’hui un complexe scolaire accueillant 870 élèves, et un centre d’information et d’éducation sur le Sida pour les jeunes (voir l’article de présentation de la mission en RCA).

Ce centre, qui a subi de graves dégradations au travers de la crise centrafricaine, fait l’objet d’un projet de sécurisation et de rénovation porté par la Cevaa et le Défap, qui lui permettra de retrouver son rôle de centre culturel pour les jeunees.

 

Carte Centrafrique (Source : Google Maps)

Accueilli le matin à l’aéroport par le Pasteur Frano Mbaye Bondoie, secrétaire de l’Alliance des Evangéliques en Centrafrique (AEC), et par Bertin Oundagnon, vice-président de l’Eglise protestante du Christ Roi, le président de la FPF est accompagné par sa vice-président Christiane Enamé (ADFPF), le pasteur Marc Deroeux, Secrétaire Général de la Fédération des Eglises Evangéliques Baptistes, le Pasteur Rober Radix de la Communion des Eglises de l’Espace Francophone, et le Pasteur Jean-Arnold de Clermont, président du Défap.

Au cours de la journée, la délégation de la FPF a été reçue par le président et le vice-président de l’EPCR et a rencontré, à l’Eglise Protestante du Christ Roi, des représentants de l’AEC qui souhaitaient préparer les rencontres de la semaine à venir.

A cette occasion, le Président de la FPF a pu remettre au Pasteur Sing-Na, chargé de l’action sociale de l’AEC, le reliquat des dons des Eglises de Lyon, qui ont été affecté à un programme d’éducation et d’information sur la « santé de reproduction, VIH-Sida » dans les Eglises de la ville de Bangui.

 




Analyse de la situation en Centrafrique : troisième partie

Dans le cadre d’une série de trois vidéos, le Défap vous présente un résumé et une analyse de la situation en République centrafricaine. Troisième et dernière partie.

Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président du Défap, est un spécialiste de la Centrafrique où il a passé plusieurs années.
Il présente ici quelques points de repères de l’histoire de ce pays depuis la colonisation française. Troisième partie.

Si vous n’êtes pas familier avec l’histoire de la Centrafrique, voici une chronologie.

 

Liste des présidents centrafricains cités

Barthélémy Boganda
David Dacko
Jean-Bedel Bokassa
Ange-Félix Patassé
François Bozizé
Michel Djotodia

 

Lexique

Force africaine Misca : La Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine est une mission de protection des biens et des personnes autorisée le 5 décembre 2013 par le Conseil de sécurité des Nations unies. Elle précède la MINUSCA (septembre 2014) et a été mise en place pour lutter contre les violences surgies après le coup d’État de 2013 contre le président François Bozizé. Elle a été déployée à partir du 19 décembre 2013 sous la houlette de l’Union africaine.

 

Force Sangaris : Sangaris est le nom d’une opération militaire de l’armée française conduite en République centrafricaine à partir du 5 décembre 2013. C’était la septième intervention militaire française depuis l’indépendance du pays en 1960.

 

Carte de la Centrafrique (Source : Google Maps)

Les étoiles correspondent aux quatre villes suivantes (de l’ouest à l’est) : Bangui, Damara, Mabaye, Birao

 




Mission en Centrafrique

Du 23 au 30 juin 2015, cinq représentants de diverses Eglises protestantes de France vont se rendre en Centrafrique pour une mission à plusieurs enjeux.

La délégation protestante en mission sera composée de : François Clavairoly, président de la FPF, Christiane Enamé, vice-présidente, et Robert Radix, membres d ‘Églises pentecôtistes, Marc Deroeux, Secrétaire Général des Eglises baptistes, ainsi que Jean-Arnold de Clermont, président du Défap.

 

Durant cette semaine de mission, plusieurs visites sont prévues.

 

La délégation se rendra au KM17 (quartier de Bangui), au Centre Protestant pour la jeunesse (CPJ) et à l’Église Baptiste de Sica 3 (quartier de Bangui).

La Cevaa et le Défap financent ces deux gros projets (KM17 et CPJ) pour trois ans.

L’Église Baptiste de Sica 3 a mis en place des écoles pour près de 800 enfants, aucune ne fonctionnant dans le quartier. Ces écoles sont également destinées aux parents. En effet, le taux d’analphabétisme de la Centrafrique étant de 63%.

 

Carte de la Centrafrique (Source : Google Maps)

 

Des rencontres avec les responsables politiques, Présidente de la transition, Premier Ministre, Ambassadeur de France et des rencontres avec les leaders religieux sont également au programme.

 

Le dimanche 28,  François Clavairoly participera au culte de l’Eglise protestante du Christ Roi, Marc Deroeux à celui d’une Eglise Baptiste, Robert Radix à celui d’une Eglise Pentecôtiste.

 

Enfin, une journée inter-protestante est organisée à la Faculté de théologie, avec notamment une célébration commune. 53% de la population en RCA est protestante mais avec une énorme diversité.

 

Cette semaine de mission a pour but d’apporter un message de solidarité des Eglises protestantes de France aux Eglises protestantes de RCA et de faciliter les relations inter-protestantes.

 




Analyse de la situation en Centrafrique : deuxième partie

Dans le cadre d’une série de trois vidéos, le Défap vous présente un résumé et une analyse de la situation en République centrafricaine.

Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président du Défap, est un spécialiste de la Centrafrique où il a passé plusieurs années.

Il présente ici quelques points de repères de l’histoire de ce pays depuis la colonisation française. Deuxième partie.

Si vous n’êtes pas familier avec l’histoire de la Centrafrique, voici une chronologie.

 

Liste des présidents centrafricains cités

Barthélémy Boganda
David Dacko
Jean-Bedel Bokassa
Ange-Félix Patassé
François Bozizé
Michel Djotodia

 

Lexique

Zaghawa : communauté culturelle tchadienne

Seleka : « coalition » en sango, langue la plus répandue en Centrafrique

Anti-balaka : milices mises en place dans les campagnes à la fin des années 2000 pour lutter contre les coupeurs de route. L’origine de ce nom est obscure mais il est admis qu’il signifie « anti-balles AK », une référence aux gris-gris portés par les combattants et qui leur confèreraient l’immunité contre les tirs des Kalachnikov, les « AK » 47.

 

Carte de la Centrafrique (Source : Google Maps)

Les étoiles correspondent aux quatre villes suivantes (de l’ouest à l’est) : Bangui, Damara, Mabaye, Birao

 




Analyse de la situation en Centrafrique : première partie

Dans le cadre d’une série de trois vidéos, le Défap vous présente un résumé et une analyse de la situation en République centrafricaine.

Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président du Défap, est un spécialiste de la Centrafrique où il a passé plusieurs années.

Il présente ici quelques points de repères de l’histoire de ce pays depuis la colonisation française. Première partie.

 

Si vous n’êtes pas familier avec l’histoire de la Centrafrique, voici une chronologie.

 

Liste des présidents centrafricains cités

  • Barthélémy Boganda
  • David Dacko
  • Jean-Bedel Bokassa
  • Ange-Félix Patassé
  • François Bozizé
  • Michel Djotodia

 

Carte de la Centrafrique (Source : Google Maps)

Les étoiles correspondent aux quatre villes suivantes (de l’ouest à l’est) : Bangui, Damara, Mabaye, Birao




Centrafrique : «Les vieilles recettes de sortie de crise ne marcheront pas»

En RCA, le passage de relais entre la Misca, la force africaine, et la Minusca, la force de stabilisation des Nations Unies, a eu lieu officiellement le 2 septembre. Le début du déploiement de cette nouvelle mission internationale est prévu le 15. Elle doit notamment protéger les populations et soutenir la transition politique. Une transition qui semble aujourd’hui bien difficile à mettre en œuvre.

Bangui, avril 2014 : des jeunes de l’Eglise protestante Christ-roi présentent une scénette où la lumière de la persévérance garde allumées celles de la paix, de la joie, de l’amour et du pardon. © Claire Bernole pour Défap

La République centrafricaine, championne des missions de l’Onu, en a déjà connu plus d’une dizaine : il y a eu la Misab, la Minurca, le Bonuca, la Fomuc, la Micopax… Voici désormais la Minusca, ou Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine. L’accord sur le transfert de la force africaine Misca (Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique sous conduite Africaine) vers la Minusca a été signé ce mardi 2 septembre entre le Représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la RCA, le général Babacar Gaye, et le ministre centrafricain des Affaires étrangères Toussaint Kongo Doudou.

Prévue pour comporter, à terme, 10.000 soldats et 1800 policiers, la Minusca a été officiellement créée par une résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies votée à l’unanimité le 10 avril 2014, et sa mission débute le 15 septembre. Près de 7600 Casques bleus devraient prendre part à l’opération dans un premier temps ; la plupart opèrent déjà sur place dans le cadre de la Misca, déployée depuis décembre 2013 et qui compte 6000 soldats. La France est présente pour sa part à travers l’opération Sangaris qui regroupe 2000 hommes, et l’UE a envoyé 150 hommes dans le cadre de l’opération de l’Union européenne pour la stabilisation en RCA (Eufor). Le déploiement de la Minusca devrait se poursuivre jusqu’au 30 avril 2015. Les soldats de l’ONU seront envoyés sur tout le territoire centrafricain avec trois états-majors: un dans l’Ouest, à Bouar du pays ; un autre dans le Centre-Ouest, à Kaga-Bandoro ; un troisième dans le Centre-Est, à Bria.

« Personne n’est dupe »

Pour soutenir le programme d’aide à la population centrafricaine, adressez vos dons à :

 – Fondation du Protestantisme, 47 rue de Clichy – 75 311 Paris cedex 09.
Dons en ligne : www.fondationduprotestantisme.org
Les chèques ou virements doivent être libellés à l’ordre de «Fondation du protestantisme». Porter la mention «Solidarité protestante-RCA» au verso des chèques.
IBAN : FR76 3078 80010010 2078 2350 030
Banque Neuflize OBC Paris 8° (Pour les virements bancaires).
CODE BIC : NSMBFRPPXXX
Les dons versés à la Fondation du protestantisme, fondation reconnue d’utilité publique, sont déductibles des impôts. Merci d’indiquer vos coordonnées pour l’envoi du reçu fiscal.

La Minusca a reçu pour mission de protéger les populations, soutenir la transition politique, désarmer les ex-combattants, aider à la distribution de l’aide humanitaire et à la protection des droits de l’homme. Ce qui cantonne l’essentiel de son action à la sphère sécuritaire – là où les missions précédentes ont, précisément, montré leurs limites. Les armes circulent toujours, la criminalité se développe sans police et sans justice, rendant illusoire la protection des droits, le pays est dépendant d’une aide insuffisante, le gouvernement ne parvient à assurer aucune de ses missions régaliennes… et quant à la transition politique, beaucoup doutent qu’elle puisse se mettre en place dans les délais prévus. Elle doit théoriquement s’achever par des élections prévues en février 2015 ; c’est du moins la date qui a été arrêtée en novembre 2013 par le groupe international de contact. Dans cette optique a été mise sur pied une Autorité nationale des élections (ANE), qui a toutes les peines du monde à fonctionner, et dont le président Dieudonné Kombo-Yaya a reconnu lui-même lundi dernier sur RFI : « Personne n’est dupe. Aujourd’hui, les conditions actuelles font que le délai de février 2015 est peu envisageable. (…) Il faut penser automne 2015 plus qu’entre juillet et septembre où c’est la plus forte saison des pluies. C’est la version optimiste. ».

En début d’année, le diplomate français Didier Niewiadowski, longtemps en poste à Bangui, jugeait que la Centrafrique aujourd’hui n’est même plus un Etat fantôme : c’est désormais « un Etat fictif ». Interviewé en mars dans Libération, il mettait en garde : « Les vieilles recettes de sortie de crise ne marcheront pas. C’est privilégier la facilité, mais encourir aussi un cuisant échec que d’imaginer sortir de la crise par des élections avec une organisation étatique similaire (…) et en raisonnant dans un cadre uniquement étatique alors que la crise est aussi régionale. »

« Mauvaise gouvernance et prédation ont détruit ce qui restait de l’Etat »

En ce qui concerne la situation sécuritaire, pourtant au cœur du mandat des missions internationales jusqu’alors déployées dans le pays, il se montrait tout aussi critique : « Les milices anti-balaka, souvent dénommées à tort « milices chrétiennes » par opposition à l’ex-Séléka musulmane, ne sont toujours pas cantonnées à ce jour et encore moins désarmées, et cela en dépit des résolutions de l’Onu et de l’Union africaine. Cette situation les autorise à perpétrer leurs exactions en toute impunité. Les désœuvrés – paysans spoliés, coupeurs de route au chômage, enfants des rues non scolarisés – ont été rejoints par d’anciens militaires des Forces armées centrafricaines et par des boutefeux partisans de l’ancien président Bozizé (…) Ce ramassis, tout aussi inorganisé que l’ex-Séléka mais éparpillé en des groupuscules de quelques individus, se trouve livré à lui-même, obligé pour survivre de s’emparer des biens d’autrui et le plus souvent avec une violence extrême. »

Une analyse qui rejoint celle de l’International Crisis Group : son dernier rapport, La crise centrafricaine : de la prédation à la stabilisation, affirme la nécessité d’une approche qui articule l’opération de maintien de la paix avec la relance de l’activité économique, le soutien à la reconstruction de l’Etat et la lutte contre les trafics. « La mauvaise gouvernance et la prédation ont détruit ce qui restait de l’Etat, de l’économie et ont appauvri la population », affirme Thibaud Lesueur, analyste pour l’Afrique centrale. « L’actuel mandat de la mission de maintien de la paix n’est pas à la hauteur du défi centrafricain ».

Franck Lefebvre-Billiez

Pour aller plus loin :
Centrafrique: une nouvelle opération de l’ONU, pour quoi faire ? (sur le site de Libération)
Elections en RCA: le délai de février 2015 n’est «pas tenable» (sur le site de RFI)
La crise centrafricaine : de la prédation à la stabilisation (rapport, International Crisis Group)
Le mandat de la Minusca (sur le site de l’Onu)