Se soigner : Célébration

Se soigner

Célébration

 

Accueil – Salutation

Un monde nouveau s’approche. Là, à ta porte ! Quelqu’un frappe, une parole t’attend. L’ancien monde n’est plus, car voici : Dieu fait toute chose nouvelle !

Jésus-Christ est ressuscité, il est passé de la mort à la vie. Il a traversé, et il nous attend de l’autre côté de la vie. Mais l’autre côté n’est pas là où nous l’imaginons. L’autre côté n’est pas au ciel, il est ici et maintenant.

Bienvenue, à tous et à chacun, en ce dimanche matin. Les chrétiens célèbrent leur culte le dimanche, parce que Pâques a eu lieu un dimanche, et ce matin, c’est un écho de Pâques qui va nous relever.

Proclamation de la grâce de Dieu

La grâce et la paix nous sont données, gratuitement.

Aucun chemin n’est tracé d’avance ! nous avançons pas à pas, certains de l’amour qui nous accompagne.

Sur les chemins de notre humanité, Dieu nous rassemble aujourd’hui.

Sur nos chemins quotidiens, c’est Jésus-Christ qui nous attend, nous espère et nous guide.

Psaume 92 : « Oh que c’est chose belle » (1, 2 et 4)

 

Psaume (Ps 121)

Je lève mes yeux vers les montagnes : d’où me viendra le secours ? Le secours me vient de l’Éternel, qui a fait le ciel et la terre.

Qu’il ne permette pas à ton pied de trébucher, qu’il ne somnole pas, celui qui te garde ! Non, il ne somnole pas, il ne dort pas, celui qui garde son peuple. L’Éternel est celui qui te garde, l’Éternel est ton ombre protectrice, il se tient à ta droite.

Pendant le jour le soleil ne te fera pas de mal, ni la lune pendant la nuit. L’Éternel te gardera de tout mal, il gardera ta vie. L’Éternel gardera ton départ et ton arrivée, dès maintenant et pour toujours.

Amen !

Psaume 46-08 : Toi qui gardes le silence (1-2-3)

 

La loi de Dieu

Un homme demande à Jésus quel est le premier de tous les commandements. Jésus répond (Mc 12,28ss) :

Le premier, c’est Écoute, Israël ! Le Seigneur, notre Dieu, le Seigneur est un, et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence et de toute ta force. Le second, c’est : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là.

Psaume 43-04 : Seigneur reçois, Seigneur pardonne (1, 2)

 

Confession du péché

Nous prions :

Seigneur, notre Dieu,

Devant toi aujourd’hui, nous voulons être honnêtes avec nous-mêmes, honnêtes avec toi. A quels commandements nous soumettons-nous, tous les jours ? Devant quoi, devant qui courbons-nous l’échine ? En quoi, en qui mettons-nous notre confiance ?

Il n’y a que deux commandements supérieurs : t’aimer, toi, et aimer notre prochain, notre prochaine. Nous devons t’avouer que nous avons beaucoup de mal à faire et l’une et l’autre chose. T’aimer, c’est difficile, parce que nous ne te voyons pas. Nous te soupçonnons de beaucoup de choses : vouloir nous enlever notre liberté, vouloir nous enfermer dans une morale, nous punir peut-être. Nous avons le plus grand mal à faire confiance à la réalité de ton amour.

Et les autres… et bien ils sont autres, justement. Ils ne sont pas exactement comme nous, ils n’ont pas les mêmes idées, les mêmes habitudes. Ils ont des demandes et des exigences, et leur simple existence exige de nous le respect, l’empathie, la douceur, bref des choses difficiles.

Il est bien difficile, Seigneur, de soigner les autres qui ont besoin de notre soin. Il est bien difficile aussi de prendre soin de nous-mêmes, d’être des gardiens de notre santé et de notre bien-être.

Viens, ce matin encore, nous redire ton amour, pour que nous puissions t’aimer. Viens, ce matin encore, nous redire ton amour, pour que nous puissions aimer nos prochains comme nous-mêmes.

Amen

Psaume 43-04 : Seigneur reçois, Seigneur pardonne (3, 4)

 

Annonce de la grâce

« Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde« , dit Jésus.

Jusqu’à la fin des temps, il vient vers nous comme celui qui a traversé la douleur et la mort. Il est présent au cœur de nos angoisses, il refuse de nous abandonner au malheur. Il ne nous mesure ni à notre réussite, ni à nos échecs. Il nous mesure à la dimension de son amour, aussi nous échappons à toute mesure !

Notre vie est rendue précieuse, unique, gratuite, hors de prix. Que cette grâce soit chevillée à notre corps, à notre cœur, à notre intelligence, aujourd’hui, demain, toujours ! Amen.

Lecture et prédication

Nous prions ensemble avant de lire les Écritures. Au moment de lire ensemble ce livre qui est pour nous le pain de la route, nous te prions d’inspirer celles et ceux qui parlent et d’éveiller la joie de celles et ceux qui écoutent. Amen.

Luc 13,10-16

Jésus enseignait dans une des synagogues, le jour du sabbat. Or il y avait là une femme habitée par un esprit qui la rendait infirme depuis 18 ans; elle était courbée et ne pouvait pas du tout se redresser. Lorsqu’il la vit, Jésus lui adressa la parole et lui dit: «Femme, tu es délivrée de ton infirmité.» Il posa les mains sur elle; immédiatement elle se redressa, et elle se mit à célébrer la gloire de Dieu. Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus avait fait une guérison un jour de sabbat, dit à la foule: «Il y a six jours pour travailler, venez donc vous faire guérir ces jours-là et non pas le jour du sabbat.» Le Seigneur lui répondit en ces termes: «Hypocrites! Le jour du sabbat, chacun de vous ne détache-t-il pas son bœuf ou son âne de la mangeoire pour le mener boire? Et cette femme, qui est une fille d’Abraham et que Satan tenait attachée depuis 18 ans, ne fallait-il pas la délivrer de cette chaîne le jour du sabbat?»

 

Psaume 153 : Tournez les yeux vers le Seigneur (3 strophes)

 

Prédication

Comment hiérarchiser toutes les choses importantes qui se présentent à nous ? Comment faire le tri, sans rien laisser passer d’important, mais sans se laisser emporter non plus par l’urgence permanente ? Apparemment, Dieu a quelque chose à dire à ce sujet ! Il a posé l’interdit du travail pendant le sabbat, justement pour renouveler les forces, recentrer l’attention, donner l’espace nécessaire pour vivre légèrement ce qui se présente à nous au quotidien, tous les autres jours de la semaine. Cet espace, ce vide, sont essentiels à la vie. Comment entendons-nous cette recommandation aujourd’hui ? Que faisons-nous de cette loi donnée par Dieu de nous arrêter, temporairement, au cœur même de notre vie ?

Les textes bibliques nous offrent des histoires qui donnent des clés de réflexion et d’action à ce sujet. Aujourd’hui, nous lisons une histoire à propos d’une femme, au chapitre 13 de l’évangile selon Luc, une femme qui souffre. En nous invitant à nous identifier à elle, le texte nous aide à réfléchir à tous les impératifs, tous les « Il faut… » qui s’imposent à nous.

Cette femme se tient, silencieuse, dans un coin de la synagogue. Elle se tient courbée, penchée vers le bas, accablée par toute une vie de souffrance et de silence. Courbée vers le sol par un poids trop lourd. Toute maladie nous rend muet, nous enferme, nous impose le silence. Pas seulement à cause de la douleur, mais parce que trop souvent, parler c’est s’exposer à entendre l’autre ajouter à nos blessures. « Secoue-toi ! redresse-toi ! mais qu’est-ce que tu as bien pu faire pour que ça t’arrive ? si j’étais toi… » ça ne laisse plus beaucoup de place pour une parole vraie. Ça ne laisse pas d’espace pour qu’un souffle puisse apporter un peu d’apaisement, un peu de nouveauté dans l’accablement. Et surtout, le « il faut » … « Il faut que tu te secoues… il faut que tu prennes sur toi… » Comme si ça n’était pas déjà le cas ! La maladie rend sourds et aveugles ceux qui ne veulent pas la voir, pas l’entendre. La souffrance enferme dans une prison de solitude.

Au fond, tous nos rapports aux autres tiennent largement dans ce « il faut » ou « il ne faut pas ». Et vous l’entendez bien, ça tient de l’ordre. Aux deux sens du terme : ce qui force à faire quelque chose, et ce qui met de l’ordre, ce qui met les choses à leur place. Vouloir de l’ordre, c’est savoir où on en est, si ce à quoi, ou à qui, on fait face, est bien là où il faut… Il faut… il ne faut pas…

Ce n’est jamais le bon moment ni le bon endroit pour que quelque chose de la souffrance puisse se dire. Il y a toujours des bien-pensants pour dire que ce n’est pas le moment, pas l’endroit. Et il y en aura toujours. Les pires, ce sont les bien-pensants religieux. Parce qu’ils pensent parler au nom de Dieu, en toute bonne foi si j’ose dire. Et que la loi de Dieu peut très vite se transformer en un nouveau « il faut » … Seulement voilà : à un moment ou à un autre, on se voit soi-même dans la position de celui qui souffre, et qui ne peut pas parler, et qui doit rester avec sa souffrance face à tous les « il faut » du monde. Et qui finit par ne plus entendre que des ordres, auxquels de moins en moins il peut faire face au quotidien, parce qu’un ordre supplémentaire n’est plus qu’un poids supplémentaire.

Cette femme, c’est l’image de chacun de nous lorsque nous nous trouvons du mauvais côté des « il faut ». C’est l’image de toute l’humanité, incapable de se relever seule, de voir vers le haut, d’entrer véritablement en contact avec Dieu. Elle est femme, elle est déformée, elle n’a droit qu’à un petit coin discret parmi les autres qui viennent célébrer Dieu. Oui, mais quel Dieu ? A quel Dieu rend-on un culte dans ces conditions ? Elle, elle ne peut plus entendre qu’un dieu qui l’accable chaque jour davantage, auquel elle ne peut pas répondre parce que sa souffrance l’en empêche.

Mais quel Dieu ? Les dieux que nous imaginons, ce sont des dieux qui disent « tu dois ! » Quand nous croyons les entendre, nous nous disons « je dois » : je dois faire mieux, je dois aller mieux, je dois avoir de grands projets pour moi-même. Nous entendons « il faut ! ». Il faut changer le monde, il faut faire mieux que le voisin, il faut croire exactement comme il faut, il faut suivre aveuglément ce que nous entendons. Il faut vite ramasser toutes les richesses qui passent, parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait. Il faut être comme il faut. Sauf que… Est-ce bien là le véritable Dieu ?

Il arrive un moment où nous nous trouvons confrontés à un Dieu que nous n’avions jamais imaginé. Ce n’est certes pas n’importe quel Dieu, ce n’est pas une image idéale de Dieu, c’est un Dieu surprenant parce qu’il vient nous rejoindre là où nous sommes, précisément là où notre souffrance nous empêche de faire le moindre effort supplémentaire pour rejoindre Dieu. C’est lui qui vient !

C’est ce qui se passe pour cette femme, face à Jésus qui la relève et la libère de son infirmité.

Mais les autres, tout autour ? Quel est leur « il faut » ? Dans quelle bonne conscience sont-ils enfermés comme un nouvel « il faut » auquel il faut se conformer ? Jésus les appelle des « hypocrites ». Ce n’est pas une insulte, c’est une constatation. Hypocrite, ça veut dire en grec, littéralement, « sous le critère », sous le jugement. Ça désigne une attitude de vie : celle qui consiste à mettre toute sa vie sous le signe d’un ordre à atteindre, d’un critère à remplir. Le chef de la synagogue ne fait rien d’autre que donner voix à ce critère, à cet ordre, lorsqu’il s’insurge en prenant la foule à témoin : oui, il y a six jours pour soigner, mais la loi de Dieu impose l’ordre du sabbat, et le jour du sabbat, on se repose. La loi de Dieu est alors présentée comme la vérité ultime, comme l’indication de ce qu’il faut faire pour être en règle avec Dieu. Pour être hypocrite, sous-la-loi…

Mais Jésus vient de répondre en acte à cette objection bien-pensante. Il n’est pas venu respecter la loi, il est venu l’accomplir. Il est venu lui donner tout son sens, sens qui s’est perdu à force de vouloir en respecter la lettre. Jésus rappelle que le sens du sabbat, c’est de libérer des liens qui encombrent et empêchent de vivre. Respecter le sabbat, c’est rappeler que Dieu est le Dieu de la libération de tous les esclavages. Y compris, oui, l’esclavage du travail ininterrompu, comme celui que les hébreux ont connu en Égypte. Il arrive un temps où Dieu décrète que personne ne peut être enfermé irrémédiablement et que sa loi vient mettre un terme à tout esclavage pour réanimer l’espérance, pour redonner des forces. S’arrêter de travailler, c’est admettre que nous souffrons, en temps ordinaire, d’un esclavage qui nous rend étrangers à nous-mêmes, même, et peut-être surtout, si nous nous réalisons dans ce travail. Là n’est pas notre identité propre, là n’est pas le cœur de notre liberté. Notre véritable liberté, c’est d’être libéré par un autre que nous-mêmes.

Tout le débat, ce jour-là dans la synagogue, est là : comment faut-il voir le sabbat ? comme le jour de l’obéissance ? ou comme le jour de la libération ? Comment faut-il voir la loi de Dieu ? Comme l’appel à une obéissance qui nous donnerait de nous réaliser ? ou comme la libération de nos propres tentatives pour exister par nous-mêmes ? Entre les deux, vous avez peut-être l’impression qu’il y a l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette. Et pourtant, l’infime espace qui sépare ces deux positions, c’est l’Évangile. Celui qui vient bousculer notre certitude d’être dans le vrai. Celui qui vient nous empêcher d’être bien-pensants. En soulignant avec une force terrible que l’obéissance aveugle débouche sur une apathie qui tolère la servitude, qui nous bouche les yeux et les oreilles face à la souffrance de notre prochain. Alors que l’Évangile, lui, nous fait faire un premier pas vers la vie.

Lorsque Jésus vient nous guérir de notre hypocrisie, alors le sabbat devient une fête, où l’amour rayonne au service des autres. Il ne s’agit plus de nous rassurer sur nous-mêmes… mais de nous tourner vers les autres. Même s’il ne s’agit que de souffrir en silence avec lui, avec elle. On est passé du repos des cimetières… à la libération pour la vie. On est passé d’un ordre qui contraint à un ordre qui libère.

Le sacré, toutes les formes de sacré devant lesquelles nous courbons l’échine dans nos vies, relèvent du « il faut ». L’Évangile, lui, relève d’un un ordre bien différent : l’ordre du « tu peux ». Ça se dit aussi parfois « va, ta foi t’a sauvé ».

Le Dieu qui nous parle, celui qui nous parle vraiment, et que nous pouvons vraiment entendre, Dieu nous dit « tu peux ». Tu peux ! Ta vie t’a été donnée. Tu es libre d’agir, libéré de tous les « il faut ». Tu peux vivre en sauvé, car ta vie est sauve. Ce n’est plus « tu dois » mais « tu peux » ! Les liens qui te retenaient prisonnier ont été relâchés et ta vie peut s’épanouir.

Le sens de la loi tel que le manifeste Jésus, ce n’est pas la loi en elle-même : c’est l’amour de Dieu. Et ça, rien ni personne ne peut le posséder. Le sens de la loi, personne ne peut en disposer. Ni pour écraser les autres, ni pour s’écraser soi-même. Tu peux bien maîtriser la loi, tu n’en maîtriseras jamais le sens : le sens, c’est quelqu’un, c’est Jésus le Christ, c’est l’amour de Dieu manifesté au monde, incarné, entré dans notre humanité. À qui le reçoit, il est donné d’être délivré des « il faut ». Au moins un petit peu, juste pour libérer l’espace d’une confiance renouvelée.

En se soumettant à la Loi de Dieu comme à un ordre, on la trahit. En se soumettant à la Loi de Dieu comme à ce qui libère, on en vit. C’est simplement de la confiance, née d’une rencontre avec Jésus-Christ au détour d’un moment de notre vie.

N’écoutez pas ceux qui vous disent : aimer Dieu, c’est simplement respecter la loi. Même si c’est le chef de la synagogue ; même si c’est votre pasteur ; même si c’est vous-mêmes. Aimer Dieu, c’est le laisser nous libérer de nos liens. C’est le laisser nous soigner, même lorsque nous n’arrivons pas à nous soigner nous-mêmes.

Car c’est lui seul qui nous dit :

Va leur dire ! Va leur dire que je les attends, que je suis déjà en chemin.
Va leur dire que mon amour les accompagne, à chaque instant de leur vie.
Va leur dire que dans un regard échangé, dans une parole vraie, je suis.
Va leur dire que ma parole est une promesse.
Va leur dire que mon secours leur est acquis, que ma main soutient chacun de leurs pas.
Va leur dire que j’attends que, au creux de ton silence, tu entendes la liberté qui résonne pour toi comme pour ton prochain.
Car, au cœur de ton être même, il y a une part de toi qui est libre, que tu le saches ou non. Il y a une part de toi qui est libre, que tu le veuilles ou non. Libre à toi d’accepter de vivre ainsi, ou de te soumettre à une multitude d’ordres qui te donnent l’illusion d’être dans le vrai. Libre à toi d’accepter que je te libère, véritablement, pour la vie.

Ainsi nous parle, à tous et à chacun, notre Seigneur.

Amen !

Psaume 471 : À toi la gloire

 

Confession de foi

Pour le monde et pour nous, nous avons confiance en Jésus de Nazareth.
Il est Seigneur et sauveur.
Il a été l’humain véritable comme nul ne peut l’être par lui-même.
Il est mort sur une croix, il est ressuscité.
Il est présent parmi les humains, et pour les servir,
Il recrute son Église, sans tenir compte de nos distinctions.
Il agit par les hommes dans l’histoire pour la mener à son but :
Un univers réconcilié dans l’amour.
Ainsi, nous ne croyons à la fatalité ni de la guerre, ni de la haine, ni de la catastrophe,
Ni même de la mort.
Parce que nous croyons que Jésus-Christ nous libère pour des décisions libres !
Grâce à lui, notre vie a un sens et l’univers aussi.
Pour le monde et pour nous, nous espérons en Jésus de Nazareth.
Il vient ! Amen !

Cantique 14.09 : Cherchez d’abord

 

Offrande – Annonces

Intercession

(Prière de Karl Barth du 10 mars 1940 à Bâle, Suisse)

Nous te louons et nous te bénissons de nous avoir révélé ton amour.
Fais-nous la grâce de marcher d’une manière digne de la vocation que tu nous as adressées en ton fils
Souviens-toi de ton peuple dans le monde entier :
Nous te prions pour l’Église qui dort, afin que tu la réveilles ;
Pour l’Église sur la croix, afin que tu l’assistes de ta force ;
Pour l’Église fidèle, afin qu’elle recherche ta seule gloire.
Souviens-toi de ceux qui détiennent le pouvoir et la force :
Nous te prions pour tous ceux qui gouvernent,
Afin que tu leur apparaisses comme le maître dont ils sont les serviteurs.
Nous te confions ceux qui gouvernent bien, afin que tu les affermisses,
Et ceux qui gouvernent mal, afin que, selon ton bon plaisir,

Tu convertisses leur cœur ou que tu mettes un terme à leur pouvoir.
Souviens-toi de ceux qui passent par l’épreuve :
Nous te prions pour ceux qui doutent, afin que tu leur donnes la foi ;
Pour ceux qui s’égarent, afin que tu les rencontres ;
Pour ceux qui sont seuls ou abandonnés, afin que tu leur envoies des frères.
Nous te confions les affligés, les malades, les mourants,
Afin que ta force se manifeste dans leur faiblesse.
Dieu tout-puissant, notre père, qui accueilles avec bonté nos prières,
Permets qu’à travers elles, nous t’apportions aussi l’offrande de nos vies,
Par Jésus-Christ, notre Seigneur,

Amen

 

Envoi et bénédiction

Les choses anciennes sont passées.
Toutes choses sont devenues nouvelles.
Christ a placé en nous la parole de la confiance et de la grâce.
Allons, soyons donc les ambassadeurs de Christ !
Portons la parole de la confiance et de la grâce !
Nous nous levons pour recevoir la bénédiction de la part de Dieu :
Dieu nous bénit et nous garde.
Il nous accorde sa grâce.
Il tourne sa face vers nous et nous donne la paix.
Amen.

Cantique 41-28 : À Dieu soit la gloire

 

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Se soigner : Réflexion

Se soigner

Méditer

« Un jour de sabbat, Jésus enseignait dans une synagogue. Une femme malade se trouvait là : depuis dix-huit ans, un esprit impur la tenait courbée et elle était totalement incapable de se redresser. Quand Jésus vit cette femme, il l’appela et lui dit : « Tu es délivrée de ta maladie. » Il posa les mains sur elle et, aussitôt, elle se redressa et se mit à louer Dieu. Mais le dirigeant de la synagogue était indigné de ce que Jésus avait accompli une guérison le jour du sabbat. Il s’adressa alors à la foule : « Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là et non le jour du sabbat ! » Le Seigneur lui répondit en ces mots : « Hypocrites que vous êtes ! Le jour du sabbat, chacun de vous détache de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire, n’est-ce pas ? Et cette femme, descendante d’Abraham, que Satan a tenue liée pendant dix-huit ans, ne fallait-il pas la détacher de ce lien le jour du sabbat ? » Cette réponse de Jésus remplit de honte tous ses adversaires ; mais la foule entière se réjouissait de toutes les œuvres magnifiques qu’il accomplissait. »
Luc 13,10-17

Prenez un temps personnel pour méditer sur cette photo et cette histoire.
Quelle résonance cette histoire trouve-t-elle en vous ?
En deux mots, exprimez ce que vous inspire ce tableau en lien avec le verbe se soigner…
Que faisons-nous et que découvrons-nous lorsque nous nous soignons mutuellement ?

Entendre les langues de la Terre

Qui reconnaît ces différentes langues ? Où les parle-t-on ?

Il s’agit de langues maternelles ou usuelles de membres de l’équipe du Défap et de personnes en relation avec le Défap. Vous pouvez vous adresser à la bibliothèque pour plus d’information : bibliotheque@defap.fr.

En anglais, soigner se dit « to care ». On parle, aujourd’hui, de l’éthique du care, qui consiste à réfléchir à comment soigner l’intégralité de la personne. On dit aussi « to care » pour dire qu’on se sent concerné par quelque chose, attaché à quelque chose ou quelqu’un.

En duala (une des langues au Cameroun) le verbe soigner (Bolea) et donner (Bola) sont très proches. Finalement en soignant on se donne, et en donnant on soigne.

À votre avis ?

  • Quelles conditions sont nécessaires pour pouvoir se soigner ? Pour pouvoir soigner les autres ?
  • Est-ce une question spirituelle ? Matérielle ? Politique ?
  • Soigner les corps, soigner les relations, soigner le mental… quelles différences ?
  • Peut-on soigner (les autres) sans se soigner (soi-même) ?

Selon les cultures, se soigner ne va pas de soi : il faut qu’existent des conditions matérielles et financières de base pour que le soin des corps se fasse dans de bonnes conditions. Les gens des pays occidentaux ne se rendent pas nécessairement compte qu’ils bénéficient à cet égard de conditions exceptionnelles, avec des régimes de protection sociale performants dans des sociétés qui ont fait le choix politique d’organiser ainsi le bien commun. Cela a permis la création de filets de sécurité qui permettent aux individus de savoir qu’en cas de maladie, ils pourront être soignés par des gens compétents, et auront les moyens de payer les soins.

Ailleurs, le soin passe parfois par une autre dimension : on dépend d’une communauté qui, collectivement, prend en charge le soin des individus. Le soin garde alors une dimension relationnelle. Les sciences humaines ont d’ailleurs montré à quel point les paroles et les gestes font partie intégrante de la relation de soin. Les missionnaires installaient souvent des œuvres de soin médical (hôpitaux, dispensaires) qui permettaient de témoigner de la foi en action : parfois elles étaient en concurrence avec des soins traditionnels, parfois ces soins se complétaient. La guérison est aussi culturelle, la maladie est aussi culturelle : pensons par exemple à la façon dont on peut être tenté de comprendre la maladie comme un signe de péché, que seul Dieu peut guérir. Aujourd’hui, on réalise peut-être mieux que le risque existe de n’apporter dans les pays en développement qu’une médecine technicienne et curative, où on cherche à soigner la maladie, sans prendre en compte la vie de la personne dans son environnement avec le contexte culturel, la dimension collective, les paroles et les gestes traditionnels qui accompagnent la guérison.

Quand on part en mission, il est nécessaire de bien se connaître pour savoir jusqu’où on peut s’investir, et il est indispensable de savoir prendre soin de soi-même. D’ailleurs, c’est vrai aussi quand on est en mission dans ses engagements personnels et quotidiens. Prendre le temps nécessaire pour se poser, se reposer, recharger ses batteries, être attentif aux petits signes de fatigue, à ses propres limites, tout cela fait partie de l’expérience de l’engagement. C’est un équilibre à entretenir. En même temps, on ne peut pas se soigner tout seul : quand des soins deviennent nécessaires, on dépend de quelqu’un d’autre ; il faut entrer en relation avec quelqu’un qui pourra nous aider. Parfois, écouter est un geste de soin, parce que l’écoute est un acte relationnel qui dit à la personne « Tu es en lien avec d’autres que toi-même ». D’ailleurs, on peut aider une personne sans même le savoir, rien qu’en l’écoutant.

Le soin, donc, nous fait entrer dans la question de nos relations de dépendance mutuelle. Nous avons le récit de l’expérience de missionnaires qui ont tout donné, jusqu’à leur santé, pour être en mission. Pourrait-on encore vivre ça aujourd’hui ? Quelles questions cela pose-t-il pour nous ?

Synonymes et antonymes

Voici quelques exemples de verbes qui résonnent avec le verbe soigner, dans le même sens ou à l’opposé. En voyez-vous d’autres ? Que vous inspirent ces exemples ?

Et dans la Bible ?

Dans la Bible, l’institution du sabbat est une forme de soin pour soi et pour les autres. La jachère permet à la terre de se reposer ; le temps laissé libre permet aux corps des humains comme des animaux de reprendre des forces, de se soustraire au rythme du travail.

Le sabbat est institué au chapitre 20 du livre de l’Exode, dans les dix paroles (ou les dix commandements, le décalogue) :

« Souviens-toi du jour du sabbat pour me le réserver. Tu as six jours pour travailler et faire tout ton ouvrage. Le septième jour, c’est le sabbat qui m’est réservé, à moi, le Seigneur ton Dieu ; tu ne feras aucun travail ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni tes serviteurs ou servantes, ni ton bétail, ni l’immigré qui réside chez toi. Car en six jours j’ai créé les cieux, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, puis je me suis reposé le septième jour. C’est pourquoi moi, le Seigneur, j’ai béni le jour du sabbat et je veux qu’il me soit réservé. »
Ex 20,8-11

Ce commandement évoque la fin du récit de la création du monde, dans le livre de la Genèse. Après avoir organisé le monde et y avoir installé de quoi le peupler, y compris des humains, Dieu se retire et se repose. Respecter le sabbat, c’est alors montrer son respect pour le Dieu créateur qui a donné à l’humain une place particulière dans le monde et les moyens nécessaires pour l’habiter, y compris le repos.

Dieu, en équipant le monde pour la vie, y a inclus le repos et l’a lui-même respecté : premier geste de soin pour toutes les créatures, et commandement valable à perpétuité.

Il est important de noter cependant que l’impératif du soin de l’autre permet de déroger à la règle, lorsqu’il y a danger physique. Enfin, une forme de sabbat est un commandement qui appartient à toutes les grandes religions, qu’on la fête le vendredi, le samedi ou le dimanche.

Questions

  • Soigner, se soigner, s’aimer : est-ce la même chose ?
  • Prendre soin de sa propre vie intérieure, est-ce se soigner ?
  • Quels sont des gestes et des situations de soin qui ne cherchent pas à soigner le corps ?
  • L’Église est-elle un lieu où se soigner mutuellement ?
  • Et Dieu dans tout ça ? Quelle place a-t-il dans une relation de soin, pour soi ou pour l’autre ?

 

Quelqu’un a dit :« Celui à qui la souffrance est épargnée doit se sentir appelé à soulager celle des autres. »
Albert Schweitzer

 

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S’entraider : Célébration

S’entraider

Célébration

 

Accueil – Salutation

Vous êtes accueillis au nom d’un autre !

Un culte, c’est notre façon, humaine et imparfaite, d’entrer en relation avec la parole de Dieu et d’entendre la Bonne Nouvelle de son amour infini et gratuit.

Qui que vous soyez, quel que soit le poids de votre fardeau ou l’élan de votre espérance, soyez assurés que vous êtes les bienvenus.

Proclamation de la grâce de Dieu

La grâce et la paix nous sont données, gratuitement.

Aucun chemin n’est tracé d’avance ! nous avançons pas à pas, certains de l’amour qui nous accompagne.

Sur les chemins de notre humanité, Dieu nous rassemble aujourd’hui.

Sur nos chemins quotidiens, c’est Jésus-Christ qui nous attend, nous espère et nous guide.

Psaume : 25,1 : À toi mon Dieu, mon cœur monte

 

Louange

Nous prions :

Nous te louons, Seigneur,
car tu n’as pas dédaigné d’être appelé notre Père.
Tu es au cœur de ce monde,
et pourtant tu le tiens entre tes mains.
Tu es notre Père, tu nous connais par notre nom.
Tu es béni, créateur de toute chose bonne.
Tu es béni, toi qui nous mets dans ce monde
Et nous donne à vivre dans ce temps.
Tu nous donnes à notre humanité,
tu nous accompagnes sur le chemin des jours.
Nous te rendons grâces pour les œuvres de tes mains,
Pour tout ce que tu fais parmi nous,
Par Jésus-Christ, notre Seigneur.
Sans cesse, nous chanterons ta fidélité.

Psaume : 36 : Ô Seigneur, ta fidélité

 

Volonté de Dieu

Écoutons la loi que Dieu nous donne :
Libère les gens enchaînés injustement,
Enlève le joug qui pèse sur eux.
Rends la liberté à ceux qu’on écrase,
Bref, supprime tout ce qui les rend esclaves.
Partage ton pain avec celui qui a faim,
Loge les pauvres qui n’ont pas de maison,
Habille ceux qui n’ont pas de vêtements.
Ne te détourne pas de celui qui est ton frère.

(Ésaïe 58 : 6-8, traduction Paroles de vie)

Psaume : 25,3

 

Prière de repentance

Nous prions :

Notre Dieu, regarde !
Nous sommes au milieu de la route et nos pas s’arrêtent malgré nous.
Nous entendons ta loi, mais d’autres voix nous interpellent.
Nous savons que tu nous appelles, mais nous sommes ici, au milieu, et nous n’arrivons pas à avancer.
Nous avons peur de l’inconnu, nous sommes fatigués, nous avons mal, nous ployons sous toutes les misères du monde.
Nous voudrions avancer, mais notre joie s’effiloche et le courage nous abandonne.
Nous entendons tant de choses ! nous sommes attirés par d’autres voix que la tienne, nous essayons de te trouver et nous ne te voyons pas.
Nous ne comprenons pas ta loi. Tu nous dis de lutter pour la liberté et la dignité de notre prochain, et nous perdons notre temps à tergiverser au lieu de t’obéir.
Nous n’entendons que des murmures, et les voix qui nous appellent sont trop loin pour que nous les entendions vraiment.
Pardonne-nous nos hésitations et notre manque de confiance en toi.
Redis-nous aujourd’hui une parole qui nous fasse vivre, une parole qui nous mettra en marche sur le chemin des jours, une parole qui donne confiance.
Amen

Psaume 25,5

 

Déclaration et accueil du pardon

C’est Dieu lui-même qui nous appelle ! Il est plus grand que sa propre loi, son amour est plus vaste que toutes nos hésitations.
Au moment où nous nous lamentons, il nous a déjà pardonné.
« Les choses anciennes sont passées, toutes choses sont devenues nouvelles ! »
Aucune faute, aucune hésitation, aucun mal ne peut nous séparer de l’amour que Dieu nous porte.
Que cette certitude nous donne la force et l’espérance pour accueillir le quotidien avec joie et notre prochain avec amour !
Nous chantons notre reconnaissance.

Psaume 14,3 : Magnifique est le Seigneur

 

Prière avant la lecture de la Bible

Luc 10,25-37 : L’histoire du « bon Samaritain » (traduction Parole de vie)

Alors un maître de la loi arrive. Il veut tendre un piège à Jésus et lui demande : « Maître, qu’est-ce que je dois faire pour recevoir la vie avec Dieu pour toujours ? » Jésus lui dit : « Qu’est-ce qui est écrit dans la loi ? Comment est-ce que tu le comprends ? » L’homme répond : « Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force et de toute ton intelligence. Et tu dois aimer ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit : « Tu as bien répondu. Fais cela et tu vivras. » Mais le maître de la loi veut montrer que sa question est juste. Il demande à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » Jésus répond : « Un homme descend de Jérusalem à Jéricho. Des bandits l’attaquent. Ils lui prennent ses vêtements, ils le frappent et ils s’en vont en le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descend aussi sur cette route. Quand il voit l’homme, il passe de l’autre côté de la route et continue son chemin. Un lévite fait la même chose. Il arrive à cet endroit, il voit l’homme, il passe de l’autre côté de la route et continue son chemin. Mais un Samaritain en voyage arrive près de l’homme. Il le voit, et son cœur est plein de pitié pour lui. Il s’approche, il verse de l’huile et du vin sur ses blessures et il lui met des bandes de tissu. Ensuite, il le fait monter sur sa bête, il l’emmène dans une maison pour les voyageurs et il s’occupe de lui. Le jour suivant, le Samaritain sort deux pièces d’argent, il les donne au propriétaire de la maison, et il lui dit : “Occupe-toi de cet homme. Ce que tu dépenseras en plus pour lui, je le rembourserai moi-même quand je reviendrai par ici.” » Et Jésus demande : « À ton avis, lequel des trois voyageurs a été le prochain de l’homme attaqué par les bandits ? » Le maître de la loi répond : « C’est celui qui a été bon pour lui. ». Alors Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais la même chose ! »

 

Prédication

Un homme est à terre. Il est blessé. Si quelqu’un ne vient pas le chercher là où il est, il mourra. Par lui-même, il n’est plus dans le monde des vivants. Nous avons tous rencontré de ces humains qui meurent à petit feu. Seuls. Dans le fossé, le long de la route, isolé de tous les autres humains. Nous avons tous connu ce moment où, lorsque nous yeux se posent sur lui, au cœur de sa misère et de sa faiblesse, nous n’avons pas su quoi faire.

La plupart du temps, devant une misère extrême qui nous saute aux yeux, nous détournons le regard. Nous le voyons oui, cet homme à terre. Nous détestons le mal dans le monde qui accable nos frères humains. Mais nous détournons le regard. Qui sommes-nous pour lutter contre le mal ? Nous ne sommes nous-mêmes que des humains, aussi faibles, au fond, que les malheureux que nous croisons. Nous sommes comme ces deux religieux, le prêtre et le lévite. Ils ont une fonction, une identité, un métier à exercer qui les appelle quelque part au bout de leur chemin. Ils sont cette identité-là, prêtre, lévite, cette identité qui leur appartient et les fait être quelque chose de précis dans ce monde. Tous autant que nous sommes, nous tenons debout par ce que nous pensons être notre identité. Une fonction, un métier, une fierté, une place dans la société. Cette identité nous donne un rôle précis, des habitudes et même des lois qui nous indiquent le chemin à suivre. Comme ces deux hommes religieux qui ne peuvent pas se permettre de s’arrêter auprès d’un mourant, parce que ça les rendrait impurs, et qu’ils ne pourraient plus alors exercer leur fonction. Il y a des gens qui les attendent et qui s’attendent à ce qu’ils remplissent leur rôle, ils ne peuvent pas les trahir ni même les faire attendre. Le poids de leur fonction et de leur identité leur fait détourner le regard. Ils choisissent d’être ce qu’ils sont… et ça les empêche d’utiliser ce qu’ils ont. En effet, le vin et l’huile font partie du rituel dont ils sont les spécialistes… mais pour rester au service des vivants, ils ne peuvent pas se mettre au service d’un homme mourant.

Le Samaritain, lui, n’est pas un homme comme les autres. D’ailleurs si l’évangéliste l’appelle « Samaritain », c’est pour dire que ce n’est pas un vrai Juif. Ce n’est pas la religion qui l’a mené à Jérusalem, puisque pour lui, le lieu saint c’est Samarie, à l’étranger. Il est étranger, et voyageur. Il n’a rien à faire là. Il n’a pas la bonne identité dans la société. Il est un peu, au fond, comme cet homme au bord de la route, laissé à demi-mort dans le fossé. Ils ne sont, ni l’un ni l’autre, comme il faudrait être. Et c’est ce Samaritain, étranger, qui n’a pas d’identité sinon en négatif, qui va se pencher sur le mourant. C’est lui qui pourra se servir de ce qu’il a, l’huile et le vin.

Les deux premiers hommes choisissent d’être ce qu’ils sont… et ça les empêche d’utiliser ce qu’ils ont. Le Samaritain ne choisit pas d’être ce qu’il est… et ça lui permet d’utiliser ce qu’il a.

Lui aussi voit l’homme, et c’est la compassion qui le fait s’agenouiller pour l’examiner de plus près. Peut-être bien qu’il ne pourra rien faire. Mais ce qui le met en mouvement, la compassion, c’est ce qu’il a et qui lui vient d’ailleurs. La compassion ne vient pas de nous-mêmes, elle vient de la relation que nous avons avec l’autre. Ca ne sert à rien, la compassion, ça ne se possède pas, c’est au-delà de tout contrôle. Mais c’est ce qui passe outre à notre identité propre, à nos habitudes, à nos propres lois, pour nous faire entrer en vérité dans la relation avec l’autre.

Les religieux possèdent ou croient posséder leur propre identité et se détournent pour ne pas la mettre en jeu. Le Samaritain ne s’appuie pas sur son identité, il entre dans la relation et il a tout à donner.

Mais tout, c’est quoi, au fait ? Un peu d’huile, un peu de vin, un peu de son temps. L’usage de sa monture. L’usure de ses propres chaussures, à cheminer dans le désert en retenant l’homme blessé pour ne pas qu’il tombe à nouveau. Mais après, qu’est-ce qu’il donne ? « Le lendemain, à son départ, il sortit deux pièces d’argent, les donna à l’aubergiste et dit ‘Prends soin de lui, et ce que tu dépenseras en plus, je te le rendrai à mon retour’. » Il donne ce qu’il n’a pas ! Il donne ce qui appartient à l’aubergiste, du temps, du soin, de la proximité humaine, de la nourriture, un abri. Voilà une drôle de générosité ! Il donne en prêt, il donne ce qui est à l’autre. Il donne une promesse. « Je repasserai ». Bien souvent, nous nous débarrassons des importuns en disant, plus tard ! Je te donnerai quelque chose plus tard, je repasserai, on reparlera, on aura le temps, la prochaine fois… Ce n’est pas du tout ce que fait le Samaritain ! Il donne au présent même ce qu’il n’a pas. Il fait entrer la promesse dans la réalité. Ca n’est rien du tout, une promesse, ça ne fait vivre personne. Et pourtant… ici, elle sauve un homme.

Mais au fait… le retour… ça ne vous dit rien ?

Et au fait, c’est qui, ce Samaritain ?

Le Samaritain, dans cette parabole, c’est celui qui vient, et qui vient à la rencontre du plus faible. Il est remué aux entrailles par la souffrance humaine. Il sauve. Il promet son retour. Ca ne vous évoque rien ? Et même, en creusant un peu plus, cette auberge… On entre bientôt dans le temps de l’Avent et nous allons lire et méditer ces textes de la nativité. Rappelez-vous, chez Luc (Lc 2,4-7) :

« Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu’il était de la famille et de la lignée de David. Il y a alla pour se faire inscrire avec sa femme Marie qui était enceinte. Pendant qu’ils étaient là, le moment où Marie devait accoucher arriva, et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’auberge. »

L’auteur de l’évangile de Luc s’amuse à des clins d’œil avec ce personnage du Samaritain. Celui qui vient, qui s’émeut de la souffrance humaine, qui naît hors des marges de la société et qui vient rejoindre les marginaux sur terre. Celui qui témoigne de la promesse et qui promet à son tour, à toute l’humanité, qu’il viendra faire justice. Celui qui paie pour l’autre. Celui qui sauve. Le seul qui puisse vraiment s’approcher de ceux qui ont besoin d’être sauvés. Le Christ.

Mais alors que désigne cette parabole ? Relisons le cadre narratif de la parabole du Samaritain. Je fais le pari avec vous que c’est ce cadre, ces quelques lignes avant et après la parabole proprement dite, qui lui donnent son sens.

« Un professeur de la loi se leva et dit à Jésus pour le mettre à l’épreuve : ‘Maître, que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ?’ Jésus lui dit : ‘Qu’est-il écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu ?’ Il répondit : ‘Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même.’ ‘Tu as bien répondu, lui dit Jésus. Fais cela et tu vivras.’ »

Tu as bien répondu, dit Jésus. Tu as posé le doigt sur ce qui fait vivre en vérité. Aimer Dieu et aimer le prochain. Mais c’est bien l’identité du prochain qui pose problème…

La question « Qui est mon prochain » interroge précisément cela : qui est le Christ ? C’est la fin de la narration qui donne la clé, dans un renversement très surprenant. Car à la question « Qui est mon prochain », la morale ordinaire répond que le prochain, c’est le faible, le blessé, celui qui a besoin d’aide. Mais ce n’est pas ça que répond Jésus ! Il pose une autre question, qui renverse la compréhension de la morale ordinaire et de nos propres attentes.

« Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ? » Il n’y a que trois réponses possibles à cette question : les trois personnages du début, les deux religieux et le Samaritain. Qui s’est montré le prochain ? « C’est celui qui a agi avec bonté envers l’homme à terre », répond l’homme. Le prochain, c’est celui qui sauve. Qui est ton prochain, c’est celui qui te sauve, qui entre en relation avec toi, au milieu des brigands, au cœur du monde, dans toutes les détresses, lorsque tu es à moitié mourant. Il ne s’agit pas du tout, dans cette parabole, d’une leçon pour savoir comment aider les autres, comme on le croit souvent.

 

Il s’agit de se voir soi-même, aidés, sauvés par le Christ ! C’est lui qui vient, c’est lui qui est ému par ta détresse, c’est lui qui te sauve…

Jésus lui dit, et nous dit : « Va agir de la même manière, toi aussi ». Va être sauvé.

La question du départ était simple : « Que faire pour hériter de la vie éternelle ». La réponse est encore plus simple : « Va être sauvé ». C’est le Christ qui vient te sauver, vas-y.

En voulant se justifier, le docteur de la loi tentait de se donner une identité, il voulait la recette pour être un homme bon destiné à la vie éternelle. Ce qui lui donné, ce n’est pas une recette pour être quelque chose, c’est une demande : aie la foi, use de ce que tu as reçu. Laisse le Christ entrer en relation avec toi. Ce qu’il a à te donner, c’est une nouvelle identité, que tu n’as pas à gagner ni à défendre. Ne cherche pas à vivre de ta propre identité ou à te donner une identité à toi-même, elle te fait détourner le regard. Va. Va être sauvé. C’est de toi qu’il s’agit. Laisse le Christ entrer en relation avec toi, sois en dette d’une identité qui t’est donnée, pour vivre dans ce monde, au milieu de tes prochains, capable de leur venir en aide à ton tour. C’est ça, le salut. Et c’est la seule promesse qui vaille.

Amen.

Cantique : 31-32 : Ils ont marché au pas des siècles

 

Confession de foi

Éclairés et rassemblés par la Parole de Dieu, nous confessons ensemble notre foi.

Nous croyons en Jésus-Christ :
Il « est venu pour servir et non pour être servi »
Reconnaître son autorité, c’est d’abord accepter de se laisser servir par lui.
Il nous donne la liberté, la confiance et le courage pour agir et être.
Nous croyons en Jésus-Christ :
Il nous libère de devoir chercher l’assurance de notre valeur dans le regard des autres
Ou dans nos actes.
Grâce à son autorité nous ne sommes plus le centre de nous-mêmes
Il donne à notre vie une dignité et une identité que nous n’avons plus à conquérir.
Nous croyons en Jésus-Christ :
Il a vécu de la parole du Père, inspiré par l’Esprit du Père.
Son autorité est créatrice, et elle nous fait grandir dans notre humanité.
Son autorité ne contraint pas. Elle construit la confiance,
Elle ouvre à l’espérance.

Amen !

Cantique : 45-06 : Ô Jésus mon frère

 

Offrande – Annonces

Intercession

C’est maintenant le temps de l’intercession. Nous intercédons les uns pour les autres, et pour toute l’humanité. Nous prions.

Notre Père qui es aux cieux,
Nous voulons aujourd’hui te parler de la terre,
De ses misères et de sa violence.

Les oubliés dans les prisons du monde
Les inconnus qui souffrent en silence dans nos villes
Les victimes de la puissance militaire
Les opprimés par une puissance économique aveugle et sourde
Que tous les hommes te reconnaissent comme Père,
Et qu’ils se découvrent comme des frères.
Qu’ils aient à cœur de te laisser de la place dans leur vie.

Que soient posés des gestes de réconciliation et de paix
Et que ces gestes deviennent signes de ton Règne qui vient.
Fortifie tous ceux et celles qui luttent pour la dignité de l’homme
Ceux qui s’engagent à dénoncer la violence et l’injustice.
Que ta volonté ne demeure pas de belles paroles,
mais qu’elle soit faite sur la terre comme au ciel.

Aujourd’hui des humains meurent de faim alors que d’autres croulent sous l’abondance.
Apprends-nous à partager le pain que tu nous donnes.

Les humains s’égarent sur les chemins de la tentation,
Tentation du pouvoir
Tentation de l’argent
Tentation de l’isolement et de la méfiance
Délivre-nous de la tentation.

Voici nos soucis, nos peurs et nos angoisses, notre inquiétude et notre fatigue.
Les humains souffrent, ils sont malades, ils ont peur, ils sont seuls.
Délivre-nous de ce mal.

Voici nos désirs et nos espoirs, aide-nous à en faire une force de vie.
C’est vers toi que monte notre prière,
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,
Aux siècles des siècles. Amen

 

Envoi et bénédiction

Les choses anciennes sont passées.
Toutes choses sont devenues nouvelles.
Nous avons entendu la parole de la confiance qui nous lance sur les chemins.
Avançons avec courage et avec toute notre confiance dans le Christ qui nous accompagne !
Je vous invite à vous lever pour recevoir la bénédiction de la part de Dieu :
Dieu nous bénit et nous garde.
Il nous accorde sa grâce.
Il tourne sa face vers nous et nous donne la paix.
Amen.

Cantique : 62-81 : Que la grâce de Dieu

 

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« S’entraider – Célébration » : le texte complet en pdf

 

 




S’entraider : Réflexion

S’entraider

Méditer

Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba aux mains de bandits qui le dépouillèrent, le rouèrent de coups et s’en allèrent en le laissant à demi-mort. Par hasard, un prêtre descendait par le même chemin ; il le vit et passa à distance. Un lévite arriva de même à cet endroit ; il le vit et passa à distance. Mais un Samaritain qui voyageait arriva près de lui et fut ému lorsqu’il le vit. Il s’approcha et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin ; puis il le plaça sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie et prit soin de lui. »
Lc 10, 30-34

Prenez un temps personnel pour méditer sur cette photo et ce début d’histoire.
Quelle résonance cette histoire trouve-t-elle en vous ?
Puis, en quelques mots, exprimez ce que vous inspire ce tableau en lien avec le verbe s’entraider.
Que faisons-nous et que découvrons-nous lorsque nous nous entraidons ?

Entendre les langues de la Terre

Qui reconnaît ces différentes langues ? Où les parle-t-on ?

La notion d’aide appartient à toutes les langues humaines ; l’entraide se dit souvent en ajoutant un suffixe, comme en français, pour préciser qu’il s’agit de soin mutuel, ou un pronom, comme en anglais : to help each other.

Il s’agit de langues maternelles ou usuelles de membres de l’équipe et de personnes en relation avec le Défap. Vous pouvez vous adresser à la bibliothèque pour plus d’information : bibliotheque@defap.fr.

La dimension culturelle de l’entraide est très importante. Par exemple, dans certaines cultures l’entraide va de soi, tant est évidente l’idée que des liens de dépendance mutuelle sont essentiels pour vivre ensemble ; l’entraide est codifiée et implique la réciprocité. Dans d’autres cultures comme les cultures occidentales, le souci de la solidarité n’est pas au cœur de la vie sociale et apparaît comme un choix éthique personnel. Solidarité ou individualisme semblent alors des marqueurs culturels.

Et pour vous, que signifie s’entraider ?

Voici quelques exemples de verbes qui résonnent avec le verbe s’entraider, dans le même sens ou à l’opposé. En voyez-vous d’autres ? Que vous inspirent ces exemples ?

Et dans la Bible ?

« Vous avez de tout en abondance : foi, éloquence, connaissance et beaucoup de zèle, sans compter l’amour que nous avons pour vous. Vous aussi, donc, ayez en cette occasion la grâce d’une abondante générosité. Je ne vous dis pas cela comme un ordre – seulement, maintenant que vous connaissez le zèle des autres communautés, vous savez que vous pouvez, vous aussi, montrer la générosité de votre amour. Vous connaissez la grâce offerte par notre Seigneur Jésus le Christ : il était riche et il s’est fait pauvre pour vous. Vous êtes devenus riches de sa pauvreté. Voilà ce que je pense : l’année dernière, vous avez été les premiers à souhaiter cette collecte, et à la faire ; ce serait dommage de s’arrêter là. Allez au bout de votre idée, pour que le résultat soit à la hauteur du projet de départ, selon vos moyens. En effet, l’important en la matière c’est ce que vous pouvez faire, pas ce que vous ne pouvez pas faire. Il ne s’agit pas de vous mettre en difficulté pour pouvoir aider les autres : il s’agit d’égalité. Dans le cas présent, il s’agit d’équilibrer leur manque par votre abondance ; et leur abondance équilibrera votre manque. Prenez l’exemple de la manne dans le désert : il est écrit : « Celui qui avait beaucoup n’avait rien de trop, et celui qui avait peu ne manquait de rien ». 2 Co 8,7-15

La générosité est une grâce

Paul organise une collecte pour l’Église de Jérusalem dans les communautés qu’il a fondées. L’histoire de cette collecte est expliquée dans un autre texte de Paul (Ga 2,1-10) : Paul et Barnabas se sont mis d’accord avec Pierre et Jean sur la suite de leur mission. Pierre et Jean, qui restent dans la communauté de Jérusalem, portent l’Évangile aux Juifs ; Paul et Barnabas pourront porter l’Évangile aux païens. Cet arrangement se conclut sur une recommandation de la part de Pierre et Jean, de « ne pas oublier les pauvres ». En respectant cette recommandation, les futures communautés fondées par Paul et Barnabas feront un geste de solidarité envers la communauté de Jérusalem, l’Église mère.

Dans le contexte de l’époque, ce geste de solidarité évoque fortement l’impôt du didrachme qui était un impôt religieux : il était dû par chaque adulte juif, y compris ceux de la diaspora, et il servait à subvenir aux besoins du Temple de Jérusalem, notamment pour assurer les sacrifices (cf Ex 30,11-16). C’était un signe d’appartenance au peuple d’Israël d’une part, et d’autre part ce qui permettait de faire vivre le culte rendu au Temple pour l’ensemble du peuple. Tout le monde participait, pour le bien de tout le monde.

Paul, quand il écrit à la communauté de Corinthe, rappelle le sens premier de ce geste de solidarité : il s’agit de rendre visible le sens de la communauté qui unit l’Église d’origine (à Jérusalem) aux Églises qui en sont issues. Encore faut-il que le sens de ce geste soit compris par tous et on se doute bien que, si Paul a ressenti le besoin de l’expliquer aussi longuement, ça n’allait pas de soi pour tout le monde.

Il insiste d’abord sur le fait d’aller au bout de l’idée de générosité. Bien souvent, on se pense généreux, sans aller jusqu’à passer à l’action. Il ne suffit pas de vouloir la solidarité : c’est le geste qui compte, plus que l’intention.

Et puis, il rappelle le sens de la générosité pour ceux qui appellent Jésus-Christ leur Seigneur : Paul demande à ses lecteurs de comprendre de quelle grâce ils sont dépendants. Le Christ, de divin qu’il était, est devenu humain. Ce qu’il a perdu en divinité, il l’a gagné en humanité, se rapprochant ainsi de nous. Il s’est fait pauvre pour devenir aussi pauvre que nous. Les théologiens parlent de kénose pour dire cela : au sens premier, la kénose en grec c’est l’action d’évider un bout de bois pour en faire une flûte. On enlève de la matière, on vide (littéralement), ce qui permet de laisser surgir la musique. Un bout de bois plein ne fait pas de musique, un bout de bois évidé le peut ; de même, le Christ, évidé de sa condition divine, appartient à la musique humaine. Et puis, bien sûr, Jésus a été mis à mort et condamné alors qu’il était innocent, il a été mis à mort de façon infâme, comme un moins que rien : il est devenu, dans sa mort, encore moins qu’un humain ordinaire. Il a atteint à la plus grande pauvreté – et pourtant, c’est ainsi qu’il offre aux humains le bien le plus grand, la grâce. Il s’est dessaisi de tout et nous a donné l’essentiel. La générosité est une grâce : c’est le sens de la mort du Christ. La générosité est une grâce : c’est aussi le sens du don en Église. En se dessaisissant de biens, une communauté accepte de dire que là n’est pas le plus important, que le plus important c’est la grâce, parce que c’est de cela qu’elle vit – et pas de son argent.

Un peu plus loin, Paul explique qu’il s’agit d’équilibrer le trop-plein des uns et le manque des autres. Les uns ont besoin d’être évidés pour recevoir la grâce ; les autres ont besoin des biens nécessaires à la vie : pour chacun, recevoir de l’autre est une grâce. L’entraide est alors vue comme un échange juste pour rétablir une situation injuste et pour permettre à ceux qui possèdent de revenir à un état de manque nécessaire, ou au moins de se départir du superflu qui encombre.

L’idée de justice est importante. Jacques Ellul, dans L’homme et l’argent, peut ainsi écrire : « Celui qui a des richesses a des devoirs envers les hommes et Dieu. Job les énumère, par exemple : secourir le pauvre, tenir compte des besoins des hommes, des animaux, et aussi des choses. Celui qui est riche a justement une disponibilité qui le rend capable d’entendre et de secourir le malheureux. C’est une véritable rançon de la richesse. C’est le seul bon usage qu’il puisse en faire. L’Écriture va même plus loin et parle du droit des pauvres sur les riches. Nous ne citerons que le seul texte des Proverbes, si fort, où le roi Lemuel rappelle que le prince doit sans cesse avoir devant ses yeux le droit des victimes de la misère, des fils de la misère et doit leur faire droit (Pr 31,5). Ainsi, lorsque le riche donne, il n’acquiert point de vertu ni de mérite, mais il accomplit seulement une obligation. »

On trouve donc aussi dans la Bible l’idée que nous ne sommes que les dépositaires de nos richesses et que nous ne les possédons pas : la seule chose juste à en faire, c’est d’en faire profiter ceux qui en ont besoin. Comme c’est une obligation, il n’y a pas de quoi s’en glorifier… c’est l’idée de la main gauche qui ignore ce que fait la main droite (Mt 6,3). Il n’y a pas lieu non plus de faire peser une dette sur l’autre, pour la même raison.

Enfin, le devoir d’entraide oblige les uns comme les autres à résister à la tentation de l’entre-soi. Rien de plus dangereux qu’un compte en banque bien garni pour se croire capable de vivre seul au monde, indépendant de tout et de tous, et dans un repli mortifère sur soi-même. Une communauté qui refuse de voir autour d’elle ceux qui auraient besoin d’aide se condamne à être un club privé, indifférent à ce qui l’entoure, désireux seulement de plaire à ses membres.

Questions

Si l’on suit l’idée de Paul selon laquelle ceux qui ont doivent se départir de ce qu’ils ont pour donner à ceux qui n’ont pas, comment le vivre en pratique ?

Comment faire pour ne pas se glorifier du don fait, ni s’humilier du don reçu ?

Sommes-nous propriétaires ou dépositaires de nos richesses ?

 

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S’entraider : Témoignage

S’entraider

Quels témoignages et pourquoi ?

Durant toute cette année de Cinquantenaire, nous vous partagerons des témoignages divers et variés. Pour «Dis-moi la mission» nous avons choisi de plonger avec vous dans nos archives. Ces écrits d’acteurs de la mission, d’hier à aujourd’hui, contribueront, nous l’espérons, à nourrir et éclairer votre réflexion autour de chacun des «verbes de la mission».

La mission a évolué, elle n’est plus unilatérale heureusement ! Pourtant, la plupart des témoignages que vous découvrirez ici seront ceux d’envoyés partis de France pour l’étranger : ceux-ci écrivaient, plus ou moins régulièrement, des lettres de nouvelles, dont beaucoup ont été conservées.

Nous aurions aimé vous proposer des écrits de «partout vers partout» à l’image des échanges vécus avec le Défap. Mais les témoignages des stagiaires, étudiants, professeurs, pasteurs, hommes et femmes accueillis en France, envoyés eux-aussi dans le cadre de leur Église, ou encore de paroisses ou groupes de jeunes ayant vécu des échanges sont nettement plus rares.

Durant dix mois, vous pourrez découvrir la diversité de ces expériences et des réflexions qu’elles ont suscitées.

Restez connectés sur notre site internet et nos réseaux sociaux pour découvrir d’autres formes de témoignages !

Témoignage d’il y a environ 50 ans :

En juin 1997, grâce à l’action d’un haut responsable du scoutisme malgache, Célestin Rabehaja, les Éclaireurs unionistes de France (EEUdF) et les Tily Eto Madagasikara (Éclaireurs unionistes malgaches) signent un accord de partenariat – soutenu par la FJKM (Églises de Jésus-Christ à Madagascar), la Cevaa et le Défap. Cela permet l’envoi d’un volontaire, Valéry Pitra, et l’accueil en 1998 de Helinoro Rakotomalala au sein de l’équipe des permanents du scoutisme unioniste. Témoignages croisés dans Mission, n° 97, novembre 1999, p. 22-24.

Témoignage de Valéry Pitra

Témoignage de Helinoro Rakotomalala

Témoignages d’aujourd’hui :

Témoignage de Annecilia Alcindor, issu du journal des envoyés de la formation au départ de 2021

Annecilia part comme infirmière au Laos..

Version téléchargeable :

 

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