À la découverte du Maroc, et d’Al Mowafaqa

Du 23 au 30 avril 2024, des jeunes protestants de l’UEPAL âgés de 15 à 22 ans, emmenés par les pasteurs Maximilien Luzeka et Hanitra Ratsimanampoka, se sont rendus au Maroc avec le soutien du Défap. Un séjour d’une semaine qui leur a permis de rencontrer l’Église évangélique au Maroc et la pasteure Karen Thomas Smith, les étudiants et le directeur de l’Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa, mais aussi Mgr Cristobal Lopez, archevêque de Rabat. Impressions de voyage par les jeunes participants.

Arrivée à Fès le 23 avril © UEPAL

Un voyage dense. En une semaine, du 23 au 30 avril 2024, le petit groupe de jeunes de l’UEPAL sera allé à Fès, Meknès, Rabat, Casablanca et Agadir. Il aura visité le site archéologique de Volubilis, où l’on trouve encore des témoignages de la présence du christianisme au Maroc à l’époque antique. Les voyageurs, emmenés par les pasteurs Maximilien Luzeka et Hanitra Ratsimanampoka, auront eu l’occasion de dialoguer avec de jeunes protestants marocains et de participer à un culte de l’EEAM (l’Église évangélique au Maroc) ; d’échanger avec des étudiants de l’Institut Al Mowafaqa et avec son directeur, Jean Koulagna ; de rencontrer la pasteure Karen Thomas Smith, présidente de l’EEAM, la communauté franciscaine des sœurs de Jésus, mais aussi Mgr Cristobal Lopez, archevêque de Rabat… À chaque étape de leur parcours, ils auront aussi distribué des lots de médicaments à chaqu bureau du CEI, le Comité d’Entraide Internationale, bras diaconal de l’EEAM et très engagé notamment dans le soutien aux migrants. Un séjour à l’issue duquel les jeunes de l’UEPAL sont revenus, selon les mots de leurs accompagnateurs, « transformés par ce qu’ils ont vu, vécu et expérimenté ».

Ce séjour avait reçu le soutien du Défap, qui est également en lien avec nombre d’interlocuteurs avec lesquels les jeunes voyageurs ont eu l’occasion de dialoguer tout au long de leur voyage. Le Défap soutient ainsi depuis des années l’Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa, à la fois de manière directe et par l’octroi de bourses à des étudiants en théologie. Il soutient aussi le ministère de Karen Smith comme aumônier de l’Université d’Ifrane. Il est enfin en lien avec le CEI.

Impressions de voyage par quelques participants :

Le groupe des jeunes voyageurs © UEPAL

Tsiry : « 7 jours inoubliables »

Le Maroc : rien que le fait d’évoquer ce voyage me rend nostalgique. Il a débuté le 23 avril dernier, j’avais quelques appréhensions avant le départ parce qu’on était sur le point de fouler des terres inconnues, à l’aventure vers de nouveaux paysages et avec pour la plupart des personnes que je ne connaissais pas du tout. Et pourtant à la seconde où on a atterri à Paris ce 30 avril, la seule idée qui m’était venue en tête était de tout recommencer. Parce que j’avais adoré chaque journée, chaque seconde à vrai dire : j’étais happé par tout ce qu’on voyait : les montagnes, les villes, les rues, les visages, les routes, les couleurs, les chats, et également par tout ce qu’on vivait : je pense au soleil qui nous illuminait tous les jours, à tous ces rires et souvenirs qu’on a partagés ou encore à ces plats traditionnels dont les goûts n’ont toujours pas quitté mon palais.

Je pense notamment à tous ces gens qu’on a rencontrés au fil de la semaine. Certains m’ont marqué plus que d’autres : il y a eu d’abord l’archevêque de Rabat : un homme de grande envergure, je n’ai pas l’habitude d’écouter énormément les grands discours et pourtant je crois qu’on était tous d’accord pour dire qu’on buvait chacune de ses paroles les unes après les autres. Les hommes appelés par Dieu je n’en connaissais pas beaucoup, à l’image d’un autre résident cette fois-ci rencontré à Agadir, qui nous prêchait sa foi au petit matin. On venait d’arriver en bus après un périple de plusieurs heures, j’étais fatigué et la tête dans les nuages mais il nous contait si bien ses rêves et son propre parcours dans la religion chrétienne que je n’en ai pas loupé une miette.

Les crèches m’ont beaucoup marqué également, une dizaine d’enfants qui n’avaient pas de lieu où dormir, se rassemblent dans un endroit minuscule dans des conditions minables, insalubres.

Et puis aussi quand on s’est mis à danser et chanter à l’église. Je dansais ma joie, celle qui nous accompagnait à travers ces 7 jours inoubliables. J’étais heureux et je le suis encore du simple fait de raconter tous ces périples qu’on a vécus ensemble (…)

Le groupe de jeunes de l’UEPAL très concentré lors d’un culte © UEPAL

Elisa : « Cette visite m’a ouvert les yeux sur les réalités auxquelles les migrants sont confrontés »

(…) Dès notre arrivée à Fès, j’ai été émerveillée par les couleurs vives, les odeurs agréables et la chaleur, cette ville est connue pour sa médina et ses célèbres tanneries, nous avons aussi goûté à la cuisine marocaine, avec ses épices et ses plats traditionnels comme le tajine ou encore le couscous. Nous avons rencontré aussi la jeunesse qui était très gentille et accueillante dès notre arrivée.

Ensuite, nous avons pris la route vers Meknès pour visiter la ville de Volubilis. Le paysage était superbe, avec ses ruines qui nous rappellent l’époque romaine, on peut y voir également des mosaïques magnifiques et des vestiges de bâtiments.

Par la suite nous avons visité la ville de Rabat, la capitale du Maroc (…) puis nous avons fait une journée à Casablanca pour rencontrer la jeunesse et écouter un chant dans leur église. Et pour terminer nous avons passé un séjour de 3 jours à Agadir qui pour moi était le meilleur, la jeunesse qu’on a rencontrée était très accueillante, le culte du dimanche a été une belle découverte (…)

Le dernier jour nous avons eu l’opportunité de rendre visite à des migrants au Maroc et je dois dire que cette expérience a été à la fois enrichissante et émouvante. J’ai été touchée par la force de ces personnes qui ont dû quitter leur pays pour différentes raisons. Lors de notre visite dans un centre d’accueil, nous avons pu rencontrer des migrants venant de différents pays d’Afrique. Ils nous ont partagé leurs histoires, leurs espoirs et leurs difficultés. Malgré les difficultés auxquelles ils font face, ils gardent une détermination à reconstruire leur vie et à trouver un avenir meilleur.

Cette visite m’a ouvert les yeux sur les réalités auxquelles les migrants sont confrontés et m’a rappelé l’importance de la solidarité envers les autres. C’était une expérience qui m’a marquée et qui m’a encouragée à continuer de soutenir les personnes dans le besoin (…)

Des médicaments pour le CEI © UEPAL

Noémie : « l’amitié entre musulmans et chrétiens doit être entretenue »

(…) La journée qui m’a le plus marquée a été la dernière car nous avons passé la matinée dans un quartier défavorisé proche d’Agadir. Nous avons eu l’occasion de rendre visite à de jeunes femmes immigrées, seules avec un enfant. Elles ont parlé et ont témoigné face à nous, même si elles ne semblaient pas réellement à l’aise. Ayant quitté le pays pour travailler en Europe, elles ont traversé le désert pendant des mois afin d’arriver au Maroc, dans des coins pauvres et peu fréquentés. Elles ont commencé à fréquenter un homme. Lorsqu’elles ont découvert qu’elles étaient enceintes, il les a abandonnées et ne leur a jamais donné de nouvelles. On nous a expliqué que leur famille qui vivait encore au pays ne leur apporte aucun soutien et coupait tout contact avec elles. Leur famille les envoie là-bas pour travailler, les sortir de la pauvreté en vendant certaines terres parfois. Ces femmes travaillaient jusqu’à leur 8e mois de grossesse pour gagner peu d’argent. Elles ne peuvent retourner au pays par manque de moyens. Elles sont logées par des personnes de l’Église protestante. Dans leur pays, tout le monde pense que l’Europe est parfaite car elles ne reviennent pas.

Nous avons aussi pu aller dans des crèches afin de rendre visiter à des enfants. Ils dormaient par terre avec une couverture et étaient une dizaine à occuper un petit endroit, gardés par une seule nourrice (…)

J’ai adoré l’après-midi passée avec l’archevêque de Rabat. Ses paroles étaient sages et très intéressantes, on ne pouvait que l’écouter. Il était très captivant et nous a beaucoup sensibilisé sur l’importance de l’entente entre musulmans et chrétiens. Les chrétiens ne représentant que 0,08% de la population marocaine, il a affirmé que c’était une présence insuffisante mais significative. Cependant, l’amitié entre musulmans et chrétiens doit être entretenue, se faire la guerre entre religions est insensé (…)

Le groupe de jeunes participant au culte de la paroisse EEAM d’Agadir © UEPAL

Joshua : « le cœur du voyage est dans les rencontres »

(…) Ce voyage est iconoclaste dans la mesure où il permet de découvrir une société, un monde et une vie autre que celle que nous avons en Occident par les usages, mœurs et coutumes, renouvelant alors l’image et la vision d’un monde versatile.

Le Maroc est un pays chaleureux et bienveillant qui offre un paysage africain idyllique.

Mais le cœur du voyage est dans les rencontres vécues avec des frères et sœurs en Christ, inconnus, tous unis dans le même esprit.

Le voyage fut rythmé par toutes ces rencontres, chacune singulière, dans la traversée du pays d’Est en Ouest par Fes, Meknes, Rabbat, Casa et Agadir. Un pays où les chrétiens représentent 0,08% de la population. Cette présence est une lueur d’espoir pour les chrétiens vivant dans un monde en déchristianisation dans la mesure où chacun est une pierre vivante de l’Eglise envoyée dans le monde, en charge d’un vase d’argile apportant la Bonne Nouvelle.

Visite du site archéologique de Volubilis © UEPAL