Au service de la jeunesse camerounaise

 

Jonathan, vous êtes actuellement au Cameroun et vous avez « conçu » votre mission qui est issue d’un projet personnel, monté en collaboration avec le Défap. Ce n’est pas une démarche habituelle.

C’est vrai, j’étais parti en 2011 dans un échange interculturel au Cameroun avec le Défap. Début 2016, l’envie m’a repris de retourner dans ce pays, pour revoir les amis rencontrés lors de ce premier projet. Par chance, la possibilité de partir en mission s’est présentée. C’était pour moi l’occasion de vivre une immersion complète dans la culture camerounaise avec l’organisme de formation Intercordia.

J’ai donc pris la décision de partir, non pas à la rencontre de mes amis, mais en mission. Educateur de profession, j’ai voulu confronter mon savoir à une autre réalité et une autre culture. Mais je ne pouvais pas partir sans dimension spirituelle et religieuse. C’est pour cela que j’ai choisi une structure d’obédience protestante et surtout que j’ai demandé au Défap de me soutenir dans cette mission, dans l’élaboration et la réalisation.

 

Après toutes les démarches nécessaires, vous êtes installé au Cameroun depuis quelques mois. Comment s’est passée l’intégration ?

Aujourd’hui, cela fait 4 mois que j’ai commencé à travailler comme éducateur dans l’association AHP²V à Baham (Association Humanitaire pour la Promotion des Personnes Vulnérables). Cette structure accueille 25 jeunes (de 6 à 25 ans) socialement vulnérables. Leur vulnérabilité vient d’un handicap physique, d’un retard mental, ou d’une situation difficile à la maison, voire de leur statut d’enfant abandonné. Pour ceux qui connaissent un peu le secteur médico-social en France, cela englobe l’ensemble du panel des structures françaises (IME, IMPro, MECS, …).

Les jeunes ici sont accompagnés individuellement pour leur permettre de s’autonomiser et de prendre en main leur destin. Le centre propose de l’alphabétisation, des formations professionnelles (bijoux, couture, bougies, meubles en bambou, …), un soutien scolaire mais aussi le centre permet aux jeunes accueillis d’être opérés et rééduqués.

Quand je suis arrivé, étant éducateur sportif, on m’a dit : « tu animeras le sport et tu participeras aux différentes activités en fonction de tes envies et disponibilités ».
Je me suis rapidement rendu compte que le sport était vraiment minoritaire dans le programme (une demi-heure par semaine) et que ma place était principalement dans l’alphabétisation et les travaux du champ. Les encadrants quittent tous le centre à 16h pour permettre aux jeunes de s’entraider, de développer leurs compétences de vivre ensemble et de travaux quotidiens (nettoyage, cuisine, vaisselle…) mais ce n’est pas toujours aisé.

J’ai dû ainsi dépasser mes fonctions, prenant plus de place dans l’organisation et dans la gestion du temps, afin de permettre à chacun le meilleur développement possible.

 

Et au-delà de l’aspect professionnel ?

Dans ma mission, je cherchais aussi le côté spirituel, et j’ai été très surpris de la façon de voir la religion dans le centre. Ici, nous prions et méditions le lundi matin avec tous les jeunes, quelle que soit leur confession et le message qui est régulièrement passé est celui du travail. Il est demandé à chacun de travailler ce qu’il peut pour le bon fonctionnement du centre, que Dieu pourvoit aux gens qui travaillent. Le mot d’ordre pourrait être « aide-toi, le ciel t’aidera »  et « pardonnons-nous les uns les autres pour qu’un monde de paix soit possible ».

J’étais venu en mission pour découvrir une autre façon d’accompagner le handicap, mais je me suis rendu compte qu’ici, comme ailleurs, l’accompagnement commence par la mise au centre du facteur humain. Ici, comme en France, les encadrants essaient de prendre en considération la personne accueillie dans toutes ces dimensions, sa volonté, ses désirs…

 

Le travail social au Cameroun est-il si différent de celui que l’on connaît en France ?

Là où je vois la différence avec la France, c’est dans le soutien des institutions. Ici il n’y a pas de financement de la part de l’Etat et c’est un combat quotidien pour assurer la ration des enfants et financer les opérations des jeunes.

Je remercie toutes les personnes qui me soutiennent dans cette mission, qui me portent dans la prière, et ceux qui aideraient à la vie du centre ou pour les opérations des cinq jeunes qui sont toujours en attente.


( de gauche à droite ) Jonathan Lafont, le directeur du centre et Jean-Luc Blanc du Défap, DR




Cameroun : une énergie à la hauteur des ambitions

Le pasteur Jean-Luc Blanc s’est rendu au Cameroun du 6 au 15 janvier 2017. Une visite qui fut l’occasion de revoir les partenaires et les facultés de théologie, de participer à l’Assemblée Générale de l’EPC (Eglise Protestante du Cameroun), de rencontrer les responsables de l’Oeuvre Médicale de l’EPC, du CEPCA, et de nombreux autres acteurs en lien avec le Défap. Un programme chargé et ambitieux.

 

L’Institut de théologie de Kaélé : un travail remarquable


Dans le passé, l’Institut de Théologie de Kaélé a bénéficié de plusieurs projets de la Colureom (Commission luthérienne des relations avec les Églises d’outre-mer). Depuis la fusion de celle-ci avec le Défap, l’Institut a bénéficié de deux bourses – un congés recherches pour le professeur S. Dawaï et une bourse pour le Maroc, d’un soutien à l’édition d’un ouvrage de S. Dawaï, d’un soutien financier pour la participation de leur bibliothécaire à la formation organisée par la CLCF au Bénin et d’une opération NBS. En outre, le Défap a soumis un projet d’électrification photovoltaïque pour l’Institut auprès de l’Uepal qui l’a accepté.
La bibliothèque a également bénéficié d’un apport conséquent d’ouvrages de la part de la CLCF.

Jean-Luc témoigne : « Comme beaucoup d’autres en Afrique, la faculté de Kaélé vit dans une situation de précarité financière qui ne lui permettrait pas d’exister si elle n’avait le soutien d’organismes missionnaires étrangers. Sur un budget de 30 millions de FCFA, 16 millions proviennent de l’aide extérieure. Pourtant, la faculté fonctionne avec un personnel très réduit : 6 enseignants dont seulement 2 déchargés de paroisse et une secrétaire qui est aussi comptable, pour 70 étudiants. »

Au niveau académique, la faculté a conclu un accord avec l’UPAC afin d’être considérée comme une « antenne » de celle-ci, harmonisant les cursus et les diplômes en vue de leur reconnaissance.
Plusieurs projets ont été évoqués : le soutien à l’édition d’ouvrages de professeur, les bourses pour Al Mowafaqa – il est essentiel que les professeurs soient formés en islamologie dans cette partie du pays -, et les échanges de professeurs. L’envoi de professeurs français est actuellement impossible tant que la région n’est pas officiellement reconnue comme sécurisée.

 


Kaélé, janvier 2017, DR

 

Faculté de Ndoungué : une réussite prometteuse

Le pasteur Jean-Luc Blanc s’est également rendu à Ndoungué afin de visiter la faculté de théologie. Ces dernières années, le partenariat avec les facultés de France était réduit à son minimum : un envoi de professeur et une opération NBS. Aujourd’hui, la faculté compte 159 étudiants et 23 professeurs dont 10 à plein temps, habitant sur place. Elle est dirigée par une doyenne, Madeleine Mboute et une gestionnaire.
« Ces deux femmes à la tête de cette institution font un travail remarquable qui mériterait d’être plus connu ! », appuie Jean-Luc.

Parmi les événements à souligner, la faculté a organisé un colloque de grande qualité pour le lancement de l’année des « 500 ans de la Réforme » et s’apprête à fêter ses 70 ans cette année. Bien entendu, le Défap est attendu à cette grande fête qui aura lieu fin mars.

De nombreuses pistes de travail ont été lancées. Tout d’abord, la faculté souhaiterait renouer sa collaboration avec la CLCF, au point mort depuis de nombreuses années. Conséquence : contrairement à Kaélé, il y a un grand manque en ouvrages récents.
Des congés recherches pour les professeurs pourraient être mis en route car plusieurs portent de bons projets.
Enfin, la mise en place d’un partenariat avec une faculté de France et d’éventuels échanges de professeurs seraient à envisager afin d’accompagner l’évolution et la croissance de la faculté.

 

Retour sur les projets du CEPCA

Plusieurs rencontres ont également eu lieu dans le cadre du CEPCA (Conseil des Églises protestantes du Cameroun) pour préciser les contours des projets en cours : un colloque sur les extrémismes religieux, la mise en place d’un soutien à l’enseignement confessionnel dans le nord du pays ainsi qu’auprès des aumôneries.

Pour ce qui est du projet de colloque, le CEPCA confirme son organisation au Cameroun en octobre 2018. A sa suite, un second sera organisé en France dès 2019.
Le public attendu se situe aux alentours d’une soixantaine de personnes, acteurs susceptibles par la suite de transmettre ces réflexions.
Le projet « enseignement » a trouvé son responsable, qui, avec l’Église Fraternelle Luthérienne, va élaborer un projet chiffré. Celui-ci concerne des écoles protestantes mais également musulmanes.
Le projet de soutien aux aumôneries (militaires, hôpitaux et prisons) est sur la bonne voie.
Des relations ont enfin été établies avec l’aumônerie militaire. Il reste néanmoins encore beaucoup à faire avec les hôpitaux et les prisons.

 

Rencontre avec un de nos envoyés

« Nous avons deux envoyés au Cameroun : Nathan Minard à Garoua et Jonathan Lafont à Bafang. Nathan était en vacances en France et pour ce qui est de Jonathan, comme il m’était difficile de me rendre à Bafang, c’est lui qui a fait le déplacement jusqu’à Ndoungué avec son directeur pour me rencontrer. Jonathan est un de ces quelques « projets personnels » que nous aidons. Après avoir fait un camp au Cameroun avec son pasteur, il a gardé des liens avec la structure partenaire (EEC) qui accueille des jeunes en grandes difficultés et aujourd’hui, il a choisi d’y faire son stage de fin d’études. »

 


(à gauche) Jonathan Lafont et Jean-Luc Blanc (à droite) à Ndoungué, 2017, DR

 

Jonathan souhaite continuer cette relation quand il sera de retour en France et intéresser sa paroisse ou d’autres associations en vue d’obtenir un soutien pour certains de leurs projets. Son souhait est de le faire en lien avec le Défap. Pour l’instant, tout se passe bien. Les surprises et les difficultés n’entament pas son enthousiasme. Son directeur est aussi très content de cette formule et dans l’avenir serait preneur de jeunes en Service Civique.

 

UPAC : bourses, infrastructure et francophonie

Le pasteur Jean-Luc Blanc a rencontré à l’UPAC plusieurs candidats à l’élection d’une bourse. Deux ont particulièrement retenu son attention : les projets de thèse sont déjà bien aboutis et mériteraient largement d’être poursuivis en France.

Plusieurs points ont été également évoqués avec le recteur, les deux doyens et le secrétaire académique.
Comme par exemple les soucis liés au bâti. En effet, l’UPAC est à l’étroit dans ses locaux et a besoin de développer ses infrastructures. Il devient urgent de construire un nouveau bâtiment et d’équiper un laboratoire pour la Faculté des Technologies de l’Informatique et de la Communication. Les pistes que Jacques Fleck avait commencé à explorer sont maintenant à creuser : contacter l’AFD pour un prêt et du C2D (contrat de désendettement et de développement).
Conscient de son inscription dans la francophonie, l’UPAC souhaiterait rééquilibrer ses relations par rapport aux autres pays qui la soutiennent.

Jean-Luc a également eu la chance d’assister au début de la Semaine Interdisciplinaire sur le thème de « Foi et réseaux Sociaux » animée par une journaliste envoyée de BFDW (association allemande Brot für die Welt).


Un voyage au Cameroun, riche de rencontres et de nombreuses perspectives à venir.

 

 




Le container est bien arrivé

Après quelques semaines d’attente, le container chargé de matériel médical à destination du nord du Cameroun est enfin sorti du port de Douala et il a pu prendre la route vers sa destination finale.

Une arrivée attendue

Le container est sorti de la zone sous douane le 24 juin 2016. Dès le lendemain, un camion l’a pris en charge et s’est mis en route pour différentes localités de l’extrême nord du pays auxquels son contenu est destiné.  Plusieurs escales sont prévues : M’Balang N’Djalingo pour le secteur de Ngaoundéré – un projet dans lequel l’association alsacienne « Triangle d’Afrique » est partenaire – puis la ville de Yagoua, pour l’hôpital protestant géré par l’Église Fraternelle Luthérienne du Cameroun et ensuite le dispensaire de Pouss.

 

 Arrivée du container à Douala, DR

 
Un projet de longue date

L’opération a été lancée il y a quatre ans. Son principal initiateur, Luc Carlen, était parti en 2010 dans le cadre d’un Volontariat de la solidarité internationale (VSI) au Cameroun, avec le Défap.
À son retour, en 2012, il a décidé de rassembler du matériel médical pour l’envoyer au dispensaire de Pouss, où il avait lui-même travaillé. Ces efforts vont efficacement pallier au manque de moyens pour soigner la population rurale.

 

Sensible au projet de son ancien envoyé, le Défap s’est associé à cette initiative en ajoutant au container des ouvrages bibliques à destination de l’institut supérieur de théologie de Kaélé et de l’Institut protestant de Ndoungue.

 

Matériel prêt au départ, DR

 

 




De retour de Yaoundé

Le 28 juin dernier, le Défap et l’UPAC (Université Protestante d’Afrique Centrale) ont souhaité rendre hommage à Eric de Putter lors d’une cérémonie à l’Institut français de Yaoundé. De nombreuses personnes avaient fait le déplacement : proches, enseignants, étudiants, représentants de l’Eglise mais aussi Madame l’ambassadrice de France au Cameroun Christine Robichon, le professeur Jean-François Zorn, le vice-président du CEPCA le pasteur Richard Ondji’i Toung, le recteur de l’UPAC Timothée Bouba et la représentante locale de  »Semeurs de Liberté’ Nadeige Laure Ngo Nlend. Jean-Arnold de Clermont, président du Défap, et Laurent Schlumberger, président du Conseil national de l’Eglise protestante unie de France, ont pris part à la cérémonie. De retour en France, ils ont répondu à nos questions.
Que retenez-vous de cette cérémonie ?

Jean-Arnold de Clermont : « Je retiens deux aspects majeurs, tout d’abord la manière dont nous étions les uns avec les autres. Il s’agissait d’une réflexion des Eglises sur le sens de cet assassinat. En retournant là-bas, nous souhaitions dire qu’il faut retrouver la force de reconstruire.

L’autre chose qui m’a marqué c’est que tous les gens que nous avons rencontré déplorent que la justice se soit enlisée à ce point. »

Laurent Schlumberger : « Tous les proches d’Éric et tous les partenaires étaient représentés. La présence de ces derniers est très encourageante, même si bien-sûr tout reste à faire. Car quatre ans après nous avons encore beaucoup d’interrogations : qui est le commanditaire de l’assassinat ? Qui est l’assassin ? Que s’est-il passé ? Des questions qui attendent encore des réponses.

Il est nécessaire que cette situation se débloque. J’attends ardemment cette évolution même si je sais que ça ne viendra pas seul. Nous continuerons à nous adresser aux différents services et autorités. »

 

Selon vous, cet hommage aura t-il un impact au Cameroun ?

Jean-Arnold de Clermont : « A la veille du quatrième anniversaire de l’assassinat d’Éric de Putter, il était important de lui rendre hommage, pour montrer que nous ne l’oublions pas et que le combat pour la justice continue. Il s’agissait aussi de faire pression sur les gouvernements français et camerounais pour faire bouger les lignes sur les plans de la justice.

Il faut que les gouvernements français et camerounais trouvent un terrain d’accord. Nous avons rencontré le directeur de l’université et l’ambassadrice de France. Nous demandons également aux Eglises du Cameroun de faire pression sur le gouvernement camerounais ».

Laurent Schlumberger : « Je veux être confiant, je pense que la volonté de trouver la vérité viendra mais rien n’est acquis. Le combat pour la vérité continue. Cette cérémonie avait aussi pour but d’encourager des déblocages. Il y a un vrai travail à faire pour délier les langues et pour que l’on sache ce qui s’est réellement passé. Il reste encore des zones d’ombre et nous espérons que les autorités relanceront la coopération judiciaire franco-camerounaise. Ce silence ne doit plus durer. »




Une cérémonie en hommage à Eric de Putter à Yaoundé

Éric de Putter, professeur d’Ancien Testament à l’Université protestante d’Afrique centrale (UPAC) à Yaoundé (Cameroun) et envoyé du Défap, a été assassiné le 8 juillet 2012 sur le campus. En ce 28 juin 2016, le Défap et l’UPAC lui ont rendu hommage. Lors de la cérémonie, organisée à l’Institut français de Yaoundé, Laurent Schlumberger, président du Conseil national de l’Eglise protestante unie de France, a pris la parole. Retrouvez ci-dessous l’intégralité de son discours.

Le campus de l’UPAC à Yaoundé © UPAC

Quatre ans après la mort du professeur Eric de Putter

« Jusqu’à quand, SEIGNEUR, m’oublieras-tu sans cesse ? Jusqu’à quand te détourneras-tu de moi ? Jusqu’à quand aurai-je des soucis et chaque jour le chagrin au cœur ? Jusqu’à quand mon ennemi s’élèvera-t-il contre moi ?

Regarde, réponds-moi, SEIGNEUR, mon Dieu ! Fais briller mes yeux, afin que je ne m’endorme pas dans la mort, afin que mon ennemi ne dise pas : ‘je l’ai emporté sur lui !’, et que mes adversaires ne soient pas dans l’allégresse, si je vacille.
Moi, j’ai mis ma confiance en ta fidélité ; mon cœur trouve de l’allégresse en ton salut. Je chanterai pour le SEIGNEUR, car il m’a fait du bien. »

Ce sont les mots du Psaume 13. Les Ecritures bibliques tenaient Eric de Putter debout, vivant. Elles étaient la source de son courage d’être, l’horizon de sa joie, le quotidien de son travail, le souffle de son inspiration – et c’est pourquoi j’ai ouvert mon propos non pas avec mes propres mots, mais avec ceux que la Bible nous offre, à lui et à nous tous.

Les mots du Psaume 13, sont des mots de plainte, de lutte, de refus, de vie et d’espérance. Et c’est très exactement là que je me situe, devant vous et avec vous.

« Jusqu’à quand ? » Depuis bientôt quatre ans, nous pouvons reprendre cette question, qui martèle le début de ce psaume à quatre reprises. « Jusqu’à quand ? » Et ce psaume, nous pouvons le dire et le redire avec bien des voix. Nous pouvons le dire avec les voix de Marie-Alix, Ellie et Jean, Loïc et Yann : « Jusqu’à quand aurai-je chaque jour le chagrin au cœur ? » Avec la voix de Rachel, la fille de Marie-Alix et Eric : « Fais briller mes yeux ! » Avec la voix des collègues d’Eric : « Que mon ennemi ne dise pas ‘je l’ai emporté sur lui’. » Avec la voix de tant de fidèles, de pasteurs, de responsables des Eglises protestantes de France : « Que l’adversaire ne soit pas dans l’allégresse si je vacille. »

Ce psaume, nous pouvons le dire et le redire, non pas seulement avec les voix des personnes liées à Eric de Putter d’une manière ou d’une autre. Nous pouvons aussi le dire avec la voix de l’amitié franco-camerounaise, fragilisée par cette tragédie. Et le redire avec la voix de la fraternité d’Eglises-sœurs, Eglises en France, Eglises au Cameroun, Eglises en France et au Cameroun, une fraternité mise à l’épreuve par ce drame. Car ce qui a été atteint, le 8 juillet 2012 mais aussi dans l’enlisement judiciaire qui dure – qui dure « Jusqu’à quand ? » –, c’est non seulement la vie d’un homme, mais aussi plus que cela.

Le professeur de Putter incarnait cette amitié et cette fraternité. Il les personnifiait. Eric de Putter a grandi dans le Nord de la France, dans une petite région qu’on appelle la Thiérache. Un paysage vallonné et vert, plutôt à l’écart des grandes voies de communication, mais qui fut traversé de part en part et à plusieurs reprises par les grandes vagues de l’histoire européenne. Il a été éduqué dans la foi protestante de cette région, un protestantisme vivant et à la volonté farouche, qui a traversé les siècles en ne comptant souvent que sur ses propres forces enracinées dans la fidélité de Dieu. Il a mené ses études jusqu’au doctorat à la Faculté de théologie de l’Université de Strasbourg, un doctorat remarqué pour son excellence et récompensé par un prix. Il a approfondi sa formation par un séjour à l’Ecole biblique de Jérusalem. Et tout ce parcours, dont je ne fais que rappeler quelques traits connus de tous, s’est comme concentré dans cet envoi en 2010, ici à Yaoundé. Un envoi inscrit dans ce statut, si justement et magnifiquement intitulé : « Volontaire de la solidarité internationale » – et chaque mot compte. Un envoi inscrit dans les relations si anciennes et profondes qui lient le Cameroun et la France, les Eglises de France et celles du Cameroun.

Que cet homme, issu de ce Nord de la France si européen, formé dans une université enracinée dans une région à la double culture française et germanique, passé par le Proche-Orient, devienne professeur d’hébreu, d’Ancien testament et d’histoire des religions au sein de l’Université protestante d’Afrique centrale, représente en quelque sorte la quintessence de cette amitié franco-camerounaise, de cette fraternité entre Eglises du Cameroun et de France.

Bon nombre d’entre vous savent ce que représente ce que nous appelons un envoyé. En l’occurrence, il s’agissait d’un envoyé par le biais du Défap, Service protestant de mission, des Eglises de France vers des Eglises d’Afrique et l’un de leurs fleurons universitaires. Etre envoyé, c’est être ambassadeur. C’est être, comme le dit l’apôtre Paul, une lettre vivante écrite avec l’esprit de Dieu sur une tablette de chair et dans des cœurs. C’est venir à la rencontre de frères et de sœurs, que l’on ne connaît pas encore et qu’on identifie pourtant déjà comme tels, en personnifiant celles et ceux qui vous envoient. Etre envoyé, c’est emporter avec soi tant d’histoire assumée, tant de convictions rassemblées, tant de reconnaissance reçue, tant de moyens patiemment collectés. Et c’est être porté par tout cela, par tout ce qu’il faut bien appeler par son nom, c’est-à-dire un amour reçu et partagé. Non pas un amour vaporeux ou idéalisé, mais un amour qui a la puissance de franchir les distances, de chasser les fantômes du passé, de traverser les fatalités, de construire un avenir commun. Un envoyé, c’est un homme porté par un élan personnel et intime, accompagné dans cette aventure par des proches et des institutions, mais qui entraîne avec lui le cortège d’un peuple qui l’envoie vers un autre peuple, de deux peuples rassemblés en un seul par le Dieu de tous les peuples, père de tous ses enfants.

Cette amitié franco-camerounaise, cette fraternité des Eglises du Cameroun et de France, que le professeur de Putter incarnait si pleinement, déborde donc largement la situation individuelle d’un envoyé. Elle est profondément imprimée dans la conscience de nos Eglises de France.

Laissez-moi évoquer quelques instants un témoignage personnel. C’est aujourd’hui la première fois que je pose mes pieds sur le sol du Cameroun. Et pourtant, j’ai le sentiment de l’avoir souvent foulé depuis bientôt 60 ans. Chaque année de mon enfance, je me rendais pour un séjour chez une vieille tante, très affectueuse et un peu rude, une petite femme un peu impressionnante. Elle vivait dans cette région maritime de l’Ouest de la France qu’est la Bretagne. Pour un enfant, ce petit coin avait quelque chose du paradis sans doute : la famille rassemblée, la mer au bout du petit jardin, le parfum des algues, le caquètement des poules et la régularité du ressac, le goût des crabes pêchés le matin même, la vielle maison humide et ensoleillée. Dans cette maison, il y avait une sorte de pièce au trésor, quelque chose comme un sanctuaire. Quand on était admis à y pénétrer, on baissait un peu la voix, on était attentif à ne rien abîmer, on écarquillait les yeux. Cette pièce, c’était le bureau de ma vieille tante. A l’instant même où on y entrait, on se trouvait en Afrique. Le tissu posé sur le petit canapé, les fauteuils, le bois sombre du bureau et des bibliothèques, une peau de bête et des objets d’ivoire – à l’époque c’était possible –, les photos au mur et quelques objets – deux ou trois masques, une lance – tout, absolument tout venait du Cameroun. La couleur même de la peinture sur les murs, les odeurs et les parfums de cette pièce, tout semblait camerounais. C’était magique. Depuis, une bonne partie de ma famille s’est installée dans ce village, où je vis moi-même une partie de l’année, et cette pièce existe toujours.

Cette petite femme qui travaillait si ardemment à son grand bureau, cette vieille tante, c’était Idelette Dugast, née Allier – un nom qui résonne familièrement aux oreilles de plusieurs ce matin, ici. Envoyée au Cameroun dans les années 1930 par la Société des missions évangéliques de Paris, elle avait immédiatement renoncé à se faire la porte-parole d’institutions françaises, trop passionnée par tout ce qu’elle découvrait et emportée par son désir de rencontrer et de comprendre. Elle est devenue ethnologue, enchaînant pendant 25 ans les séjours parmi les Ndiki, du peuple Banen. Au fil de ces séjours et de son travail de suite, elle a composé une œuvre qui leur est entièrement consacrée, rédigeant à ce bureau sur lequel je la voyais penchée, une monographie, un dictionnaire, une grammaire, un recueil de contes, proverbes et devinettes …

Ces ouvrages, comme tout ouvrage d’ethnologie, furent et sont sans doute lus par un petit nombre de spécialistes et de passionnés. Mais ils ont irradié autour d’elle et à travers les générations. Car ils sont porteurs de quelque chose d’essentiel : une rencontre entre des hommes, des femmes ; une rencontre entre des langues, des cultures, des peuples ; une rencontre féconde et qui porte des fruits d’avenir insoupçonnés. Le professeur Eric de Putter, de même, personnifiait en quelque sorte cette rencontre entre langues, peuples, Eglises, dans l’unité de l’humanité et de l’Evangile.

C’est pourquoi, oui, ce qui a été atteint avec l’assassinat du 8 juillet 2012, ce n’est pas seulement, même si c’est d’abord, un homme. C’est aussi la possibilité même de cette rencontre, puisque c’est l’un de ceux qui l’incarnait par excellence qui a été agressé, sans autre objectif que de l’éliminer. Pas de motif crapuleux, pas d’enchaînement de circonstances malheureux, pas de dérapage qui tourne mal, mais un meurtre réfléchi et calculé. C’est la possibilité même de la rencontre qui se trouve d’un coup contestée, minée, ébranlée. La possibilité de la rencontre et tout ce qui la tisse, c’est-à-dire la mémoire, la reconnaissance, la confiance, l’avenir.

Ma très ferme conviction, c’est que nous faisons face à cette tragédie ensemble. Et donc que nous ne pourrons la surmonter qu’ensemble.

Pour cela, nous avons, ensemble, besoin de deux choses : la justice par la vérité et une confiance renouvelée.

Nous avons besoin de la justice par la vérité. Quelques semaines avant sa mort, Eric de Putter avait publié avec son épouse un article dans la revue du Défap, dans lequel il écrivait : « la justice ne peut se fonder que sur la vérité ». C’est cette vérité que nous attendons. C’est cette vérité, qui porte dans ses flancs la justice, que nous espérons. C’est cette vérité qui nous est nécessaire, et pour laquelle nous devons tous nous engager : pouvoirs publics du Cameroun et de France, autorités judiciaires des deux pays, Université protestante d’Afrique centrale et Défap, Eglises d’ici et de là-bas. Ensemble. Et non pas seulement les institutions, dont l’effort doit bien sûr être soutenu, patient et je dirais même implacable, mais aussi les individus. Ce ne sont pas d’autres, « les autres » impersonnels, qui sont concernés ; vous, moi, nous qui sommes ensemble, nous sommes redevables à cette vérité et nous devons personnellement y concourir, car son établissement conditionne la justice.

Dans cet article, le professeur de Putter ajoutait : « les plus grands amis sont ceux qui se disent l’un à l’autre les pires vérités. Les amitiés les plus fidèles sont celles qui perdurent malgré tout, malgré la laideur d’un certain passé. » Or, chers amis, nous sommes ici ensemble ce matin. C’est bien le signe que cette amitié franco-camerounaise est possible. C’est bien la marque que cette fraternité a vocation à être pleinement reconstruite. C’est bien la preuve que ce désir de rencontre entre nos peuples, nos cultures, nos Eglises nous habite et nous conduit toujours. C’est bien l’assurance que nous pouvons ensemble faire face à cette vérité.

Oui, c’est la justice par la vérité dont nous avons besoin, ensemble, et dont nous avons l’ardente obligation d’être les serviteurs, ensemble.

Mais cela ne suffit pas. Il nous faut aussi une confiance renouvelée.

« Moi, j’ai mis ma confiance en ta fidélité ; mon cœur trouve de l’allégresse en ton salut. Je chanterai pour le SEIGNEUR, car il m’a fait du bien. » Ce sont les derniers mots du Psaume 13. Ce Psaume, qui s’ouvre sur la question quatre fois répétée : « Jusqu’à quand ? », « Jusqu’à quand ? », « Jusqu’à quand ? », « Jusqu’à quand ? », s’achève par cette affirmation du psalmiste au Dieu vivant : « Moi, j’ai mis ma confiance en ta fidélité. »

« J’ai mis ma confiance en ta fidélité » : je ne connais pas de plus lumineuse définition de la foi. Elle dit de la façon la plus ramassée que la confiance ne se décrète pas, mais qu’elle coule de cette intarissable source qu’est la fidélité de Dieu. Au-delà même de cette vérité et de cette justice, pour lesquelles nous devons lutter de toutes nos forces, nous sommes appelés à nous abandonner à cette fidélité de Dieu qui nous précède, nous enveloppe et nous suit. C’est elle qui permet de trouver l’allégresse dont parle le Psaume et qui permettra de chanter pour le bien que Dieu nous fait. C’est cette confiance qui ouvre un avenir possible et neuf.

Contre toutes les évidences et toutes les logiques de ce monde, je crois que c’est la vie qui a le dernier mot sur la mort, et non l’inverse. Je crois que nous sommes bien plus que nos actes, bien plus que nos réussites et nos échecs, car nous sommes d’abord les enfants d’un même Père, dont rien ne peut briser l’amour. Je crois que l’avenir n’est pas enfermé dans un passé aussi tragique soit-il, mais au contraire que c’est l’avenir rendu possible qui vient transformer notre aujourd’hui.

C’est pourquoi je crois que la rencontre, assassinée, germe déjà et à nouveau dans le cœur de Dieu. Il la relève. Il nous la confie.

 

Mardi 28 Juin 2016,

Laurent SCHLUMBERGER,
pasteur, président de l’Eglise protestante unie de France




Cameroun : voyage « retour »

Après la visite de Robert Goyek, président du CEPCA (Conseil des Eglises protestantes du Cameroun), en France en janvier 2016, c’était au tour du secrétaire général du Défap, Bertrand Vergniol, de se rendre au Cameroun.

A l’origine de ce voyage, il y a d’abord une invitation du CEPCA, l‘équivalent au Cameroun de la Fédération protestante en France, à participer à leur assemblée générale. Celle-ci se tenait à Garoua du 2 au 8 mai. Le pasteur Bertrand Vergniol a assuré la prédication du culte de clôture et a pu intervenir devant l’AG sur les questions de gouvernance dans les Eglises.

 

Environs de Garoua, Nord Cameroun (DR)

Environs de Garoua, Nord Cameroun (DR)

 

Cette visite fut également l’occasion de rendre visite à Nathan Minard, envoyé du Défap sur place. Il travaille comme « enseignant technique » dans deux établissements scolaires de Garoua. Accompagner et former des équipes techniques est sa spécialité.

Un partenariat renouvelé

 

Lors de l’AG du CEPCA, la volonté d’un partenariat renouvelé avec les Eglises protestantes de France, via le Défap, a été soulignée : échange de personnes, développement du réseau d’envoyés, organisation d’événements en commun tels des colloques, mise en place d’aumôneries.

Le Défap et le CEPCA envisagent d’ailleurs l’organisation d’un double colloque – un en Europe, un en Afrique – d’ici 2018, sur le thème « intégrisme et sécularisation ».

Education

 

Le pasteur Goyek souhaite développer des actions d’éducation populaire en direction de la jeunesse du Nord et Extrême Nord du Cameroun pour qu’elle ne succombe pas à l’attrait de l’islamisme radical. Il souhaite, en tant que président du CEPCA, associer les différentes Eglises implantées au Nord Cameroun et les communautés musulmanes traditionnelles dans le cadre d’un projet global aux dimensions multiples (inter religieux, sécurité alimentaire, médical, etc.), projet soutenu par divers organismes européens.

 

Ecole primaire dans l'enceinte de l'Eglise fraternelle luthérienne du Cameroun, Garoua (DR)

Ecole primaire dans l’enceinte de l’Eglise fraternelle luthérienne du Cameroun, Garoua (DR)

 

Le secrétaire général du Défap a profité de son séjour pour visiter le campus de l’UPAC à Yaoundé, avec son recteur, le professeur Bouba Mbima. Il a ainsi pu saluer ses étudiants et professeurs, et visiter les différents services du CEPCA avec son secrétaire général, le pasteur Jonas Kemogne.

Rencontre avec les officiels

 

Ce fut aussi l’occasion pour Bertrand Vergniol de rencontrer le Consul de France à Garoua et l’Ambassadrice de France à Yaoundé. Cette dernière prévoit d’organiser fin juin 2016, à l’Institut français du Cameroun à Yaoundé, une journée à la mémoire d’Eric de Putter, rassemblant les personnes ayant travaillé avec lui au Cameroun.

 

Ambassade de France à Yaoundé, DR

Ambassade de France à Yaoundé : au milieu, Madame Christine Robichon, ambassadrice ; à droite, Pasteurs Robert Goyek et Jonas Kemogme, du CEPCA ; à gauche, Claude Nwafo, consultant, et Bertrand Vergniol, Secrétaire Général du Défap (DR)

 

« Nous ne relâcherons pas nos efforts pour connaître la vérité et faire que la justice passe. J’ai demandé aux responsables d’Eglises concernés de tout faire pour que ce dossier soit poursuivi au Cameroun », indique le secrétaire général du Défap.

L’espoir, toujours là

Comme à chaque visite, Bertrand Vergniol a profité de son séjour pour visiter les Eglises et aller à la rencontre de la population.

 

Il a découvert avec joie l’Eglise située à Lagdo, à 50 kilomètres de Garoua. Une énergie formidable anime cette communauté. Nous le savons, le manque d’eau est une problématique constante dans cette partie du pays. Le forage d’un puit à côté du presbytère a permis une nette amélioration des conditions de vie des habitants. Des familles se sont même rapprochées du nouveau point d’eau, preuve que la vie se fortifie au milieu de ce désert aride.

 

Lagdo, à 50km de Garoua, DR

Forage réalisé par la paroisse protestante pour le quartier environnant (les maisons et cases de la ville sont sans eau courante), à Lagdo, à 50km de Garoua.

Sur la photo : à gauche, les reponsables d’Eglises ; à droite, Nathan Minard, envoyé du Défap.

 

« Yaoundé a beaucoup changé depuis ma dernière visite en 1984.  Bien sûr, les travaux de voirie et les transports en commun se font toujours attendre mais on perçoit une belle vitalité dans cette ville, en plein boom économique et immobilier » témoigne le pasteur Bertrand Vergnol.

 

Il note avec plaisir cette volonté forte des Camerounais de nouer des contacts avec les Eglises de France. L’accueil chaleureux que le CEPCA a réservé au Défap illustre cette détermination à faire fructifier ces relations multilatérales.

 




Cameroun : AG, colloque & jeunesse au programme

Le secrétaire général du Défap, le pasteur Bertrand Vergniol, se trouve en ce moment au Cameroun.

Bertrand Vergniol est présent actuellement au Cameroun pour plusieurs raisons.

Il a participé à l’Assemblée Générale du Conseil des Eglises Protestantes du Cameroun (CEPCA), qui a eu lieu du 5 au 9 mai 2016.

Le thème était le suivant : « Bonne gouvernance, lutte contre l’insécurité et le radicalisme religieux ».

Le secrétaire général du Défap est intervenu le 7 mai sur la question de la bonne gouvernance, en lien avec la mission, la laïcité et la notion de responsabilité. Il a également assuré la prédication lors du culte de clôture.

 

Voeux Défap, DR

Le président du CEPCA (Conseil des Églises protestantes du Cameroun), Robert Goyek (troisième en partant de la gauche) [DR]

 

Bertrand Vergniol s’est également rendu au Cameroun pour discuter de la mise en place d’un colloque avec le CEPCA pour lutter contre l’intégrisme religieux.

 

Dernier point majeur de ce voyage : proposer un projet pour la jeunesse afin de lutter contre la radicalisation.

 

Le pasteur Bertrand Vergniol est présent dans le pays jusqu’au 13 mai.

L’occasion de continuer à renforcer les liens entre le Défap et les institutions protestantes camerounaises.

 




Un container humanitaire pour le Cameroun

Luc Carlen est un ancien envoyé du Défap au Cameroun. Son engagement dans la Mission ne se dément pas. Aujourd’hui, il s’investit dans de nombreuses actions. Parmi elle, l’envoi d’un container au nord Cameroun.

Luc Carlen est infirmier libéral. Il a vécu avec sa famille deux années à Pouss à l’extrême nord du Cameroun. Parti en 2010 dans le cadre d’un VSI (Volontariat de Solidarité Internationale), il travaillait au sein d’un dispensaire. Mais son engagement ne s’est pas arrêté à son retour en France.

 

Un container pour le Cameroun, DR

Un container pour le Cameroun, DR

 

Durant ce séjour, Luc et sa femme, Naomy, se sont investis avec l’Eglise locale dans un projet de construction d’un cabinet dentaire, un besoin urgent. Il fallait intégrer au sein même du complexe ce type de compétence.
Depuis son retour, en 2012, Luc rassemble de l’équipement médical destiné à « l’aile » dentaire du dispensaire. Soutenu par le Défap, et avec l’aide de plusieurs personnes, il a récupéré du matériel supplémentaire pour les autres spécialités de l’hôpital et d’autres structures médicales de l’Eglise Luthérienne du Cameroun : lits, fauteuils gynécologiques, fauteuils roulants, etc.

Outre cela, des livres ont été récoltés pour l’Institut théologique de la région extrême-nord.

 

En train de remplir le container, DR

En train de remplir le container, DR

 

Tout ce matériel va transiter par container. En partenariat avec l’association « Triangle d’Afrique », dont la mission est de favoriser liens et échanges humanitaires et culturels entre la France et le Cameroun, les Carlen et les bénévoles l’ont rempli. Rempli d’objets récoltés durant un an, celui-ci est parti pour le port d’Anvers le lundi 29 février. Il devrait atteindre sa destination d’ici la fin du mois de mars.

 

En plus de l’envoi de matériel, le projet inclut la formation du personnel : l’infirmier chef du centre où Luc a travaillé débutera son apprentissage en septembre 2016, avec, de nouveau, le soutien du Défap.

 

Luc Carlen a été membre de la Coluréum (Commission luthérienne des relations avec les églises d’outre-mer). Il est actuellement membre de la commission des projets du Défap.

 




Vanessa Cavelier, Cameroun – Rhône-Alpes

Vanessa a travaillé sur un projet de la Fédération des Eglises Evangéliques Baptistes de France, en tant que VSI, comme infirmière au sein de l’hôpital baptiste de Garoua au nord du Cameroun.



Cameroun : un pays en guerre ?

Du 24 janvier au 1er février, le secrétaire général du Défap, le pasteur Bertrand Vergniol, s’est rendu au Cameroun. Retour sur un voyage qui dessine les contours d’un projet ambitieux.

Un rendez-vous attendu

 

La présence du Pasteur Bertrand Vergniol aux réunions de coordination technique de la Cevaa s’est faite dans le cadre du partenariat qui lie les deux institutions. Ce temps d’échange régulier permet toujours au Défap, en qualité d’observateur et de représentant des Eglises de France, de nouer des liens avec des invités venus du monde entier.

 

Coordinations de la Cevaa, Douala, Cameroun, Janvier 2016, DR

Coordinations de la Cevaa, Douala, Cameroun, Janvier 2016, DR

 

Cette fois-ci, il a permis de revenir sur la situation actuelle des Églises du Cameroun. En écoutant les Camerounais parler, on comprend ce qui est au centre de leurs préoccupations, à savoir le terrorisme qui endeuille régulièrement la région de l’Extrême Nord.  Un sentiment de peur s’infiltre dans la vie quotidienne, au point de gangrener les projets et les relations humaines.

 

Sinistre perspective

 

Les Camerounais craignent que la situation n’aille en se détériorant. Les mesures de sécurité, qui rendent les frontières plus difficiles à franchir, sont l’un des signes qui montrent à quel point le pays craint une certaine forme de contagion terroriste. En effet, les attentats qui sont commis de plus en plus souvent dans les villes et villages du Nord et dans toute la région du lac Tchad font peser une menace constante sur la population.

Du coup, les villageois s’organisent pour se protéger. La circulation des armes s’intensifie et c’est ce type de dégradation des relations sociales et inter-religieuses qui porte le ferment de la déstabilisation qui pourrait alors s’étendre à toute la région. Même si les terroristes djihadistes s’en prennent autant aux musulmans qu’aux chrétiens, détruisant aussi bien les mosquées que les églises.

 

Voyage au Cameroun, janvier 2016, DR

Voyage au Cameroun, janvier 2016, DR

 

Tant que la Force d’intervention conjointe multinationale, composée de militaires camerounais, tchadiens, nigériens, nigérians et béninois n’aura pas entièrement repris de contrôle de toutes les poches de résistance des islamistes se réclamant du mouvement Boko Haram, alors la vie des populations ne pourra pas reprendre son cours normal.

 

Des outils au service de la paix

 

Pour les Églises, la résistance à l’obscurantisme passe par la construction d’une parade commune et universelle faite de réflexion intelligente et constructive et soutenue par la foi.

 

Cameroun, janvier 2016, DR Cameroun, janvier 2016, DR

Cameroun, janvier 2016, DR

 

Pour le pasteur Bertrand Vergniol, cela relève aussi de l’engagement :

« Nous, Défap, ce que nous devons faire, au nom des relations que nous avons de par le monde, et en premier lieu avec les Eglises, c’est aider à réfléchir, et à se servir de ce réseau international extraordinaire que constituent chacune des Églises, pour développer la paix. Nous pouvons mettre en perspective des thématiques comme la sécularisation et l’intégrisme, qui vont servir à accompagner les Églises sœurs. Nous pouvons aussi nous inspirer de leurs réflexions pour accompagner les mouvements qui agitent nos sociétés. Les mêmes phénomènes se voient désormais en Afrique et en Europe, sous différentes formes. Il en va de la responsabilité des Églises d’aborder en commun toutes ces questions. »


Cette mission, le Défap et la Cevaa la portent ensemble : faire en sorte que la religion soit avant tout un facteur de paix.

 




Heidi Da Costa, Cameroun – Île de France

Heidi a effectué sa mission auprès de l’hôpital baptiste de Nkoteng, au Cameroun, en appui aux services d’infirmerie.




Visite au Cameroun : pour un partenariat exigeant et renouvelé

Après la venue à Paris du président du CEPCA (Conseil des Églises protestantes du Cameroun), Robert Goyek, c’est au tour du Défap de se rendre au Cameroun. Bertrand Vergniol, secrétaire général, et Jean-Luc Blanc, chargé du service Relations et Solidarité Internationale, seront sur place dès le 23 janvier.

Le programme, volontairement ambitieux, saura combler les nombreuses espérances.

 

Image du culte, UEBC, DR

 

Culte dans le cadre de la paroisse « Jérusalem » de l’Union évangélique baptiste du Cameroun

Bonaberi, quartier de Douala, dimanche 24 janvier 2016, DR

 

Les pasteurs Bertrand Vergniol et Jean-Luc Blanc participeront tout d’abord à la réunion des Coordinations de la Cevaa (pour en savoir plus sur les Coordinations). Ce rendez-vous est indispensable pour entériner les décisions urgentes, qu’il s’agisse de l’envoi des personnes, des relations avec les boursiers et des financements à mettre en place.

 

Ils ne manqueront pas de se rendre à l’Université Protestante d’Afrique Centrale (UPAC).

L’objectif : participer à la redéfinition du partenariat entre le Défap et l’UPAC, étape incontournable pour renforcer la collaboration entre ces deux acteurs historiques. Une rencontre entre anciens et futurs boursiers est également au programme.

 

La visite auprès du CEPCA est prévue dans un second temps. Elle s’inscrit dans la continuité des discussions amorcées à Paris récemment.

 

Assurément de nouvelles relations doivent se fonder entre les Eglises de France, le Défap et les Eglises protestantes du Cameroun : elles doivent être fondées sur la vérité exigeante et la fraternité rigoureuse.