Mort d’Éric de Putter : l’enquête suivie par Réforme

>> 10/07/2012, article de Nathalie Leenhardt : un drame qui plonge le Défap dans la stupeur <<

« On a frappé à la porte, il est allé ouvrir. » Cet article de Réforme est le premier à revenir sur les circonstances de la mort d’Éric de Putter, dès juillet 2012. Il mentionne déjà l’existence d’un communiqué du Défap. L’enquête est ouverte et « les services consulaires de l’ambassade de France sont également mobilisés. » L’article reproduit ces propos du Défap : « Nous essayons de gérer au mieux la situation avec Marie-Alix, la famille d’Éric et tous les acteurs mobilisés en France et au Cameroun, notamment les professeurs de la faculté ».

 

>> 13/09/2012, Laure Salamon : Éric de Putter assassiné pour avoir dénoncé la corruption ? <<

Cet article annonce le culte organisé par le Défap le 15 septembre 2012 en hommage à Éric de Putter, et souligne : « Il a été poignardé, sans motif apparent, à son domicile. Cet événement tragique est survenu quelques jours avant son départ définitif du pays. » L’article évoque sa dénonciation de la corruption.

 

>> 15/09/2012, Laure Salamon : point sur l’enquête ; Éric de Putter avait refusé de rentrer au printemps <<

Cette interview du président du Défap répond à plusieurs questions sur les efforts du Défap pour faire progresser l’enquête et pour obtenir des réformes de l’UPAC, où enseignait Éric de Putter et dont il avait dénoncé des dérives. Il souligne que le Défap avait proposé à Éric de Putter de rentrer au printemps mais que celui-ci « avait refusé, expliquant qu’il vivait de belles choses malgré tout. » Un communiqué du Défap est également cité : « Nous devons respecter la présomption d’innocence, sans chercher à nous substituer à l’action de la justice. »

>> 20/09/2012, Antoine Nouis : un sentiment d’injustice et de gâchis dans la grande famille du Défap <<

Cet article d’Antoine Nouis revient sur la cérémonie organisée au Défap à la mémoire d’Éric de Putter. « L’atmosphère était digne et recueillie pour le culte en hommage d’Éric de Putter. La présence de Marie-Alix, sa jeune veuve, enceinte, était une incarnation du sentiment d’injustice et de gâchis qui habitait la grande famille du Défap. »

>> 08/07/2013, Louis Fraysse : nouveau point sur l’enquête ; mission Défap/Cevaa au Cameroun <<

Cet article revient sur l’enquête, un an après la mort d’Éric de Putter. Deux arrestations ont alors eu lieu dans la faculté. « Il ne faudrait pas que ces arrestations servent de paravent pour la justice camerounaise, qui pourrait affirmer avoir fait son travail, prévient Jean-Arnold de Clermont, président du Défap. Nous ignorons ce qui est reproché à ces deux hommes. » Les efforts pour faire progresser l’enquête se poursuivent. Une délégation Défap/Cevaa a rencontré le ministre camerounais de la Justice.

 

>> 04/07/2014, Philippe Schaller : la famille s’impatiente <<

Le point sur l’enquête, deux ans après : « Quelques semaines après le meurtre, deux personnes étaient arrêtées : un étudiant du cours d’Éric de Putter, dont la thèse avait été invalidée ainsi que le doyen de la faculté. L’un comme l’autre ont été relâchés l’automne dernier. Depuis, rien ! »

 

 




Enquête sur la mort d’Éric de Putter : le point sur les actions du Défap

Éric de Putter © Défap

Juillet 2014

 

 

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en France

Rendez-vous pris au ministère de la Justice pour le 23 juillet.

Juin 2014

 

 

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en France

Nouveau contact avec le ministère des Affaires étrangères et européennes et relance du député André Schneider.

Janvier 2014

 

 

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en France

Contact avec André Schneider, président du groupe parlementaire France-Cameroun qui prévoit un voyage en mai et assure alors qu’il ‘en parlera’ avec ses homologues.

Octobre 2013

 

 

Action entreprise
en France

Contact avec le ministère des Affaires étrangères et européennes pour obtenir des éclaircissements sur l’affaire.

Octobre 2013

 

 

Action entreprise
en France

Contact avec Madame Kalliopi Ango Ela, sénatrice des Français établis hors de France.
Celle-ci interroge le ministère des Affaires étrangères, qui confirme la commission rogatoire internationale du 12 octobre 2012, les relances auprès du Cameroun, et une demande d’audience au Président Bya…

 

   

Octobre 2013

 

 

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en France

Contact avec Madame Christine Robichon, nouvel Ambassadeur de France au Cameroun.

Mai 2013

 

 

Action entreprise
au Cameroun

Tentative de rencontre avec le Président de l’Église évangélique du Cameroun pour lui demander son appui. En son absence, rencontre avec le vice-président, le pasteur Priso.

Mai 2013

 

 

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au Cameroun

Nouvelle visite au ministre de la Justice camerounais pour lui dire que l’enquête n’avance pas et que ni l’épouse d’Éric de Putter en France, ni ses collègues à l’Université n’ont été entendus depuis qu’en août 2012 le recteur et la secrétaire académique l’avaient été, avant même que le doyen soit arrêté sans interrogatoire. Le ministre nous informe alors qu’une commission rogatoire internationale a été lancée par le Cameroun pour que l’épouse d’Éric de Putter soit entendue par la justice française.

Mai 2013

 

 

Action entreprise
au Cameroun

Rencontre avec Bruno Gain, ambassadeur de France qui nous informe que la justice française a lancé une commission rogatoire internationale auprès de la justice camerounaise pour avoir communication du dossier. Il nous indique par ailleurs que le ministre de la Justice camerounais lui a demandé d’en faire préciser les termes.

Août 2012

 

 

Action entreprise
au Cameroun

Visite à Yaoundé, au ministre de la Justice, pour lui faire part de l’attention du protestantisme français quant à l’avancement de l’enquête.
 

 




Que savons-nous de l’assassinat d’Éric de Putter ?

Éric de Putter © Défap

Les proches d’Éric, son épouse, ses frères, ses parents continuent à porter la blessure à vif d’un arrachement prématuré. Sa jeune épouse, Marie-Alix, a été épargnée. Depuis, elle a mis au monde une petite fille, Rachel, qui ne connaîtra jamais son père. Tous ceux qui ont côtoyé et apprécié Éric, dans son parcours universitaire, son engagement associatif ou son envoi en mission au Cameroun dans le cadre du Défap, pleurent son absence avec un sentiment de profonde injustice et même de révolte pour certains. [Deux ans]* après, où en sommes-nous ?

L’enquête judiciaire en cours semble piétiner. Le Défap, à travers son président, multiplie les contacts avec l’ambassade de France au Cameroun, le Ministère camerounais de la Justice, le Ministère français des Affaires étrangères, la sénatrice des Français à l’étranger, le responsable du groupe parlementaire France-Cameroun. Pour l’instant ces démarches n’ont pas permis de faire aboutir l’enquête et de remonter jusqu’au coupable ou au commanditaire de ce meurtre, ce qui rend l’absence d’Éric encore plus douloureuse. Comment faire le deuil quand il n’y a personne à accuser, personne à pardonner ? La blessure reste ouverte.

Tout mettre en œuvre pour la justice

Nous n’avons, comme seule explication de ce geste meurtrier, que les positions courageuses prises par Éric pour dénoncer un certain nombre de dysfonctionnements qui aboutissaient, dans l’Université protestante d’Afrique Centrale (UPAC) où il enseignait, à une baisse du niveau académique, préjudiciable aux étudiants. Le Défap, avec les autres partenaires européens de I’UPAC, a maintenu sa pression sur le Conseil d’administration de I’UPAC, pour exiger une réforme en profondeur de la Faculté de théologie. Un nouveau président du Conseil de I’UPAC a été mis en place au cours de l’été 2013. Il semble mieux disposé à mettre en place ces réformes nécessaires sur le plan académique, déontologique et financier pour permettre à cette institution de redevenir un pôle théologique majeur dans le protestantisme francophone africain. Un groupe d’experts [travaille sur un plan de réformes concrètes qui devrait aboutir sous peu]*.

Nous sommes, aujourd’hui encore, nourris par l’idéal qui a porté Éric, par son exigence de vérité, de justice, de loyauté. À cause d’Éric, nous pouvons moins que jamais accepter la corruption, la dissimulation, les petits arrangements entre amis… Les Églises françaises membres du Défap sont fermement déterminées à réexaminer leur partenariat avec les Églises membres de la Communauté Cevaa (Communauté d’Églises en Mission) et à retravailler courageusement les questions de déontologie.

Christian Bonnet,
Secrétaire Général du Défap,
Février 2014

* Le texte initial a été amendé pour tenir compte du temps écoulé et des évolutions survenues depuis sa rédaction.



Partir avec le Défap : témoignage de Daniel Cremer, service civique en Tunisie

ACTUALITÉS ET FICHE PAYS
Le point sur la Tunisie

Retrouvez ci-dessous la vidéo de présentation de Daniel Cremer à son retour en France pour le week-end des envoyés du Défap :

 

Daniel Cremer a été assistant d’éducation à l’école primaire protestante Kallaline, en Tunisie, pendant un an. Dans le cadre de son service civique, il a été chargé d’assurer des activités de soutien scolaire et d’animation ludique et sportive, tout au long de l’année scolaire 2012-2013. Il a notamment travaillé en lien avec Hoby Andrianirina, envoyée du Défap en Tunisie, qui enseigne dans cette même école.

Pourquoi partir ?

Dans la  lettre de motivation qu’il avait envoyée au Défap, Daniel Cremer décrivait par ces mots la manière dont il envisageait cette expérience à l’étranger : il la voyait comme « un échange où j’apporterai mes compétences, ma main-d’œuvre et où j’apprendrai à connaître l’étranger que je serai et comprendre l’étranger que je rencontrerai ».

Apprendre à connaître l’autre et à se connaître : voilà qui est bien loin d’une ligne de vie ou d’une carrière toutes tracées. Mais comme le souligne Daniel Cremer lui-même, « j’aime prendre mon temps. J’aime me questionner sur les choses qui m’entourent, ce qui est bon, ce qui est utile, les choix que j’ai à faire. Finalement, j’aime agir sereinement après avoir amené mes projets à maturation (…) Lorsqu’on est amené à réfléchir sur ce que l’on veut faire plus tard parfois on a une volonté précise, parfois on a une feuille totalement blanche à écrire et parfois on a des convictions qui nous mettent en mouvement vers des destinations inconnues. Pourquoi ai-je eu envie de partir ? Il y a des éléments de réponses dans mon éducation, les voyages que j’ai réalisés, mes engagements, ma foi. »

Chant dans une classe © Daniel Cremer pour Défap

« Durant mon enfance, j’ai grandi influencé entre la théologie de mon père qui est pasteur et le pragmatisme de ma mère qui est assistante sociale. Plusieurs déménagements, de nombreux voyages qui ont cultivé en moi le plaisir de la découverte de l’autre, de l’engagement mais également la facilité d’adaptation à tout nouveau contexte. Ainsi, ma sensibilité pour les actions de solidarité internationale m’a conduit à m’engager personnellement. Mais un point déterminant fut l’entre 2 kiff, rassemblement de jeunes protestants organisé à Saint-Paul-Trois-Châteaux en octobre 2012. L’événement était organisé autour de la mission, et un après-midi il y eu un atelier avec un couple d’anciens envoyés Défap. Ils nous ont demandé ce que cela signifiait pour nous de partir, de se détacher de nos repères, de rencontrer une culture… et ce qui nous retenait de partir. Et ce simple atelier m’a fait reconsidérer la mission, et je me suis dit : « pourquoi pas moi ? ». Cette idée a commencé à éclore petit à petit en moi. »

Dès lors, il fallait trouver comment s’engager. Où et pour quoi faire. Avec quel organisme… « Parallèlement, souligne Daniel Cremer, je terminais un IUT Mesures Physique à Grenoble, sans forcément rechercher une licence ou une école d’ingénieurs à intégrer par la suite. » C’est finalement à l’été suivant, le 4 juillet, que tout s’est décidé pour lui, à la suite d’un entretien au Défap : « Le soir-même, Elisabeth Marchand m’a appelé pour me dire : « Tu pars en Tunisie ». Un immense soulagement… mais qui cachait un immense point d’interrogation. Qu’allais-je faire en Tunisie ? »

A la rencontre de l’inconnu

L’école Kallaine © Daniel Cremer pour Défap

« On ne peut toujours maîtriser tout ce qui se passe et ce qui va se passer, et moi particulièrement en cette occasion. Je me disais qu’en Tunisie je n’aurais pas tous les repères que j’avais ici. Qu’en cas de problème, les personnes en qui j’ai confiance ne seraient pas là. Alors j’ai reposé toute ma confiance là où je savais que j’aurais un soutien : j’ai mis ma confiance en Dieu. »

« En arrivant, je m’attendais à un choc culturel franco-tunisien. Finalement ce fut plutôt un choc franco-germanique. J’ai vécu toute l’année dans une colocation extraordinaire avec deux Allemands qui venaient comme moi travailler à l’école Kallaline. »

« Sur le plan relationnel, j’ai été particulièrement heureux, et moi-même stupéfait, de la vitesse de mon intégration. A la fois en tant que colocataire, que Tunisois et que volontaire, j’ai su rapidement établir des contacts, trouver mes marques, et gagner la confiance des autres. Ainsi, dès le début on m’a confié facilement des responsabilités à l’école. De même sur un plan interculturel, j’ai été étonné d’observer le « concept de l’accueil tunisien ». Après six mois, nos voisins nous souhaitaient toujours la bienvenue à chacune de nos rencontres ; j’étais le frère de tout le monde ; ici, on souhaite une bénédiction lorsqu’on se dit bonjour et au revoir. »

« Savoir partir, c’est savoir revenir »

Club de percussion © Daniel Cremer pour Défap

Daniel Cremer le reconnaît lui-même : « Savoir partir, c’est aussi savoir revenir ». Et son  expérience à l’école Kallaline, en le faisant évoluer, lui a ouvert de nouvelles perspectives à son retour. « En bousculant mon train de vie, en quittant mes parents, mes études et mon pays, j’ai voulu vivre une expérience extraordinaire en prenant le risque de l’échec. De nombreuses incertitudes ont accompagné mon départ, qui ont disparu au fil des mois ; en m’enseignant la confiance, cela m’apporte une réelle assurance en mon identité. L’ouverture à un milieu professionnel a élargi mon projet de carrière. En m’investissant pleinement dans mon volontariat, j’ai sorti la tête des sciences physiques pour me plonger dans une autre aventure plus sociale et humaine. »

Un investissement personnel reconnu et apprécié au sein de l’école Kallaline, mais aussi en-dehors, puisqu’il lui a permis de devenir lauréat de l’institut du service civique. Avec à la clé un soutien pour la suite de son parcours professionnel. « L’institut sélectionne chaque année des volontaires du service civique qui se sont fait remarquer par le sens qu’ils ont donné à leur engagement. Sous la présidence de Martin Hirsch et aidé par de nombreux partenaires, l’institut aide les lauréats dans leur parcours professionnel, universitaire, ou pour monter d’autres projets. Il apporte un soutien financier, attribue un parrain à chaque lauréat, organise des séminaires où les lauréats sont amenés à se rencontrer, à réfléchir à leurs projets, à assister à des conférences passionnantes. »

Désormais inscrit en troisième année à l’ENS de Lyon en parcours de sciences de la Terre, Daniel Cremer avoue : « Aujourd’hui, je ne sais dire si l’institut a favorisé mon admission dans cette école (…) mais je sais qu’après mon IUT il aurait été impossible de l’intégrer. » Et l’aspect atypique de son parcours, loin d’être un handicap, peut être valorisé sur le plan professionnel : « Les écoles d’ingénieurs recherchent des étudiants qui sortent des sentiers battus, pouvant apporter une réflexion d’une autre richesse. »

Aujourd’hui, Daniel Cremer n’est pas davantage sur une voie toute tracée, qu’il ne l’était avant son départ pour la Tunisie. Mais loin d’avoir vécu une parenthèse à l’école Kallaline, il est sorti enrichi de cette expérience. « Actuellement, je me pose toujours plein de questions sur mon avenir. Mais en me confrontant avec la Tunisie et en l’aimant, je sais qu’il y a beaucoup de choses sur lesquelles je peux m’appuyer. »

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