Cameroun : renforcer le rôle des femmes dans l’Église

Améliorer l’autonomie des femmes passe d’abord par une meilleure formation. C’est ce qui a été fait à l’Institut supérieur presbytérien Camille Chazeaud, centre de formation de l’Église presbytérienne camerounaise (EPC), avec le soutien du Défap. Les participantes étaient les épouses des étudiants en théologie, destinés à devenir pasteurs au sein de l’EPC. Au programme : des thématiques aussi bien théologiques que pratiques.

Participantes de la formation organisée à l’ISPCC avec le soutien du Défap © ISPCC

Au Cameroun, en matière de droits des femmes, plusieurs réalités s’opposent. Officiellement, hommes et femmes sont égaux devant la loi. Le Cameroun a signé la plupart des Conventions et Traités internationaux et régionaux sur la protection et la promotion des droits de la femme. Il existe même un ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille du Cameroun. Mais ces réalités juridiques peinent à s’affirmer dans le quotidien, face à des normes culturelles qui, concrètement, interdisent tout traitement égal. Une situation qui influe directement sur la vie des Églises : le ministère pastoral féminin est peu reconnu. Les femmes peuvent devenir pasteures au sein de l’Église évangélique du Cameroun depuis le début des années 2000, mais aujourd’hui encore, elles ne constituent guère plus de 10% du corps pastoral et doivent surmonter de nombreux obstacles. Quant à l’Église presbytérienne camerounaise (EPC), elle n’accepte toujours pas de femmes pasteures et a du mal à se saisir de la question. Les femmes y sont pourtant nombreuses et actives ; elles sont les plus impliquées dans la vie des paroisses et dans les activités diaconales ; et des mouvements contribuent depuis longtemps à accroître leur visibilité, comme l’association chrétienne des femmes (ACF), la plus ancienne et la plus puissante des associations chrétiennes de l’EPC.

Pour renforcer le rôle des femmes, il est donc nécessaire d’agir sur les mentalités. Les Églises, de par leur poids au sein de la société camerounaise, peuvent y contribuer, à condition qu’elles-mêmes accordent davantage de place aux femmes. Et pour cela, la formation est essentielle. C’était l’objectif de la formation de la section féminine à l’ISPCC (l’Institut supérieur presbytérien Camille Chazeaud) organisée en 2022 avec le soutien du Défap.
 

Participantes de la formation organisée à l’ISPCC avec le soutien du Défap © ISPCC

L’ISPCC, centre de formation de l’EPC, se trouve à Foulassi, au sud du Cameroun. C’est dans cette localité qu’avait été fondée en 1925 une première station missionnaire sous l’impulsion du pasteur suisse Camille Chazeaud, surtout connu aujourd’hui pour avoir composé, le 29 octobre 1957, le chant de ralliement qui devait devenir l’hymne national du Cameroun. L’ISPCC, institution universitaire privée et confessionnelle, dispose de deux facultés : faculté de théologie et des sciences religieuses et faculté des sciences sociales. La faculté de théologie et des sciences religieuses (FTSR) prépare de manière spécifique à l’exercice du ministère pastoral pour les Églises protestantes du Cameroun et d’Afrique centrale. Comme les étudiants inscrits en théologie vivent sur le campus avec leurs épouses et leurs enfants, la section féminine aide pour sa part la FTSR à donner une formation théologique et pratique aux épouses des étudiants.

Souvent mariées très jeunes, ces épouses de futurs pasteurs n’ont que rarement eu l’occasion d’acquérir des compétences professionnelles. Or, comme le souligne le pasteur Jean Patrick Nkolo Fanga, recteur de l’ISPCC, et qui enseigne par ailleurs la théologie pratique à la Fateb (la faculté de théologie évangélique de Bangui), elles devront faire face à de nombreuses attentes dans les paroisses une fois leur mari formé et en poste. Avec cette formation de la section féminine à l’ISPCC, il s’agissait de leur donner des compétences pour qu’elles puissent prendre toute leur place au sein de l’Église, et jouer un rôle moteur dans les associations de femmes.

D’où le double aspect de cette formation : théologique et pratique. Les épouses de pasteurs peuvent aussi bien être amenées à faire des prédications qu’à monter des projets. Leur rôle peut aller de l’animation d’études bibliques pour les femmes, enfants et jeunes filles, à la relation d’aide, mais aussi à la mise en place d’activités génératrices de revenus… Un fort accent a d’ailleurs été mis sur ce dernier point lors de cette formation, car les besoins sont importants dans les paroisses. Permettre aux femmes de sortir de la pauvreté est la première étape vers l’autonomie. Les participantes de la section féminine de l’ISPCC ont ainsi pu être formées au management de projet, à la mise en place d’activités génératrices de revenus – avec des exemples très concrets lors d’ateliers de création de jus, de chapeaux, de teintures ou de confitures. Des compétences que certaines des épouses d’étudiants ont aussitôt mises à profit en créant leur propre activité…




Congo : promouvoir l’éducation à la paix

Dans un pays dont l’histoire récente est marquée par des violences récurrentes et des déplacements de population, l’Église Évangélique du Congo (EEC) essaie de contribuer à construire une paix durable et une société apaisée. Ce qu’elle fait à travers une structure créée en 2003, l’Action Évangélique pour la Paix (AEP). En lien notamment avec l’École de la Paix de Grenoble pour les outils pédagogiques, l’AEP a déjà réalisé plusieurs projets visant à sensibiliser de nombreux jeunes, notamment dans des écoles et collèges.

Une session de formation organisée par l’AEP © AEP

Partenaires

  • Église Évangélique du Congo (EEC)
  • Action Évangélique pour la Paix (AEP)

Objectifs

Contribuer à la culture de la paix et de non-violence dans les établissements scolaires publics et confessionnels.

Le local de l’AEP © AEP

Contexte

La République du Congo a été frappée ces dernières années par des violences importantes, dont la guerre civile entre 1997, 1998 et 2002 et les troubles dans le département du Pool après les élections présidentielles de 2016. Ces violences ont provoqué des pertes humaines et des déplacements de populations par centaines de milliers. À plusieurs reprises, ces violences ont surtout concerné l’agglomération de Brazzaville, ce qui a engendré des départs massifs depuis Brazzaville vers le département du Pool, puis en 2017, en sens inverse. Cette histoire récente et les oppositions politiques récurrentes liées à des conflits d’ordre ethnique amplifient l’agressivité liée à la pauvreté et aux disparités sociales.

Envoyée du Défap en république du Congo, pour travailler en lien avec l’AEP, rencontrant le président de l’EEC, le pasteur Juste Alain Gonard Bakoua © AEP

L’association AEP est une structure créée en 2003 par l’Église Évangélique du Congo (EEC), comme contribution aux efforts de construction d’une paix durable, en voulant « changer les mentalités ».

Depuis sa création, avec les appuis renouvelés du Défap et de la Cimade, puis du Programme Concerté Pluri-Acteurs, et aussi de l’École de la Paix pour les outils pédagogiques, l’AEP a déjà réalisé plusieurs projets pour la jeunesse (écoles, collèges, écoles du dimanche et autres groupes) permettant la sensibilisation de milliers de jeunes. Le Défap lui a aussi manifesté son soutien à travers l’apport d’une envoyée.




Six projets solidaires à soutenir en 2023

Aider à lutter contre la désertification en Tunisie, développer la formation à l’énergie solaire à Djibouti, favoriser l’autonomie alimentaire de Bangui, soutenir les petits commerces de femmes en grande précarité en République Démocratique du Congo ou promouvoir le rôle des femmes au sein de l’Église, éduquer à la paix et au développement durable au Burundi : tels sont quelques-uns des projets du Défap que vous pouvez choisir de soutenir à travers l’édition 2023 du carnet de solidarité de l’UEPAL.

Vue du carnet de solidarité 2023 de l’UEPAL © UEPAL

Chaque année, l’UEPAL (Union des Églises Protestantes d’Alsace et de Lorraine), l’une des trois Églises membres du Défap, diffuse son « carnet de solidarité » : une publication mettant en avant des projets humanitaires portés par des partenaires chrétiens, que vous pouvez consulter ici ou en cliquant sur l’image d’ouverture de cet article. Grâce au formulaire de dons accompagnant ce carnet, il est possible d’apporter son soutien à l’un ou l’autre projet. Cette année, ce sont six projets du Défap qui sont ainsi présentés par l’UEPAL :

Djibouti : Une formation pour développer l’énergie solaire

Panneaux solaires installés par l’EPED à Djibouti © EPED

À Djibouti, l’accès à l’énergie est un problème majeur : le pays doit accroître sa production d’électricité pour se développer, mais il est très dépendant des importations de combustibles fossiles, dont les prix explosent. Dans un programme de développement à long terme connu sous le nom de « Vision 2035 », il prévoit de parvenir à l’autonomie énergétique en visant un objectif de 100% de sources d’énergie renouvelables – notamment solaire. Encore faut-il former des techniciens, qui pour l’heure manquent cruellement, pour installer et entretenir les panneaux solaires. C’est ce que propose le centre de formation de l’EPED, l’Église protestante de Djibouti. Il dispose du matériel nécessaire, et a déjà développé une expertise dans l’encadrement et la formation pratique de jeunes actifs grâce à l’expérience du « chantier-école » mise en place lors de la réhabilitation du temple de Djibouti.

Ce projet est également présenté par le Défap à l’occasion de l’édition 2023 de Hope 360, événement sportif et festif organisé par le collectif Asah pour promouvoir des projets d’engagement chrétien dans le domaine de la solidarité internationale. Plus d’informations ici.

Burundi : Éduquer à la paix et au développement durable

Enfant au Burundi © Maxpixel.net

Des décennies de conflits et de guerres interethniques ont laissé des traces durables. En dépit de l’Accord de paix et de réconciliation signé en août 2000 à Arusha, les graines de violence demeurent et la méfiance entre communautés empêche de développer le pays, où l’insécurité alimentaire reste chronique.

Le MIR France (Mouvement International de la Réconciliation), avec l’aide du Défap, soutient à Kibati un projet de ferme-école qui vise tout à la fois à éduquer la population, principalement les jeunes, à résoudre les conflits par le dialogue au lieu de recourir à la violence et aux armes, et à augmenter la production en agro-élevage écologique et le revenu des agriculteurs, à travers des coopératives agro-pastorales. Ce projet est mené en association avec l’Église Baptiste de Kibati, qui le supervise au niveau local.

Plus d’informations ici.

République centrafricaine : Des jardins pour nourrir Bangui

Rodolphe Gozegba au travail avec les membres de l’association A9 © A9

En République centrafricaine, la guerre et les défaillances de l’État entretiennent pauvreté et famine. Alors que plus de 70% de la population dépend de l’agriculture pour sa subsistance, la violence des groupes armés, contre lesquels les autorités sont impuissantes, a contraint en cours d’année la plupart des paysans à abandonner leurs champs. La situation est encore plus difficile à Bangui, qui dépend pour son approvisionnement de quelques routes, dont la principale a été coupée plusieurs semaines début 2021 par une offensive rebelle.

Pour favoriser l’autonomie alimentaire de Bangui, l’association A9, portée par un ancien boursier du Défap, Rodolphe Gozegba, a lancé un projet de culture de lopins de terre inexploités dans la capitale. Pour cela, A9 distribue graines, outils, et assure un suivi des participants : 400 familles du 6ème arrondissement, avec des résultats déjà très encourageants.

Si le projet est né dans un contexte d’insécurité persistante du pays et de menaces sur l’approvisionnement de Bangui par des groupes armés, les solutions mises en œuvre par Rodolphe Gozegba et l’association A9 rejoignent les réflexions de nombreux urbanistes qui, face aux défis des changements climatiques en cours, s’interrogent sur les moyens de rendre les villes moins dépendantes des campagnes sur le plan alimentaire, en développant une véritable agriculture urbaine.

Plus d’informations sur ce projet ici.

Tunisie : Promouvoir l’agriculture environnementale

Rendre fertiles des terres délaissées en Tunisie © ATAE

La Tunisie est l’un des pays les plus exposés au risque de désertification, le réchauffement climatique étant aggravé par des techniques agricoles inadaptées, avec une perte de 15 000 ha/an de terres cultivables. Pour rendre leur fertilité à des terres apparemment perdues, l’Association Tunisienne d’Agriculture Environnementale (ATAE) propose à un réseau d’agriculteurs des formations pratiques sur des procédés écologiques de fertilisation et de culture. Elle est directement issue de l’expérience de l’association Abel Granier, pionnière en la matière : le pasteur Abel Granier avait été le premier à réhabiliter entièrement une ferme en zone semi-aride. Aujourd’hui, l’ATAE a mis en place un programme de ferme pédagogique, pour permettre aux agriculteurs de son réseau et ayant suivi ses formations de vivre et travailler selon ces principes.

Plus d’informations sur ce projet ici.

RDC : Renforcer la place de la femme dans les Églises

Remise des diplômes en décembre 2021 aux participants à la formation continue sur « Église et leadership » à l’ULPGL © ULPGL

Dans un pays comme la République Démocratique du Congo, les Églises sont des acteurs sociaux majeurs. Elles gèrent des écoles, des hôpitaux, ont une importante action sociale et pallient les défaillances de l’État dans de nombreux domaines. Les Églises protestantes gèrent également nombre d’activités cruciales pour la société congolaise – avec d’autant plus de visibilité que beaucoup d’entre elles sont regroupées au sein d’une même structure, cumulant les caractéristiques d’une Église et d’une fédération : l’ECC – l’Église du Christ au Congo. Du fait de leur poids au sein de la société, elles ont la capacité de faire évoluer les mentalités ; encore faut-il d’abord qu’elles évoluent elles-mêmes. Mais dans les Églises comme dans le reste de la société congolaise, les femmes restent bien souvent cantonnées à des places subalternes.

L’un des principaux frein au renforcement du rôle des femmes, et à leur accession à des postes d’encadrement au sein de l’ECC, est bien souvent leur manque de formation en théologie. Ce qui est un reflet de la situation de l’ensemble du pays, où les femmes ont un accès plus difficile à l’éducation. Le Défap propose donc des bourses pour permettre à des jeunes femmes de poursuivre des études supérieures en théologie à l’Université Libre du Pays des Grands Lacs de Bukavu, de manière à former de futures cadres de l’Église du Christ au Congo. Au sein de la faculté de théologie, seules une quinzaine d’étudiants sont des étudiantes. Le Défap envisage de quasiment doubler ce nombre en proposant une douzaine de bourses, permettant de payer les frais liés aux études d’une douzaine de jeunes femmes.

Plus d’informations sur ce projet ici.

RDC : Microcrédits pour femmes en grande précarité

Participantes du projet de microcrédits soutenu par le Défap © Défap

Dans le sud du Kivu, en République démocratique du Congo, les guerres et les épidémies se succèdent depuis de nombreuses décennies. La société est toujours bouleversée par une extrême violence. Dans ce contexte sociopolitique difficile, ce sont les femmes qui assurent la subsistance de leurs familles par de petits travaux et de petits emplois. Ces activités les aident à faire face à la grande pauvreté et aux aléas conséquents de leur marginalisation.

Ce projet de microcrédits pour la création de petites activités génératrices de revenus vise le renforcement des capacités des femmes en grande précarité en vue de leur autonomisation à petite échelle. Ainsi, les moyens pour vivre au quotidien seront assurés grâce à la vente de farine, de poisson, de braise, dans l’objectif de nourrir leurs familles et de scolariser les enfants.

Ce projet, soutenu par le Défap pour la troisième année, avait déjà été présenté lors de la précédente édition de Hope 360 : plus d’informations ici.




Accompagner les migrants subsahariens au Maroc

Pour de nombreux migrants subsahariens cherchant à gagner l’Europe, le Maroc est une étape qui, bien souvent, s’éternise, du fait du durcissement des politiques d’accueil européennes. Depuis des années, l’Église évangélique au Maroc les accompagne, à travers notamment l’action du Comité d’Entraide Internationale. L’aide financière de divers partenaires internationaux, dont le Défap, a permis de distribuer à ces migrants une aide multiforme au cours des dernières années. Le but étant désormais d’étendre ce soutien à la Tunisie, qui connaît des problématiques similaires.

Un exemple de la précarité des migrants : à la mi-décembre 2018, un camp prend feu près de la gare routière de Casablanca-Ouled Ziane © CEI

L’Église évangélique au Maroc accueille des migrants originaires pour la plupart d’Afrique subsaharienne. Qu’ils soient étudiants ou en transit au Maroc dans l’espoir de gagner l’Europe, ils ont un point commun : leur précarité, qui s’est accentuée avec la pandémie de Covid-19.

Si l’on regarde du côté des migrants, l’histoire de ces hommes, femmes et enfants qui peuplent les villages précaires et les camps comme celui de Fès, où travaille notamment le Comité d’Entraide Internationale (CEI), bras diaconal de l’Église évangélique au Maroc (EEAM), est à chaque fois unique, mais toujours mouvementée. Répartis en quartiers selon les pays d’origine, c’est une petite Afrique qui s’y est reconstituée, faisant cohabiter les nationalités : Nigériens, Ivoiriens, Camerounais, Gambiens, Érythréens… Si l’on regarde du côté des étudiants, ils seraient aujourd’hui près de 8000 jeunes Subsahariens à poursuivre des études au Maroc. Une partie sont soutenus par l’Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI). Mais le reste dépend essentiellement de l’aide des tuteurs et/ou de la famille, condamnant souvent ces étudiants à la plus grande précarité.

Le Maroc, de pays de transit à pays d’accueil

Traditionnellement pays de transit pour les migrants subsahariens qui désirent se rendre en Europe, le Maroc s’est mué depuis quelques années en pays d’accueil. En cause, notamment : le durcissement des politiques européennes. Nombre d’entre eux se retrouvent donc à rester plus longtemps que prévu au Maroc. Quitte à s’y installer définitivement. Selon une enquête réalisée par une instance marocaine, le Haut-Commissariat au Plan (HCP), au cours du premier trimestre 2021, 53,7% des migrants déclarent vouloir finalement rester dans le royaume.

Le Maroc a ainsi lancé de vastes campagnes de régularisation des sans-papiers, décidées dans le cadre de la Stratégie nationale d’immigration et d’asile adoptée en 2013. La dernière de ces campagnes en date remonte à fin 2021. Mais franchir l’étape de la régularisation ne marque pas pour autant la fin des tracas administratifs. Et pour les migrants, accéder à l’emploi reste un horizon souvent inaccessible. D’après l’enquête du Haut-Commissariat au Plan, 48% seulement exerçaient une activité professionnelle en 2021, plus de 27% étant au chômage. Mais entretemps est venu le Covid-19, et neuf migrants sur dix qui avaient un emploi avant la pandémie l’ont perdu.

Pour leur venir en aide, le CEI et l’EEAM ont le soutien de nombreux partenaires internationaux : le Défap, mais aussi des communautés baptistes américaines, l’Église évangélique en Rhénanie (EKiR) ou encore l’Église vaudoise d’Italie à travers le « Huit-pour-mille » (« Otto-permille »)- un dispositif fiscal typiquement italien qui permet aux contribuables de financer directement les Églises notamment en vue d’actions de solidarité. Grâce à cette mobilisation, les migrants ont pu bénéficier d’une aide multiforme, entre mai 2019 et décembre 2021 : aide d’urgence (alimentaire, médicale, vestimentaire, au logement), accompagnement des femmes et enfants, régularisation, bourses d’études. L’objectif aujourd’hui est de poursuivre cette action au Maroc et de capitaliser ce qui a été fait pour l’appliquer en Tunisie. En effet, l’Église réformée de Tunis est peu outillée pour répondre aux problématiques migratoires auxquelles elle est confrontée.




Nord Cameroun : surmonter le choc des inondations

Moins médiatisées que les inondations qui ont frappé une grande partie du Pakistan, celles qui ont ravagé plusieurs pays voisins du lac Tchad, et qui sont elles aussi directement attribuables au changement climatique, ont provoqué la fuite de populations qui se retrouvent encore aujourd’hui démunies. C’est le cas dans l’Extrême-Nord du Cameroun, où une Église partenaire du Défap, l’Église Fraternelle Luthérienne du Cameroun, a demandé de l’aide.

Champ de maïs ravagé par les inondations dans le Nord du Cameroun © EFLC/Défap

L’année 2022 aura sans doute été celle de la prise de conscience des ravages du réchauffement climatique. Plusieurs facteurs y auront contribué. Tout d’abord, la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, qu’il n’est désormais plus possible d’ignorer, et leur ampleur défiant parfois l’imagination : c’est le cas des inondations qui ont frappé le Pakistan. Depuis la mi-juin 2022, il a été touché par des pluies de mousson hors-normes qui ont provoqué les pires crues dans le pays en une décennie. Selon l’Autorité nationale de gestion des catastrophes du Pakistan, les inondations ont touché plus de 33 millions de personnes et détruit ou endommagé plus d’un million de maisons. Au moins 1100 personnes ont été tuées par les eaux qui ont submergé des dizaines de milliers de kilomètres carrés du pays. Il faudra des années pour reconstruire les infrastructures détruites (routes et ponts), reloger les populations, relancer les cultures… Une crise emblématique qui a pesé sur l’inscription de la question délicate des « pertes et dommages » à l’ordre du jour de la 27ème Conférence des Parties, la COP 27, qui a réuni en novembre 2022 à Charm el-Cheikh, en Égypte, les États signataires de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Mais face à ces catastrophes frappant tout un pays, d’autres restent moins médiatisées. C’est le cas des inondations qui ont touché les régions du Nord du Cameroun au cours de l’été 2022. Là encore, les effets du réchauffement climatique sont faciles à discerner. D’année en année, les dégâts de ces inondations survenant en cours d’été s’aggravent. Selon une étude du World Weather Attribution, les gaz à effet de serre ont multiplié par 80 la probabilité de pluies intenses dans cette région de l’Afrique entourant le lac Tchad – une région où se rejoignent les frontières de quatre pays : Nigeria, Niger, Tchad et Cameroun. Dans ces divers pays, les eaux ont forcé à fuir plus de 1,4 million de personnes et ravagé des centaines de milliers d’hectares de récoltes.

Plusieurs mois après, des déplacés toujours privés de tout

Dans le Nord du Cameroun, le Défap est en lien depuis de nombreuses années avec une Église partenaire : l’Église Fraternelle Luthérienne du Cameroun. Dans cette seule région, pluies extrêmes, rivières en crue et destructions de digues se sont combinées pour provoquer la fuite de dizaines de milliers de personnes, qui ont dû abandonner leurs maisons et leurs champs. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu recensait fin septembre 37.000 déplacés, notamment dans le département du Mayo-Danay, particulièrement touché, dans le Logone et Chari, et dans le Mayo-Tsanaga. Ils étaient alors hébergés dans des familles d’accueil, dans des écoles ou dans des campements de fortune. Or depuis l’été, l’étendue des dégâts n’a pas vraiment permis à ceux qui avaient ainsi tout perdu de revenir sur leurs terres et de reprendre leurs cultures. Et ces inondations se sont traduites à partir d’octobre par une résurgence de l’épidémie de choléra qui a affecté six districts de santé notamment Fotokol, Mada, et Makary dans le Logone et Chari, Mokolo dans le Mayo-Tsanaga et Mora et Kolofata dans le Mayo-Sava.

Face à l’ampleur des besoins, l’Église Fraternelle Luthérienne du Cameroun a décidé de se concentrer sur quelques localités parmi les plus touchées. Elle a sollicité le Défap, qui, avec le soutien de Solidarité Protestante, va apporter une aide sous forme de vivres aux familles les plus vulnérables dans les localités de Watir-Guili et Kila. D’autres partenaires étrangers ont répondu à l’appel, comme, aux Pays-Bas, Kerk In Actie. Surmonter le choc des inondations sera long. Et par endroits, les destructions des champs empêcheront pour plus d’une année la reprise des cultures.




Kananga : soutenir une université pour changer la société

Dans cette ville éloignée du pouvoir central, au cœur d’une province volontairement négligée par les autorités de République Démocratique du Congo, le Défap s’efforce d’améliorer les conditions de travail des étudiants de l’UPRECO. Une université dont la qualité des enseignements est largement reconnue, et qui ambitionne de former des cadres mieux à même de lutter contre les maux de la société congolaise. Le Défap soutient l’UPRECO à travers l’électrification de bâtiments universitaires, notamment d’un amphithéâtre, mais aussi par des bourses ; et sa bibliothèque a reçu un soutien via la Centrale de Littérature Chrétienne Francophone.

Un des bâtiments de l’UPRECO équipé de panneaux photovoltaïque – projet soutenu par le Défap © Défap

Kananga, l’ancienne Luluabourg fondée en 1884 sur la rive de la rivière Lulua, est la capitale du Kasaï-Occidental – une province enclavée, loin de la capitale Kinshasa, isolée des centres de décision par des centaines de kilomètres de routes impraticables. On n’y accède que par avion. C’est là que se trouve l’UPRECO (Université Presbytérienne du Congo), l’une des trois universités protestantes avec lesquelles les Églises de France sont en lien dans ce pays à travers le Défap. Aussi délaissée par les autorités et privée de moyens que l’est la ville de Kananga elle-même, l’UPRECO a pourtant un rôle essentiel à jouer dans cette région extrêmement pauvre où les jeunes n’ont pas les moyens d’aller étudier dans les grandes villes plus développées.

Outre ce rôle-clé dans une région où les établissements d’enseignement supérieur manquent, l’UPRECO n’est pas une université comme une autre. Y étudier, y travailler, est déjà une forme de militantisme, un refus de la fatalité de la misère et de la mauvaise gouvernance. Après s’être construite autour de la faculté de théologie, l’UPRECO compte aujourd’hui cinq filières : théologie, droit, économie, agronomie et informatique. Avec peu de moyens matériels (tout manque, à commencer par l’électricité pour une partie des bâtiments, ou la connexion internet pour la filière informatique), mais avec aussi beaucoup d’engagement, l’UPRECO s’efforce de concilier valeurs chrétiennes et enseignement supérieur, pour former des cadres capables de changer le pays, avec « la Bible dans notre main droite, et la science dans notre main gauche », comme le revendique son recteur Simon Kabué. Par exemple, la faculté de droit a été créée avec l’idée de former des juristes capables de s’opposer à la corruption ; celles d’économie et d’agronomie, pour lutter contre la pauvreté… Et ça marche : la qualité d’enseignement de l’UPRECO est largement reconnue, et nombre de ses anciens étudiants se retrouvent aujourd’hui dans des postes de responsabilité dans leur pays.

Le recteur Simon Kabué lors d’une visite au Défap © Défap

Simon Kabué est un ancien boursier du Défap, ce qui a facilité depuis longtemps les relations entre le Service protestant de Mission et l’UPRECO. Par ailleurs, les relations entre les protestants de France et cette université se sont développées suite à un séjour de professeurs français à l’UPRECO, qui sont revenus particulièrement touchés par la situation des étudiants de Kananga. Ces liens prennent aujourd’hui la forme d’un soutien direct à la faculté de théologie, d’envois d’enseignants… La bibliothèque a aussi reçu un soutien à travers la Centrale de Littérature Chrétienne Francophone, organisme très lié au Défap.

Avec un peu d’électricité, on peut changer beaucoup de choses

Malgré ces aides, les étudiants manquent des moyens les plus élémentaires pour travailler (bibliothèque non approvisionnée depuis longtemps, sauf en théologie grâce à la CLCF, manque d’ordinateurs, pas d’électricité…). Actuellement, il n’y a plus de bâtiment capable d’accueillir tous les étudiants pour des cours à tronc commun, conférences, ou autres rassemblements. L’UPRECO a obtenu en février 2021 un soutien financier pour la construction d’un amphithéâtre. L’université souhaite l’équiper par le même équipement solaire que le bâtiment de la bibliothèque et le bâtiment administratif. Cet amphithéâtre ainsi équipé permettra à tous les étudiants de pouvoir se réunir dans un lieu adapté pour des cours, conférences, mais aussi pour des manifestations communautaires de l’Église (ateliers des femmes, renforcement des capacités des pasteurs, etc.)

C’est donc un soutien matériel à plusieurs niveaux que le Défap apporte à l’UPRECO ; l’ajout d’un amphithéâtre pourvu d’électricité améliorera beaucoup les conditions de travail des étudiants, qui pallient souvent par leur engagement le manque de moyens pour poursuivre leurs études, et même simplement pour vivre tout au long de leur cursus. Et parallèlement à ce soutien, le Défap est engagé de longue date dans un programme de bourses pour des étudiantes. Un engagement qui se place dans la lignée de son soutien à la promotion du rôle des femmes : car dans cette province défavorisée du Kasaï-Occidental, lorsque les ressources manquent dans une famille pour permettre aux enfants de poursuivre des études, ce sont le plus souvent les garçons qui sont choisis, au détriment des filles. Au cours des dernières années, le Défap a régulièrement financé plus d’une dizaine de bourses par an, essentiellement grâce aux revenus de son service Philatélie.

Étudiantes de l’UPRECO © Défap

 




Djibouti : former à l’énergie solaire

Dans un pays qui cumule les défis (économiques et de développement, sociaux, environnementaux), la petite Église protestante de Djibouti, avec le soutien du Défap, apporte son témoignage à travers une activité diaconale dont les bienfaits sont largement reconnus par les autorités. Son projet de formation à l’installation et à la maintenance de panneaux photovoltaïques répond à la fois à deux problèmes : la difficile transition énergétique dans laquelle est engagée la République de Djibouti, et l’aide à l’insertion de jeunes Djiboutiens dans le marché du travail. Un projet soutenu par l’UEPAL, qui le reprend dans son carnet de solidarité 2023.

Panneaux solaires au centre de formation de l’EPED © EPED

Partenaire du projet :

Centre de Formation de l’Église protestante de Djibouti (EPED).

Objectifs :

Fournir à des jeunes Djiboutiens une formation de qualité en montage, mise en service, exploitation et maintenance des installations solaires photovoltaïques.

Contexte :

La République de Djibouti est confrontée à plusieurs défis de taille liés à la production, à la distribution et à l’utilisation de l’électricité. Le pays reste fortement tributaire des importations de combustibles fossiles et d’électricité. Il est ainsi exposé aux fluctuations des prix des produits pétroliers, ce qui crée des incertitudes affectant le développement économique et social. Djibouti a donc lancé un programme de développement à long terme connu sous le nom de « Vision 2035 ». Ce plan ambitieux couvre les aspects sociaux et économiques, plus particulièrement les secteurs de l’éducation, du tourisme, de la pêche, des nouvelles technologies de l’information, de la communication, du transport et de la logistique, de l’industrie et de l’énergie. Dans le domaine de l’énergie, Djibouti souhaite réaliser une transition de son secteur énergétique, en passant de 100% de sources thermiques à 100% de sources en électricité renouvelables.

Cependant, en dehors des installations solaires photovoltaïques isolées dans les villages ruraux, l’expérience dans ce domaine reste faible. Djibouti manque de techniciens capables d’assurer la mise en fonction et la maintenance de toutes ces installations. Et le pays ne dispose à ce jour que d’un module de formation en énergie renouvelable au Lycée Industriel et Commercial de Djibouti- LIC.

L’EPED a développé depuis des années une spécialité reconnue dans la formation. Ici, cours de secrétariat pour des jeunes filles déscolarisées © EPED

D’où la volonté du Centre de Formation de l’EPED de mettre en place une filière technique de formation de jeunes aux métiers d’installation et de maintenance des panneaux photovoltaïques. Ce projet tire son origine de l’expérience vécue lors de la réhabilitation des bâtiments de la Mission Protestante de Djibouti, à travers une démarche innovante : « Le Chantier école ». Il s’agit dans cette approche de construire et de former des jeunes à la fois aux techniques utilisées dans un chantier pour permettre directement une immersion des apprenants dans les réalités du monde du travail. Grâce à un premier partenariat avec l’organisme allemand Brot für die Welt, le Centre de formation a pu acquérir le matériel nécessaire pour démarrer une filière et une trentaine de jeunes des régions d’Ali Sabieh, de Tadjourah et de Djibouti ville ont déjà composé la première promotion dans ce métier. Un projet auquel s’associe désormais le Défap.




Tunisie : rendre fertiles des terres arides

À l’occasion de la COP 27, nous poursuivons cette semaine notre présentation de projets du Défap liés à la justice climatique et à la sauvegarde de la création. Celui de l’ATAE nous emmène en Tunisie. Cette association, créée en 2011 dans ce pays en lien avec l’association Abel Granier, du nom d’un pasteur qui s’était consacré à la réhabilitation d’une ferme en zone semi-aride, cherche toutes les stratégies possibles pour rendre aux sols leur fertilité et protéger les écosystèmes du pays afin de préserver l’avenir de l’agriculture.

Rendre fertiles des terres délaissées en Tunisie © ATAE

Partenaires du projet :

Église Reformée de Tunisie, Association Tunisienne d’Agriculture Environnementale (ATAE)

Objectifs :

– Diffusion, partage et accessibilité des savoirs auprès des agriculteurs et propriétaires des fermes
– Sensibilisation aux objectifs de l’agriculture environnementale
– Lutte contre la désertification par des techniques d’exploitation respectueuses des sols

Plantation de barrières écologiques dans la région de Makther : toute la famille participe…
© ATAE

Contexte :

« On ne possédera un domaine très bien cultivé qu’en réunissant le savoir, le pouvoir et le vouloir » a dit Columelle au premier siècle de notre ère. Une citation que s’est appropriée l’Association Tunisienne d’Agriculture Environnementale (ATAE), qui réunit des agronomes, des chercheurs et des agriculteurs concernés par l’agriculture dite moderne et ses conséquences sur l’environnement, particulièrement sur les sols agricoles et la santé humaine. Cette association cherche toutes les stratégies possibles pour rendre aux sols leur fertilité et protéger les écosystèmes du pays afin de préserver l’avenir de l’agriculture. Elle est directement issue de l’expérience de l’association Abel Granier, qui a innové en intervenant en Tunisie sur les problématiques de désertification. La fertilisation réalisée à l’aide de procédés écologiques est un de ses engagements majeurs. Elle bénéficie du soutien du Défap pour la mise en place d’une ferme pédagogique où pouvoir expérimenter et vivre selon les principes promus par l’association.

L’ATAE met en œuvre une formation pratique et continue pour une agriculture respectant l’environnement, pour la préservation des sols vivants, et pour le bien être des hommes et des femmes. Cette action de formation s’exerce principalement en Tunisie, car c’est l’un des pays les plus exposés actuellement aux risques aggravants de désertification due au réchauffement climatique : une augmentation des températures de 2 degrés sur les dix dernières années a été constatée (Rapport de la FAO – 2010 et mars 2016), avec une perte de 15 000 ha/an par stérilisation progressive des sols.

Utilisation du méteil : récolte de fourrage © ATAE

Les activités de l’ATAE sont centrées principalement aujourd’hui sur des fermes privées de petites ou grandes dimensions situés à l’étage bioclimatique aride et semi-aride, dont les exploitants souhaitent apprendre la gestion des sols de culture et participer à un développement agricole durable et rentable. En effet, l’ATAE aide les agriculteurs à prendre conscience de la situation du sol de leur exploitation par l’examen de la végétation qui pousse à l’état spontanée. Elle lutte pour promouvoir l’établissement des couvertures du sol par des plantes améliorantes (luzerne, sulla, vesce, fenugrec). Il s’agit de restaurer la matière organique, favoriser la réhabilitation des sols dégradés, fragiles, et le maintien de l’humidité en accroissant la capacité des plantes à stocker l’eau.

L’association Abel Granier, et l’ATAE qui en est directement issue, trouvent leur origine dans l’expérience du pasteur Abel Granier qui, de 1953 à 1969, avec le soutien de sa femme Jane Olivès, botaniste formée à la connaissance des plantes méditerranéennes, a réhabilité entièrement une ferme en zone semi-aride en Tunisie.

Depuis l’origine, l’ATAE travaille en collaboration avec les acteurs tunisiens et français du milieu technique et scientifique (université, écoles de formation, associations …). Depuis quelques année l’ATAE accueille des VSI qui, entre autres, permettent de travailler au développement du réseau des agriculteurs participants au programme de ferme pédagogique.

Retrouvez ci-dessous un exemple en vidéo des activités de l’ATAE :
 




Des jardins pour nourrir Bangui

Dans un des pays les plus pauvres d’Afrique et toujours menacé par la violence, la République centrafricaine, Rodolphe Gozegba, ancien boursier du Défap, a lancé un projet pour promouvoir l’autonomie alimentaire. Dans un arrondissement de Bangui, la capitale, l’association A9 qu’il a créée forme les habitants, les équipe et les accompagne pour cultiver leur propre jardin potager. Avec des premiers résultats visibles et encourageants. Un projet soutenu par le Défap et qui figure dans le carnet de solidarité 2023 de l’UEPAL.


Les activités du Défap s’inscrivent dans un réseau de relations entre Églises. Des relations qui permettent à toutes les Églises qui y prennent part, au nord comme au sud, de mieux appréhender les défis communs auxquelles toutes sont confrontées, dans un monde marqué par l’accélération des échanges, les défis de l’interculturalité et les replis communautaires. Il s’agit de plaider et d’agir pour une Église qui reste accueillante et se montre responsable face aux enjeux du monde contemporain. Ce que le Défap a formalisé dans un document, « Convictions et actions 2021-2025 », et qu’il met en œuvre à travers les projets qu’il soutient.

Parmi ses diverses actions, le Défap veut œuvrer à un équilibre écologique et économique qui restaure les personnes, les relations et les sociétés. C’est le cas en République centrafricaine, où la guerre et les défaillances de l’État entretiennent pauvreté et famine. Depuis une quarantaine d’années, la RCA subit ainsi un cycle récurrent de violences. Une violence qui alimente la déliquescence des infrastructures : le pays, souligne la Banque mondiale, figure parmi les plus pauvres et les plus fragiles du monde malgré sa richesse en ressources naturelles. Bien que doté d’un potentiel agricole impressionnant, d’énormes ressources minières et de vastes forêts, les populations ne bénéficient pas de ces possibilités et la RCA se classe dans le bas du tableau des Indices de capital humain et de développement humain. On estime qu’environ 71% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté international (soit l’équivalent de 1,90 dollar par jour). Près de 630.834 personnes sont encore déplacées à l’intérieur du pays tandis que 632.000 réfugiés centrafricains demeurent dans les pays voisins, selon le Haut Commissariat au Réfugiés. La capitale elle-même est dans une situation de grande fragilité : elle est très dépendante de deux grandes routes pour son approvisionnement, dont l’une, menant vers le Tchad et le Cameroun, a été bloquée plusieurs semaines début 2021 par des groupes armés. Bangui a frôlé la famine.

Le rôle crucial des Églises dans un pays déliquescent

Pour maintenir le lien dans le pays, les Églises font partie des rares institutions à rester debout. C’est dans les églises que beaucoup de familles fuyant les violences vont souvent chercher refuge. Au-delà du milieu chrétien, les diverses religions présentes dans le pays ont tenté de jouer ces dernières années un rôle d’apaisement, notamment à travers la plateforme interreligieuse pour la paix (Interfaith Peace Platform), créée par l’archevêque de Bangui Dieudonné Nzapalainga, le pasteur et président de l’Alliance évangélique Nicolas Guérékoyamé-Gbangou (qui avait été reçu au Défap), ainsi que l’imam et ancien président du Conseil islamique Oumar Kobine Layama. Les Églises jouent aussi un rôle irremplaçable de soutien auprès des populations dans ce pays très majoritairement chrétien. Depuis des années, le Défap accompagne notamment l’Église protestante Christ-Roi de Centrafrique (EPCRC), membre de la Cevaa et présente dans la capitale. Mais il est aussi en lien avec d’autres Églises présentes ailleurs sur le territoire centrafricain, comme l’Église Évangélique Luthérienne de République centrafricaine (EELRCA) ; des relations ponctuelles ont pu aussi s’établir avec d’autres partenaires, également engagés dans les efforts de paix et de reconstruction. C’est le cas par exemple des communautés baptistes, et notamment de l’UFEB (Union Fraternelle des Églises baptistes). C’est aussi le cas, plus récemment, d’un projet né à la jonction entre le milieu des Églises et la société civile : celui de Rodolphe Gozegba et de son association A9.

Rodolphe Gozegba et des membres de l’association A9 cultivant un lopin de terre à Bangui © A9

Les projets naissent souvent de rencontres. Dans le cas de Rodolphe Gozegba-de-Bombémbé, ce fut celle de Jürgen Moltmann, et du Défap. Né en 1984 en République centrafricaine, il a étudié à la FATEB (la Faculté de Théologie Évangélique de Bangui), et a été pasteur de l’Église évangélique Béthanie, dans la capitale, de 2006 à 2013. Il a bénéficié d’une bourse du Défap pour étudier le dialogue des cultures et des religions à l’institut Al Mowafaqa, au Maroc. À partir de 2015, toujours avec l’aide du Défap, il a entamé des études à l’Institut Protestant de Théologie (faculté de Paris) pour y préparer un doctorat, décroché avec les félicitations du jury fin 2020. Son sujet d’étude : la théologie de Moltmann, et plus précisément la façon dont elle a été reçue par les protestants francophones. Pourquoi cet intérêt pour un théologien allemand, né dans un pays et dans un contexte historique aussi différents du sien ? Pour sa résilience. « Toute fin, écrivait Moltmann, est le début d’un recommencement ». Un thème qui avait profondément marqué Rodolphe Gozegba : l’étudiant n’avait pas tardé à faire le parallèle entre l’Allemagne détruite par la Deuxième Guerre mondiale et son propre pays ravagé par des décennies de guerre civile. Et c’est la redécouverte du message biblique par Moltmann au plus profond du désespoir qui avait poussé Rodolphe Gozegba à se plonger dans ses écrits. Il se trouve par ailleurs que Jürgen Moltmann est aussi un pionnier de la théologie écologique – un aspect mis en évidence en France à travers un recueil réalisé par Jean Bastaire et publié en 2004 : « Le rire de l’univers. Traité de christianisme écologique ».

Distribution de bêches et d’arrosoirs par l’association A9 © A9

Ces deux aspects, résilience et rapport à l’environnement, sont à la base du projet de l’association A9. Rentré à Bangui fin 2020, et après avoir obtenu son doctorat, Rodolphe Gozegba a créé cette structure avec une idée simple : rendre fertiles les nombreux lopins de terre inutilisés dans la capitale pour y créer des jardins potagers ; aider les familles à les cultiver en leur fournissant formation, soutien, suivi et matériel (ce qui va des graines aux bêches en passant par les arrosoirs), de façon à pouvoir se nourrir même en cas de nouveau blocus par des groupes rebelles, et à pouvoir obtenir de petits revenus en revendant une partie de leur production sur les marchés. Une manière très concrète de limiter la dépendance alimentaire de Bangui, d’améliorer la gestion de l’environnement et le quotidien des habitants participant au projet. Pour l’heure, l’association A9 travaille dans un des neuf arrondissements de Bangui, avec l’objectif d’apporter son soutien à 400 familles. Avec 8 euros, il est possible d’équiper l’une d’elles de manière à lui permettre de commencer à cultiver ses légumes. Le projet est soutenu par le Défap, avec l’aide de l’UEPAL qui l’a inscrit dans son carnet de solidarité 2023, à hauteur de 3200 euros.

 

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Bangui : l’insécurité alimentaire, un problème multiforme

À l’occasion de la COP 27, zoom sur un des projets soutenus par le Défap : « Nourris ta ville en 90 jours », porté par Rodolphe Gozegba à Bangui. Cet ancien boursier du Défap a créé une association, A9, qui travaille à améliorer l’autonomie alimentaire de la capitale centrafricaine. Une autonomie d’abord menacée par l’insécurité persistante dans laquelle se trouve le pays depuis la guerre civile ; mais les solutions mises en œuvre par Rodolphe Gozegba et l’association A9 rejoignent les réflexions de nombreux urbanistes qui, face aux défis des changements climatiques en cours, s’interrogent sur les moyens de rendre les villes moins dépendantes des campagnes sur le plan alimentaire, en développant une véritable agriculture urbaine. Récemment, Rodolphe Gozegba a été invité par l’UEPAL pour présenter les premiers résultats obtenus par son association à Bangui.

Participants du projet « Nourris ta ville en 90 jours » réunis lors d’une distribution de matériel © A9

Comment est né le projet « Nourris ta ville en 90 jours » ?

Rodolphe Gozegba De Bombémbé : L’Association A9 est née du constat de différents problèmes qui gangrènent la vie sociale de la population centrafricaine. Je peux mentionner l’insécurité alimentaire, les effets du réchauffement climatique avec ses répercussions sur la santé, les conséquences de la crise intercommunautaire de 2013 qui perdure, la non prise de conscience des problématiques écologiques, et j’en passe. Face à cette situation, il fallait agir urgemment. En tant que théologien ayant travaillé sur la théologie de Jürgen Moltmann qui place l’humain au centre de toute préoccupation, j’ai approché certains amis et nous avons créé A9. A9 pour les 9 Actions que nous allons entreprendre en Centrafrique.

L’action qui nous a semblé urgente était la promotion de l’agriculture urbaine et péri-urbaine autour du concept « nourris ta ville en 90 jours », car en janvier 2021, Bangui la capitale a été attaqué par des rebelles, les routes d’approvisionnement (Bangui Cameroun et Tchad) étaient coupées, à l’intérieur du pays, notamment dans le nord-est et ouest, les femmes et les hommes étaient empêchés d’aller aux champs. La situation sociale était devenue plus compliquée qu’avant, de nombreuses personnes n’arrivent même pas à prendre un repas correct par jour ; les enfants sont souvent malades car mal nourris, les familles peinent à subvenir à leurs besoins de première nécessité. Le pays a frôlé la famine. Les pauvres étaient encore plus pauvres ! Selon les données du HCR du 3 janvier 2021, 2,8 millions de Centrafricains, soit plus de la moitié de la population du pays (5 millions d’habitants), auraient besoin d’une aide humanitaire d’urgence.

Et comme A9 a remarqué que la plupart des habitants avaient à leur disposition, à côté de leur habitat, un lopin de terre inexploité, leur a proposé de le mettre en culture. La population a bien accueilli le projet et a de suite manifesté sa volonté d’y adhérer. C’est ainsi que grâce aux dons des personnes de bonne foi nous avons pu donner à plus de 700 familles des kits comprenant une bêche, une houe, un arrosoir et des semences d’une valeur de 30,00 euros. Elles sont suivies et conseillées par l’équipe de A9. Dans cette dynamique, A9 prévoit de leur proposer divers évènements tels des concours, des marchés organisés spécialement pour la vente des récoltes en surplus, ceci pour dynamiser la motivation des adhérents.

Distribution de matériel de jardinage par l’association A9 © A9

Quels sont les premiers résultats ?

Rodolphe Gozegba De Bombémbé : Les familles bénéficiaires de nos kits ne cachent pas leur satisfaction, sont fières de nous montrer leurs récoltes. Certaines d’entre elles arrivent même à vendre leur surplus, se créant ainsi un revenu complémentaire. A9 est contente de voir que tous ses bénéficiaires apprécient de pouvoir cultiver leur propre jardin, mais sont aussi séduits par l’originalité de l’action de A9.

A9 ne propose pas de l’assistanat, mais une prise de conscience et une responsabilisation des bénéficiaires. A9 donne des outils, à eux de travailler, à eux de faire fructifier. A9 donne la possibilité de retrouver sa dignité dans le travail. La RCA offre très très peu d’opportunités d’emploi, mais en cultivant leur lopin de terre, les familles peuvent vendre leur surplus et se créer une source de revenus.

Rodolphe Gozegba (à gauche sur la photo) au travail avec des membres de l’association A9 © A9

Quelles sont les suites envisagées ?

Rodolphe Gozegba De Bombémbé : Notons que le chemin est encore long et les défis sont nombreux. Au niveau national, il y a encore une longue liste d’attente de personnes prêtes à s’engager dans le jardin potager. Leur réel engagement nous poussent à continuer à nous battre pour eux. Nous avançons avec eux selon les fonds dont nous disposons. Au plan international, nous sommes sollicités par des personnes au Congo, au Burkina Faso, au Cameroun, au Tchad, au Cap-Vert pour venir implanter le projet de A9. En fait, ces personnes pensent que A9 est une grosse machine, mais malheureusement nous n’avons pas les moyens déjà pour la Centrafrique. Mais, nous sommes quand même encouragés de voir que nos actions sont appréciées dans la sous-région (pays d’Afrique centrale) et même dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. Cela nous laisse à croire que les actions de A9 sont une des solutions aux problèmes de l’insécurité alimentaire sur le continent africain.




Se former à la théologie interculturelle

Première formation dans ce domaine donnée en français, le cursus de la formation en théologie interculturelle s’adresse aux responsables de communautés de toutes tendances confessionnelles et origines culturelles ainsi qu’à toute personnes intéressée. Reportage en immersion lors de deux sessions à l’Institut œcuménique de Bossey (Vaud, Suisse). Une formation proposée par DM, l’OPF (Office protestant de formation), l’Institut œcuménique de Bossey, le Défap et TEAG (Témoigner ensemble à Genève).

Quelques-uns des participants de la première session de formation à la théologie interculturelle donnée à l’Institut œcuménique de Bossey © DR

Rapport à la société, aux institutions, à la foi, aux relations entre les générations ou entre les sexes : aucun des aspects les plus fondamentaux de notre relation au monde n’échappe aux présupposés qui nous sont enseignés au sein de notre culture propre depuis notre plus jeune âge. Comment, dès lors, à partir du moment où l’on aborde les questions de théologie et la possibilité de transmettre notre foi, faire abstraction de ce qui fait partie de nous-même depuis l’origine ? Cette question du rapport entre la foi et la culture, beaucoup de missionnaires l’avaient découverte, parfois de manière douloureuse, en partant au loin annoncer la Bonne Nouvelle et en se découvrant porteurs malgré eux de certitudes plus propres à enchaîner qu’à délivrer les peuples qu’ils rencontraient. Aujourd’hui encore, cet aspect entrave bien souvent les relations entre des Églises qui peuvent, sur des continents différents, se dire porteuses de la même foi, mais dans des contextes qui s’opposent sur bien des points. Et cette question des relations interculturelles s’invite aussi lorsque des Églises issues de contextes différents se rencontrent dans un même pays et tentent de dialoguer.

L’interculturalité est une aventure. Et c’est ce que racontent les intervenants et les participants de cette formation, unique en son genre, qui a été mise en place en Suisse, à l’Institut œcuménique de Bossey. Comme le note le théologien français Michel Bertrand, qui participe à cette formation, « la théologie est toujours contextuelle. Autant il y a de personnes, autant il y a de contextes différents. En fait, ce qui est derrière, c’est comment un message qui a une portée universelle, vient s’inscrire dans des contextes toujours singuliers. Et au fond, c’est bien au cœur du message biblique : on ne rentre jamais dans l’universel par le haut. On rentre toujours dans l’universel par le singulier. »

Une formation unique en son genre

 



« Se former à la théologie interculturelle », formation délivrée à l’Institut œcuménique de Bossey, est unique en son genre. Elle associe des entités protestantes très différentes mais toutes confrontées au quotidien aux défis de l’interculturalité. En sont ainsi partenaires la Cevaa – Communauté d’Églises en mission, le Défap et DM – Dynamique dans l’échange, l’homologue du Défap pour la Suisse romande ; ainsi que l’Office protestant de formation, organisme qui forme les pasteurs et les diacres des Églises réformées suisses romandes, et le programme TEAG (Témoigner ensemble à Genève), qui rassemble près d’une centaine de communautés et Églises issues du protestantisme et établies à Genève, avec le but de faire travailler dans le même champ les Églises suisses et les nombreuses Églises issues de la migration. Elle figure également dans la liste des stages mis en avant dans le programme de la CPLR (Communion Protestante Luthéro-Réformée), chargée de la formation permanente et continue des pasteurs de l’EPUdF et de l’UEPAL. Avec des enjeux que résume en ces termes Nicolas Monnier, Directeur de DM – Dynamique dans l’échange, dans le n°82 de la revue Perspectives Missionnaires, associée désormais à Foi & Vie dont elle est devenue le Cahier d’études missiologiques et interculturelles : « Qui a dit que l’Évangile était un long fleuve tranquille ? Sans rapides ? Sans chutes vertigineuses ? Sans bancs de sable ? Sans obstacles apparemment infranchissables ? Sans conflits au sein de l’embarcation ? », questionne-t-il dans un article intitulé « Soutenir la formation à la théologie interculturelle : un des axes de DM« . Et de souligner que l’interculturalité – et c’est ce qui rend une telle formation nécessaire « nous oblige à un dialogue parfois difficile, nous place devant nos limites, nous invite à élargir notre horizon, en particulier quant à l’interprétation des textes bibliques ».

Situé près de Genève, en Suisse, l’Institut œcuménique de Bossey est le centre de rencontres, de dialogue et de formation du Conseil œcuménique des Églises. Il est rattaché à l’université de Genève depuis 1952. C’est en 2011 qu’un accord inédit, permettant à tous les étudiants de Bossey de prétendre à un certificat d’accréditation de l’Université de Genève, a été conclu entre l’Institut œcuménique de Bossey et l’Université de Genève par l’intermédiaire de la Faculté autonome de théologie protestante. L’Institut a pour but à la fois de promouvoir la pensée œcuménique, et de former des responsables tant laïcs qu’ecclésiaux. Chaque année, il accueille des étudiants et des chercheurs du monde entier qui viennent approfondir leurs études, à travers les trois cursus proposés : un certificat d’études complémentaires en œcuménisme, un master en théologie œcuménique ainsi qu’un doctorat en théologie (option œcuménisme). Le château de Bossey est ainsi un lieu important d’échanges.

Après la première saison de cette formation en théologie interculturelle, de nouvelles dates sont désormais proposées pour octobre-novembre 2022. Ayant pour thème transversal « La guérison« , cette formation 2022 (dont vous pouvez télécharger le flyer ici) se déroulera sous la forme de huit sessions :

  • Diversités culturelles et christianisme (VEN-SAM 21-22.10.22)
  • Évangile et herméneutique interculturelle (VEN-SAM 4-5.11.22)
  • Histoire du christianisme et sa pluralité dans le monde (VEN-SAM 9-10.12.22)
  • Le ministère de l’Église : Église et ministères (VEN-SAM 20-21.01.23)
  • Questions éthiques (VEN-SAM 17-18.02.23)
  • Mission ensemble (VEN-SAM 17-18.03.23)
  • Prêcher dans des sociétés pluralistes (VEN-SAM 21-22.04.23)
  • Défis interreligieux (VEN-SAM 26-27.05.23)



Retour de mission en RDC

La pasteure Tünde Lamboley, chargée de la formation théologique au sein du Défap, a pu revenir au cours des dernières semaines en République Démocratique du Congo – sa première visite dans ce pays depuis la crise du Covid. L’occasion de renouer avec les partenaires du Défap et de vérifier l’avancée des projets sur place. Elle témoigne.

Vue d’une rue à Kinshasa © Tünde Lamboley pour Défap

Cette première visite après la crise du Covid a permis de rencontrer tous les partenaires du Défap en République démocratique du Congo (RDC). Le séjour de trois semaines a débuté dans la capitale, Kinshasa, par un séminaire de deux jours sur Paul Ricoeur organisé par Olivier Abel en collaboration avec l’ambassade de France, l’Institut français de Kinshasa et le Défap. Des universitaires de tout horizon ont pu ainsi partager leur réflexion autour de l’oeuvre de Paul Ricoeur.

Accompagnés par le président du Sud Kivu de l’ECC, Levi Ngangura, nous avons rencontré des enseignants de l’Université des Pays des Grands Lacs à Bukavu et à Goma ainsi que ceux de l’Université évangélique d’Afrique. Ces universités ont énormément souffert de la crise Covid et remercient chaleureusement les Églises de France pour leur solidarité via le Défap.

Les projets : santé communautaire et bourses en théologie pour des jeunes femmes

À Bukavu, le projet de santé communautaire autour des plantes médicinales connaît un fort développement grâce au travail des deux responsables directes du projet. Soixante-quinze femmes sont formées à la culture et à l’utilisation de diverses plantes médicinales oubliées – mais réhabilitées par ce projet-, donnant une formidable dimension sociale à cette formation.

Les bourses en théologie attribuées à 19 jeunes femmes leur ont permis de débuter une formation sur les deux sites de l’ULPGL de Bukavu et Goma. Ces universités souhaitent intensifier l’échange avec des facultés de théologie françaises en accueillant notamment des professeurs de théologie. Elles souhaitent aussi pouvoir bénéficier des « congés de recherche » au sein de nos facultés de théologie dans un souci de formation continue.

Tünde Lamboley

 

Le point en images sur l’un des projets soutenus par le Défap en RDC : des bourses pour permettre à des jeunes femmes de poursuivre des études supérieures en théologie à l’Université Libre du Pays des Grands Lacs de Bukavu, de manière à former de futures cadres de l’Église du Christ au Congo.