AG du Défap : le message du Président

« Le Défap est une caisse de résonance des espérances et des appels à nouer des liens fraternels par-delà les frontières, les nationalismes et les vicissitudes de l’histoire », a souligné ce samedi 23 mars le Président du Défap, Joël Dautheville, dans son discours prononcé à l’ouverture de l’Assemblée Générale 2024.

Discours du président du Défap © Défap

Avant toute chose je tiens à remercier de leur présence les délégués et invités mais aussi toute l’équipe qui se mobilise depuis un certain temps pour la tenue de cette Assemblée générale. Comme cela a été voté, l’AG échangera ce matin sur le rapport d’activités et les comptes du Défap puis l’après-midi sur la refondation du Défap.

Notre assemblée se tient à la veille des Rameaux qui ouvre la semaine sainte et la fête de Pâques, fête centrale du christianisme. Toute la semaine prochaine sera l’occasion de voir à quel point la parole de Jésus est performative. C’est pourquoi mon premier paragraphe se nomme :

Jésus, une parole performative

Déjà, selon Marc, Jésus proclame : « Le temps est accompli et le Règne de Dieu s’est approché », alors oui, en Jésus, le Règne de Dieu est proche. Mais dire le Règne de Dieu est proche, c’est annoncer une victoire contre les puissances oppressives de l’humanité (1) comme l’écrit Fritz Lienhard dans son livre relatif à l’avenir des Églises protestantes. Selon la finale de Matthieu Jésus déclare qu’une telle annonce concerne tout humain, toute nation, toute culture et toute époque. Dès lors, les disciples, toute l’Église est missionnée par grâce pour annoncer en paroles et en actes cette Bonne nouvelle. Aujourd’hui, à travers les convictions et actions du Défap, les Églises témoignent qu’elles vivent de cette parole de Dieu incarnée en Jésus et d’une espérance qui traverse tout ce qui avilit l’humain… Mais il y a plus que cela. C’est pourquoi j’ai intitulé mon second paragraphe :

Discours du président du Défap © Défap

Annoncer l’évangile pour le recevoir. Une mission basée sur la rencontre

Pour Fritz Lienhard, « toute personne qui se lance dans une démarche d’annonce le fait dans une logique réceptive. D’une certaine manière elle annonce l’Évangile pour le recevoir (2). » Fin de citation. Annoncer l’évangile pour le recevoir organise la mission sous un angle particulier : celui de la rencontre. En créant la Cevaa et le Défap, les Églises organisent des échanges dans les domaines de la formation théologique, du volontariat, de l’éducation, de la santé, etc. Malgré et dans le chaos du monde une mission qui se vit sous l’angle de la rencontre donne à voir une autre vision du monde. Il n’y a qu’à entendre les témoignages des envoyés et des accueillis. De fait là où le repli sur soi prend de l’importance, les rencontres interculturelles sont riches d’enseignement. Là où l’individualisme gagne du terrain, les rencontres autour de la Parole de Dieu partagée font naître et renaître l’envie de se découvrir, le besoin et le désir de solidarité. De fait cette pratique missionnaire basée sur la rencontre et le partage permet aux Églises de participer, même modestement, à la guérison des mémoires du fait du lourd contentieux entre Nord et Sud. Ne l’oublions pas, cela ne peut que faciliter le travail missionnaire chez les uns et chez les autres et les uns avec les autres. Dans la rubrique Opinions de l’hebdomadaire Réforme (3) paru en juillet dernier, Jean-Arnold de Clermont relaie à sa façon cette perspective en demandant : « Qui pourra nier que dans un monde inégalitaire, où la compétition est le maître mot des relations internationales, où fleurissent les discours de rejet sinon de haine, vivre dans la simplicité́ de relations fraternelles et la modestie d’un projet qui passe les frontières dit quelque chose de l’Évangile ? » fin de citation.

Le Défap, tout comme la Cevaa, est une caisse de résonance des souffrances vécues par les chrétiens partenaires au Nord comme au Sud de l’Afrique, dans l’Océan Indien, dans les Antilles, le Pacifique, etc. Caisse de résonance aussi des difficultés financières des Églises de France, voire de leur positionnement dans la société française. Fritz Lienhard note qu’en France la parole croyante est souvent discréditée, de plus les discours scientistes et économistes ont gagné l’hégémonie culturelle.

Mais le Défap est aussi une caisse de résonance des espérances et des appels à nouer des liens fraternels par-delà les frontières, les nationalismes et les vicissitudes de l’histoire.

Il y a 6 ans, j’ai lancé un appel à une refondation. Il a été repris par le Défap et les Églises. Aujourd’hui, notre AG est appelée à échanger et travailler sur le fond. Les questions de ressources financières, voire de restructuration si cela est nécessaire, interviendront dans un second temps.

Je vous souhaite une bonne AG autour de cette conviction qu’exprime le Symbole des Apôtres : je crois la sainte Église universelle.

Bonne AG.

Joël Dautheville
Président du Défap
23 mars 2024

(1) L’avenir des Églises protestantes, par Fritz Lienhard, Genève, Labor et Fides 2022, page 365
(2) Ibid. page 278
(3) Réforme 4002, 6 juillet 2023



Refondation : une AG pour échanger sur l’avenir du Défap

L’Assemblée générale 2024 du Défap, qui se tiendra le 23 mars, sera l’occasion d’un temps d’échange entre responsables nationaux et régionaux de ses Églises membres pour évoquer l’avenir du Service protestant de mission. « Ce temps de consultation », souligne le Président du Défap, le pasteur Joël Dautheville, « servira à nourrir la réflexion de l’équipe de travail « Refondation » nommée par le Conseil en vue d’établir un document de travail à destination des Églises. »

Vue de l’AG 2023 du Défap © Défap

Depuis plus de cinquante ans, le Défap fait vivre des liens. Liens au près et au loin, entre Églises de France et de nombreux autres pays ; liens entre cultures par-delà les frontières mais aussi au sein même de ses Églises membres. Par les échanges de personnes qu’il permet, par les projets qu’il finance, par les relations entre facultés de théologie qu’il entretient, par les travaux de recherche qu’il soutient, le Défap aide à une meilleure connaissance mutuelle, à des interactions entre théologies, et favorise la solidarité. Plateforme de concertation entre ses Églises membres, le Défap est en prise directe avec les grandes problématiques du monde et se veut ce ferment de dialogue grâce auquel les Églises peuvent mieux s’adapter à des changements qui impactent nos sociétés de manière croissante. Le document « Convictions et actions – 2021-2025«  dont s’est doté le Défap reflète la manière dont ces défis sont intégrés dans le programme de travail et les activités du Service protestant de mission.

Comme le souligne le Président du Défap, le pasteur Joël Dautheville, en introduction du rapport d’activité qui sera présenté lors de l’Assemblée générale du 23 mars, « la mission donne à voir une autre vision du monde (…) Là où le repli sur soi prend de l’importance, les rencontres interculturelles sont riches d’enseignement. Là où l’individualisme gagne du terrain, les rencontres autour de la Parole de Dieu partagée font naître et renaître l’envie de se découvrir, le besoin et le désir de solidarité dans de nombreux domaines : éducation, formation théologique, santé. Les Églises affirment ainsi à travers le Défap que la Bonne nouvelle concerne tout l’humain et tout humain (…) L’universalité de l’Église se fait concrète. »

« Un regard sur ce qui s’est passé pour aider à envisager ce qui est à venir »

Ce rapport d’activité a été structuré en fonction des trois grands axes du programme de travail du Défap :

  • 1) développer les liens avec les partenaires ;
  • 2) s’engager pour la justice, le respect de la création et la dignité humaine ;
  • 3) vivre l’interculturalité.

« Ce rapport d’activité 2023 », souligne le Secrétaire général du Défap, le pasteur Basile Zouma, « est un regard sur ce qui s’est passé pour aider à envisager ce qui est à venir. Mais pour donner un meilleur visage à cet avenir, il nous faut accepter de ne pas faire de ce passé « un lieu de résidence mais un point de référence », un tremplin pour avancer au cœur des défis de chaque instant. » Il s’agit de montrer, à travers les diverses activités du Défap, qui sont nombreuses, la cohérence de l’action du Défap au service de la mission et de ses Églises fondatrices.
 


Quatre minutes pour tout comprendre des activités du Défap. Quels sont nos différents domaines d’intervention ?

 

« Un temps spécial sera consacré à la dynamique nouvelle dans laquelle le Défap est entré avec l’accueil de Volontaires du Service Civique International de réciprocité », souligne par ailleurs le Président du Défap dans sa lettre d’invitation envoyée aux délégués à l’Assemblée générale. Au cours de l’année 2023, le Défap a permis pour la première fois la venue en France de volontaires internationaux issus d’Églises sœurs, pour des missions effectuées au sein d’associations liées à nos Églises, et avec un statut de droit français. Ce mouvement sera prolongé en 2024 avec la venue de volontaires sous statut de VSI (Volontaires de Solidarité Internationale). Pour l’illustrer, et avoir un aperçu concret de ce qui se vit à travers de tels échanges, les délégués de l’AG pourront entendre des témoignages sur les missions déjà effectuées en France dans ce cadre de la « réciprocité ».

De gauche à droite : Magda, Believe et Mona, premières volontaires accueillies en France via le Défap dans le cadre du volontariat de réciprocité, photographiées dans le jardin du Défap © Défap

« Une dynamique nouvelle d’appels à dons »

« L’Assemblée générale, souligne encore Joël Dautheville, prendra également connaissance de la dimension « solidarité internationale » avec les projets des partenaires auxquels le Défap participe dans l’éducation, le sanitaire et social. Un point important à relever est l’importance de la dimension écologique toujours plus présente chez les partenaires et au Défap pour réduire et compenser l’empreinte carbone. »

« Compensation carbone » : exemple de foyer amélioré construit grâce à l’action du Secaar au Togo, avec le soutien du Défap © Secaar

« La question financière, rappelle Joël Dautheville, sera également débattue. Pour prendre en compte la diminution régulière des contributions de certaines régions de l’EPUdF, mais aussi de l’Uepal, le Conseil s’est engagé dans une dynamique nouvelle d’appels à dons auprès des personnes issues du réseau du Défap hors celui des paroisses ou Églises locales. » En une décennie, le budget du Défap a été amputé d’un tiers. En 2013, le Défap fonctionnait avec 3,4 millions d’euros. C’est aujourd’hui moins de 2 millions. L’équipe s’est réduite : en 2012, le Défap comptait 23 salariés ; en 2023, 15 ; aujourd’hui, 14. L’appel aux dons est devenu une nécessité pour préserver les activités du Défap ; mais au-delà, l’AG devra déterminer comment mettre en adéquation les ressources et les objectifs.
 


Trois minutes pour comprendre les finances du Défap. D’où viennent nos ressources et comment sont-elles utilisées ?
Soutenez les activités du Défap

 
Il s’agit donc de définir quelles seront les priorités du Défap au cours des prochaines années, sans attendre que l’impératif financier n’aille contraindre les choix ; chantier qui a été lancé depuis 2018, et qui nécessite l’élaboration d’une vision commune à ses trois Églises membres. Voilà pourquoi, souligne encore Joël Dautheville, « un temps important d’échanges et de réflexion par groupes sera organisé l’après-midi autour de la refondation du Défap. À la suggestion du Conseil et des Églises, les responsables régionaux et nationaux se retrouveront » pour évoquer l’avenir du Service protestant de mission. « Ce temps de consultation servira à nourrir la réflexion de l’équipe de travail « Refondation » nommée par le Conseil en vue d’établir un document de travail à destination des Églises. »




Partez en mission avec le Défap!

Que vous soyez étudiant désireux de s’engager pour une année à l’étranger, ou professionnel en quête d’un engagement qui fasse du sens à l’international, il y a sûrement une mission du Défap pour vous. Les missions prévues pour l’année 2024-2025 sont ouvertes. On n’attend plus que vous…

Photo de groupe de la session de formation des envoyés de juillet 2023 © Défap

Changer de vie, on peut le désirer à tout âge, sans nécessairement franchir le pas. C’est une opportunité qu’offre le Défap : partir pour quelques mois, un an ou davantage, à travers un engagement qui a du sens. Les missions prévues pour 2024-2025 sont désormais ouvertes, et vous pouvez les découvrir et postuler ici-même.

Découvrez nos missions !

Partir avec le Défap, c’est vivre une expérience qui, souvent, marque toute une vie. Les missions sont, pour les envoyés du Défap qui les vivent, des moments riches de rencontres et dont eux-mêmes sortent transformés. Des moments qui les poussent à interroger leurs propres certitudes, leur vision du monde, et qui contribuent par la suite à infléchir leur parcours de vie.

Il y a sûrement une mission du Défap pour vous

Depuis 1971, des générations de coopérants et de volontaires ont été formés, envoyés, accompagnés par le Défap. Leurs histoires individuelles ont ainsi rejoint l’histoire commune tissée à travers le Défap entre les Églises protestantes de France et des Églises présentes essentiellement en Afrique, mais aussi sur plusieurs continents. Autant de rencontres et d’expériences de vie inoubliables. Partir pour soi et pour les autres ; pour se découvrir, s’accomplir et être en relation ; pour aider et grandir : il y a de grandes constantes dans ce qui peut pousser vers une mission à l’international. On peut gagner en maturité et en autonomie, découvrir une langue et une culture, relever des défis, voire chercher à valoriser un engagement dans son CV… À tous ces arguments mis en avant pour promouvoir un engagement à l’étranger s’ajoute, dans le cas du Défap, la dimension d’un projet partagé, porté depuis plus de 50 ans par un partenariat entre les Églises membres du Défap et des institutions ecclésiales œuvrant dans les domaines de l’éducation, de la santé, du développement d’une quinzaine de pays.

S’il ne faut aujourd’hui que quelques heures de vol pour se retrouver à l’autre bout de la planète, partir pour quelques mois ou un an comme volontaire, en mission dans un pays lointain, n’en reste pas moins une aventure – ce dont témoignent tous ceux qui sont partis via le Défap.

« Lorsqu’on est amené à réfléchir sur ce que l’on veut faire plus tard parfois on a une volonté précise, parfois on a une feuille totalement blanche à écrire et parfois on a des convictions qui nous mettent en mouvement vers des destinations inconnues. Pourquoi ai-je eu envie de partir ? Il y a des éléments de réponses dans mon éducation, les voyages que j’ai réalisés, mes engagements, ma foi. »
Daniel, ancien envoyé du Défap, en 2014

« Partir, c’est se redécouvrir et se dépasser »
Samy, envoyé du Défap à Madagascar, 2022

Voulez-vous aider à la scolarité des enfants d’un orphelinat de Tananarive, la capitale malgache ? Ou découvrir une école française en Tunisie ? Ou accompagner les résidentes d’un foyer d’accueil de jeunes filles au Caire ? Que vous soyez prêt à vous engager comme Service Civique ou VSI, il y a sûrement une mission du Défap pour vous.




Le Défap et ses envoyés : «Aider à construire un monde plus juste»

Les prochaines missions de volontariat que propose le Défap ont été ouvertes courant janvier : le recrutement des candidat.es est en cours, jusqu’à fin avril – début mai, pour des missions qui vont s’étaler sur l’année 2024-2025. Anne-Sophie Macor, chargée du recrutement et du suivi des volontaires internationaux partant en mission avec le Défap, était invitée de l’émission « Courrier de mission » pour faire le point au micro de Guylène Dubois.
Un envoyé du Défap photographié au cours de sa mission à Madagascar © Défap

En ce mois de mars, « Courrier de mission », l’émission du Défap diffusée sur Fréquence protestante et sur Radio FM+, a accueilli Anne-Sophie Macor pour évoquer les nouvelles missions de volontariat ouvertes pour 2024-2025. Responsable des « envoyés » du Défap, elle est chargée, au sein du service RSI (Relations et Solidarité Internationale) de définir les missions au sein des structures des partenaire à l’étranger sur lesquelles le Défap pourra envoyer des volontaires internationaux (VSI ou services civiques). Elle est ensuite chargée de recevoir les candidatures, et, avec la CEP (Commission Échange de Personnes) de faire un choix : savoir qui sera le plus indiqué pour partir sur telle ou telle mission, en fonction de ses compétences, son parcours, sa personnalité… C’est un parcours qui prend plusieurs mois, avec plusieurs entretiens successifs, et différentes personnalités qui interviennent pour évaluer la motivation des candidat.es, la capacité d’intégration dans les structures d’accueil, la solidité psychologique, l’aptitude à comprendre les enjeux d’un contexte interculturel…

Au micro de Guylène Dubois, Anne-Sophie Macor revient notamment sur les missions de volontariat qui ont été ouvertes par le Défap courant janvier : le recrutement des candidat.es est en cours, jusqu’à fin avril – début mai, pour des missions qui vont s’étaler sur l’année 2024-2025. Les missions de service civique, destinées aux candidat.es les plus jeunes, durent environ un an ; les missions en VSI (Volontariat de Solidarité Internationale) peuvent durer deux ans et être renouvelées jusqu’à trois fois.

Partez en mission avec le Défap !

Courrier de Mission
Émission du 17 mars 2024 sur Fréquence Protestante

 

Des missions co-construites avec les partenaires

Les missions proposées par le Défap se déroulent essentiellement dans les secteurs de l’enseignement, de la santé ou de l’environnement. Dans des pays comme Madagascar, la Tunisie, le Cameroun, le Maroc, le Togo, l’Égypte… Certaines impliquent chez les candidat.es des compétences professionnelles spécifiques (c’est le cas des missions destinées à des VSI), d’autres ne nécessitent pas de formation professionnelle particulière (les missions de service civique). Toutes ont pour caractéristique d’être co-construites : c’est-à-dire qu’elles sont issues d’une demande des partenaires du Défap, et c’est à partir des besoins exprimés que seront définies les contours de la mission et le profil attendu pour le/la volontaire. Cette co-construction est une garantie que la mission correspond bien à un besoin sur place (elle n’est pas définie depuis Paris, au risque d’être en décalage avec les besoins réels à plusieurs milliers de km de la France) ; c’est aussi un marqueur des relations que le Défap entretient avec les Églises et institutions issues d’Églises avec lesquelles il est en lien – des relations de confiance entretenues sur le long terme, des relations de partenariat.

À noter que le Défap est le seul organisme protestant agréé pour l’envoi de VSI ; ce qui le place dans une situation particulière, avec certaines responsabilités vis-à-vis des autorités publiques (en ce qui concerne la formation et le suivi des volontaires). Mais le Défap permet aussi à d’autres organismes protestants d’envoyer des volontaires internationaux à l’étranger par le biais du « portage » (ou « intermédiation »). Le Défap a donc une position assez unique dans le milieu protestant.

Des missions dans les secteurs de l’enseignement, de la santé, de l’environnement… © Défap

Les missions proposées par le Défap ont aussi la particularité de se dérouler dans un cadre laïc, avec un statut reconnu par les autorités françaises (ce qui implique des garanties en termes de droit, de rémunération, de protection sociale…), mais dans un milieu d’Églises : car les institutions d’enseignement, de santé, etc… au sein desquelles les volontaires du Défap travailleront sont gérées par des Églises.

Soulignons que le Défap ne fait pas qu’envoyer des volontaires français à l’étranger : il œuvre aux mobilités croisées. C’est la deuxième année qu’il permet à des volontaires issu.es de ses Églises partenaires à l’étranger de venir en France en bénéficiant d’un statut de droit français. Ce qui est permis par un dispositif juridique français, la « réciprocité », qui permet de faire venir en France des candidats d’un pays où l’on envoie des volontaires, en bénéficiant du même statut. C’est un dispositif que le Défap commence à utiliser, mais qu’il avait contribué à faire naître en France, avec d’autres ONG françaises. L’an dernier, le Défap a ainsi permis à ses premiers services civiques de venir effectuer des missions au sein d’institutions liées à des Églises protestantes de France. Pour l’année 2024-2025, le mouvement s’élargit aux VSI.

Photo de groupe de la session de formation des envoyés de juillet 2023 © Défap



Romain à Madagascar : construire un village pour les enfants des rues

« 2400 sourires », le projet de village d’enfants destiné à accueillir les plus fragiles et menacés, ceux qui sont à la rue, avance bien, porté par Romain. Dans cette lettre de nouvelles, il évoque le chantier, les constructions qui sortent de terre, mais aussi les rencontres avec les enfants des rues auprès desquelles il se rend, en compagnie de bénévoles venus prêter main-forte au projet.

Groupe d’enfants malgaches © Romain pour Défap

 

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Madagascar.
Après la formation Défap et un temps de congés en France, nous y retrouvons un quotidien bien rempli dans notre travail auprès des enfants des rues.

La construction d’un Village pour les enfants des rues : le chantier, débuté il y a un peu plus d’un an, bat son plein. Après avoir achevé la construction du mur d’enceinte du terrain (qui aura demandé 3 mois de travail à 100 ouvriers par jour), nous poursuivons la construction de la cantine, un local technique, le hall des sports/bâtiment administratif du Village et un grand travail de terrassement. Tous ces travaux de construction demandent beaucoup d’énergie, de temps et surtout de patience car il faut parfois revoir les délais d’avancement en fonction des possibilités de livraison des matériaux, des premières pluies arrivées plus tôt que prévues et qui rendent les routes difficilement praticables. Mais le chantier avance toujours !

Les bâtiments sortent de terre © Romain pour Défap

La venue de bénévoles : dès le mois de septembre, nous avons eu la joie d’accueillir plusieurs bénévoles venus de France pour prêter main forte au développement du projet. Ainsi, 14 personnes nous auront rejoints entre septembre et décembre :  9 personnes  venues servir auprès des enfants d’un centre de rééducation géré par l’administration pénitentiaire auprès duquel nous intervenons une fois par mois mais également pour participer à la mise en peinture de locaux ; un couple venu développer le scoutisme dans le village où nous résidons actuellement et construire un four à pain/pizza au « Village 2400 sourires » ; deux basketteuses professionnelles venues pour la création d’un terrain de basket-ball sur le site ; et enfin un autre bénévole qui nous a beaucoup prêté main-forte dans la mise en peinture des locaux existants.

Autant de personnes qui ont eu à cœur de soutenir en venant sur le terrain, laissant une belle empreinte de leur passage au Village en construction !

Romain (tout à droite de la photo) avec un groupe d’enfants malgaches et des soutiens du projet © Romain pour Défap

Les interventions auprès des enfants des rues : chaque mercredi, notre équipe part à la rencontre des enfants des rues qui attendent notre venue avec impatience ! Quelques heures auprès d’eux nous permettent de partager des moments forts de jeux, de sport, de chants, de danses (malgré la pluie qui s’invite parfois) et de leur offrir un repas (distribution de Koba, une farine alimentaire enrichie en vitamines et nutriments mais également parfois des beignets, sandwichs, etc. selon les dons que l’on reçoit de particuliers). Nos bénévoles participent avec nous à ce moment important dans notre agenda. Il s’agit toujours de moments intenses où l’on vient partager de l’amour et de la joie avec ces enfants et où on reçoit énormément aussi !

Une visite officielle de l’Etat : nous avons également eu la chance de recevoir la visite de Madame la Ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle qui a tenu à venir découvrir sur place le développement du « Village 2400 sourires ». Nous avons pu lui présenter le projet et échanger sur notre souhait de créer quelque chose de durable pour ces enfants. Ce fut une visite encourageante pour toute l’équipe !

En résumé, des défis, parfois des doutes mais beaucoup d’encouragements qui permettent d’avancer et de ne pas oublier qu’aimer sauve toujours !
Pour en savoir plus, rdv sur notre site 2400sourires.org.

L’entrée du village © Romain pour Défap




«Les jeudis du Défap» : croiser les regards sur la mission

Le monde change, la mission aussi. Mais en quoi change-t-elle ? Que devient-elle ? C’est pour penser ensemble les enjeux de la mission de l’Église aujourd’hui que le Défap organise une série de rencontres en visio avec des spécialistes de la mission, chercheurs et professeurs. Premier rendez-vous à inscrire à votre agenda : le 4 avril. Avec comme thématique : « La mission inversée ? Peut-on véritablement parler de mission du Sud vers le Nord ? » Les inscriptions sont ouvertes…

Le Défap vous propose trois rendez-vous pour aborder plusieurs aspects de la mission aujourd’hui. L’objectif de ces rencontres est d’ouvrir un espace-Défap pour le partage d’une réflexion missiologique et interculturelle avec le concours de spécialistes sur la question.

En 2024, trois rendez-vous sont fixés les soirs de 18h30 à 20h00 :

  • Le jeudi 4 avril 2024 : « La mission inversée ? Peut-on véritablement parler de mission du Sud vers le Nord ? »
    Intervenants : Adrien Franck MOUGOUE et Mme Corinne VALASIK
  • Le jeudi 5 septembre 2024 : « Le pardon chez Paul Ricœur : une proposition de construction socio-politique de la paix ».
    Intervenant : Pasteur Robert LOUINOR
  • Le jeudi 5 décembre 2024 : « Théologie interculturelle et interculturalité dans l’Église.
    Intervenant : Professeur Gilles VIDAL

Ces rencontres se feront en deux temps :

  • Un temps de conférence
  • Un temps de débat et de questions-réponses.

Dans le contexte actuel, la mission interroge et s’interroge sur elle-même, sur ses transformations sémantiques et conceptuelles. Nous proposons aux chercheurs et professeurs intervenants de croiser leurs regards pour enrichir les participants des fruits de leurs recherches. Il leur est proposé d’élargir et d’enrichir notre connaissance sur la missiologie et le dialogue interculturel. C’est pour nous une occasion de penser ensemble les enjeux de la mission de l’Eglise aujourd’hui. Un bulletin d’inscription est mis en ligne sur le site du Défap, pour vous permettre de participer à ces visioconférences. Une fois inscrit, un lien d’accès vous sera communiqué.




«Jeudis du Défap» : pour s’inscrire, c’est ici

Vous souhaitez participer aux « Jeudis du Défap » ? Pour tout savoir et pour vous inscrire, c’est par ici :

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Les responsables religieux chrétiens de France appellent au cessez-le-feu

Se disant « solidaires de toutes les victimes de la guerre entre Israël et le Hamas », les responsables religieux membres du CECEF, le Conseil d’Églises chrétiennes en France, appellent au cessez-le-feu et à la libération des otages.

A Paris, le 05/03/2024

Nous, responsables religieux chrétiens de France, sommes solidaires de toutes les victimes de la guerre entre Israël et le Hamas et appelons au cessez le feu. Porteurs des valeurs de l’Évangile, nous souffrons de la désespérante situation que connaissent plus de deux millions de personnes vivant dans la bande de Gaza. Nous tenons à affirmer que la restriction d’accès à des ressources essentielles telles que les soins médicaux, la nourriture et l’eau est fondamentalement inhumaine.

Nous nous sentons solidaires de toutes les victimes de cette guerre, particulièrement des populations civiles mais aussi des soldats ou des combattants qui portent et porteront les conséquences des actions qu’ils doivent mener. Nous avons exprimé notre solidarité au lendemain de l’attaque terroriste du 7 octobre 2023. Nous la redisons, comme c’est notre devoir, après la tuerie de plus d’une centaine de gazaouis affamés qui a eu lieu le jeudi 29 février 2024, et oblige à voir ce qu’il y a d’inhumain dans la situation présente.

Les objectifs militaires et les intérêts politiques poursuivis par cette guerre ne peuvent négliger la priorité que revêt la sauvegarde de toute vie humaine. Nous réprouvons les actes de violence qui exacerbent la souffrance humaine et empêchent l’émergence d’une paix durable. Nous exhortons les parties prenantes de cette guerre à faire de la protection de la vie humaine et de la dignité des civils leur plus haute priorité.

Dans cet esprit, nous demandons instamment à tous les responsables politiques et religieux d’intensifier leur action pour mettre fin à cette violence et de prendre les mesures essentielles dans le cadre d’un processus visant à instaurer une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.

Nous demandons notamment :

  • Un cessez-le-feu immédiat, pour assurer l’acheminement d’une aide humanitaire indispensable, en premier lieu les soins médicaux, la nourriture et l’eau.
  • La libération immédiate de tous les otages conformément au droit international humanitaire et aux droits humains.
  • Des efforts internationaux pour ouvrir par le dialogue une nouvelle voie politique vers une paix durable, relancer le débat sur une solution viable à deux États, et entamer le travail sur la guérison des mémoires de tous les habitants de la région.

En ce temps de carême, nous invitons les chrétiens de toutes les confessions à continuer de porter instamment la situation du Proche-Orient dans leur prière, à ne pas s’habituer à cette situation de guerre et de violence, à être facilitateurs de dialogue et de rencontre là où les sensibilités des uns et des autres s’opposent, à prier et travailler sans relâche pour que tous puisent dans leur religion des raisons de servir la paix et dépasser les peurs et les colères.

Pasteur Christian Krieger,
Président de la Fédération protestante de France

Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort,
Président de la Conférence des évêques de France

Monseigneur Dimitrios,
Président de l’Assemblée des évêques orthodoxe de France




Rendez-vous au Défap pour les futurs pasteurs

Lundi 18 mars, les étudiants en Master 2 « Église et Société » de l’IPT seront au 102 boulevard Arago, pour rencontrer l’équipe du Défap, ainsi que la Secrétaire générale de la Cevaa, Claudia Schulz. L’objectif de ces rencontres, désormais régulières, est notamment de permettre de mieux faire connaître les rôles du Défap et de la Cevaa à ces étudiants qui se destinent à devenir pasteurs au sein de l’Église protestante unie de France.

Les étudiants de l’IPT, accompagnés d’Élian Cuvillier, et l’équipe du Défap, le lundi 13 décembre 2021 dans la chapelle du 102 boulevard Arago

L’interculturel, en ces temps de mondialisation, nul n’y échappe ; et pas plus les paroisses protestantes que le citoyen ou le consommateur lambda. La porosité des frontières aujourd’hui ne concerne pas les seuls biens et services marchands ; elle se traduit non seulement par des implantations d’Églises de migrants, mais aussi par l’arrivée de nouveaux paroissiens dans des Églises installées de longue date, entraînant souvent une porosité des frontières entre cultures au sein d’une même paroisse. Conséquence : le protestantisme français aujourd’hui présente une diversité culturelle inédite, ce qui est vécu avec plus ou moins de bonheur… et plus ou moins de difficultés, parfois pratiques, mais aussi théologiques.

Et dans chaque Église, chaque paroisse, les pasteurs se retrouvent au confluent de ces enjeux, qui les mettent au défi d’adapter, voire de réinventer leur rôle. Ils doivent se faire passeurs : être capables de comprendre les contextes dont sont issus leurs paroissiens et les mettre en dialogue, nouer des liens avec d’autres Églises… C’est l’un des rôles du Défap que de les y aider. Comme le soulignait son Secrétaire général, Basile Zouma, en 2021, année où le Défap célébrait son cinquantenaire, « l’Église universelle n’est pas d’abord située géographiquement, elle est plus large. Nous aidons les communautés à en prendre conscience, à dépasser les frontières, à se décentrer dans un réel partage, à ne pas se refermer sur leurs propres difficultés ». Il s’agit donc toujours pour les pasteurs de prêcher l’Évangile, d’accompagner des communautés locales, d’accompagner des personnes dans des moments particuliers de leur vie, comme le soulignait en mai 2016 Evert Veldhuizen, président de l’Association des Pasteurs de France ; mais aussi de savoir décrypter et faire communiquer entre elles des manières diverses d’envisager l’Église et la société, de croire et d’exprimer sa foi.

Un corps pastoral dont la sociologie se modifie

Tâche d’autant plus ardue que le corps pastoral, lui aussi, évolue fortement. Ce que souligne le professeur Élian Cuvillier, de l’Institut Protestant de Théologie (IPT) selon qui « le jeune qui fait de la théologie juste après le bac, européen, protestant venant des paroisses, devient une denrée rare ». Ainsi, depuis les années 80, le corps pastoral a dû s’adapter à l’ère numérique, il a vu sa sociologie se modifier… Celui de l’Église protestante unie de France (EPUdF) compte de plus en plus de femmes, de plus en plus de pasteurs venus de l’étranger (ils sont aujourd’hui un tiers au sein de l’EPUdF, dont une bonne moitié provenant d’Afrique), voire d’autres Églises… Nombre de nouveaux pasteurs ont déjà connu une vie professionnelle avant de se reconvertir, et la part de celles et ceux qui sont directement issus de familles de pasteurs du milieu luthéro-réformé se réduit de plus en plus. Des transformations qui sont à l’image de celles que connaissent les paroisses. L’épisode de la crise sanitaire, dont l’impact a été lourd sur la vie des Églises, et les tensions entourant les questions liées à la laïcité n’ont fait qu’accentuer récemment des transformations déjà profondes.

Élian Cuvillier sera justement l’accompagnateur du groupe d’étudiants de l’IPT qui doivent se rendre ce 18 mars au Défap. Tous sont en deuxième année de Master, et plus précisément en Cycle M2 « Église et société », ce qui les prépare à exercer un ministère au sein de l’EPUdF. Un Cycle M2 dont Élian Cuvillier est le directeur, depuis juillet 2017, sur les deux facultés de Paris et Montpellier. Il a déjà eu l’occasion de dire, lors d’une de ces visites, qu’il considère le Défap comme « un rouage essentiel de l’Église », avec lequel ses étudiant·es, en tant que futur·es pasteur·es, « seront nécessairement amené·es à travailler ».

Voilà plusieurs années que ces visites d’étudiant·es de l’IPT sont organisées au 102 boulevard Arago ; Tünde Lamboley, alors responsable de la formation théologique, et qui avait initié un rapprochement avec l’IPT à travers une série de « déjeuners-cultes », avait en effet constaté que le Service Protestant de Mission restait encore trop souvent méconnu parmi les étudiants. D’où cette idée d’un temps de rencontre et d’échanges, approuvée par Élian Cuvillier. Pour cette année 2024, le programme a été établi par le service Échange théologique du Défap et associe, pour la première fois, la Cevaa. C’est en effet au sein de cette Communauté d’Églises en mission, née en même temps que lui, en 1971, de la Société des Missions Évangéliques de Paris, que se déploient une grande partie des activités du Défap ; elle regroupe la majorité des Églises avec lesquelles il est en lien dans et hors de France ; et la Cevaa, comme le Défap, travaillent à favoriser les échanges et faire vivre les liens entre Églises. Les étudiants du Cycle M2 pourront tout d’abord rencontrer l’équipe du Défap, lors d’une présentation de ses divers services et d’un repas en commun ; et ils pourront s’entretenir avec la Secrétaire générale de la Cevaa, Claudia Schulz, qui leur fera une présentation durant l’après-midi des enjeux et des activités de la Communauté d’Églises en mission.
 

Devenir pasteur·e ou théologien·ne
Le cycle M de l’Institut Protestant de Théologie prend la forme d’un cursus de deux ans (M1, M2 Église et société / M2 « Corpus biblique/corpus systématique/corpus historique/corpus pratique/œcuménisme »). Le Cycle M mention « Corpus et œcuménisme » a pour objectif de préparer des théologien·ne·s dans les spécialités nommées pour être capable de réfléchir les faits religieux en dialogue avec les sciences humaines et sociales dans une société laïque (débouchés professionnels : journalisme, travail dans des ONGs, médiation en situation interreligieuse). Le Cycle M mention « Église et société » prépare à un ministère dans l’EPUdF. La première année est commune aux deux mentions et propose des séminaires dans les quatre disciplines histoire / biblique / systématique / théologie pratique et se clôt par un premier mémoire. La deuxième année vise à compléter la formation en approfondissant les connaissances et les expériences. Elle est distincte en fonction de la mention ; l’entrée dans la mention « Église et société » est conditionnée à l’accord de la Commission des ministères (CDM) de l’EPUdF.



Marie-Eugénie au Cameroun : en matière de santé, la mobilisation doit continuer

Partie en mission à l’hôpital Djoungolo, à Yaoundé, Marie-Eugénie évoque les projets de santé communautaire dans lesquels elle est impliquée : dépistage des cancers de la femme, sensibilisation et dépistage du VIH/SIDA notamment auprès des jeunes… Des problèmes majeurs de santé publique au Cameroun – et ce d’autant plus que la prévention reste insuffisamment développée. Alors, pas question de baisser les bras…

Marie-Eugénie lors de la session 2023 de formation des envoyés du Défap © Défap

 

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Déjà quatre mois au Cameroun ! Moi qui avais cette appréhension de partir pour un an, finalement le temps passe vite quand tout se passe bien. Et c’est donc une nouvelle année qui débute : j’en profite pour vous souhaiter mes meilleurs vœux.

Passé le temps d’observation, place à l’action. Ainsi au sein de ma mission d’appui à la santé communautaire j’ai pu développer des projets qui me tenaient à cœur, tels que le dépistage des cancers de la femme qui tendent à se multiplier dans les pays en voie de développement. Et la sensibilisation et le dépistage du VIH/SIDA notamment auprès des jeunes, qui reste un problème majeur de santé publique en Afrique : même si de nombreuses politique sont mises en place à ce sujet, la mobilisation doit continuer.

Une des campagnes de dépistage organisées à l’hôpital Djoungolo et à laquelle a participé Marie-Eugénie © Marie-Eugénie pour Défap

La prévention reste le parent pauvre de la médecine or celle-ci doit faire partie intégrante d’une prise en charge intégrale de la santé. C’est très important de développer la médecine préventive, c’est-à-dire l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et/ ou la gravité des maladies, des accidents et des handicaps.

Je suis donc véritablement épanouie dans ce rôle et particulièrement dans le cadre de cette mission car je pense que c’est d’autant plus utile pour ces populations fragilisées. Et cela me permet de m’adapter au contexte local, me permettant de développer des nouvelles compétences.

À côté de la mission l’expérience de vie est tout aussi enrichissante : pouvoir découvrir les différences culturelles du « continent » comme l’on surnomme ce pays réputé pour sa grande diversité, qu’elle soit ethnique, culturelle, géographique… On est amené à faire des découvertes dans notre routine quotidienne mais aussi lors de nos quelques escapades à travers les différentes régions et sites d’intérêt du pays. Dernière visite en date : un séjour dans la région du sud-ouest et notamment à Douala, la capitale économique.

Pour conclure, je dirai que l’aventure se poursuit aussi bien qu’elle a commencé avec toujours plus d’échanges et de découvertes.

Un autre aspect de la mission : la découverte du pays… © Marie-Eugénie pour Défap




Mona : « J’ai beaucoup appris chez les Diaconesses »

Mona, venue d’Égypte pour une mission de service civique chez les Diaconesses de Strasbourg, a terminé son séjour. Dans cette dernière lettre de nouvelles, elle fait le bilan : des relations très fortes avec les pensionnaires de la rue Sainte-Elisabeth, un regard qui a changé sur sa vie, sa relation au temps, à la mémoire…

Mona, photographiée dans le jardin du Défap © Défap

 

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Neuf mois se sont écoulés et me voilà en Égypte, chez moi. Maintenant, je dois écrire la dernière lettre de ma mission. Il n’est pas toujours facile d’écrire tout ce qu’on a vécu ou ressenti. Mais, l’une des leçons que j’ai apprises auprès des personnes âgées est qu’en vieillissant, on peut tout oublier. Il faut donc tout écrire et garder à jamais ce texte pour m’aider à ne pas oublier mon séjour à Strasbourg, 3 rue Sainte-Elisabeth.

Grâce à cette session retour au Défap et à la rencontre avec d’autres volontaires qui ont partagé leur expérience, j’ai pu avoir un aperçu général de tout ce que j’ai vécu au cours de mon service civique, ce qui m’a facilité la rédaction de ce texte.

Au début, la mission était un peu difficile pour moi. Être dans un pays étranger, complètement différent du mien, loin de mes proches et avec des personnes qui m’étaient inconnues. Je ne savais pas quoi faire. Je me sentais inutile, ce que je ne pouvais pas supporter. Les journées étaient très longues et les nuits courtes.

Mais au bout de quelques jours, j’ai remarqué que ces personnes essayaient de me connaître, de prendre soin de moi, de savoir ce que j’aime et ce que je n’aime pas, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas sans me critiquer ni me juger.

Maintenant, face à cet amour et à cet accueil chaleureux, je dois aussi faire un effort, je dois faire de mon mieux. Il faut donc comprendre leur vie et en faire partie. Il faut connaître les goûts et les couleurs de chacun et chacune pour pouvoir passer du temps avec eux au quotidien, avoir des moments d’échange et de partage.

J’ai commencé à écrire chaque jour dans un cahier, qu’une sœur m’avait donné, tout ce que je découvrais sur chaque personne : qui aime sortir, lire, jouer, discuter, tricoter, … etc. Je me suis préparée alors un programme en fonction des besoins ou des disponibilités de chacun.

Le temps passait comme un torrent

Après avoir connu tout le monde et m’être rapprochée d’eux, tout a changé. Les journées devenaient très courtes. Je n’arrive pas à réaliser tout ce qui était prévu dans mon programme. Une journée ne suffisait pas pour passer du temps avec tout le monde, alors j’attendais le lendemain avec impatience pour terminer ce que je voulais faire. Le temps passait comme un torrent qui coule toujours et ne s’arrête jamais. Cette maison est devenue ma maison, cette pièce est devenue ma chambre et ces personnes font désormais partie de mes proches.

Le fait d’accompagner des personnes âgées m’a permis de devenir les yeux des malvoyants, les oreilles des malentendants, la mémoire des oublieux, les mains, les pieds, etc. Cela m’a permis d’avoir de nouveaux yeux et de nouvelles oreilles pour voir et entendre les choses différemment, de nouveaux pieds pour visiter de nouveaux endroits,…

J’ai beaucoup appris chez les Diaconesses. J’ai appris à utiliser mes mains. J’ai appris à tricoter de jolis bonnets pour les bébés, à utiliser la machine à coudre, à préparer de nouvelles recettes de gâteaux alsaciens. Grâce aux sœurs, j’ai appris que la plus haute distinction est de servir. Les actes sont plus parlants que les mots. Ce qui se fait de grand, se fait dans le silence. Il faut donner les mains pour aider et le cœur pour aimer. Il faut savoir écouter les autres pour comprendre et pas seulement répondre.

J’ai découvert différents aspects de ma personnalité en accompagnant ces personnes âgées physiquement plutôt que spirituellement. J’ai découvert que je suis une personne patiente. Je peux écouter les autres et comprendre leur tristesse ou leur joie. Je ne m’ennuie pas de faire plusieurs fois la même chose avec les mêmes personnes si ça les aide ou leur plaît.

Après la mort de quelqu’un, il ne faut pas mettre des points mais plutôt des virgules

L’une des périodes les plus difficiles que j’ai vécues au cours de ces neuf mois a été la mort de certaines personnes à la maison. Mais grâce à la vie de communauté, cette vie de prière et de partage, on peut tout surmonter, tout traverser. Comme on me l’a dit, la mort fait partie de la vie. Après la mort de quelqu’un, il ne faut pas mettre des points mais plutôt des virgules car ce n’est pas la fin mais plutôt la continuation de la vie avec le Seigneur.

Le service civique :

Le service civique m’a aidé à rencontrer de nouvelles personnes, à acquérir de nouvelles compétences sur le terrain et à avoir une perspective différente sur la vie. Faire un service civique m’a aussi permis de gagner en maturité, en autonomie et de mieux me connaître. Cela m’a permis de prendre du temps pour moi, de comprendre un peu mieux ce qui m’attire et de définir vers quoi j’aimerais me diriger.

Vacances/ Voyage/ Loisirs :

  • La Suisse : le district de la Gruyère, la Maison Cailler, la Grande Roue, le Lac Léman, des « escape games », des salles d’arcade, SENSAS Genève.
  • Eguisheim.
  • Mulhouse : l’Hôtel de Ville, le Musée Historique de Mulhouse, l’église de Saint-Étienne, La grande mosquée de El-Nour.
  • Le Grand Ballon.
  • Le Vallon de Murbach.
  • Strasbourg : La cathédrale, L’église de Saint Thomas – Saint Paul – Saint Nicolas, Concert Vivaldi (Les 4 saisons & Gloria, Promenade par Batorama, Le petit train)
  • Le Hohrodberg : C’est un centre communautaire de retraite spirituelle et de prière dans les Vosges. C’est un endroit hors du monde où vous pouvez faire une sieste du bruit de la vie et passer vos vacances ou même toute votre vie. Vous trouverez là bas, des sœurs Diaconesses qui font l’accueil, la cuisine, le ménage …etc. Des sœurs qui prient, qui chantent et qui parlent couramment le silence. Des sœurs très accueillantes, qui savent comment dire bonjour et comment dire au revoir.

Ce qui était un peu étrange pour moi en France :

  • Passer des heures et des heures à table
  • Le fromage est très important aux Français. Il peut être l’apéro, l’entrée, le plat principal et parfois le dessert.
  • Les magasins qui ferment trop tôt.
  • Le tutoiement et le vouvoiement.
  • Le fait que le nombre de bises change d’une personne à l’autre.
  • Le calme ou le silence dans les rues et le fait qu’il n’y ait pas de klaxons.



Valérie Iguernsaid et l’accueil des chercheurs par le Défap

Le Défap facilite les échanges de personnes pour renforcer les liens avec ses Églises partenaires dans le monde : il envoie, et il accueille. Non seulement des volontaires internationaux, mais aussi des enseignants de théologie, des chercheurs… Ce mois-ci, dans « Courrier de mission », l’émission du Défap présentée par Guylène Dubois et diffusée sur Fréquence protestante et Radio FM+, gros plan sur le service Échange théologique, chargé notamment de toute la logistique entourant l’accueil de chercheurs en France.
Valérie Iguernsaid © Défap

Au cours du mois de janvier, « Courrier de mission », l’émission du Défap diffusée sur Fréquence protestante et sur Radio FM+, vous avait permis de faire connaissance avec Richard Lengo : un chercheur venu faire des travaux en France avec le soutien du Défap, et auteur d’une thèse sur l’Église évangélique du Congo. En ce mois de février 2024, voici Valérie Iguernsaid : elle est précisément chargée de tout l’aspect logistique entourant la venue des chercheurs accueillis par le Défap, depuis les procédures administratives jusqu’à la fourniture d’un logement et d’un ordinateur. Et elle nous décrit de quelle manière se passent la venue et le séjour de ces doctorants et post-doctorants, issus d’Églises et d’universités avec lesquelles le Défap est en lien.

Ces chercheurs sont le plus souvent des théologiens : ils poursuivent un cursus au sein d’une faculté de théologie, se sont lancés dans la rédaction d’une thèse… ou travaillent à l’adapter pour une ou des publications, après avoir pris contact avec une maison d’édition. Mais ils peuvent aussi travailler dans d’autres domaines, comme le montre précisément le cas de Richard Macaire Lengo, qui, lui, est sociologue. Dans tous les cas, la venue de ces chercheurs en France s’inscrit dans une perspective plus large d’échanges avec les Églises partenaires du Défap, et a pour but de renforcer les liens. Comme l’explique Valérie Iguernsaid, au sein du service Échange théologique, où elle travaille, « on accueille des chercheurs, on envoie des pasteurs, on accueille et on envoie des enseignants… » C’est une partie importante de l’activité du Défap : les chercheurs accueillis bénéficient ainsi d’une bourse pour leur permettre de rester plusieurs mois en France, qui est directement financée par le Défap.

Valérie Iguernsaid et l’accueil des chercheurs par le Défap

Courrier de Mission
Émission du 18 février 2024 sur Fréquence Protestante

 

Les chercheurs, un réseau de proches du Défap au sein de ses Églises partenaires

Pourquoi venir faire des recherches en France ? Bien souvent, parce qu’une bonne partie des documents dont ces doctorants ou post-doctorants ont besoin se trouvent dans des bibliothèques françaises – celle du Défap ou celles de l’Institut protestant de théologie (IPT), à Paris ou à Montpellier. Mais au-delà de cet aspect pratique, et de toute la logistique qu’implique la venue de chercheurs en congé-recherche en France, ces séjours, qui durent généralement de trois à neuf mois, sont l’occasion de nouer des connaissances et d’entretenir des relations qui existent depuis de nombreuses années avec des Églises partenaires. Ces chercheurs, une fois revenus dans leur pays, deviendront généralement pasteurs ou universitaires, et garderont des relations privilégiées avec le Défap, qui permettront par la suite de monter des projets ou de faciliter les travaux d’autres universitaires. Les travaux qui sont publiés, tout comme les interventions que peuvent parfois faire ces chercheurs dans des facultés de théologie en France, permettent de faire dialoguer et de rapprocher les théologies ; de mieux faire connaître les théologies africaines en Europe…

Groupe de chercheurs en congé-recherche dans le jardin du 102 boulevard Arago lors de la rencontre annuelle organisée en juin 2023 © Défap

Si, pour ces séjours de recherche, « le Défap est un facilitateur », selon le mot de Valérie Iguernsaid, ces séjours eux-mêmes facilitent par la suite les actions du Défap avec ses Églises partenaires. Les bénéficiaires d’une bourse du Défap sont ainsi engagés à la fois dans une démarche personnelle – leurs travaux universitaires, leur thèse ou leur projet de livre – et dans un projet collectif, qui met en relation les Églises de France et celles de nombreux pays. C’est précisément pour leur permettre de mieux toucher du doigt ce projet collectif que les chercheurs présents en France sont invités chaque année à participer à un week-end de rencontre. Un moment d’échange, de partage, et l’occasion, rare dans le parcours des boursiers, d’avoir des regards croisés sur leurs travaux. Pendant toute la durée de leur séjour en France, ils restent géographiquement éloignés ; tout au long de leurs recherches, ils travaillent en lien avec des facultés de théologie différentes ; et le délai imparti est court, surtout si l’on tient compte du nécessaire temps d’adaptation lors de leur arrivée en France. D’où l’importance de ces rencontres annuelles, qui font aussi partie du travail du service Échange théologique.

Groupe de chercheurs en congé-recherche, posant avec leurs familles devant le 102 boulevard Arago, lors de la rencontre annuelle de novembre 2019 © Défap