Un ancien boursier du Défap distingué au Gabon

Pépin Le Vieux Ngyema Essone (à gauche) photographié à Libreville en compagnie de deux secrétaires exécutifs du Défap : Tünde Lamboley (au centre) et Jean-Luc Blanc (à droite) © Défap

Avant de devenir le premier docteur en théologie de l’Église évangélique du Gabon (EEG), le pasteur Pépin Le Vieux Ngyema Essone a été boursier du Défap. Un parcours dont il ne se souvient pas sans émotion, alors qu’il vient tout juste de soutenir sa thèse à l’Université protestante d’Afrique centrale (Upac), à Yaoundé : «Pour moi, c’est une grande joie et un aboutissement», reconnaît-il. Il a séjourné en France de novembre 2012 à juin 2013, pour effectuer des recherches à l’Institut Protestant de Théologie, à la fois à Paris et à Montpellier, ainsi qu’auprès des archives du Défap et de la Cevaa. Ses travaux, menés depuis 2010 à l’Upac sous la direction de Dieudonné Massi Gams, titulaire de la Chaire d’Histoire Ecclésiastique, portaient sur «L’Église évangélique du Gabon face au défi de la pauvreté : de l’autonomie à nos jours».

Né en novembre 1968 à Libreville, dans la paroisse de Baraka-mission (héritage de la première mission protestante américaine), Pépin Le Vieux Ngyema Essone est actuellement secrétaire académique de l’Institut supérieur des sciences technologiques de l’EEG, et pasteur en second de la paroisse d’Ayananga, à Bitam. Avant d’étudier la problématique de l’Église face à la pauvreté, il avait travaillé sur la question de la recomposition du paysage confessionnel au Gabon ainsi que sur la thématique de la théologie face aux croyances traditionnelles. La soutenance de sa thèse a eu lieu le 12 janvier dernier à l’amphithéâtre Emmanuel David de l’Upac, en présence d’invités venus à la fois du Gabon et du Cameroun. Parmi la délégation gabonaise figurait notamment le secrétaire général chargé de la formation à l’EEG, le pasteur Basile Nguema Allogo.

Lutte contre la pauvreté : quels liens entre politiques publiques et action de l’Église ?

Pour aller plus loin :
Fiche pays : le Gabon
L’échange théologique entre Eglises de cultures différentes : une volonté qui ne se dément pas
Un boursier du Défap à l’honneur : Lévi Ngangura Manyanya

La thèse de Pépin Le Vieux Ngyema Essone a reçu la mention «Très honorable». Ce qui représente à ses yeux «une grande nouvelle non seulement pour moi, mais pour toute l’Église évangélique du Gabon : elle attendait son premier docteur en théologie depuis 1842», date de la fondation de la première mission protestante américaine au Gabon. «Je sais que beaucoup d’espoirs avaient été placés en moi, ajoute Pépin Le Vieux Ngyema ; et malgré les difficultés que j’ai rencontrées, Dieu a permis ce résultat.» Après lui, plusieurs autres étudiants en théologie devraient, au cours des prochaines années, accéder à leur tour à ce titre de docteur, contribuant à améliorer le niveau de formation de l’EEG.

Sur le fond de sa thèse, Pépin Le Vieux Ngyema s’est attaché aux liens possibles entre l’action de l’État et de l’Église dans la lutte contre la pauvreté au Gabon, où l’on estime qu’un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. «Le gouvernement a adopté en 2006 un Document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP) qui prévoyait une lutte contre la misère à l’horizon 2009. Face à une telle tâche, les autorités publiques ne peuvent agir seules et ont besoin de toutes les forces vives du pays. L’Église évangélique du Gabon, plus vieille institution religieuse du pays, ne peut rester en marge. Mais pour agir efficacement, il faut d’abord qu’elle se restaure. L’EEG, qui était une référence pour toutes les composantes de la société gabonaise, a beaucoup perdu…» Au cours de ses travaux, Pépin Le Vieux Ngyema s’est donc attaché à «remonter histoire de la mission, pour voir notamment comment, en France, la Société des Missions Évangéliques de Paris s’était adaptée face au changement dans ses relations avec les autorités publiques.» Il espère que la reconnaissance dont bénéficient désormais ses travaux permettra «d’attirer l’attention des autorités de l’Église, ainsi que celle des autorités publiques : l’Église peut vraiment être un partenaire de l’État dans la lutte contre la pauvreté. Même si elle-même ne peut agir seule et doit trouver des partenaires extérieurs, hors du Gabon… ».

Ci-dessous, nous reproduisons l’article diffusé dans le grand quotidien national gabonais «L’Union» sur la soutenance de thèse du pasteur Pépin Le Vieux Ngyema Essone :

 




Le président et le secrétaire général du Defap écrivent à l’Eglise évangélique du Gabon

Dans le contexte particulièrement tendu lié aux résultats contestés des dernières élections présidentielles au Gabon, le pasteur Jean Jacques Ndong Ekouaghe, président de l’Eglise évangélique du Gabon a publié, le 17 septembre dernier, un communiqué appelant les Gabonais au calme et au respect du résultat des urnes.

Jean-Jacques Ndong Ekouaghe, président de l’Église Évangélique du Gabon – source : Cevaa

Les président et secrétaire général du Defap, Joël Dautheville et Bertrand Vergniol, ont tenu à apporter leur soutien et à témoigner de leur solidarité à ce médiateur et, par son intermédiaire, au peuple gabonais tout entier.

Retrouvez l’intégralité du communiqué ici.




Le Défap en solidarité avec les Gabonais

Bien que peu relayée dans les médias français, la situation au Gabon reste très tendue.

Les élections présidentielles qui se sont déroulées le 27 août 2016 ont pris rapidement une mauvaise tournure. On soupçonne de nombreuses fraudes et l’on compte déjà plusieurs morts au lendemain de l’annonce des résultats, le 30 août .
Moment fort dans la vie démocratique d’un pays, l’expression du peuple pèse peu face aux avantages financiers qu’offre la  présidence de ce “pays riche au peuple pauvre “ comme on l’entend dire sur la toile. Un sentiment d’injustice exacerbé par l’absence de transparence.
Un appel à l’apaisement a été lancé par la France, dicté diront certains, par les intérêts économiques qui lient depuis toujours les deux pays.

Le Défap tient à témoigner de son soutien pour ces hommes et ces femmes, qui sur place, subissent la négation de leurs droits. Il réaffirme son engagement auprès de ceux et celles qui oeuvrent pour une justice sociale et une paix durable. Il adresse ce message à l’Eglise Evangélique du Gabon avec laquelle il est en relation dans le cadre de la Cevaa.

Nous sommes d’esprit et de cœur avec tous les Gabonais.




Séminaire de formation au Gabon

 

Outre la charge du service RSI, Jean-Luc Blanc s’occupe également des relations avec les pays d’Afrique.
Il s’est rendu au Gabon dans le cadre d’un séminaire « Nouvelle Action Commune » (en savoir plus sur l’Action Commune), dont le thème est « Familles, Evangile et Cultures dans un monde en mutation ».
A la fin de ce séminaire, le pasteur a répondu à quelques questions.

 

 

Résumé de la vidéo

 

Le ressenti du pasteur Jean-Luc Blanc vis-à-vis du séminaire est globalement positif.

Il rappelle que l’animation théologique dans le cadre de la Cevaa s’adresse à des personnes qui ne sont pas forcément des théologiens. Elle vise donc à travailler avec les équipes des questions concrètes liées aux situations rencontrées sur le terrain.

Le but : trouver les réponses adéquates en construisant une théologie communautaire.

 

Il souhaite volontiers que ces séminaires soient plus interculturels, conscient que cela est compliqué à mettre en place et coûteux. L’idéal serait de confronter les différentes visions de la famille dans le monde, car les gens ne la conçoivent pas de la même manière en Europe, en Afrique ou dans le Pacifique. C’est d’ailleurs le but de la Cevaa : ouvrir les mêmes questions à plusieurs cultures.

 

Jean-Luc Blanc regrette cependant que ne soient pas ressorties de ce séminaire des idées plus audacieuses. De sa première participation à ce type de rencontre, en 1987, il dit : « à cette époque, on osait imaginer des choses différentes. On est devenu plus conservateurs qu’avant pour différentes raisons ».

 

Enfin, il trouve bon que le thème du mariage islamo-chrétien ait été traité, car l’approche interreligieuse est très différente d’une culture à l’autre. C’est un sujet transversal qui fonctionne à la fois entre Africains mais aussi en Europe ou dans le monde arabe.

 




L’Eglise Evangélique du Gabon : de nouveaux projets

 

Les Eglises de France ont une longue tradition de relations avec l’Église du Gabon. Bien sûr il y a eu le Docteur Schweitzer, mais le plus célèbre des missionnaires ne doit pas faire oublier tous les autres, nombreux, qui ont marqué l’histoire de cette Église. Ces dernières décénnies, en partie à cause de conflits internes à l’Église Evangélique du Gabon (l’EEG), nos relations s’étaient distendues se réduisant à quelques échanges avec la région Centre Alpes Rhône de l’EPUdF. En 2011, le Défap a affirmé sa volonté de renouer des relations avec cette Eglise membre de la Cevaa. Ainsi, il a a reçu deux doctorants boursiers gabonais, un groupe de femmes de l’Église ainsi que son Président. En 2014 une nouvelle équipe a été élue à la tête de l’EEG. Le moment semblait alors venu d’aller sur place à la rencontre de ses paroisses, de ses régions et de ses instances nationales afin de déterminer ensemble comment, dans le cadre de la Cevaa, nous pourrions intensifier nos relations. Jean-Luc Blanc y était du 7 au 21 novembre. Il en revient avec des nouvelles et des propositions.

 

Le pasteur Jean-Luc Blanc lors du Séminaire Nouvelle Action Commune de la Cevaa, DR

Le pasteur Jean-Luc Blanc, à gauche, lors du Séminaire Nouvelle Action Commune de la Cevaa, à Libreville, en novembre 2015, DR

 

L’Église Evangélique du Gabon a fêté liturgiquement sa réconciliation en juillet 2015 après de longues et destructrices luttes internes. L’image qu’elle donnait à l’étranger était déplorable. Pourtant, pendant tout ce temps, les hommes et les femmes de cette Eglise, les membres des paroisses, n’ont jamais cessé de se réunir pour prier pour la réconciliation et chercher comment sortir de ces conflits. A aucun moment, le découragement n’a vidé les paroisses qui malgré les difficultés, ont continué à assumer leur mission.

 

Les participants et les formateurs, au séminaire, DR

 

Aujourd’hui, l’EEG se tourne vers l’avenir et veut le faire avec nous !

 

• Avec nous, elle veut développer sa faculté de théologie. Créée il y a trois ans, cette petite faculté fonctionne avec des professeurs extérieurs et une bibliothèque minuscule. Elle se tourne vers nous pour que nous lui envoyions des enseignants pour assurer quelques modules, que nous l’aidions à équiper sa bibliothèque et pour que nous participions à la formation de ses enseignants.

 

• Avec nous, elle souhaite former les cadres de son mouvement de jeunesse aux techniques d’animation et développer son mouvement de scoutisme.

 

• Avec nous, elle souhaite que le mouvement des femmes intensifie ses relations avec les Eglises de France de manière à s’ouvrir à d’autres réalités, d’autres manières de voir.

 

• Avec nous, elle souhaite que nous aidions son département de l’enseignement primaire et secondaire à collaborer avec d’autres structures semblables notamment par l’adhésion au RIEP (Réseau International de l’Enseignement Protestant). Elle souhaiterait aussi pouvoir accueillir deux jeunes volontaires dans ses écoles.

 

• Avec nous, elle souhaiterait développer des jumelages entre des paroisses du Gabon et des paroisses de France.

 

Lors du séminaire à Libreville, DR

 

Bref, avec nous, cette Eglise veut tout simplement vivre la réalité de l’Église Universelle dans le cadre des liens communautaires qui nous lient déjà : tout un programme que nous allons petit à petit mettre en œuvre ensemble ! La première étape sera une visite du Président de l’EEG au Défap, le 10 décembre.

 

Libreville, DR