Jésus et la Samaritaine
Fatigué et assoiffé, Jésus rencontre une femme en quête de vérité : c’est dans leur besoin partagé que naît un dialogue transformateur. Et si nos rencontres suivaient le même chemin ? Méditation par Dominique IMBERT-HERNANDEZ, pasteure à l’Église Protestante Unie de France au Foyer de l’Âme.
« Là se trouvait la source de Jacob. Jésus, fatigué du voyage, s’était assis tel quel au bord de la source. C’était environ la sixième heure. Une femme de Samarie vient puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire. Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter des vivres. La Samaritaine lui dit : Comment toi, qui es juif, peux-tu me demander à boire, à moi qui suis une Samaritaine ?»
Jean 4, 6-9
Le récit de la rencontre de Jésus avec la femme samaritaine recèle de grandes richesses quant à la compréhension de l’annonce de l’Évangile et ce, dès les premiers versets.
Jésus n’y est pas présenté en situation avantageuse : il est fatigué, il est assis sans façon, il a soif, il est seul. Tous les disciples sont partis, aucun n’est resté auprès de lui. L’homme qui s’adresse à la femme samaritaine est en état de faiblesse et de plus, il n’a rien pour puiser l’eau afin d’étancher sa soif. Il a besoin d’elle.
Les quelques mots de l’Évangile au sujet de la femme samaritaine, aussi discrets soient-ils, laissent cependant deviner que sa situation à elle n’est pas non plus favorable. En effet, elle vient seule à l’heure la plus chaude pour puise de l’eau, une corvée domestique ainsi effectuée dans les conditions les moins agréables : sans la compagnie d’autres femmes pour s’entraider, s’encourager, et sans profiter des heures plus fraîches du matin.
Si l’un des deux a un avantage par rapport à l’autre, c’est elle qui est dans son pays, la Samarie.
C’est pourtant à partir de son manque et du besoin qu’il a d’elle que Jésus engage le dialogue : il demande à boire.
Si la femme répond en lui faisant remarquer qu’ils n’ont rien à faire ensemble et rien à se dire l’un à l’autre, lui l’homme juif et elle la femme samaritaine, elle ne le rabroue pas vertement. Elle donne à sa remarque la forme d’une question. Jésus n’a plus qu’à reprendre la balle au bond et le dialogue qui s’engage transformera la femme isolée et à la vie conjugale mouvementée en apôtre du Christ.
❝ Le dialogue naît du besoin
C’est que la soif profonde de Jésus est entrée en résonance avec celle de la femme. Au-delà du besoin d’eau à boire pour lui, au-delà de sa quête toujours insatisfaite d’un homme dans sa vie pour elle, l’un et l’autre ont soif de rencontres en vérité, de paroles portées par un véritable souffle d’être. Et la reconnaissance surgit alors, l’Évangile est annoncé.
Le dialogue ne naît pas du plein, mais du besoin. Le partage du manque se révèle particulièrement fécond et dans le commencement d’une année d’activités, la rencontre de Jésus et de la femme samaritaine porte un éclairage particulier sur toutes nos rencontres à venir, sur nos missions respectives : c’est l’autre qui me désaltère.
Prière
La Source a soif
l’Eau vive demande à boire
il n’y a pas de plus grand paradoxe
C’est pourtant là que nous prenons naissance
dans ce haut désir qui nous supplie d’être l’eau qui court
sous le sable des jours pour désaltérer l’amour
Il n’y a pas d’autres chemins pour étancher notre soif
il n’y a que le chemin de devenir source à notre tour
en nous coulant dans le lit de Celle qui va de toujours à toujours murmurant J’ai soif
Francine Carrillo – Le Plus-Que-Vivant