Philippe et Emilienne : en mission aux Antilles

Pasteur de l’Église protestante unie de France, Philippe part avec son épouse aux Antilles pour accompagner les communautés de Martinique et Guadeloupe. Voici sa première lettre de nouvelles, rédigée à l’issue de sa formation d’envoyé au Défap.

Philippe et Emilienne lors de la session de formation des envoyés du Défap © Défap

 

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Lorsque j’ai été reçu Pasteur-proposant en 1989 au Cameroun dans l’Église presbytérienne camerounaise, il m’a été demandé de choisir un verset biblique qui pourrait traduire mon engagement dans le ministère pastoral.

J’ai choisi Esaïe 6 verset 8 :

« J’entendis la voix du Seigneur, me disant :

Qui enverrai-je ? Et qui marchera pour nous ? Je répondais : me voici, envoie moi. »

J’ai été ministre de l’Eglise au Cameroun, en Suisse puis depuis dix ans en France. Donc souvent en posture d’envoyé.

Philippe et Emilienne lors de la session de formation des envoyés du Défap © Défap

Il me reste bien peu d’années avant de prendre ma retraite. Un grand nombre de propositions m’ont été faites. J’ai d’ailleurs eu la tentation de céder à la préférence pour les voies les plus sûres. Les plus simples et habituelles. Curieusement, une fois de plus, je me suis fait prendre par le serment que le prophète Esaïe m’a proposé. Emilienne, mon épouse, me l’a rappelé et a fortement exprimé, cette fois-ci plus que les autres fois, son assentiment pour un retour à notre mission envoyée par le Seigneur.

« Me voici, envoie moi ». Cette fois ci c’est aux Antilles !

Le Défap m’a accordé le privilège d’aller pendant neuf jours aux Antilles rencontrer les conseils presbytéraux de la Martinique et de la Guadeloupe. Ce voyage a été très gratifiant. Il m’a permis de connaître ce contexte. Mais aussi et surtout écouter les attentes de ce poste. Ces communautés ecclésiales souhaitaient avoir un Pasteur qui pourrait rester pendant un long séjour. Pour une vie paroissiale accompagnée par un Pasteur, inscrite dans la durée. C’est la mission que je suis appelé à accomplir.

La formation que nous recevons ici au Défap est un ingénieux assortiment de réponses, d’outils pédagogiques et ressorts spirituels très adaptés à toutes les formes de missions d’envoyés. Je suis très reconnaissant pour tout ce qu’elle m’a permis d’engranger comme savoirs et précautions liés à ma mission.

Session de formation des envoyés du Défap, juillet 2023 © Défap




Églises de Guadeloupe et Martinique : «Une vitalité stimulante»

Le pasteur Pascal Hickel a effectué plusieurs missions courtes avec le Défap auprès des Églises Protestantes Réformées de Guadeloupe (EPRG) et de Martinique (EPRM), qui se trouvent toutes deux sans pasteur attitré depuis bientôt deux ans. Il témoigne.

Le « Chanté Nwel », accompagné au tambour « Ka » © Pascal Hickel pour Défap

 
Parmi ses activités, le Défap accompagne les Églises protestantes de sensibilité luthéro-réformée présentes aux Antilles, en Guyane, à la Réunion et à Mayotte, notamment en contribuant à financer des postes pastoraux mais aussi par un soutien direct et par le financement de projets. Des Églises minoritaires, mais qu’il est essentiel de soutenir, entre une Église catholique fortement implantée et des Églises évangéliques en fort développement.

Aux Antilles, à l’image du reste de la population, les Églises Protestantes Réformées de Guadeloupe (EPRG) et de Martinique (EPRM), séparées par 140 km d’océan, sont très diverses. Elles sont composées d’Antillais, d’Européens installés et d’Européens de passage, venus pour quelques mois ou quelques années. L’EPRG est née dans les années 90 ; l’EPRM a été créée plus récemment encore, en 2002. L’Église Protestante Réformée de la Guadeloupe, qui a depuis 2021 le statut « d’Église associée » de l’Église protestante unie de France, est une petite communauté, mais vivante, et qui aspire à porter son témoignage dans la société. Notamment à travers son association diaconale, qui est aujourd’hui l’un de ses principaux outils de témoignage : « Men a lespwa » (« Main de l’espoir »), association d’entraide qui a bénéficié d’un soutien du Défap, et procure des aides ponctuelles aux personnes. Elle s’investit dans la prison, avec des colis de Noël pour les femmes (hygiène et soins). Elle a mis en place un soutien scolaire à la Maison Départementale de l’Enfance.

Ces deux Églises sont membres de la Ceeefe, la Communauté des Églises protestantes francophones. Elles sont accompagnées par des pasteurs envoyés par le Défap pour des missions courtes : en 2022-2023, il s’agissait de Pascal Hickel. Voici son témoignage.
  

Sortie Nature avec avec la paroisse de Martinique ; tout à gauche de la photo, Pascal Hickel © Pascal Hickel pour Défap

 
Sans pasteur depuis presque deux ans, les communautés de Guadeloupe et de Martinique tiennent bon et font preuve d’une vitalité stimulante. C’est ce nous avons constaté au cours de notre séjour dans ces deux îles. Nous avons eu la joie de fêter Noël en Guadeloupe, avec deux moments forts : le « Chanté Nwel », soirée où suivant une ancienne tradition, on se retrouve pour chanter des chants de Noël traditionnels, accompagnés au « Ka ». Et le culte de Noël du 24 au soir, bien fréquenté et accompagné par les musiciens de la paroisse. De très intéressants échanges avec le Conseil presbytéral ont montré le souci très fort de se faire connaître et de porter un témoignage public dans l’île.

L’association diaconale « Men a lespwa » poursuit son activité de soutien scolaire et souhaite reprendre ses activités à l’accueil famille du centre pénitentiaire de Baie Mahault.

En Martinique, c’est une petite communauté que nous avons retrouvé, mais très motivée pour aller de l’avant. Les débats très intenses lors de l’assemblée générale, ont exprimé le besoin d’étude biblique, de formation théologique et le souci du témoignage. Ce qui nous a marqué le plus, c’est la joie de la rencontre pour célébrer le culte ensemble, et le sentiment d’une appartenance forte à la communauté. Persévérance, fort sentiment communautaire, souci du lien, et désir de rayonner l’Evangile de la grâce dans les îles… prions pour ces deux Eglises et pour qu’un pasteur se lève pour les accompagner dans leurs projets !

Pascal Hickel

Culte de Noël en Guadeloupe © Pascal Hickel pour Défap




« La destinée de l’homme est dans son cœur, pas dans ses mains »

Par leurs lettres de nouvelles, les pasteurs, en mission hors de France, partagent leur vécu et leurs questionnements, dans le contexte de la pandémie de Covid19. Comment faire Église ensemble tout en restant confiné ? Comment vivre et partager l’Évangile ?

 

Olivier Déaux est pasteur aux Antilles pour les Églises de Guadeloupe et Martinique ainsi qu’aumônier des prisons.

Je vous écris depuis la Guadeloupe, aux Antilles.

Quelques mots et réflexions dans ce temps si particulier de confinement, dans une région où, habituellement, on profite de la nature, des plages et des montagnes, du contact avec une population ouverte et joyeuse. Eh bien, tout cela, c’est fini !

Nous avons perdu nos repères, nous sommes déboussolés, le quotidien se trouve bousculé avec le confinement dû à l’épidémie. D’abord le silence de la ville, troublant et apaisant mais aussi inquiétant. Les rues se sont vidées de leurs voitures, le ronron de la ville s’est tu, d’autres bruits que nous ne remarquions pas auparavant, se font entendre. Les animaux sauvages pointent leur nez. Une drôle de paix, un calme fragile. Parce qu’en même temps ce silence n’est pas « normal », il est presque inquiétant; il n’y a pas de raison pour que la vie s’arrête. Un silence de mort ? Non, un silence d’attente, un silence en point d’interrogation à l’image des conséquences de cette épidémie dont l’homme n’a pas la maîtrise, submergé par la vague.

Nous sommes privés de mouvement, confinés à la maison sans contact avec autrui. Nous devons repenser notre vie dans ce contexte particulier. Cela dit, pour notre communauté chrétienne – c’est aussi vrai pour toute communauté – nous ne pouvons pas vivre sans lien, sans prier, sans chanter, sans louer Dieu. L’Église n’a d’existence qu’au travers les hommes et les femmes qui rendent témoignage à l’Évangile de Jésus Christ, Évangile incarné dans « la communauté de foi ».

Dans l’impossibilité de se rencontrer et de se rassembler, notre communion et notre foi doivent employer d’autres outils. Nous nous sommes mis à la vidéo, aux cultes et aux temps de prières filmés, à regarder ensemble à une heure que l’on se fixe… ou pas. Le CP a tenu sa réunion en vidéo-conférence dans le souci de poursuivre la marche de l’Église en partageant des nouvelles des uns et des autres. On sensibilise nos frères et sœurs aux difficultés financières…

« Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ », c’est un peu ce que nous essayons de mettre en pratique. Il est notre Unité, notre Communion. Notre prière collective via les réseaux est ce lien qui nous unit à lui et entre nous. Cette épreuve d’isolement qui nous montre combien nous sommes des êtres sociaux, doit nous faire réfléchir aux priorités que nous nous donnons. La croissance à tout prix est remise en cause et cependant elle est la source de revenu des travailleurs. Repenser le collectif avec ses priorités : éducation, santé, accompagnement des plus faibles…  oui, mais cela prendra du temps. Une conversion profonde.

J’ai entendu ce propos dans un petit film qui m’invite à méditer « la destinée de l’homme est dans son cœur et pas dans ses mains ». Nous ne sommes pas tout-puissants, un virus infiniment petit a grippé le moteur qui fait tourner le monde. Le savoir comme le pouvoir ne ne sont pas une fin en soi mais cette vie que nous partageons sur tous les endroits du globe.

Notre plus grande force c’est le lien que nous avons entre nous. L’amour est la seule chose qui se multiplie quand on le partage. Le Christ nous a déjà donné la route à suivre : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même. »

Que cette épreuve ne laisse pas de traces trop profondes là où vous résidez.




Les pasteurs en visite chez l’évêque !

Dans son numéro de janvier, la revue religieuse « Eglise en Guadeloupe » revient sur la récente installation du pasteur Christian Bouzy, envoyé du Défap. Retrouvez l’intégralité de l’article.

Dimanche 27 Novembre, le nouveau pasteur de l’Eglise Protestante Réformée de Guadeloupe Christian Bouzy a été installé officiellement dans sa fonction. Pour cette célébration, qui s’est déroulée dans la chapelle des sœurs dominicaines de Petit Pérou près du CPSO, deux pasteurs avaient fait le déplacement pour cette présentation à la communauté protestante. Ce jour-là, la maison presbytérale nouvellement construite a été inaugurée. Plusieurs prêtres catholiques se sont joints à cette assemblée : Pères Silène, Albert Blanchard et Nicolas Taza.

Deux jours plus tard, les pasteurs Vergniol, Antherion et Bouzy sont venus à Basse-Terre pour une longue rencontre à l’évêché avec Mgr Riocreux. De nombreux sujets ont été abordés au cours de cet entretien cordial. Et ce rapprochement œcuménique entre nos Eglises a ainsi été concrétisé par cette rencontre chaleureuse. Après la visite de l’évêché et de la cathédrale ND de Guadeloupe, les pasteurs et l’évêque ont prié ensemble le Notre Père.

Un rendez-vous a été pris et retenu dans le calendrier de 2017. A l’occasion de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui se déroule chaque année du 18 au 25 janvier, la célébration œcuménique aura lieu le mercredi 25 janvier à 18h dans l’église du Raizet. Participeront à cette rencontre : les pasteurs des différentes Eglises – catholique, orthodoxe et protestante- ainsi que tous les fidèles des différentes paroisses.

 

Article paru dans « Eglise en Guadeloupe »,
Numéro 968, Janvier 2017




Christian, futur envoyé du Défap

Il partira le mois prochain pour quatre ans de mission en Guadeloupe et en Martinique. Aujourd’hui le pasteur Christian Bouzy est venu suivre les deux semaines de formation des envoyés du Défap. Comme les autres candidats au départ, il suivra avec attention le contenu des enseignements à venir.

Avant de partir avec le service protestant de mission, Christian Bouzy le connaissait déjà. Pasteur depuis près de trente ans, il a été en lien avec l’institution lorsqu’il était président du conseil régional Cévennes-Languedoc-Roussillon de l’Eglise Protestante unie de France.

 

Christian Bouzy, DR

 

Un projet de longue date

Partir, il y avait songé il y a de nombreuses années mais ses engagements en tant qu’époux et jeune père de famille avaient mis cette idée en suspens. Aujourd’hui, ses quatre fils sont grands et autonomes. Christian n’a donc pas hésité cette fois.
Curieux des cultures guadeloupéenne et martiniquaise, il a hâte de découvrir une région du monde qu’il ne connait pas. Mais Christian est surtout ravi de pouvoir prêcher dans des milieux complètement différents de ceux qu’il a connu lorsqu’il était pasteur au foyer de Grenelle de la Mission Populaire.

Bientôt le départ

A compter d’août 2016, Christian sera en charge des paroisses de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) et de Fort-de-France (Martinique). De plus, il sera chargé de l’animation des équipes d’aumôniers des centres pénitentiaires de Baie-Mahault (proche de Pointe-à-Pitre) et de Ducos.

Se préparer à la mission

Au printemps 2016, Christian s’est rendu aux Antilles pour rencontrer les deux paroisses qui ont validé sa candidature. Aujourd’hui, il démarre la session de formation du Défap avec beaucoup d’intérêt : « c’est très important, c’est un bon moyen d’avoir toutes les informations utiles avant le départ. Je suis très curieux des conférences sur l’interculturalité et le dialogue interreligieux ».