Congo : promouvoir l’éducation à la paix

Dans un pays dont l’histoire récente est marquée par des violences récurrentes et des déplacements de population, l’Église Évangélique du Congo (EEC) essaie de contribuer à construire une paix durable et une société apaisée. Ce qu’elle fait à travers une structure créée en 2003, l’Action Évangélique pour la Paix (AEP). En lien notamment avec l’École de la Paix de Grenoble pour les outils pédagogiques, l’AEP a déjà réalisé plusieurs projets visant à sensibiliser de nombreux jeunes, notamment dans des écoles et collèges.

Une session de formation organisée par l’AEP © AEP

Partenaires

  • Église Évangélique du Congo (EEC)
  • Action Évangélique pour la Paix (AEP)

Objectifs

Contribuer à la culture de la paix et de non-violence dans les établissements scolaires publics et confessionnels.

Le local de l’AEP © AEP

Contexte

La République du Congo a été frappée ces dernières années par des violences importantes, dont la guerre civile entre 1997, 1998 et 2002 et les troubles dans le département du Pool après les élections présidentielles de 2016. Ces violences ont provoqué des pertes humaines et des déplacements de populations par centaines de milliers. À plusieurs reprises, ces violences ont surtout concerné l’agglomération de Brazzaville, ce qui a engendré des départs massifs depuis Brazzaville vers le département du Pool, puis en 2017, en sens inverse. Cette histoire récente et les oppositions politiques récurrentes liées à des conflits d’ordre ethnique amplifient l’agressivité liée à la pauvreté et aux disparités sociales.

Envoyée du Défap en république du Congo, pour travailler en lien avec l’AEP, rencontrant le président de l’EEC, le pasteur Juste Alain Gonard Bakoua © AEP

L’association AEP est une structure créée en 2003 par l’Église Évangélique du Congo (EEC), comme contribution aux efforts de construction d’une paix durable, en voulant « changer les mentalités ».

Depuis sa création, avec les appuis renouvelés du Défap et de la Cimade, puis du Programme Concerté Pluri-Acteurs, et aussi de l’École de la Paix pour les outils pédagogiques, l’AEP a déjà réalisé plusieurs projets pour la jeunesse (écoles, collèges, écoles du dimanche et autres groupes) permettant la sensibilisation de milliers de jeunes. Le Défap lui a aussi manifesté son soutien à travers l’apport d’une envoyée.




Courrier de mission : rencontre avec l’Église évangélique du Congo

Le passage en France, au cours du mois de mars 2022, du nouveau président de l’Église évangélique du Congo (EEC), a donné l’occasion à Marion Rouillard d’évoquer les relations du Défap avec cette Église membre de la Cevaa. Juste Alain Gonard Bakoua, président de l’EEC, et Laurent Loubassou, doyen de la Faculté de théologie protestante de Brazzaville, étaient ainsi tous deux invités de l’émission du Défap diffusée le 27 avril sur Fréquence protestante.

Le président de l’Église Évangélique du Congo, le pasteur Juste Alain Gonard Bakoua © Défap

Le Congo-Brazzaville est un des pays d’Afrique où l’influence du christianisme est la plus visible, même si la porosité avec les religions traditionnelles rend difficile une évaluation précise. Si l’on se fie aux chiffres du Quai d’Orsay, 90% de la population y est chrétienne, le reste se répartissant entre islam et animisme. Les chiffres du World Christian Database se veulent un peu plus précis, en comptabilisant 89,79% de chrétiens, 4,76% d’animistes et 1,39% de musulmans. Le CIA Worldfactbook, autre référence internationale, donne toutefois des évaluations différentes, le christianisme représentant selon ces données 77,5% de la population (dont 33,1% pour l’Église catholique, 22,3% pour les Églises du renouveau ou du réveil, 19,9% pour les protestants et 2,2% pour l’Armée du Salut), l’islam 1,6%, les Kimbanguistes 1,5%, et les sans religion déclarée 11,3% (les 8,1% restants représentant d’autres croyances minoritaires). Quant au portail national du Congo, il indique que 50% des habitants du pays se rattachent au christianisme, 48% à l’animisme et 2% à l’islam. Au bout du compte, les pratiques religieuses sont très souvent teintées d’animisme, comme le souligne une maxime populaire selon laquelle « le chrétien et le musulman prient tous deux avec un fétiche dans la poche ».

Au sein des quelque 5,38 millions d’habitants (selon les données de 2019 de la Banque mondiale), ce qui fait du Congo-Brazzaville un petit pays par rapport à son immense voisin qu’est la République démocratique du Congo avec une population de près de 90 millions de personnes, l’EEC ou Église évangélique du Congo revendique environ 200 000 membres. Elle est membre de la Cevaa – Communauté d’Églises en mission, et entretient des relations de longue date avec le Défap. Elle est née officiellement le 15 juillet 1961, issue du travail des missions scandinaves (et principalement suédoises) qui étaient présentes dans le pays depuis 1909. Elle est membre du Conseil Œcuménique des Églises Chrétiennes du Congo (COECC), qui comprend également l’Église catholique, l’Armée du Salut, l’Église luthérienne du Congo et l’Église orthodoxe grecque du Congo.
 

Rencontre avec l’Église évangélique du Congo, émission présentée par Marion Rouillard

Courrier de Mission – le Défap
Émission du 27 avril 2022 sur Fréquence Protestante

 

Depuis fin 2020, l’Église Évangélique du Congo est présidée par le pasteur Juste Alain Gonard Bakoua, après quatre années d’une présidence controversée, celle d’Édouard Moukala. Le changement de président s’est d’ailleurs accompagné, en novembre 2020, d’une décision exceptionnelle : le pasteur Moukala a été révoqué et chassé définitivement par décision collégiale de tous les membres du conseil synodal ordinaire de l’EEC. Depuis lors, le nouveau président s’efforce de renouer avec les partenaires de l’EEC, après plusieurs années qui ont vu les relations se distendre. Présent en France au mois de mars 2022, il a été interviewé par Marion Rouillard pour l’émission Courrier de mission – Le Défap, diffusée le 27 avril sur Fréquence protestante. Également présent pour cette émission, Laurent Loubassou, doyen de la Faculté de théologie protestante de Brazzaville, a présenté pour sa part les enjeux et les défis de la formation théologique en République du Congo. Laurent Loubassou prépare par ailleurs une thèse en Histoire des religions et anthropologie religieuse sur « Le prophétisme au Levant ancien ».

Dans cet entretien, Laurent Loubassou souligne notamment l’importance des relations entre l’EEC et le Défap dans le domaine de la formation – beaucoup d’enseignants de la Faculté de théologie protestante de Brazzaville étant eux-mêmes d’anciens boursiers du Défap. Et l’aide précieuse que peut représenter le Service protestant de mission lorsqu’il s’agit de publier des travaux universitaires – du fait notamment du déficit en maisons d’édition ad hoc au Congo-Brazzaville. Juste Alain Gonard Bakoua est revenu pour sa part sur les défis que connaît actuellement son Église, et qui concernent notamment la formation pastorale, mais aussi les questions de gouvernance ; ainsi que la mission sociale, l’évangélisation, l’accompagnement des jeunes…




Guerre en Ukraine : quand le politique mine le religieux

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, de nombreuses voix de religieux s’élèvent pour appeler à l’arrêt de la guerre. Mais si les religions peuvent aider au dialogue et au rapprochement entre les peuples, elles peuvent aussi être instrumentalisées par le pouvoir politique. Et se retrouver elles-mêmes divisées.

Carte de l’Ukraine © Sven Teschke, Wikimedia Commons

Si l’expression de « guerre de religions » est souvent un prétexte pour entretenir la méfiance vis-à-vis du fait religieux dans son ensemble, nous croyons au contraire, au Défap, à l’importance des religions pour entretenir le dialogue entre les peuples et les cultures. Mais force est de constater que les religions (ou du moins les institutions qui les représentent) peuvent aussi être instrumentalisées par les tensions politiques. C’est aujourd’hui le cas à propos de la guerre en Ukraine. Depuis l’invasion du territoire ukrainien par les troupes russes, et avec les révélations de plus en plus nombreuses d’attaques russes contre des cibles civiles, les différentes religions appellent le plus souvent à la paix. Mais dans des termes souvent différents, et qui dévoilent de fortes tensions entre elles.

Ces tensions sont d’abord perceptibles en Ukraine. Les deux-tiers des Ukrainiens se disent orthodoxes, et un peu moins de 9% sont catholiques. Les autres courants du christianisme sont très minoritaires : 1,9% pour les protestants toutes dénominations confondues. Quant aux autres religions, elles sont très peu représentées : 1,1% pour les musulmans, une minorité présente depuis le XIVe siècle, 0,2% pour les juifs.

Chez les orthodoxes ukrainiens, des appels à la rupture avec le Patriarcat de Moscou

Les orthodoxes d’Ukraine sont partagés entre l’Église dépendant du Patriarcat de Moscou, celle du Patriarcat de Kiev, créé en 1992 et dissident du Patriarcat de Moscou, et une petite Église autocéphale – terme utilisé pour décrire chez les orthodoxes des « Églises-sœurs » indépendantes hiérarchiquement, mais unies par la même foi. Dans cet ensemble, c’est le Patriarcat de Moscou qui dispose du clergé le plus nombreux et du plus grand nombre de paroisses ; il représente près de 18% des Ukrainiens. Mais il existe aussi officiellement depuis fin 2018 une Église orthodoxe d’Ukraine, censée regrouper l’Église orthodoxe ukrainienne autocéphale et le Patriarcat de Kiev. Un ensemble qui a l’ambition de regrouper tous les orthodoxes d’Ukraine sous la juridiction d’une Église nationale autocéphale, mais qui doit encore faire la preuve de sa légitimité, puisque le Patriarcat de Kiev a depuis contesté cette fusion pour des raisons de personnes. Si cette Église autocéphale d’Ukraine finit par s’imposer, elle regroupera 25% des Ukrainiens. Ne pouvant espérer obtenir la reconnaissance de cette Église nationale de la part du Patriarcat de Moscou, notoirement proche du pouvoir russe, les orthodoxes ukrainiens ont donc sollicité le Patriarche de Constantinople. Ce qu’a accepté le Patriarche Bartholomée en accordant le tomos (décret) d’autocéphalie à l’Église orthodoxe d’Ukraine… avec pour conséquence une sévère crise entre Moscou et Constantinople. Dès lors, les diverses Églises autocéphales ont été sommées de prendre parti pour l’un des deux grands patriarcats en reconnaissant ou non l’Église ukrainienne.

Derrière la question de l’Ukraine, c’est donc le problème de l’autorité sur l’ensemble du monde orthodoxe qui se profile. Et d’une manière encore plus pressante depuis l’invasion russe. Déjà en 2014, année de l’annexion de la Crimée par la Russie, la branche loyale au Patriarcat de Moscou a perdu une partie de ses fidèles. Et depuis le début de l’invasion russe, plusieurs de ses prêtres ont publié une adresse vidéo exigeant de rompre tout lien avec l’Église russe. D’autant plus que le 6 mars, loin de condamner l’invasion, le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe, a justifié la guerre en Ukraine dans un sermon enflammé contre l’Occident prononcé lors de la Divine Liturgie dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

« Où sont vos Bonhoeffers, où sont vos Barths ? »

Les catholiques ukrainiens sont eux aussi traversés de tensions. L’Église gréco-catholique ukrainienne représente 8% de la population, mais il existe aussi des membres de l’Église catholique ruthène. Surtout, les catholiques ont le sentiment de pâtir du dialogue œcuménique entretenu avec le monde orthodoxe par Benoît XVI et par le Pape François – alors qu’avant eux, Jean-Paul II avait ouvertement défendu les catholiques orientaux en Europe. Une position qui risque d’être difficile à tenir pour le Vatican, alors que depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les silences du pape François sur la Russie sont de plus en plus remarqués. S’il a appelé à l’arrêt de la « guerre », déplorant un « pays martyrisé », il n’a, à aucun moment, formellement condamné l’attaque russe. Sa dénonciation la plus claire n’est venue que dimanche dernier, lorsqu’il a fustigé « l’attaque armée inacceptable » qui a lieu en Ukraine.

Si des divisions historiques comparables à celles que connaissent les orthodoxes ou les catholiques n’existent pas entre protestants évangéliques russes et ukrainiens, ces derniers soulignent toutefois que s’ils ont entendu de nombreuses prières pour la paix de la part de leurs collègues russes, il n’y pas eu de condamnation de l’invasion. « Où sont vos Bonhoeffers, où sont vos Barths ? » interpelle Valerii Antoniuk, qui est à la tête de l’Union panukrainienne des Églises des chrétiens évangéliques-baptistes. « De nombreux croyants en Russie prient au sujet de la “situation” en Ukraine. La situation s’appelle GUERRE », dénonce pour sa part sur Facebook le pasteur de l’Église Parole de vie à Boyarka, non loin de Kiev. Pourtant, des voix s’élèvent aussi en Russie chez les évangéliques, minoritaires, bravant les menaces de représailles des autorités russes. « Le temps est venu où chacun d’entre nous doit appeler les choses par leur vrai nom, tant que nous avons encore une chance d’échapper à la punition d’en haut, et d’empêcher l’effondrement de notre pays », souligne ainsi une lettre ouverte signée par un groupe de pasteurs russes et d’autres responsables protestants. « Nous demandons aux autorités de notre pays de mettre fin à cette effusion de sang insensée ! »

La réponse du patriarche Kirill de Moscou au COE

Au final, ces tensions au sein des religions débordent très largement le cadre des relations entre Russie et Ukraine. Au point de menacer les relations œcuméniques au niveau international. Le Conseil œcuménique des Églises a ainsi envoyé une lettre au patriarche Kirill de Moscou, membre de la communauté d’Églises, pour qu’il intervienne auprès du Kremlin pour tenter d’arrêter la guerre lancée contre l’Ukraine. Cette fois encore, la réponse au courrier du COE a été claire : le chef religieux de l’Église orthodoxe russe a demandé au COE de « rester une plate-forme de dialogue impartial, libre de toute préférence politique et de toute approche unilatérale ». Il a accusé les pays occidentaux d’avoir « tenté de faire des peuples frères – Russes et Ukrainiens – des ennemis », tout en se disant « fermement convaincu que les initiateurs [de la guerre] ne sont pas les peuples de Russie et d’Ukraine, qui sont sortis des mêmes fonts baptismaux de Kiev, sont unis par une foi commune, des saints et des prières communs, et partagent un destin historique commun », mais qu’il faut chercher « les origines de la confrontation dans les relations entre l’Occident et la Russie ».

En France, la FPF et l’Église catholique ont pris l’initiative d’un dialogue avec les représentants de l’orthodoxie russe. Le pasteur François Clavairoly, Président de la Fédération protestante de France et Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des Évêques de France, devaient ainsi rencontrer le jeudi 10 mars, à la Cathédrale de la Sainte Trinité, siège épiscopal du diocèse de Chérsonèse et centre de l’Exarchat d’Europe occidentale du patriarcat de Moscou, le Père Maxime Politov, curé de la Cathédrale. « Cette initiative, a indiqué la Fédération protestante de France dans un communiqué, veut contribuer au dialogue mais aussi et surtout à l’interpellation du Patriarche de Moscou et de toute les Russies sur l’importance du sens de sa responsabilité dans ce conflit. »




Rencontre avec Brigitte Djessou, boursière du Défap

Pasteure et enseignante de Nouveau Testament à l’Université Protestante d’Afrique Centrale, Brigitte Djessou est présente pour quelques mois à Paris en tant que boursière du Défap, afin de suivre des cours à l’Institut Protestant de Théologie.

Brigitte Djessou photographiée dans le jardin du Défap © Défap

Quel est votre parcours, et quel est le but de la formation que vous suivez à Paris ?

Brigitte Djessou : Je suis pasteure de l’Église méthodiste unie Côte d’Ivoire (EMU-CI) ; j’ai été consacrée le 30 novembre 2003, et j’ai été affectée à divers postes jusqu’à 2010 et à mon entrée à l’UPAC (Université Protestante d’Afrique Centrale) en 2010, où j’ai fait un Master 2 en Nouveau Testament. En 2011, j’ai intégré l’école doctorale ; et j’ai eu mon doctorat en 2015. Depuis septembre 2017 et jusqu’à aujourd’hui, j’enseigne le Nouveau Testament à l’UPAC. Je suis à Paris dans le cadre d’études post-doctorales – c’est une sorte de formation continue : les méthodes pour enseigner évoluent, de nouveaux outils apparaissent, et en tant qu’enseignant, il est nécessaire de s’adapter. Je suis donc des cours de grec et de théologie à l’IPT (l’Institut Protestant de Théologie) pour me perfectionner. Tünde Lamboley (chargée du suivi des boursiers au Défap) m’a mise en relation avec Valérie Nicolet, Doyenne de la Faculté de Paris de l’IPT, pour établir mon programme.

Qu’est-ce qui caractérise vos cours à l’UPAC ?

La diversité. Nous avons des étudiants de niveaux très différents, venus d’horizons très divers, de pays différents, d’Églises différentes… Certains suivent un cursus à l’UPAC avant d’arriver en Master 2, mais d’autres viennent d’autres institutions… La première chose que je dois faire, c’est mettre tout le monde dans le même bain, vérifier les méthodes ; et rapidement, je demande à chacun de préparer une exégèse à partir de quelques versets en grec tirés du Nouveau Testament, puis de présenter son travail, à tour de rôle, devant tout le groupe. C’est une manière très efficace de confronter les diverses approches, de mettre en parallèle les diverses formations. Et c’est particulièrement enrichissant quand on en arrive à l’herméneutique (l’interprétation des textes bibliques), car c’est dans ce domaine que le poids du contexte dont chacun est issu apparaît le plus.

Quelle est la place des femmes dans l’enseignement à l’UPAC ?

Je suis la seule femme pasteure et théologienne parmi une douzaine d’enseignants. C’est dire s’il y a besoin d’une meilleure reconnaissance du rôle des femmes dans ce domaine ! Et la formation que je suis ici, en France, peut bien sûr y aider. Ce sera d’autant plus vrai si je parviens à en tirer une publication. Cela me permettra de donner plus de visibilité à mon travail, plus de crédibilité auprès des enseignants de l’UPAC, qui pourront ainsi se rendre compte que ça n’est absolument pas du tourisme… Et ça pourra motiver d’autres enseignantes à suivre.




Rencontre avec le président de l’Église Évangélique du Congo

Le pasteur Juste Alain Gonard Bakoua préside depuis fin 2020 l’Église Évangélique du Congo, après quatre années de présidence d’Édouard Moukala qui ont laissé l’EEC en crise. En ce mois de mars 2022, il est en visite en France et de passage au Défap.

Le président de l’Église Évangélique du Congo, le pasteur Juste Alain Gonard Bakoua © Défap

C’est votre première visite officielle en France depuis que vous présidez l’EEC : quel est le principal but de votre venue et qui avez-vous eu l’occasion de rencontrer ?

Pasteur Juste Alain Gonard Bakoua  : Il s’agit de renouer avec les partenaires de l’EEC, après plusieurs années qui ont vu les relations se distendre. J’ai pu m’entretenir avec le Secrétaire général du Défap Basile Zouma, et échanger, en sa compagnie, avec la présidente de l’Église protestante unie de France, Emmanuelle Seyboldt. Nous étions accompagnés par Godefroy Tchoubou, président de la plateforme « Ensemble pour le Congo » qui est à la fois membre de l’EPUdF et de la communauté congolaise en France : il joue un rôle important de trait d’union.

Quelles sont vos attentes ?

Elles sont très importantes pour notre Église qui est en plein « relèvement » après des années difficiles. Elles concernent aussi bien la formation que les questions de santé, de jeunesse, de genre… En matière de formation par exemple, nous ambitionnons de relancer le cycle doctoral de la Faculté de Théologie Protestante de Brazzaville, mais pour cela, il nous faut former des enseignants et qu’ils puissent être accompagnés lors de leur cursus et de leurs recherches en France. Nous voudrions aussi mettre en place une gestion collégiale de l’université en y incluant d’autres partenaires : d’autres Églises ou d’autres centres universitaires, comme l’Université Protestante d’Afrique Centrale (Upac).

Et en France même ?

Il y a de grands besoins d’accompagnement de la diaspora congolaise, qui est très importante mais un peu dispersée. Il s’agit de favoriser le rapprochement avec les protestants de France mais aussi entre Églises congolaises implantées en France, pour aider au développement de communautés qui puissent être ouvertes sans perdre de leur identité.

Comment votre Église s’exprime-t-elle sur les principaux sujets politiques et sociaux du Congo-Brazzaville ?

L’EEC ne s’exprime pas de manière isolée. Il existe dans notre pays un Conseil œcuménique – dont j’assume en ce moment la présidence tournante, à la suite de Mgr Bienvenu Manamika, actuel archevêque de Brazzaville ; et les diverses Églises se coordonnent pour intervenir sur tous les sujets liés à la politique, au social, etc. C’est important pour l’EEC, mais aussi pour le Congo-Brazzaville lui-même : notre Église est la plus représentée dans le pays après l’Église catholique. Nous avons tous besoin d’union, car la situation de nos Églises a un impact direct sur l’unité de notre pays.




Éloigné, en confinement (5)

Les boursiers du Défap vivent le confinement, éloignés de leurs proches. Ils nous font partager leur ressenti à travers un « billet d’humeur ».

 

Jean Serge Kinouani Mizingou

Jean Serge Kinouani Mizingou est pasteur de l’Église évangélique du Congo (EEC) dont il est membre du conseil synodal. Il est directeur de l’Institut de formation pastorale de Ngouédi et enseignant à la Faculté de théologie protestante de Brazzaville (EEC).

Mon séjour à Paris s’opère dans le cadre de la rédaction d’un livre portant le titre suivant : Les objets transitionnels du pouvoir divin : une enquête sur le bâton de Moïse et le manteau de Moïse. Un projet que pourraient publier les éditions Olivétan.

Tout allait bien depuis mon arrivée à Paris le 7 février dernier jusqu’à ce que les informations inquiétantes en provenance de Chine nous parviennent. Mes allers-retours entre les bibliothèques de l’IPT-Paris, la BOSEB (Institut catholique de Paris) et la Maison des missions ne comportaient rien d’inquiétant, mais connaissant Paris, une ville qui attire beaucoup de touristes, les risques de contamination et de propagation du virus étaient grands.

Depuis que les mesures de confinement ont été prises par les autorités françaises, jamais je n’aurais imaginé que les avenues et ruelles de Paris deviendraient aussi désertes.

A chaque fois que le Directeur général de la santé donne le bilan journalier de l’évolution de l’épidémie, je me sens comme poignardé en plein cœur ; les images des malades qui gisent sur les lits des hôpitaux me font frémir et me laissent sans voix. Une seule chose est certaine, ce virus est redoutable et l’expression « guerre » utilisée par le président Emmanuel Macron est exacte.

Quand j’essaie d’en parler aux amis et connaissances qui sont au Congo-Brazzaville, j’apprends que beaucoup pensent que le Covid-19 est une simple invention humaine qui comporterait des enjeux politiques, économiques et financiers. A la grande différence des pays occidentaux, les mesures de confinement au Congo-Brazzaville ne sont pas scrupuleusement respectées. D’aucuns croient même, et ils sont un certain nombre, que cette pandémie n’est qu’un simple mythe. Au 4e jour de confinement chez nous, les populations en ont déjà marre et se ruent dans les avenues de Brazzaville.

Paradoxalement, lorsqu’il y a eu un premier cas de décès du Coronavirus, les agents de santé, pris de panique, ont vidé les services hospitaliers. Il semble que maintenant l’anxiété l’emporte sur la quiétude que devait susciter le fait de rester chez soi.

Comme si cela ne suffisait pas, dans le domaine de la foi on entend des prédications qui évoquent déjà la fin des temps. Ici et là des prédicateurs prédisent le retour imminent de Jésus-Christ. Ce genre de prêche ne fait que renforcer la perplexité de certains curieux au point de se demander : qui est finalement à l’origine du coronavirus, Dieu ou la nature ? Autant de tergiversations qui nous font perdre notre précieux temps !

Pour moi l’heure n’est pas aux débats stériles et vides de sens, mais au confinement afin de sauver des vies. Et s’il faut réagir contre des hérésies que je qualifierais de virales, les Saintes Ecritures ne nous disent rien sur les origines de la maladie, mais bien plutôt comment et par qui nous devons retrouver la guérison. Jésus durant son règne terrestre n’avait pas besoin de savoir d’où venait la maladie, seule sa parole libératrice et miraculeuse suffisait pour que le boiteux marche, et que le lépreux retrouve une peau saine.

L’heure n’est pas non plus à atermoyer entre des discours mythiques, effrayants et spirituels. On ne tente pas Dieu. Il a d’ailleurs lui-même recommandé à ses serviteurs d’aller se confiner en cas de danger. C’est le cas du prophète Elie qu’il envoya se réfugier près du torrent de Kerith à cause d’une grande sécheresse dans le pays (1R 17.3). Et le confinement égyptien de l’enfant Jésus avec ses parents en Mt 2.1315 en dit long.

Aujourd’hui, il ne nous est pas permis de forger des idéologies fantaisistes, car elles n’aideront en rien les hommes de science à chercher un traitement curatif. Que puis-je faire de mieux, en dehors de mes instants de prière, si ce n’est, chaque jour à 20 heures, au balcon de ma maison comme tous les concitoyens, participer aux crépitements des applaudissements afin d’encourager les efforts de ces hommes et femmes qui sont sur le front de cette guerre virale. Restons chez nous pour sauver les vies !


Vous pouvez relire le témoignage de Laurent Loubassou en cliquant ici >>>

Vous pouvez relire le témoignage d’Étienne Bonou en cliquant ici >>>

Vous pouvez relire le témoignage de Jean Patrick Nkolo Fanga en cliquant ici >>>

Vous pouvez relire le témoignage d’Adrien Bahizire Mutabesha en cliquant ici >>>




«Former à une citoyenneté responsable»

Rencontre avec un boursier du Défap : Rosin Bantsimba Sita Loussemo. Pasteur de l’Église Évangélique du Congo (Congo-Brazzaville), il est actuellement en troisième année de thèse et poursuit des recherches notamment à l’Institut Protestant de Théologie, faculté de Montpellier. Ses travaux tentent de montrer comment, à partir des écoles de l’Église et en mettant en application les valeurs protestantes, il est possible de former les jeunes à une citoyenneté responsable.

 




Un voyage pour «toucher du doigt les réalités de la vie au Congo»

Une douzaine de membres de l’Église protestante unie du Consistoire d’Héricourt se sont rendus début octobre auCongo-Brazzaville, pour y découvrir notamment les actions que mène l’Église Évangélique du Congo. Ils étaient accompagnés par le pasteur Joël Dautheville, président du Défap. Retour sur ce voyage avec Georges Massengo, qui a été pasteur à Brazzaville avant d’exercer son ministère au sein de l’Église protestante unie de France, et qui a organisé ce projet.

 

Les participants du voyage devant un centre médico-social © Défap

De retour de Brazzaville et Pointe-Noire depuis quelques semaines, le pasteur Massengo a encore en tête une liste de bagages qui tient du catalogue à la Prévert : trois valises d’habits pour bébé et autres matériels pour enfants, deux valises de lunettes, trois fauteuils roulants et… plus aucune place de disponible pour les livres du Défap… Qu’importe, l’essentiel n’était pas dans les bagages. Mais bien dans les rencontres… Le voyage a duré une dizaine de jours, du 29 septembre au 9 octobre 2017, et pour la plupart des participants, il a marqué leur premier contact avec le Congo-Brazzaville et avec l’Église Évangélique du Congo (EEC). Ils étaient douze, membres de l’Église protestante unie du Consistoire d’Héricourt, Georges Massengo leur servant de guide. Lui-même originaire de ce pays, il avait exercé son ministère pastoral dans l’une des principales paroisses de l’EEC, celle de Mayangui, avant sa venue en France où il est aujourd’hui pasteur de l’EPUdF.

Pour lui, l’objectif de ce voyage accompagné et soutenu financièrement par le Défap devait être avant tout de montrer la réalité du pays, non seulement sur le plan social (même si la République du Congo est un pays producteur de pétrole, près de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, et l’accès à l’eau potable et à l’électricité y reste difficile) mais aussi sur le plan de la vie d’Église. Autre participant du voyage à renouer avec le Congo-Brazzaville : Joël Dautheville, président du Défap, qui a lui-même été pasteur de la paroisse du Plateau il y a une quarantaine d’années, et qui avait décidé de précéder le groupe de quelques jours afin de faire le point sur les projets en cours.

La genèse du projet

Pour aller plus loin :
Mission au Congo : des chantiers nombreux et audacieux
Le Défap au Congo : projets en cours

L’Église Évangélique du Congo (EEC) est la première et la plus importante Église protestante au Congo-Brazzaville. Elle est aussi le principal partenaire du Défap dans ce pays. Elle trouve ses origines, au début du XXème siècle, dans les travaux de la Mission Évangélique Suédoise (MES), avec le concours d’autres Églises Missionnaires scandinaves. Son existence en tant qu’Église indépendante remonte au 15 juillet 1961, lorsque les différentes Églises Missionnaires ont décidé de l’autonomie des stations et postes missionnaires, donnant naissance à une Église unie. Mais l’avènement d’une république populaire en 1969, sous la présidence de Marien Ngouabi, avec comme corollaire l’instauration du socialisme scientifique, s’est traduit pour l’Église par la nationalisation de ses écoles et centres de santé. Aujourd’hui, dans un contexte social difficile, elle développe ses activités diaconales pour faire face aux besoins de la population notamment en matière d’éducation et de santé. Les projets soutenus par le Défap sont nombreux : soutien à la faculté de théologie de Brazzaville, programme d’éducation à la paix, formation d’animateurs jeunesse, scolarisation d’enfants sourds, formation à l’informatique, construction d’école, programme de lutte contre le sida, envoi de volontaires au sein du département Santé de l’EEC…

C’est lors d’un culte du pasteur Massengo destiné à présenter ces relations entre les protestants de France et l’EEC qu’est née, début 2016, l’idée d’organiser un voyage avec des membres du Consistoire d’Héricourt. «Il y avait là un couple de retour du Congo-Brazzaville», se souvient Georges Massengo. «Ils avaient séjourné dans le pays avec leurs enfants et ont témoigné de ce qu’ils y avaient vécu, de ce qu’ils avaient vu.» La situation sociale et les difficultés du quotidien, le problèmes de scolarisation des enfants, mais aussi toutes les actions lancées par l’EEC et la manière dont la foi y est vécue : autant de découvertes qui ont poussé les paroissiens à vouloir mieux connaître le pays et l’Église. Une fois le projet monté avec le Défap, trois sessions d’informations sur le Congo-Brazzaville ont été organisées à Lure et Héricourt, auxquelles a participé Joël Dautheville. Et les objectifs du voyage se sont développés.

«Comment pouvons-nous aider ?»

Distribution de médicaments © Défap

«Les participants m’ont demandé : comment pouvons-nous aider ?» raconte Georges Massengo. «Et je leur ai parlé d’un projet de construction de maternité auquel j’avais participé lorsque j’étais pasteur à Mayangui. J’y étais retourné depuis lors et j’avais découvert un centre qui était devenu une structure de référence au sein de l’Église, avec un service pour les consultations prénatales, un bloc opératoire pour les césariennes, mais aussi un service de médecine générale, un autre d’ophtalmologie, un suivi des personnes atteintes par le Sida… Le personnel médical, le médecin-chef m’avaient parlé de tous leurs besoins. Je me suis dit que ce voyage était une excellente occasion d’y répondre.»

Autour du projet de voyage s’organisent alors des collectes : vêtements et matériel médical (pour mesurer la glycémie et la tension, notamment), fauteuils roulants et équipement ambulatoire… Georges Massengo prend aussi contact avec une association locale, le Kiwanis Montbéliard-Sochaux, qui récolte toute l’année d’anciennes lunettes pour les remettre à des associations : «au Congo-Brazzaville, trop de gens qui ont des problèmes visuels ne peuvent pas trouver les lunettes dont ils auraient besoin». Les bagages grossissent ainsi jusqu’au moment du départ.

Rencontres et visites

Rencontre avec le président de l’EEC © Défap

Au Congo-Brazzaville, la petite délégation, accueillie par la paroisse de Mayangui, rencontre le président de l’EEC : le pasteur Edouard Moukala, successeur de Patrice Nsouami. Les visites s’enchaînent à Brazzaville : «Nous avons vu le responsable du département Santé de l’Église, qui a accueilli une envoyée du Défap. Nous avons livré là-bas nos fauteuils roulants et notre matériel ambulatoire. Nous avons visité l’orphelinat du temple du Centenaire, où Joël Dautheville avait été pasteur. Nous avons remis des sacs d’habits à la responsable du département Femmes et Familles de l’EEC, Éléonore Kissagui, ancienne boursière du Défap. Nous avons pu visiter une structure destinée à accompagner les filles-mères (qui vivent seules et sans moyens de subsistance pour élever leurs enfants) et à leur fournir une formation à la couture.»

À cela s’ajoutent des rencontres avec le doyen et les étudiants de la faculté de théologie de Brazzaville, une visite à un projet de «caisse féminine» monté par des femmes chrétiennes afin de faire du micro-crédit… Autant de manières pour les voyageurs de vérifier l’efficacité des liens tissés à travers les échanges ou le financement de bourses par le Défap – les anciens boursiers constituant, au fil des années, un réseau sur lequel le Défap peut s’appuyer dans ses relations entre Églises. Autant de manières, surtout, de «toucher du doigt les réalités de la vie au Congo».




Mission Congo : point sur les projets en cours

Du 31 octobre au 9 novembre 2016, le responsable des relations et solidarités internationales, le pasteur Jean-Luc Blanc, s’est rendu au Congo pour une mission de suivi de l’ensemble des projets en cours. Les objectifs de cette mission étaient nombreux : prendre contact avec la nouvelle équipe dirigeante de l’Église Evangélique du Congo, faire le point des divers projets, collaborer avec la Faculté de Théologie et l’Ecole Pastorale de Ngouedi sur des projets futurs… Le 20 novembre, le pasteur rendait un rapport complet de sa mission.

Depuis le mois d’août 2016, des changements importants ont eu lieu dans l’Église Evangélique du Congo. Une nouvelle équipe dirigeante a été élue et de nombreux responsables de départements ont changé. Cela ne peut pas ne pas impacter les orientations de nos relations avec l’Église.  Le pasteur Jean-Luc Blanc qui s’occupe des relations du Défap avec l’Église Evangélique du Congo, est allé y rencontrer l’ensemble des personnes concernées par nos partenariats.  Outre la prise de contact avec la nouvelle équipe dirigeante, il importait de visiter nos envoyées, au nombre de trois, et de faire le point sur les divers projets en cours que ce soit avec la Cevaa, la Plateforme Ensemble pour le Congo ou encore directement le Défap.

A son arrivée, le pasteur Jean Luc Blanc a été reçu par le  nouveau Bureau de l’EEC. Ce fut, bien sûr, l’occasion de faire le point sur l’ensemble de nos partenariats, mais aussi de parler des nombreux défis que la nouvelle équipe doit relever dont le premier est financier. Un second défi important est l’équilibrage des postes pastoraux entre la campagne et la ville. En effet, des postes de brousse sont vacants alors que des paroisses de ville sont asphyxiées par le nombre de pasteurs qui leur ont été affectés. Dans l’EEC c’est le Bureau Synodal qui affecte les pasteurs dans les paroisses, mais celui-ci souffre de toutes les pressions qu’il reçoit pour nommer les pasteurs en ville. Ainsi, certaines paroisses ont beaucoup trop de pasteurs, ce qui leur pose de grosses difficultés financières alors que d’autres, à la campagne, n’en ont aucun.

 

L’EEC : une Église dans une société en proie à la violence

La situation politique du pays est particulièrement inquiétante. La région du Pool est toujours la proie de violences et d’exactions diverses (l’ambassade de France a demandé à tous les français présents dans cette province de la quitter).  Les protagonistes sont difficiles à identifier au point qu’on ne sait jamais si les exactions commises sont le fait du pouvoir ou de groupes rebelles. Ce qui est certain c’est que cette situation exacerbe les tensions ethniques déjà présentes dans le pays et dans l’Église dont la nouvelle équipe dirigeante  aura fort à faire pour éviter que cela ne dégénère.  C’est par l’Action Evangélique pour la Paix que l’Église Evangélique du Congo (EEC) a choisi d’intervenir dans ce domaine. Il s’agit d’une association, partenaire du Défap depuis le début de son existence qui forme des enfants, des jeunes, des paroisses, des associations à la coexistence pacifique en utilisant un matériel mis au point avec l’Ecole de la Paix de Grenoble. Cette année, par exemple, l’Uepal a choisi de soutenir un projet de l’AEP dans l’un des quartiers les plus difficiles de Brazzaville. Ainsi, c’est tout un programme de formation dans les écoles protestantes et laïques et les paroisses qui va avoir lieu afin de favoriser un coexistence pacifique des divers groupes en présence.  Dans les jours qui suivaient le passage de Jean Luc Blanc, l’AEP devait initier une action autour de la question du Pool.

 

Une Église présente sur la scène de l’engagement social

 

Les hôpitaux

Parce que l’EEC est très présente dans le domaine social, ceux qui l’accompagnent soutiennent aussi des projets dans ce domaine : dans le domaine médical, par exemple, l’EEC possède 16 Centres de Santé ou hôpitaux, au service desquels, nous avons actuellement trois envoyées. Grâce à l’implication de la Cevaa, l’EEC a pu mettre en place une centrale pharmaceutique pour les 16 établissements, et est en train de créer un centre d’imagerie médicale. Deux de nos trois envoyées au Congo travaillent au service de ces projets.

 

Le sida

Toujours dans le domaine de la santé, la Plateforme Congo continue à suivre avec attention le programme de lutte contre le Sida dans lequel elle a toujours été impliquée. Aujourd’hui, son engagement est moindre mais, avec l’Église Libre et l’association « Chrétiens et Sida », elle soutient le programme de formation des bénévoles qui parcourent le pays pour faire de la prévention. Le programme actuel avait dû être interrompu à cause des événements politiques mais celui-ci est en train de reprendre normalement.  Un formateur français, C. Forma, devrait y retourner sous peu.

 

Scolarisation des enfants sourds

Le projet de scolarisation des enfants sourds se poursuit et se consolide, même si nous avons toujours des difficultés à motiver les bénévoles français nécessaires pour les formations prévues. Pour compenser, une formation va être réalisée sous peu avec les compétences locales.  Ce projet est actuellement financé par l’Uepal et la Cevaa.

Le petit projet de formation professionnelle pour des jeunes filles sourdes financé en partie par des paroisses de l’Epudf, est en bonne voie de réalisation. Le bâtiment construit dans la parcelle de l’école de Ouenzé va être achevé sous peu et le responsable est en train de rassembler le matériel nécessaire (machines à coudre…). Il sera ainsi situé sur le même site que l’une des deux écoles inclusives.

A Owendo, dans le nord du pays, il a fallu construire un bâtiment pour abriter les 2 classes supplémentaires nécessaires. Même si la construction d’un bâtiment pour accueillir les classes inclusives est un détail du projet, l’EEC a décidé de donner une place importante à l’inauguration de ce bâtiment de manière à rendre visible le projet (les enfants sont pour l’instant scolarisés dans des locaux de la paroisse). L’inauguration a donc eu lieu en grandes pompes avec chorales, discours, présence des autorités locales et régionales etc.  L’EEC y était représentée par son vice-président, le Coordinateur Régional, l’Aumônier des sourds, les divers représentants de l’Enseignement Protestant, les pasteurs locaux…etc.  A cette occasion, le vice-président a donné une grande place à la dimension missionnaire de ce projet en parlant du rôle qu’y ont joué la Cevaa et le Défap.  Il reste un détail qui est que le bâtiment a été inauguré avant d’être totalement terminé car il a manqué quelques fonds… Mais cela devrait pouvoir se régler rapidement.

L’enseignement primaire et secondaire

L’EEC possède environ 80 écoles primaires et secondaires gérées par son Département Enseignement. Outre le projet de scolarisation des enfants sourds, les Eglises de France via la Plateforme, soutiennent la réfection d’une école dans le Pool dont, pour l’instant, les travaux sont interrompus à cause de l’instabilité politique dans la région. Dès que la situation le permettra ce projet devrait reprendre.  Par ailleurs, avec le RIEP (Réseau International de l’Enseignement Protestant), le Defap est en train de considérer un projet de scolarisation des populations autochtones qui vivent dans les forêts du Nord. Ce projet ambitieux (création de 3 écoles) ne verra le jour que s’il est possible de trouver un financement public.

 

Quelques photos de la cérémonie d’inauguration.

 


Le vice-président de l’Église devant le bâtiment presque terminé, DR, 2016

 

Le bâtiment consacré aux classes pour les sourds, nov 2016, DR

 

Les premiers enfants bénéficiaires du projet avec leurs enseignants, nov 2016, DR

 

L’enseignement supérieur

L’Université Protestante de Brazzaville a un nouveau Recteur qui vient d’être nommé. Il s’agit de Serge Loko qui jusque là était professeur de théologie. Nous n’avons que peu de relations de travail avec l’Université en tant que telles sinon au travers du RUPA (Réseau des Universités Protestantes d’Afrique), mais la rencontre fut l’occasion de faire le point sur le RUPA et nos rôles respectifs dans le Réseau. Par contre, nous travaillons régulièrement avec la Faculté de Théologie qui fait partie de l’Université.

L’EEC est une Eglise qui investit beaucoup dans la formation de ses pasteurs

L’EEC qui a pris la décision de supprimer le statut « d’Evangéliste » a, très logiquement, décidé de modifier ses cursus de formation et de rehausser le niveau de l’institut de Ngouedi. Celui-ci reste un institut pour celles et ceux qui n’ont pas le bac, mais des passages seront possibles vers le cycle de licence de la faculté.   L’Institut est dirigé par le pasteur Jean Serge Kinouani qui était boursier du Defap il y a 3 ans. Dans l’avenir, nous essaierons de faire profiter l’Institut des divers échanges avec nos facultés, en particulier en ce qui concerne les échanges de professeurs. Une opération de distribution de Bibles NBS aux étudiants pourrait être menée assez rapidement à Ngouedi.

Avec le Doyen de la Faculté et le Directeur de l’Institut de Ngouedi,  Jean Luc Blanc a abordé la question du partenariat avec la Faculté de Strasbourg, avec la CLCF ainsi que les futurs échanges de professeurs et les éventuels futurs boursiers. Il faut souligner ici qu’une Association des Amis de la Faculté de Théologie de Brazzaville est née en France et veut soutenir un certain nombre de projets de la Faculté.

Une Eglise impliquée dans les questions de genre

Le Département Femmes et Familles avec lequel nous avons collaboré à plusieurs reprises dans le passé est maintenant dirigé par Eléonore Kissadi, elle aussi ancienne boursière du Défap.  Le projet « Genre » que le Défap a financé à ses débuts et qui est une sensibilisation à la question du genre et aux rapports hommes-femmes dans la société et dans l’Église se poursuit.

Le projet de formation des « conseillers conjugaux » dans lequel une association proche de l’Église Libre MVF) est impliquée via la Plateforme, est toujours d’actualité même si les financements se sont taris. Les formateurs sont prêts à y retourner mais avant, il reste à s’assurer du financement des séminaires…

Une Eglise qui développe les aumôneries

Depuis 2011, toutes les aumôneries sont regroupées au sein du Département « Aumônerie Générale ». Or, jusqu’ici le Défap et la Plateforme Ensemble pour le Congo ont travaillé avec la plupart des aumôneries, mais jamais avec l’Aumônerie Générale qui souhaiterait que la plateforme se saisisse de deux de ses demandes :
– l’aider à développer des formations pour les aumôniers.
– l’aider à la création de maisons de retraites.  C’est un sujet sur lequel il nous faut réfléchir plus largement au Défap car l’idée de créer des maisons de retraite en Afrique est en train de germer dans plusieurs pays à mesure que l’urbanisation les confronte à des problèmes similaires à ceux que nous avons connu quand nous nous sommes engagés dans cette voie en France.

Ouvertures

Comme chaque fois qu’un représentant du protestantisme français va au Congo, Jean Luc Blanc a rencontré de nombreux autres acteurs de l’Église et du pays. Nos relations dans ce coin de l’Afrique sont d’une grande richesse. Certaines paroisses en profitent déjà depuis longtemps, mais il y a de la place pour les autres !

 

 

 




Violences en RDC, le Défap reste vigilant

Des affrontements entre l’opposition et les forces de l’ordre ont eu lieu en début de semaine au Congo Kinshasa, ex-Zaïre. La fin du mandat de Joseph Kabila Kabange, président depuis 2006 réélu en 2011, approche.

Rien ne semble être fait pour organiser les élections qui devraient se tenir en décembre cette année.  Des « dialogues entre Congolais », convoqués par le chef de l’Etat, ont été institués, invitant au débat national. Mais pour les forces d’opposition, le préambule de toute démarche consiste à annoncer, par respect pour le cadre constitutionnel, que l’actuel président de la République ne sera pas candidat aux prochaines élections.

Sur place, nos amis et partenaires témoignent d’une situation tendue, où le mécontentement de la population se joint à une peur grandissante. Ce pays au sous-sol richissime, dont la population ne profite guère, rencontre les mêmes difficultés qu’un grand nombre de pays africains pour qui la démocratie n’est encore qu’à l’état d’ojectif à atteindre.

Une marche, initialement acceptée par le pouvoir en place, composée d’opposants politiques et de membres de la société civile congolaise, a été réprimée dans le sang par les forces de police et la garde républicaine. L’association Human Rights Watch parle de plus de quarante morts à ce jour. Et la contestation ne se limite pas à la capitale, d’autres villes comme Kananga sont touchées par des actes d’une extrême violence. Selon nos informations, les affrontements auraient fait une centaine de morts dont un important chef coutumier.

Nous nous associons à la douleur de ceux et celles qui vivent cet épisode tragique de la vie de la République Démocratique du Congo. Nous prions afin que la parole et la vie puissent émerger de cette crise et donner aux Congolais et aux Congolaises, la force de résister aux violences qui leur sont faites.




Plateforme « Ensemble pour le Congo » : Le Défap poursuit son engagement

Lancée en 2002 suite aux guerres civiles qui ont ravagé le pays, la plateforme « Ensemble pour le Congo » s’engage dans la mise en place d’actions humanitaires sur le terrain. Un appel auquel le Défap a immédiatement répondu présent, aux côtés de ses partenaires l’Armée du Salut, la Cimade, les Eglises Libres, la Cause, le SEL ou encore les UCJG. Le 1er juin 2016, les acteurs de la plateforme se réunissaient. L’occasion de faire le point sur les actions en cours et celles à venir.

Santé, éducation, paix, reconstruction, formations théologiques…depuis son lancement il y a presque 15 ans, la plateforme s’appuie sur un large choix d’actions. La réussite de cette initiative solidaire réside dans la synergie de moyens financiers et humains mis à disposition par des partenaires engagés. A l’approche de l’été, quel premier bilan peut-on alors dresser ? Le Défap fait le point d’une année déjà riche en résultats.

 


Groupe de bénévoles impliqués dans la lutte contre le Sida, DR

 

2016 : l’engagement continue

Cette année, malgré les récents évènements dans la région du Pool dont les conséquences restent encore difficiles à évaluer, la plateforme poursuit ses actions au Congo-Brazzaville. 4 grands champs d’actions ont donc été privilégiés : la prévention et l’accompagnement des malades du Sida, la scolarisation des enfants sourds, l’éducation à la paix et le soutien à la faculté de théologie de Brazzaville.

Prévenir et accompagner les malades du Sida

Mise en place en novembre dernier mais interrompue pendant les récentes élections, la formation à la prévention devrait reprendre en septembre prochain. L’objectif est simple : former sur l’ensemble du territoire congolais de plus en plus de personnes afin d’organiser auprès des paroisses et des groupes de jeunes des animations centrées sur la prévention.
Côté accompagnement des malades, de nombreux animateurs interviennent auprès des centres d’accueil et d’information. On les appelle les «Serviteurs éducateurs itinérants ».

Scolarisation des enfants sourds : des résultats encourageants

Depuis la création de la plateforme, le Défap milite également en faveur de la scolarisation des enfants sourds. Il met ainsi en relation le CROP (Centre de Rééducation de l’Ouïe et de la Parole) avec des écoles du Congo.  L’objectif : former les enseignants à l’accueil des enfants sourds.
Aujourd’hui, le bilan est encourageant. Des classes spécialisées pour enfants sourds ont en effet été inclues dans les 2 écoles pilotes du projet, à Brazzaville et à Owendo. Mais il reste encore beaucoup à faire et il n’est pas toujours facile de trouver des formateurs prêts à partir au Congo pour former les enseignants sur place.

L’Education à la Paix

Il ne faut pas l’oublier, l’un des objectifs essentiels du programme au Congo reste l’éducation à la Paix. Dans le contexte violent du pays, un tel programme est d’autant plus nécessaire.
La formation dispensée sur place passe donc par l’initiation des enfants à la communication non-violente via des techniques mises en place par L’Ecole de la Paix de Grenoble.

 

A la plateforme, on parle des projets en cours mais aussi de l’évolution politique du pays dont les récents évènements survenus dans la région du Pool, sans oublier bien entendu des initiatives menées envers les autorités françaises et européennes.
Parallèlement, de nouveaux projets émergent. Ils seront étudiés dans les prochaines semaines.

 

 




Mission au Congo : des chantiers nombreux et audacieux

Du 12 au 18 décembre 2015, le pasteur Jean-Luc Blanc s’est rendu au Congo pour faire le point sur les différents engagements du Défap.

A l’écouter suite à son retour, on se demande pourquoi nos regards ne se tournent pas plus souvent vers le Congo.

 

Construction de l'école d'Owando, DR

Construction de l’école inclusive pour enfants sourds d’Owando, DR

 

Le récit de son séjour pourrait bien faire naître des vocations. Les projets, variés, se révèlent audacieux : programme d’éducation à la paix, formation d’animateurs jeunesse, scolarisation des enfants sourds, formation à l’informatique, construction d’école, programme de lutte contre le sida… Les chantiers ne manquent pas, et malgré les turbulences politiques, ils prennent de la hauteur.

 

Ecole inclusive pour enfants sourds, Owando, DR

Ecole inclusive pour enfants sourds, Owando, DR

 

Une question a particulièrement retenu son attention, celle liée à la relation entre universités européennes et universités d’Afrique centrale. Jean-Luc s’est rendu à la faculté de Brazzaville, partenaire avec le soutien du Défap de la Faculté de Théologie Protestante de Strasbourg. Il a pu constater que les conditions d’études des futurs diplômés n’étaient pas la principale pierre d’achoppement.

En effet, comment l’Universitas magistrorum et scholarium, ce pur produit de l’Occident, peut-elle dialoguer, sans l’aide de Dieu (au sens de support rhétorique), avec une pensée construite avec d’autres représentations symboliques. Le fameux, « discerner pour relier et conjoindre », qui n’est peut-être pas la seule façon de formuler une thèse, se heurte à une approche locale éloignée des attentes des correcteurs.
Si l’on considère que les structures de la pensée sont en partie liées à la langue maternelle, pour beaucoup d’étudiants congolais, cela contribue à envisager l’étude avec d’autres concepts et l’enseignement avec d’autres méthodes.

 

Institut des jeunes sourds de Brazza, DR

Institut des jeunes sourds de Brazza, DR

 

Rémi Gounelle, Doyen de la Faculté de Théologie Protestante de Strasbourg, s’est rendu sur place en novembre 2015. Il témoigne, après son intervention :

« Les étudiants ont été surpris par deux aspects de mon cours : d’une part, il relevait de l’histoire des idées et non de l’histoire factuelle qui leur est enseignée à la Faculté ; d’autre part, la posture de l’historien français repose sur une sorte d’athéisme méthodologique, que j’ai explicitée. Lors des discussions que nous avons eues sur ce point en cours ou lors des pauses, les étudiants ont fait écho à des discussions semblables qu’ils avaient eues avec Michel Grandjean [Professeur ordinaire à la faculté de théologie de l’université de Genève, ndlr], ou Elian Cuvillier [Professeur à l’institut Protestant de théologie de Montpellier, ndlr]. Si certains d’entre eux comprenaient la posture distante et critique de l’historien, d’autres ont cherché jusqu’au dernier jour à connaître mon intime conviction. Leurs réactions, par  moment amusées, m’ont permis d’expliquer plusieurs problèmes de méthode et d’aborder, en conclusion, la fonction de l’historien, qui ne saurait donner de solutions pour le présent, mais dont le travail permet de prendre des décisions éclairées pour le présent. »

 

La tension est nécessaire. Reste à savoir comment l’Université Protestante au Congo peut accepter légitimement les exigences universitaires françaises.

 

En savoir plus sur les projets du Défap au Congo